Le Roi FootFoot. Alex Sanders

Le Roi FootFoot. Alex Sanders


 Je profite des deux récentes victoires de la France lors des matchs de qualification pour la Coupe du Monde de 2022 (contre le Kazakhstan et la Finlande), pour vous présenter un petit livre dédié au football.  Le Roi FootFoot d’Alex Sanders est album coloré destiné aux petits lecteurs de 3 à 6 ans. Il existe également une version pour les 6-7 ans dans la collection Folio Cadet.

Le roi FootFoot est un majestueux tigre, qui vient d’arriver au pays des rois et des reines. Cet animal-là est un super champion du ballon rond. FootFoot est aussi très apprécié des dames.  Et puis tout le monde aime le foot dans ce pays de châteaux ! C’est ainsi qu’un beau jour, la reine PanPanCuCu propose d’organiser un match de football opposant les reines aux rois. Les rois acceptent aussitôt de relever le défi. C’est le match du siècle ! 

Mon doudou adore la série des rois et des reines. Nous les avons souvent relus et toujours avec le même plaisir. La collection compte plusieurs dizaines de titres qui ont été réédités plusieurs fois, puis adaptés en version "Premières lectures" chez Folio Cadet. Les personnages ont tous un nom en relation avec leur activité principale ou leur trait de caractère dominant. Les dessins sont joyeux et les histoires pleines d’humour. Parmi nos titres favoris, il y a évidemment le roi NoëlNoël. On peut aussi citer quelques reines comme la Reine ProutProut, la Reine MamanManan ou la reine RoseRose. 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Alex Sanders n’est pas d’origine anglo-saxonne.  Il est né à Perpignan et a fait des études de cinéma à Bruxelles. Il vit aujourd’hui à Paris. Il travaille pour plusieurs maisons d’édition dont Gallimard, L’école des loisirs et Casterman. Alex Sanders a été récompensé par Prix Bernard Versele 2000 pour Mon affreux papa et le par le Prix de la Ville de Cherbourg-Octeville en 2003 pour Bob mon amour. Il est en particulier l’illustrateur de Pop (textes de Pierrick Bisinski) et l’auteur de la série Lulu le petit lapin ainsi que du Piratosaure

Pour les adeptes du ballon rond, petits et grands, Gallimard propose une liste de lecture dédiée au football. Parmi les titres proposés, il y a Le Piratosaure Vainqueur de la Coupe !

📌Le Roi FootFoot. Alex Sanders. Giboulées, 28 p. (rééd. 2018) & Folio Cadet, 32 p. (2010)


En attendant la neige. Lhasham-Gyal

En attendant la neige. Lhasham-Gyal


 Au début de ce roman autobiographique, le narrateur est âgé de 6 ans. Il évoque avec tendresse ses premiers souvenirs d’écriture et de jeux avec ses amis d’enfance. On comprend assez vite qu’il est le fils du chef du village de Marnang. En tant que fils unique (il a deux sœurs), son avenir est tout tracé. Son ami Nyima Döndrup, quant à lui, est destiné à devenir moine comme de nombreux garçons de son âge. L’avenir de Tharphel-morve-qui-coule semble plus incertain car il n’est pas très doué à l’école. Le chef du village, considéré comme un grand visionnaire par son fils, est d’ailleurs persuadé que Tharphel ne saura jamais lire. Le dernier membre de ce petit groupe de garnements est la belle Säldrön, petite fille de Pépé-Crinière, le doyen du village. Cette position d’aîné est très importante car elle offre un pouvoir informel équivalent à celui du chef. Ainsi, lorsque le secrétaire Wang, représentant du pouvoir Chinois, vient discuter de la construction d’une école, Pépé-Crinière est convié dans l’assemblée. Le nouveau bâtiment est considéré par l’auteur comme le premier signe de changement pour ce village d’agriculteurs-éleveurs. Arrive avec lui, Maître Minggyur, l’instituteur désigné par le pouvoir central, un inconnu qui bouleverse un peu les mœurs locales. Plus tard, les villageois découvriront l’électricité, puis la télévision et nombre d’objets modernes rapportés de la ville-préfecture. 

