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Affichage des articles du mai, 2024

The Mars House. Natasha Pulley

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Avant de devenir réfugié climatique sur la planète Mars, January Stirling était danseur principal au Royal Ballet de Londres. Suite à une inondation majeure de la cité, il a accepté de migrer vers Tharsis, colonie terraformée de la Chine sur la planète rouge.  La vie sur ce territoire est très dépendante de la gravité qui est un tiers inférieure à celle de la terre. Celle-ci a façonnée une société de classes inégalitaire basée sur la force physique de ses habitants. En effet, après plusieurs générations, le corps des citoyens (les Naturels) s’est adapté. Ils sont plus grands (plus de 2 mètres à l’âge adulte) que les nouveaux arrivants mais leurs os sont aussi plus fragiles. Les Earthstrongers (Terreforts) sont donc tenus de porter des armures métalliques pour s’affaiblir et éviter de blesser accidentellement (ou volontairement) les personnes naturelles. Par mesure de sécurité, les Earthstrongers sont également séparés du reste de la population et confinés dans des logements dédiés. Pro

Les Jeux Olympiques de littérature. Louis Chevaillier

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 « Quoi ? Des concours d’art aux Jeux olympiques ? Le néophyte a de quoi être surpris. Et pourtant, ce fut essentiel pour le baron Pierre de Coubertin d’associer écrivains et artistes aux Jeux olympiques et de les convertir à sa nouvelle religion du sport. Il s’inspirait en cela de l’Antiquité, quand les joutes musicales et littéraires faisaient partie des trêves sacrées : il reste nombre de textes composés en l’honneur des athlètes et des dieux. » Cent ans après les précédents Jeux olympiques de Paris, et moins de 60 jours avant le début des compétitions, je ne peux pas nier qu’il s’agit ici d’une lecture opportuniste. Quand même, j’ignorais que les premiers J.O modernes comptaient des épreuves artistiques comme la musique, la peinture, l’architecture, la sculpture et la littérature. Ce "pentathlon des muses" devait rendre hommage au sport et à ses représentants. Apparemment Pierre de Coubertin y tenait beaucoup et ces disciplines ont été maintenues jusqu’en 1948 en dépit de

A la lisière du monde. Ronald Lavallée

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A la veille de la première guerre mondiale, Matthew Callwood, fils d’un magistrat canadien, s’engage dans la police pour servir la couronne britannique mais surtout pour fuir une déception amoureuse. Il part pour une mission de deux ans dans le Grand Nord. Or, si son éducation bourgeoise lui a donné des principes moraux stricts et l’assurance d’être né pour commander, rien dans sa vie douillette de privilégié ne l’a préparé à la rusticité du lieu, la rudesse des hommes et la rigueur du climat.  Callwood comprend très vite que son prédécesseur, un certain Suchenko, s’est contenté de végéter dans l’oisiveté en attendant la fin de son service. Le bonhomme est cynique. Il n’aime ni les Britanniques, ni les Français Canadiens, ni les peuples autochtones… et a renoncé à poursuivre les trafiquants d’alcool. A l’instar d’Harvey, son second, Suchenko a passé la majeure partie de son temps chez Fran, une prostituée au grand cœur. La capitaine Callwood n’a bien sûr pas du tout la même vision de s

Une odyssée du Grand Nord. Jack London

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La collection folio à 2/3 euros permet d’accéder, par la lorgnette, à des auteurs classiques et contemporains. Il s’agit de roman courts, de nouvelles et/ou de textes méconnus. L’opus que j’ai choisi aujourd’hui propose justement deux nouvelles de Jack London extraites du tome 1 de Romans, récits et nouvelles dans la Bibliothèque de la Pléiade . En version originale, elles sont parues dans des magazines avant d’être réunies en avril 1900 dans un recueil intitulé The Son of the Wolf ( Le fils du loup ).  La premier texte, The White Silence ( Le Silence blanc ) a été publié en février 1899 dans le mensuel Overland Monthly . Il met en scène un trio de personnages, Malemute Kid, Mason et son épouse indienne Ruth, confrontés à la dure réalité de la nature sauvage. Voyageant en traîneau, sur les pistes du Grand Nord Canadien, ils espèrent rejoindre une zone habitée avant le printemps. Malheureusement pour eux un arbre s’écroule et blesse mortellement Mason. Ses compagnons devront l’aband

