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Affichage des articles du juillet, 2023

L'île des âmes. Piergiorgio Pulixi

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Après le vaste territoire américain, la maison Gallmeister invitent ses lecteurs à s’évader vers de nouveaux horizons. C’est ainsi que le romancier italien, d’origine sarde, Piergiorgio Pulixi, est entré dans son catalogue en 2021. L’île aux âmes , son premier titre traduit en Français, nous conduit donc en Sardaigne où les paysages splendides et la douceur automnale ne nous ferons pas oublier l’atmosphère alourdie par des crimes rituels particulièrement sanglants.  Un duo improbable, formé par deux enquêtrices récemment mutées au service des affaires classées de Cagliari (en réalité un placard où elles doivent expier leurs fautes), est chargé d’enquêter sur un dossier exhumé par leur collègue Moreno Barrali (lui-même en arrêt maladie). Il s’agit de deux meurtres rituels remontant à 1975 et 1986. Barrali est persuadé que ces cold cases ont un lien avec l’enlèvement d’une jeune femme quelques jours plus tôt. Il s’agit de Dolores Murgia, 22 ans. Elle était liée à une secte, adepte de cul

Jentayu, Hors-série n°4 : Mongolie

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Après Taïwan , la Thaïlande et l’ Indonésie , la revue littéraire Jentayu a publié une anthologie consacrée à la littérature mongole. Ce numéro hors-série contient une dizaine de nouvelles et une trentaine de poèmes.  Jusqu’à ce jour, je ne connaissais pratiquement aucun des auteurs, à l’exception de Tschinag Galsan dont le nom m’était familier. Il faut dire que les éditeurs de Jentayu ont le mérite de publier des textes inédits en France. Les traducteurs qui collaborent à la revue font souvent un travail remarquable. Pour ma part, je lis très peu de poésie. C’est donc une occasion unique de faire de belles découvertes. Les histoires sélectionnées sont très dépaysantes et le lecteur a la sensation de s’immerger réellement dans la culture mongole.  Parmi les textes que j’ai préférés, il y a La mère de Tschinag Galsan, L’épouvantail de Tserentulga Tümenbayar, La femme du maire de Baljir Dogmid ou encore Le refuge du coin de Bayanmönkh Tsoojchuluuntsetseg. Ce sont souvent des hist

Le Guide. Peter Heller

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 « Il ferma les yeux. Respira l’odeur des aiguilles de pin chaudes sur le sentier sablonneux et entendit le bruit étouffé de la rivière qui se réverbérait dans son lit, et murmura : “Tout va bien. Nouveau taf, deux mois dans l’eau jusqu’aux genoux. On peut pas rêver mieux.” Il faillit même y croire » Jack, le héros de La Rivière , nous revient pour une nouvelle aventure qui peut parfaitement être lue indépendamment. Trois ans après le drame qui couta la vie à son meilleur ami, le jeune homme décide de se mettre au vert en travaillant comme guide de pêche dans le Colorado. Il est embauché au Kingfisher Lodge, un établissement réservé à une clientèle très privilégiée avec ses luxueux bungalows et son spa privé. La première cliente de Jack est Alison K, une chanteuse de country, amatrice de pêche à la mouche. En cette période de fin de crise sanitaire, la star est venue se ressourcer loin du tumulte du show business. La complicité entre nos deux héros est immédiate. De fait, tout pourrait

Moi, jardinier citadin, T.01 & T.02. Min-ho Choi

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Lorsqu’il publie ce diptyque graphique sur le jardinage, Min-ho Choi est un jeune manhwaga (auteur de BD coréennes). Il vient de démissionner de son boulot et d’acquérir une parcelle de potager sur un terrain communautaire en banlieue. L’idée est de se reconnecter à la nature et de produire des fruits et légumes frais, sans pesticides ni engrais chimiques. Or, ce citadin maladroit et un peu bedonnant est novice en la matière. Il va se rendre compte que l’entretien d’un potager est un exercice physique qui nécessite beaucoup de patience et quelques connaissances empiriques. Heureusement pour lui, l’entraide est de mise sur le terrain et les aînés ne sont jamais avares de conseils. A l’origine, ce récit autobiographique a été conçu pour un dessin animé. Le projet a été reporté et l’auteur a décidé de publier le scénarimage (d’abord intitulé Les habitants du 6 rue Beomgol ), en plusieurs épisodes via un blog. Le manhwa au format papier est paru en version originale sous le titre de Vegeta