La seconde partie du livre est très nostalgique. L’auteur évoque les chemins de vie empruntés par ses amis d’enfance ainsi que son propre destin. Aucun n’a suivi la voie désignée par ses parents respectifs. Deux d’entre eux se croiseront à Lhasa (la ville est surnommée Lhasa-le-soleil-des-hauteurs, c’est-à-dire la terre pure de la sainte religion). Le narrateur, quant à lui, éprouve un grand sentiment de culpabilité par rapport ses choix : son cursus universitaire en Chine, son mariage avec une citadine et l’éloignement inévitable de son pays natal. Il aime en particuliers se remémorer les premières neiges, lorsque les villageois profitaient du moindre rayon de soleil pour se réchauffer les os. Ils se réunissaient volontiers autour de Pépé-crinière, conteur insatiable des aventures du Roi Gésar de Ling. Le village dit-il était en forme de stûpa (structure architecturale bouddhiste). Désormais ses habitants doivent se battre avec les éleveurs voisins qui montent des clôtures dans les prairies. Lhasham-Gyal s’interroge en parallèle sur l’évolution culturelle et sociale du Tibet, dépendant du pouvoir centralisateur chinois. Ses représentants aussi ont changé. Ils ne viennent plus discuter sur l’escalier-estrade chauffant du chef du village. Ils ne tiennent plus comptent des coutumes et croyances locales. A cela s’ajoute l’entrée dans l’économie de marché, un phénomène auquel participent le narrateur et ses amis d’enfance.

Lhasham-Gyal (également orthographié Lha Byams Rgyal) a pris le parti d’écrire ce roman en tibétain alors qu’il parle couramment chinois. Né à la fin des années 1970 dans l’ancienne province de l’Amdo au nord-est du Tibet (actuellement province du Qinghai au nord-ouest de la République Populaire de Chine), il est diplômé de l’Université centrale des Minorités de Pékin. Il est également titulaire d’un doctorat de l’Université des Minorités du Sud-ouest de Chengdu (Province du Sichuan). Lhasham-Gyal a ensuite poursuivi ses travaux académiques au sein du Centre de recherche tibétologique de Chine à Pékin. Parallèlement à ses recherches, il a publié des essais, ainsi que des recueils de nouvelles et de poésie. Son premier roman intitulé En attendant la neige ou Bod kyi gces phrug en V.O. (« les enfants chéris du Tibet ») est paru en 2012 chez Nationalities Press. Il a été traduit en japonais par Hoshi Izumi et publié en 2014 au Japon. 

📌En attendant la neige. Lhasham-Gyal. Picquier, 387 p. (2021)


Balade sens dessus dessous. Shirô Fujimoto

 Balade sens dessus dessous. Shirô Fujimoto


Dans Balade sens dessus dessous, Shirô Fujimoto nous offre deux histoires en une. La présentation du livre est en effet très astucieuse. Dans la partie haute de l’album, il y a les souris tandis que les taupes occupent le bas. Chaque illustration s’étend en revanche en double-page. Il faut bien observer les dessins car ils fourmillent de détails. Les textes sont assez courts puisque le livre s’adresse aux enfants à partir de 3 ans. L’histoire est donc simple. 

L’école des souris et celle des taupes partent au même moment en randonnée. Et c’est parti, à la queue leu leu derrière le maître ou la maîtresse ! Sur terre, comme en dessous, les jeunes élèves vont aller de découverte en découverte. Ici, il y a un ver de terre ; là, une liane ou une racine qui peut se transformer en balançoire. Pour traverser la rivière, rien de plus pratique d’une feuille, un tronc d’arbre où même une tortue-taxi !  Oh, un caillou qui gêne le passage !  Mais attention… ce qui se passe dans un univers peut affecter l’autre. Ainsi, lorsque les souris et les taupes découvrent une patate douce, elles tirent chacune de leur côté pour se l’approprier sans savoir que les autres font de même dans leur coin. Oh hisse, oh hisse ! Rien de grave car tout se petit monde finira par se rencontrer pour partager le butin.  

Je n’ai pas résisté à l’envie de vous présenter cet ouvrage adorable bien qu’il soit à ce jour épuisé en France. Il faut donc l’emprunter en bibliothèque ou le trouver dans une librairie qui l’aurait encore en stock. Il en est de même pour Les petits pastels de Miwa Nakaya et de la série Bam & Kéro de Yuka Shimada chez le même éditeur. 