Châtiment. Percival Everett

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 « Money, dans le Mississippi, ressemble exactement à ce que son nom évoque. Baptisée dans cette double tradition, tenace dans le Sud, d’ironie mêlée de nescience, la ville porte un nom teinté de tristesse, indice d’une ignorance avouée qu’on est bien obligé d’intégrer, puisque, regardons les choses en face, on ne s’en débarrassera pas.» Son nom est improbable, pourtant la ville de Money dans le Mississippi existe vraiment. En 1955, soit quelques décennies avant le début de l’intrigue de ce roman, la bourgade sudiste a été le théâtre d’un énième lynchage raciste. Le jeune Emmett Till, 14 ans, a été torturé sur le seul témoignage d’une femme blanche l’accusant de l’avoir insultée et d’avoir eu des gestes déplacés, en l’occurrence de lui avoir enlacé la taille. Elle a menti, mais peu importe, cela était suffisant à l’époque pour assassiner un adolescent. Les responsables n’ont bien-sûr jamais été arrêtés ni condamnés. Percival Everett s’est emparé de cette histoire bien réelle pour la to

Juste une mère. Roy Jacobsen

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  Quelques années après la seconde guerre mondiale, une famille de pêcheurs, les Barrøy tentent de survivre sur l’île qui porte leur nom et dont ils sont désormais les seuls habitants. Ils sont une quinzaine en comptant les beaux-frères, belles-sœurs, oncles, tantes, cousins et cousines.  Située au large de la côte du Helgeland, le district le plus au sud de la Norvège du Nord, l’île n’est pas un lieu très hospitalier. Le climat et l’environnement sont rudes. Il n’y a ni eau courante ni électricité. Les hommes de la famille passent leur temps en mer, laissant aux femmes le soin de s’occuper des enfants en bas âge et des animaux. Les adolescents, quant à eux, sont envoyés en Internat sur les îles Lofofen, voire à Trondheim ou à Oslo pour les plus doués, même si les garçons ont tendance à délaisser les études pour la pêche.  La guerre a laissé de nombreuses séquelles dans la région : des rancœurs et des bâtards. Ingrid, mère courage, se débat dans ce contexte si particulier pour élever K

La tempête que nous avons déchaînée. Vanessa Chan

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  Dans une note adressée à ses lecteurs, l’autrice évoque une anecdote historique incroyable. Pendant la seconde guerre mondiale, un contingent de soldats japonais dotés de bicyclettes a participé à l’invasion de la Malaisie en passant par la Thaïlande. Leur vitesse de déplacement leur a permis de prendre les forces alliées par surprise, en dépit de la lourde charge que représentait le poids de leurs rations d’eau et de nourriture. La même tactique avait été utilisée lors de l’invasion de la Chine en 1937 avec une troupe de 50 000 fantassins à vélos. La suite n’est pas très drôle du tout et on sait bien aujourd’hui quelles ont été les conditions de l’occupation japonaise dont l’embrigadement forcé des populations locales dans les camps de travail et l’exploitation des femmes dans les maisons de réconfort sont les aspects les plus connus.   Le roman de Vanessa Chan se focalise sur le destin d’une famille eurasienne, les Alcantara, sous la domination des Britanniques puis pendant l’occu

Le dictateur et le dragon de mousse. Tillon & Fréwé

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  Le 14 janvier 1978, la célèbre actrice Sud-Coréenne Choi Eun-hee disparait subitement alors qu’elle avait rendez-vous avec un mystérieux producteur de cinéma à Hong Kong. Son ex-mari, le réalisateur Shin Sang-ok se rend sur-place pour tenter de la retrouver. Il est attendu de pied ferme par la police qui soupçonne son implication dans cette affaire. Peu de temps après son arrivée dans la cité état, il disparaît à son tour. Les deux époux réapparaîtront en 1986 à l’ambassade américaine de Vienne où ils demandent l’asile politique après une course poursuite digne des meilleurs James Bond . Que s’est-il passé ? Où étaient ils pendant tout ce temps ? L’intrigue de ce roman graphique est inspirée de la véritable histoire de ce couple, qui aurait été kidnappé sur ordre de Kim Jong-il pour servir le régime de Pyongyang. Le titre de cet album, Le dictateur et le dragon de mousse , est une référence aux films d’arts martiaux made in Hong Kong et au penchant du dictateur Nord-coréen pour les f