Roman fleuve. Philibert Humm

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Roman Fleuve n’est pas un roman très long mais il parle d’un fleuve. Ce cours d’eau, c’est la Seine que les protagonistes se sont mis en tête de suivre jusqu’à la mer. D’ailleurs Roman Fleuve n’est pas vraiment une fiction. Disons que c’est un récit de voyage romancé. Les longues heures passées à naviguer sont autant d’occasions de divagations, tantôt insolentes, tantôt humoristiques, mais jamais cyniques… à la manière d’un Jerome K. Jerome dans Trois Hommes dans un bateau (sans parler du chien) . « Capitaine, demanda le major un peu plus tard, avons-nous réalisé un exploit ? D’après le dictionnaire, l’exploit est la réalisation d’un acte n’appartenant pas à la sphère des compétences : c’est mon facteur qui gagne le tour de France ou Bobby arrivant à l’heure à un rendez-vous. Notre incompétence en tous domaines ne faisait aucun doute. Par conséquent il y avait de grandes chances pour que nous vinssions, subjonctif imparfait du verbe venir, de réaliser effectivement un exploit. Entreri

On ne se baigne pas dans la Loire. Guillaume Nail

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Au début, c’est beau comme un poème. Ensuite, on se rend compte que la musicalité du texte cache un avertissement. Et puis, très vite, on entre dans le vif du sujet : le drame annoncé.  C’est la fin de l’été, le dernier jour de la colonie de vacances. Les animateurs ont prévu un pique-nique dans une prairie mais on décide finalement de s’arrêter sur le bord de la Loire. Il fait chaud. Des corps s’alanguissent, d’autres débordent d’énergie. Le groupe n’est pas mixte. Les colons sont tous des garçons. C’est leur dernière année. Après ils seront trop vieux alors il faut profiter de ces deniers instants d’insouciance. « — On va se baigner ? Quelqu’un dit ça. » On ne saura jamais qui l’a dit mais le défi est lancé. Les adolescents rugissent de plaisir, se jettent à l’eau, s’échangent un ballon, l’envoient de l’autre côté de la berge puis partent à l’abordage de territoires imaginaires. Le boute-en-train de la bande chahute un peu trop, une branche craque, ou alors c’est un banc de sable qui

Semia. Audrey Gloaguen

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Manhattan Caplan est journaliste pigiste dans une société de production spécialisée dans les faits divers. A quelques jours de Noël, sa vie est au bord de la déliquescence. Son patron veut la virer, son mari a demandé le divorce et elle risque de perdre la garde de son petit garçon de 7 ans. La réalisation d’un reportage accrocheur pour l’émission Story lui permettrait de conserver son job et donc un revenu pour élever son fils. Une occasion en or se présente justement ce samedi 22 décembre 2018. La SDPJ 92 de Nanterre est appelée sur une scène de drame à La Défense. On a retrouvé 3 pendus dans le centre commercial des 4 Temps. Après les premières investigations d’usage, le commandant Nowak et le lieutenant Marceau concluent à un suicide collectif. Pour autant, son boulot n’est pas terminé car il faut déterminer dans quelles circonstances, la jeune femme et les deux hommes ont mis fin à leurs jours. A priori rien ne relie ces gens ordinaires. Marie Viral était mère célibataire de deux

Ma voisine est Indonésienne. Emmanuel Lemaire

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La voisine d’Emmanuel Lemaire a l’habitude de débarquer chez lui sous divers prétextes puis de disparaître presque aussi vite. Sa famille est originaire de Makassar sur l'île de Célèbes dans la province de Sulawesi du Sud mais elle a souvent déménagé. Mme Hibou (c’est le surnom que le narrateur a donné à sa voisine) raconte que son père occupait un poste dans les finances publiques. Or, pour éviter la corruption des fonctionnaires, le gouvernement indonésien obligeait ses agents à muter régulièrement. C’est ainsi que Mme Hibou est née en Papouasie.  Au fil de leurs rencontres, elle raconte à son voisin comment elle est arrivée en France et surtout comment elle occupe ses congés. Traductrice freelance, la semaine, Mme Hibou consacre ses week-ends à sillonner la France en train.  Ses destinations (Charleville-Mézières, Dijon, Niort ou Grenoble) ne sont pas choisies au hasard. La plupart sont liées à son histoire personnelle, familiale ou professionnelle. Et, comme elle ne fait rien c