📌Balade sens dessus dessous. Shirô Fujimoto. Yoaké, 26 p. (2014)


Konbini, la fille de la supérette. Sayata Murata

Konbini : La fille de la supérette. Sayata Murata


 Suite à la parution des Terriens chez Denoël (et sans doute une rupture de stock lié à son succès), le premier roman de Sayaka Murata vient d’être réédité. Konbini Ningen (en version originale) est paru au Japon en 2016. Il a été traduit en français deux ans plus tard, par Mathilde Tamae-Bouhon, avant de paraître en format poche chez Folio en 2019. Konbini, La fille de la supérette est un opus qui tient davantage de la novella. Il s’agit surtout d’un hymne à la différence, un pamphlet bourré d’humour qui a été récompensé par le prestigieux prix Akutagawa. 

L’héroïne de ce roman s’appelle Keiko Furukura. A l’instar de sa créatrice, elle a travaillé comme freeters (employée à temps partiel) pendant 18 ans dans un Konbini (le mot nipponisé est un abrégé du terme anglais « convenience store »). En revanche, Keiko n’use pas de son temps libre pour écrire des romans comme Sayaka Murata. Notre narratrice en effet est une inadaptée sociale, qui tente de s’insérer par mimétisme. Incapable de comprendre les sentiments et attitudes de ses congénères, elle a fini par découvrir qu’il suffisait de les copier pour avoir la paix. La vie de Keiko est dès lors régentée par un quotidien immuable et chronométré, en symbiose totale avec son boulot au sein du Konbini, qui la rassure et apaise ses proches. Elle échappe de cette façon aux questions souvent intrusives de ses collègues et amis, ainsi qu’à leur incompréhension face à son absence de désirs, d’ambitions ou d’états d’âme. Il en résulte des dialogues absolument réjouissants, dont les cibles sont souvent les chantres de la « normalité ». 

Evidemment l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, le petit train-train de Keiko est bouleversé par l’arrivé d’un autre paria dans la supérette. Il s’agit de Shiraha, un trentenaire dont les opinions ne s’inspirent pas du bestseller de John Gray (Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus). Le type n’est pas plus adepte du politiquement correct avec les femmes qu’avec ses nouveaux collègues de travail. D’ailleurs, il se fait rapidement virer de la bergerie… euh, de la boutique. Pourtant, Keiko décide de le prendre sous son aile et de l’héberger chez elle pour bénéficier de ces précieux conseils en relations humaines ! 

Extrait

« De mon passé avant de renaître en employée de konbini, je ne garde qu’un souvenir flou. J’ai grandi dans un lotissement de banlieue, élevée par une famille ordinaire, à l’affection tout aussi ordinaire. J’étais néanmoins une enfant un peu étrange. Un exemple, remontant à la maternelle : un jour, au parc, on trouva un oiseau mort. Un très joli passereau bleu, domestiqué sans doute, qui gisait, la tête penchée mollement, les yeux clos. Les enfants rassemblés autour de lui pleuraient. « Qu’est-ce qu’on va faire ? » demanda une fillette. Je pris aussitôt le volatile dans mes mains pour l’apporter aux mamans assises sur les bancs.

— Qu’y a-t-il, Keiko ? Ah, un petit oiseau... ! Il a dû tomber de quelque part... Le pauvre. Veux-tu qu’on l’enterre ? demanda ma mère d’un air doux.

Je secouai la tête.

— On n’a qu’à le manger, répondis-je.

— Pardon?»

📌Konbini : La fille de la supérette. Sayata Murata. Denoël, 128 p. (2021)


Chère Bertille... Et la lune en gruyère. Mélois & Spiessert

Chère Bertille... Et la lune en gruyère. Mélois & Spiessert


 Parmi nos coups de cœur, il y a Bertille. Bertille est une jeune souris âgée de 8 ans, curieuse, intrépide et déterminée… parfois un peu naïve et farfelue aussi. Chaque année, elle se lance un nouveau défi et entraîne tous ses amis avec elle. C’est drôle, bien écrit et les illustrations servent l’histoire à merveille. 

