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Affichage des articles du mai, 2022

Huit battements d'ailes. Laura Trompette

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Comment aborder des sujets aussi divers que l’homosexualité, le féminicide, la pédophilie, la prostitution ou la maltraitance animale en période de crise sanitaire et de confinement ? Voilà une mission qui semble bien ambitieuse ! Laura Trompette a décidé de relever ce défi dans un ouvrage intitulé Huit battements d'ailes .  Ce roman choral donne la parole à huit femmes dont les destins vont se croiser ou se frôler sur une période de 24h. Elles vivent en France, en Espagne, en Inde, en Chine, aux Etats-Unis, en Italie, au Royaume-Uni ou en Allemagne. Elles sont célibataires, épouses ou mères. L’une est chanteuse, l’autre infirmière ou encore retraitée, orpheline, prisonnière... Leur point commun ? Elles SONT ou ONT ETE victimes de la violence des hommes. A la fin de cette journée du 24 avril 2020, certaines auront retrouvé l’espoir d’une aube nouvelle… mais pas toutes.  La construction du roman est plutôt astucieuse. Le livre compte autant de chapitres que d’heures dans une journée

Gueules d'ombre. Lionel Destremau

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Qui est Carlus Turnay ? Telle est l’énigme que doit résoudre Siriem Plant, ex agent de la police militaire mandaté par Ministère des Anciens Combattants. L’homme dont il doit découvrir la véritable identité est dans le coma. On sait qu’il s’est engagé dans l’armée sous un faux nom mais qu’il n’est pas tombé sur le champ d’honneur. Notre inconnu a été victime d’un accident de voiture. Comment est-il arrivé là? A-t-il déserté l’armée ? L’hypothèse parait absurde puisqu’il s’est engagé volontairement. Ses camarades de régiment le décrivaient comme un homme particulièrement énigmatique faisant preuve d’une bravoure presque suicidaire. La plupart des archives ayant été détruites, Siriem Plant va devoir interroger les rescapés, les veuves et les victimes collatérales de la guerre. Bref, un sale boulot qui remue de douloureux souvenirs et fait naître des suspicions. L’univers de Lionel Destremau ne ressemble à aucun autre. Son roman est un pamphlet contre la guerre, toutes les guerres. De fai

Cœur du Sahel. Djaïli Amadou Amal

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Ne vous laissez pas influencer par le titre de ce livre qui résonne comme une bluette. De la romance, il y en a un peu, c’est vrai, mais sur fond de contestation sociale. Si j’ai bien compris, c’est d’ailleurs la marque de fabrique de Djaïli Amadou Amal. Cette militante féministe a déjà publié 4 romans dont Les Impatientes , lauréat du Prix concourt des lycéens 2020 et du Prix du Roman Métis des Lycéens 2021.  Ce Cœur du sahel , dont nous parle Djaïli Amadou Amal, c’est aussi la réalité quotidienne des femmes dans l’extrême nord du Cameroun. A travers le destin de la jeune Faydé, la romancière dénonce la condition des domestiques employées dans les riches concessions (maisons des familles polygames) des Peuls musulmans. Ces jeunes femmes sont corvéables à merci, souvent maltraitées, rabaissées et insultées quotidiennement. Bien d’autres sujets sont abordés dans ce court roman comme le communautarisme, le poids des traditions, le patriarcat, la polygamie, le mariage forcé, le viol, etc.

Jolies Choses. Janelle Brown

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En Californie, il n’y a pas que des palmiers et des longues plages de sable fin. Il y a aussi des zones de montagnes couvertes de sapins. Par exemple, autour du lac Tahoe, situé à la frontière du Nevada, on trouve de luxueuses stations de sports d’hiver qui n’ont rien à envier à celles d’Aspen au Colorado. C’est dans l’un de ses endroits que vit désormais Vanessa, héritière de la famille Liebling. La jeune femme est bien connue des cercles de l’élite étatsunienne mais aussi du grand public via son compte Instagram. Plus de 500 000 followers postent des commentaires dithyrambiques chaque fois qu’elle s’affiche sur les réseaux sociaux, partageant ses escapades dans des endroits de rêve, inaccessibles à la majorité de ses fans. Ils ignorent évidemment que tout n’est que poudre aux yeux. Les robes de créateurs cachent une réalité moins flamboyante. En effet, depuis plusieurs années, Vanessa et sa famille, accumulent les drames au point que la jeune héritière a décidé de se retirer dans son