Les mauvaises épouses. Zoe Brisby

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Cette histoire débute le 22 avril 1952, avec l’arrivée d’un nouveau couple (Charlie et Harry) dans la petite communauté d’Artemisia Lane près de Las Vegas. Elle se termine dans le drame le 19 mai 1953. A cette période, dans le Nevada, tout est atomique : les apéritifs, les gâteaux et les reines de beauté. La population semble ignorer joyeusement les risques radioactifs et les essais nucléaires sont considérés comme des attractions à l’instar des feux d’artifices. Les journalistes les observent à quelques 20 km de distance, protégés par de simples lunettes, tandis que les familles de la base militaire du NTS (Nevada Test Site) organisent des fêtes à chaque explosion. Dans ce microcosme, la hiérarchie est essentielle et dépend uniquement du grade des maris. Les femmes, elles, restent à la maison et s’appliquent à être de bonnes épouses. Summer est l’une d’entre elles. Son mari, Edward, est le directeur scientifique du NTS. Elle est son faire-valoir. Son rôle consiste à organiser des barb

Tupinilândia. Samir Machado de Machado

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 Quel est le point commun entre Henry Ford, Walt Disney, John Parker Hammond et João Amadeus Flynguer ? Tous les quatre ont rêvé de bâtir une cité utopique. Etaient-ils des mégalomanes ou des visionnaires ? Leurs projets pharaoniques étaient ils voués à l’échec ou à l’abandon dès le départ ? Avant de répondre à ces questions, je me dois de préciser que deux membres de ce riche quatuor sont totalement fictifs.  Les admirateurs de Michael Crichton et de Steven Spielberg auront déjà reconnu le nom du PDG de la puissante compagnie InGen dans Jurassic Park. Mais le personnage qui nous intéresse vraiment ici est un magnat brésilien du BTP. Il se considère comme un disciple de Walt Disney, sachant que sa propre famille est originaire des Etats-Unis et a fait fortune au Brésil grâce à une chaîne de cinéma.  João a eu l’occasion de rencontrer le producteur américain lors de sa tournée en Amérique latine dans les années 40. Quatre décennies plus tard, s’inspirant d’EPCOT (Experimental Prototype

Le clou. Yueran Zhang

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 Il n’est pas facile de résumer ce roman, riche de personnages et d’évènements. Il faut aller chercher l’origine du fil narratif à la fin des années 60, en pleine révolution culturelle chinoise. Sur un campus hospitalo-universitaire de Nanyuan, un groupe d’employés procède à son auto-critique. La séance se termine par un drame qui va impacter le destin de plusieurs familles.  Quelques décennies plus tard, lors d’une soirée de tempête bien arrosée, deux trentenaires évoquent leurs souvenirs d’enfance. Ils ont grandi dans le même quartier mais sont issus de milieux sociaux différents. Cheng Gong a été élevé par sa tante et sa grand-mère. A l’âge de six ans, il a découvert que son grand-père était un "homme-légume", maintenu en vie artificiellement à l’hôpital. Le garçonnet, d’abord indifférent à l’histoire de son aïeul, tente ensuite d’en savoir davantage. Il réalise alors que son grand-père à une âme et tente de construire une machine pour le faire revenir à la vie. Or, il s’a

Alibi N°14 : Petits meurtres en Asie

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A l’occasion de la Japan Expo , la revue Alibi publie un numéro d’été autour du polar asiatique et consacre un dossier spécial au Manga Noir. La maquette est plutôt réussie avec une couverture en carton glacé, des titres de rubriques alléchants et de nombreuses illustrations. Les thématiques récurrentes de cette publication trimestrielle font la part belle au "True Crime" et à la fiction policière, au travers de comptes rendus de faits divers, de nouvelles, d’interviews, de chroniques et de recensions d’ouvrages. Dans ce numéro saisonnier, l’accent est mis sur les portraits d’auteurs, comme le romancier Japonais Seichō Matsumoto (dont l’œuvre est encore trop méconnue en France du fait de la rareté des traductions) mais aussi sur les écrivains occidentaux comme Jake Adelstein ou Peter May. Le premier est Américain mais a vécu plus longtemps au Japon que dans son pays natal. Il et s’est fait connaître grâce à son récit Tokyo Vice (éditions Marchialy, 2016) et vient de publier