Dans le premier tome de la série, Bertille a décidé qu’elle se rendrait sur la lune pour son prochain anniversaire. Après quelques recherches documentaires et scientifiques, notre petite souris contacte un certain Monsieur Pavel, arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils de la célèbre Laïka, pionnière de l’espace. Persuadée que notre homme a suivi les traces de son aïeule, Bertille sollicite son aide. Mais M. Pavel est pâtissier ! Il ne sait pas si la lune est constituée de gruyère ou d’emmenthal. Il est également incapable de fabriquer une navette spatiale.  En revanche, c’est le roi du gâteau aux myrtilles. Bref, le cuisinier suggère à Bertille de s’adresser à Younès, le petit fils de sa voisine. Il est très bricoleur. Il pourra sans doute construire un engin lunaire. 

Il s’agit, vous l’aurez peut-être deviné grâce au titre, d’un roman épistolaire. Les deux tomes suivants Chère Bertille... Au centre de la Terre et Chère Bertille... À bord du Redoutable, qui sont construits sur le même schéma, sont aussi fantaisistes et réjouissants que le premier volume. Dans ces nouveaux épisodes, Bertille entreprend une correspondance avec la vulcanologue Irène Taziouf et une autre avec l’acteur Jean-Marc Beubar. Son ami Younès est bien-sûr de tous les projets avec des inventions toujours aussi défaillantes… mais Peu importe la destination, seul importe le voyage… imaginaire. Les aventures de Bertille s’adressent aux jeunes lecteurs de 7 à 9 ans.

📌Chère Bertille... Et la lune en gruyère. Clémentine Mélois & Rudy Spiessert. Ecole des loisirs (2019)


Louca T.1. Bruno Dequier

Louca - Tome 1 - coup d'envoi


 A l’occasion de la sortie du 9ème tome de la Série Louca (Game Over, octobre 2021) par Bruno Dequier, les éditions Dupuis proposent un accès gratuit à l’intégralité du premier tome. C’est l’occasion de découvrir cette bande dessinée pleine d’humour qui s’adresse aux lecteurs à partir de 9 ans. Elle ravira les fans de sport et, en particuliers, les supporters de foot.

Dans ce premier volume, intitulé Coup d’envoi, nous faisons la connaissance du jeune Louca, élève médiocre et peu sportif du lycée Quanfrin. Lassé de sa fainéantise, son professeur principal lui pose un ultimatum : si Louca ne réussit pas les prochains contrôles, il devra redoubler ! Notre jeune héros croit s’en tirer en allant jeter discrètement un œil sur les sujets d’examens. C’est ainsi qu’il se faufile en pleine nuit dans le bureau des enseignants et fait une surprenante rencontre dans les toilettes de l’établissement. Louca est tombé nez à nez avec Nathan, un jeune athlète brillant mais… mort ! Oui, Nathan est un fantôme ! Or, c’est la première fois qu’il parvient à communiquer avec un vivant. Du coup, il est persuadé qu’il a un rôle à jouer dans la vie de Louca. Dès lors, Nathan va « coacher » notre « looser » et en faire un champion sur le terrain de foot comme sur les bancs du lycée… enfin si Louca y met un peu de bonne volonté ! 


Louca T.1. Bruno Dequier. P36-37


Je découvre cette bande dessinée en même temps que mon doudou et j’avoue que j’accroche autant que lui : il y a du foot, des blagues à gogo, un coup de cœur pour Julie (la jolie fille du lycée), quelques leçons de morale avec le professeur Clément et surtout beaucoup de bonne humeur. Certains passages sont franchement hilarants, notamment quand Louca veut se faire passer pour un type cool en présence de son petit frère ou quand il réussit quelques bonnes actions sur le terrain de sport (grâce à l’intervention de Nathan) et se prend pour une super star.  

Ce premier volet des aventures de Louca, nous a parfaitement convaincu, doudou et moi, de poursuivre la série. Pour ma part, j’ai hâte d’en découvrir un peu plus sur Nathan. Pourquoi est-il condamné à errer sur terre, par exemple ? Doit-il réparer une faute commise de son vivant ? Doudou, quant à lui, est surtout pressé de savoir si Louca va devenir un grand champion de foot et comment il va s’y prendre pour y arriver.

