Mâchoires. Mónica Ojeda
Voici un roman dont la lecture est une expérience sans pareil, sur le fond comme sur la forme. Le titre est une référence à une citation de Jacques Lacan, tirée de L’envers de la psychanalyse (Le Séminaire, Livre XVII): « Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes — c'est ça, la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre tout d'un coup, de refermer son clapet. C'est ça, le désir de la mère. » Les relations mère/enfant (ou plutôt mère/fille) ne sont pas la seule inspiration de Mónica Ojeda. Mâchoires est un roman patchwork, tissant des liens entre psychanalyse et littérature gothique, depuis Edgar Allan Poe et H. P. Lovecraft, en passant Stephen King et Stephenie Meyer. Les dialogues lapidaires entre personnages (désignés uniquement par leurs initiales) alternent avec les monologues schizophréniques d’une enseignante et les souvenirs hallucinés d’une adolescente victime de manipulations. Je ne saurais dire à la fin si j’ai aimé ce livre tant je l’ai trouvé pert