Imperator, T.01. Bai Cha

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Ce manhua (BD chinoise) met en scène un jeune célibataire et ses animaux domestiques dans des saynètes de la vie quotidienne. Le narrateur raconte comment il a adopté un chat des rues qu’il trouvait absolument craquant. Le matou, appelé Imperator, sait parfaitement manipuler son humain (les chats n’ont pas de maître) qui devient rapidement son esclave volontaire. Oups, leur acolyte canin, se laisse berner de la même manière et voue une admiration sans bornes au félin auquel il s’adresse toujours sur un ton déférent. Les propriétaires de chats et de chiens se reconnaîtront sans doute dans certaines situations : lorsque le chat s’allonge sur le clavier de l’ordinateur ou lorsque le chien tente de s’incruster sur le lit, par exemple. Une partie des anecdotes prêtent à sourire mais la plupart des gags sont aussi immatures que le narrateur. J’avoue que les histoires scatologiques de Gamin (c’est ainsi que le surnomment ses animaux) ont fini par me lasser. Par ailleurs, l’auteur utilise un l

C’est pour mieux te manger. Kim Ji Yeon

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 Nous savons bien, nous les adultes, que les contes de fées sont destinés à prévenir les enfants des périls auxquels ils peuvent être exposés. Aussi, il n’est pas surprenant que les auteurs de thrillers s’en inspirent. Le roman de Kim Ji Yeon, dont le titre original est Red Riding Hood , est une adaptation très libre du Petit chaperon rouge .  Dans cette histoire, la grand-mère s’appelle Lee Sooja. Elle a 79 ans. Un soir de février, un incendie s’est déclaré dans la montagne, derrière chez elle. Un livreur a donné l’alerte et le sinistre a été maîtrisé à l’aube. Dans la maison en ruine, les sauveteurs ont trouvé deux cadavres. Il s’agit des corps de la vieille dame et de son petit fils Minho, un délinquant notoire. La seule survivante du drame est Han Minjue. La jeune femme a réussi à s’extraire du brasier et à se traîner jusque dans le jardin. Transportée à l’hôpital, Minjue est tirée d’affaire mais reste mutique. Que s’est-il passé ce soir là dans la maison de sa grand-mère ? Une mén

Fudafudak. Li-Chin Lin

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 Li-Chin Lin est l’auteur d’un premier roman graphique, Formose , qui raconte l’histoire de son pays et son enfance sur île de Taïwan. Fudafudak, son second album, n’est pas une autobiographie. Il s’agit cette fois d’une BD de reportage.  Entre 2013 et 2015, Li-Chin Lin a effectué plusieurs séjours au sein d’une communauté en lien avec le peuple autochtone des Amis. Elle a été invitée par une jeune cultivatrice appelée Hsiao-Ching. Celle-ci a quitté Taipei, la capitale, pour s’installer près de Dulan, dans le sud-est du pays. Elle s’est associée à un paysan, membre de la communauté des Amis. Sur sa parcelle, elle fait de la culture et de l’élevage bio. Grâce à elle, Li-Chin Lin fait connaissance avec les Aborigènes et découvre leur culture. Elle apprend aussi que leurs traditions sont en danger à cause de la construction d’un complexe hôtelier géant, le Mei-Li-Wan (Miramar Resort) sur la plage de Fudafudak ou Shan-Yuan (en Mandarin). En 2013, les villageois sont allés manifester jusque

Pyongyang 1071. Jacky Schwartzmann

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  L’auteur de ce livre s’est fixé un objectif incroyable : participer au Mangyongdae Prize International Marathon. Comme vous l’aurez deviné, il ne s’agit pas d’un prix littéraire mais d’une course de marathon. Elle a lieu tous les ans, au mois d’avril, à Pyongyang en Corée du Nord. Cette compétition, créée dans les années 80, est ouverte aux athlètes étrangers depuis l’an 2000. Les amateurs sont admis depuis une dizaine d’années. Plusieurs épreuves sont proposées dont, la plus prestigieuse, est un marathon de 42 km. Le départ et l’arrivée se font devant des milliers de spectateurs (un peu lobotomisés) dans le stade Kim Il-sung. Pour participer au tour d’honneur, il faut finir la course en moins de 4 heures mais les participants ont tous l’occasion unique de traverser à pied la ville de Pyongyang.  Jacky Schwartzmann, le narrateur, n’est pas un grand sportif mais il est irrésistiblement attiré par les pays communistes et/ou de l’ancien bloc de l’Est. Abandonnant pour un temps son emplo