Louison et Monsieur Molière. Marie-Christine Helgerson

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Dans Le malade imaginaire , Louison est la fille cadette d'Argan et la sœur d'Angélique. Selon les différentes versions de la pièce de théâtre, elle apparait dans la scène VIII ou la scène XI du deuxième acte. Or, Marie-Christine Helgerson a découvert par l’intermédiaire de son universitaire de mari qu’il existait bien une jeune actrice nommée Louison Beauval dans la troupe du Palais Royal. Elle a décidé de s’en inspirer et de crée son homonyme, une fillette d’une dizaine d’années.  « Louison, c’est moi. Et je vais vous raconter comment cette petite bête cachée sous la table est devenue une actrice de M. Molière. Tout a débuté quelques mois plus tôt par une lettre qui est arrivée chez nous à Lyon. (…) Accompagnant la lettre, papa et maman ont reçu un contrat pour entrer dans le théâtre du Palais-Royal. Un rôle était déjà prévu pour chacun d’eux dans une nouvelle comédie. La première représentation serait le 23 novembre. Cette annonce soudaine provoque une grande pagaille chez

Le bureau d'éclaircissement des destins. Gaëlle Nohant

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Je ne connaissais pas du tout l’existence des Archives d’Arolsen avant d’ouvrir ce roman. Huit décennies après la seconde guerre mondiale, ce centre de documentation et d’information sur les victimes du nazisme reçoit chaque année plusieurs milliers de requêtes de leurs descendants. Ironie perverse de l’Histoire, ses locaux sont implantés sur le site de l’ancienne ville de garnison hessoise de Bad Arolsen, lieu de résidence du prince Josias de Waldeck-Pyrmont, membre du parti nazi et haut responsable du camp de Buchenwald. L’autrice nous apprend, par ailleurs, que la gestion de l’organisme, d’abord placée sous l’égide de la Haute Commission Alliée et de la Croix Rouge, a été mise à mal par les contraintes financières, le déni d’une partie du peuple allemand et les conséquences de la guerre froide. L’héroïne de ce roman est une expatriée française, Irène Meyer, divorcée d’un Allemand et mère d’un jeune homme appelé Hanno. Elle est archiviste. En 2016, elle se voit attribuer une mission

Le convoi. Beata Umubyeyi Mairesse

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 Le 18 juin 1994, l’autrice (alors âgée de 15 ans) et sa mère réussissent à quitter le Rwanda et à échapper aux génocidaires Hutus grâce à l’intervention de l’ONG suisse Terre des hommes. Le convoi n’était autorisé à prendre en charge que les enfants de moins de 12 ans et elles ont dû se cacher au fond du camion pendant plusieurs heures avant de passer la frontière du Burundi. Partis d’un orphelinat de Butare (renommé Huye depuis 2006), la seconde ville du Rwanda, les humanitaires ont sauvé, en quelques voyages, plusieurs centaines de petits Rwandais. Il y avait parmi eux de jeunes Tutsis, victimes du génocide, et des Hutus, orphelins de guerre.  Beata Umubyeyi Mairesse n’a qu’un souvenir parcellaire de cette tragique épopée. Au moment de devenir mère à son tour, elle ressent le besoin de combler les vides et de se réapproprier son histoire. Elle sait qu’il existe une vidéo de la BBC où on la voit traverser la frontière, ainsi que des photos des différents convois prises par des photog

La route. Manu Larcenet

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Une adaptation de Cormac McCarthy par Manu Larcenet ne pouvait pas me laisser indifférente. La route est un chef d’œuvre de la fiction apocalyptique, un univers dont le romancier comme le dessinateur n’étaient pas familiers. Pour ma part, je ne connaissais que le Cormac McCarthy du Far West et des grands espaces ( Méridien de sang , La Trilogie des confins ...). Je n’ai pas gardé un souvenir assez prégnant du film de John Hillcoat et je n’ai pas lu le roman éponyme (Edition de l’Olivier, 2008). En ce qui concerne Manu Larcenet, j’en était restée aux dessins pétillants et aux personnages enfantins du Combat ordinaire et de Retour à la terre .  La route s’inscrit toujours dans le territoire mais c’est un espace post-industriel où la nature est défigurée. Exit la couleur sur les planches et les traits ronds des protagonistes. Dans cet album, le dessinateur a utilisé la technique des gris colorés, découverte lors de ses années d’étude à l'école Olivier-de-Serres. Il en résulte des