📌Louca T.1. Coup d’envoi. Bruno Dequier. Dupuis, 80 p. (2013)


Le k ne se prononce pas. Souvankham Thammavongsa

Le k ne se prononce pas. Souvankham Thammavongsa


 Née en Thaïlande de parents laotiens, Souvankham Thammavongsa vit aujourd’hui au Canada. How to pronounce knife, en version originale, a été récompensé en 2020 par le prix Giller (équivalent canadien du Goncourt) et le Trillium Book Award. Ce recueil de nouvelles est un hymne à ses origines laotiennes, un hommage à tous ceux qui sont forcés de quitter leur terre natale pour vivre dans un pays dont ils ignorent souvent la langue et les codes. Dans ses conditions, il s’avère difficile pour eux de trouver un travail et un logement. A cela s’ajoute le mal du pays, la difficulté de trouver des produits ou des ingrédients qui ont la saveur du souvenir… et puis l’éloignement des enfants qui ne connaissent pas directement la culture d’origine de leurs parents. Les nouvelles de Souvankham Thammavongsa évoquent tout cela… parfois avec tendresse et humour, parfois avec brutalité ou tristesse.

La maîtrise ou non d’une langue est sans doute l’un des marqueurs sociaux les plus forts. En ce sens, la première nouvelle, celle qui donne son titre à l’ouvrage, donne le ton. Dans cette histoire, une petite fille n’ose pas dire à sa maîtresse que ses parents ne parlent pas bien anglais. Ils ne lisent pas les billets qu’elle leur transmet. Si c’était important, l’administration scolaire les appellerait, non ? C’est ainsi que Joy est humiliée le jour de la photo de classe car tous les autres sont sur leur 31. Ses parents ont juste raté l’information. La fillette pourtant ne se plaint pas. Bien au contraire ; elle se montre solidaire. Ainsi, lorsque son père se trompe dans la prononciation du mot couteau (Knife en anglais), elle s’obstine à prononcer le K muet devant la maîtresse, Melle Choi. Les encouragements et les moqueries de ses camarades ni feront rien, ni la perspective de perdre la récompense promise par Melle Choi, ni même la convocation chez le directeur de l’école. Son père ne saurait avoir tort, pas devant les autres en tout cas. La maîtresse, qui n’est pas insensible aux difficultés engendrées par l’amour propre de Joy, finira par lui donner le prix tant espéré : un puzzle représentant un avion dans le ciel.

Le recueil de Souvankham Thammavongsa compte quatorze nouvelles qui mettent en scène des personnages très différents : un boxeur reconverti dans la manucure, une septuagénaire qui (re)découvre le plaisir charnel, un homme qui singe le chanteur de country pour plaire à son épouse, un imprimeur qui lit l’avenir des couples dans les faire-part de mariage, une jeune femme qui s’élève dans la hiérarchie d’un abattoir grâce à une rhinoplastie … autant d’histoires qui nous en apprennent davantage sur la diaspora laotienne. 

Extrait :

« L’enfant se mit à lire. Tout alla bien jusqu’à ce qu’elle arrive à ce mot. Il n’avait que cinq lettres, mais il aurait tout aussi bien pu en avoir vingt. Elle le prononça comme l’avait fait son père, mais elle sut qu’elle avait faux car Miss Choi ne tourna pas la page. Au lieu de cela, elle pointait le mot en tapant sur la page comme si par magie la bonne prononciation se ferait entendre. Mais l’enfant ne savait pas comment le prononcer.Tap. Tap. Tap. Une fille aux cheveux jaunes finit par s’écrier : "C’est knife! Le k ne se prononce pas", levant les yeux au ciel comme s’il n’y avait rien de plus facile au monde. »

📌Le k ne se prononce pas. Souvankham Thammavongsa. Mémoire d'encrier, 136 p. (2021)


Grosse colère. Mireille d’Allancé

Grosse colère. Mireille d’Allancé


 Les petits enfants ont souvent du mal à maîtriser leurs émotions. Pratiquement tous les parents ont connu de grands moments de solitude lorsque le/la petit(e) dernière(e) a décidé de faire un gros caprice au supermarché, de se mettre à hurler dans la rue ou de se rouler (e) par terre au parc ! Comment réagir face à ce genre de situations et surtout comment en parler avec les enfants. Grosse colère de Mireille d’Allancé aborde ce sujet délicat.

C’est l’histoire d’un petit garçon appelé Robert. L’enfant a passé une très mauvaise journée. Lorsqu’il rentre à la maison, il est déjà de mauvaise humeur. Ses baskets sont toutes sales et son papa lui demande de les enlever. Le petit garçon les retire et les jette sur le sol. Un peu plus tard, au dîner, son père lui apporte un plat d’épinards. Robert s’énerve et son papa l’envoie se calmer dans sa chambre. Mais notre petit héros, loin de s’apaiser, sent la colère monter, monter, monter…. Comme un énorme monstre qui grandirait en lui. Lorsque la chose se matérialise enfin, Robert est un peu surpris. Mais la chose a soif de vengeance. Lorsqu’elle s’en prend aux jouets du petit garçon et commence à les jeter partout dans la pièce, notre héros tente de la maîtriser.