Une datcha dans le Golfe. Emilio Sánchez Mediavilla

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Le titre de ce livre a de quoi interpeller ! C’est quoi cette histoire de datcha dans le Golfe ? L’auteur est pourtant d’origine espagnole ! Je vais donc tenter de vous éclairer sur ces trois points.  La datcha en question est en réalité une maison dans un « compound » (lotissement) en périphérie urbaine. La villa (il y a une piscine) est située au Bahreïn, ce royaume insulaire du golfe persique, au large de l’Arabie Saoudite. Emilio Sánchez Mediavilla est journaliste. Il a vécu dans l’archipel, entre 2014 et 2016, avec sa compagne. Carla y avait été affectée par son entreprise de télécommunications. Le couple a habité dans le quartier d'Adliya à Manama puis s’est installé dans le petit village de Diraz au Nord de la capitale, loin des appartements modernes habituellement plébiscités par les expatriés. La recherche de ce logement a d’ailleurs inspiré plusieurs pages savoureuses à l’auteur.  Le livre d’Emilio Sánchez Mediavilla, vous l’aurez compris, ne se présente pas du tout comme

Les poupées. Alexis Laipsker

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Cette histoire débute dans d’étranges circonstances puisque c’est un hasard qui conduit la police sur la piste d’un tueur en série. En effet, lors de l’arrestation de deux malfrats d’origine arménienne, le brigadier Fabre et son équipier font une macabre découverte. Six corps martyrisés exposés dans une ancienne chapelle au milieu de nul part. Ces meurtres n’ont clairement aucun rapport avec leur affaire de gang en cours. Le modus operandi suggère plutôt l’intervention d’un dangereux psychopathe. Le procureur décide donc de confier l’enquête à son plus brillant élément avec des moyens quasi-illimités. L’heureux élu est le commissaire Victor Venturi dit le Cow-boy, un flic à l’ancienne, un peu bourru et toujours pressé. Venturi réclame l’assistance du meilleur spécialiste en criminologie de la région et voit ainsi débarquer sur sa scène de crime la jeune mais néanmoins expérimentée Olivia Montalvert. "Menthe à l'eau", ainsi qu’on la surnomme, forme avec le Cow-boy, le duo

L’incendie. Jennifer Lynn Alvarez

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Pour éviter les mauvais jeux de mots autour du feu, je dirai qu’il faut parfois un tout petit geste irresponsable, une simple minute d’inattention pour créer l’irréparable. C’est ainsi qu’on déclenche un feu incontrôlable, ravageant des centaines d’hectares de forêts et détruisant tout son passage (y compris des biens matériels et des vies innocentes). Que feriez-vous si vous étiez de jeunes adultes prêts à croquer la vie à pleines dents et responsables d’un tel cauchemar ? Iriez-vous vous dénoncer aux autorités compétentes ? Pourriez-vous supporter le poids de la culpabilité et continuer de vivre comme avant ?  L’incendie est le premier polar de la romancière américaine Jennifer Lynn Alvarez. Le livre s’adresse d’abord aux adolescents mais les adultes amateurs de thrillers, ne s’y ennuieront pas. Le sujet de ce roman s’inspire d’un fait divers réel. En 2017, en effet, le comté de résidence de l’autrice été ravagé par l’un des incendies les plus destructeurs qu’ait connu la Californie

Le piéton du 36. Anne-Marie Mitchell

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Avec ce roman, je découvre à la fois Anne-Marie Mitchell et les éditions Lucien Souny. Concernant la première, il est bon de savoir qu’elle est journaliste littéraire et romancière. Le piéton du 36 est son quinzième livre. Lucien Souny a également publié son polar historique intitulé Les Chats de la rue Saint-Séverin (240p., 2016). La maison d’édition limousine s’est construite, sans s’enfermer dans le livre régional, sur trois genres qui ont fait sa réputation : la littérature, l’histoire et le patrimoine. Le catalogue de sa collection Plumes noires propose des romans noirs comme des thrillers. Je ne suis pas spécialiste du roman policier mais il me semble que Le piéton du 36 d’Anne-Marie Mitchell n’appartient ni à l’une ni à l’autre catégorie. Peut-on le ranger dans le whodunit (roman de détection ou d’énigme) ? Pour tout dire, la résolution de l’intrigue m’a semblé secondaire. En revanche, il s’agit à n’en pas douter d’un roman d’atmosphère à la manière des Maigret de George Sim

Comme hier. Cai Jun

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Ce roman se déroule en plusieurs actes dont les espace-temps sont différents. Le 14 août 2017 à 6 heures du matin, l’inspecteur Ye Xiao arrive sur les lieux d’un drame qui a coûté la vie à trois personnes. Jiao Keming, professeur d’informatique au Lycée Nanming, son épouse et son fils handicapé sont morts dans un incendie. Les premiers indices montrent qu’il s’agit en fait d’un triple meurtre. Le seul témoin du carnage est Sishen, le chien de la famille. Il a survécu à ses blessures et pourrait sans doute reconnaître l’agresseur. Les policiers disposent également d’images très floues du meurtrier présumé provenant d’une caméra de surveillance située dans le hall d’entrée principal de l’immeuble des victimes.  Les premières investigations tendent à montrer que le crime serait lié à l’activité de Jiao Keming. En effet, l’enseignant n’était pas un simple informaticien. Il aurait créé une application de réalité virtuelle appelé « Comme Hier » qui permettrait aux utilisateurs de sonder leur