Grosse colère fait partie des classiques de la littérature enfantine. Néanmoins, il existe de nombreux ouvrages sur le thème des émotions. Parmi les plus connus, qui s’adressent aux enfants dès la maternelle, on peut mentionner À l'intérieur de moi d’Aurélia Gaud chez Actes-Sud Junior, La couleur des émotions d’Anna Llenas aux éditions Quatre Fleuves ou Content, fâché ! d’Amélie Falière chez Nathan. J’aimerais aussi mentionner un ouvrage original : L'océan des émotions par Fleurette et Pépin chez Margot. 

Sur la colère en particulier, il y a Le catalogue des colères : caprices et autres petits boudins de Lucile Ahrweiller chez Gautier-Languereau ou Je veux crier de Lucia Gaggiotti et Simon Philip chez Little Urban. Enfin, pour les plus grands (à partir de 5 ans), je propose deux petits bijoux : Une colère de tigre de Tom Percival chez Circonflexe ou La petite rouge courroux de Raphaële Frier et Victoria Dorche chez Sarbacane.

📌Grosse colère. Mireille d’Allancé. L’école des loisirs, 32 p. (2000)


Le Serveur de Brick Lane. Ajay Chowdhury

Le Serveur de Brick Lane. Ajay Chowdhury


 Le Serveur de Brick Lane d’Ajay Chowdhury est un roman dépaysant qui devrait enchanter les amateurs de polars et de cuisine indienne. Le titre original est The Waiter. Il inaugure une série dont le personnage récurrent est Kamil Rahman, policier trentenaire, originaire de Calcutta et grand admirateur d’Hercule Poirot. 

Dans ce premier volet, Kamil mène une double enquête dont le cheminement n’est pas sans rappeler une partie de Cluedo et dont le dénouement est essentiel pour son avenir. En effet, quelques mois plus tôt il a été évincé de la police indienne suite à un imbroglio dans une affaire impliquant des VIP, stars de Bollywood et politiciens. Notre héros a même été forcé d’abandonner sa fiancée à Calcutta et de s’exiler à Londres chez des amis de son père. La famille Chatterjee qui l’héberge, l’emploi également dans son restaurant, le Tandoori Knights. C’est dans ce contexte, en tant qu’extra, que Kamil se rend à la fête d’anniversaire du millionnaire Rakesh Sharma. A cette occasion, l’homme d’affaires annonce à ses proches qu’il a décidé prendre sa retraite et de faire don de son entreprise à une fondation caritative. Or, à l’issu de la soirée, sa jeune épouse trouve son corps inanimé dans la piscine. 

Il apparait clairement que l’homme ne s’est pas noyé tout seul. Qui avait intérêt à assassiner le sexagénaire ? Est-il vrai qu’il était ruiné ? Quel est le rapport avec le contrat perdu de son entreprise pour la construction du métro de Calcutta ? Pourquoi le millionnaire accusait-il Kamil, qui ne l’avait jamais croisé auparavant, d’être responsable de sa perte ? Quel est le lien avec la précédente enquête de notre détective ? Autant de questions auxquels il faudra répondre pour sauver la jeune Madame Sharma de la prison. Mais Kamil n’est pas seul dans cette quête. Il est soutenu par la belle Anjoli Chatterjee, la fille unique de ses logeurs. 

Ajay Chowdhury explique à la fin de son roman dans quelles circonstances il a publié Le Serveur de Brick Lane. Tout a commencé, nous dit l’écrivain d’origine indienne, lorsqu’il a remporté le premier prix BAME (Black, Asian, Minority Ethnic) en 2019. Il s’agit d’une compétition organisée par Harvill Secker Publishers (l’éditeur britannique d’Haruki Murakami) en partenariat avec le festival Bloody Scotland (dédié au polar international) et sponsorisé par la fondation Arvon (une organisation caritative au Royaume-Uni qui promeut l’écriture créative). C’est ainsi qu’Ajay Chowdhury a pu bénéficier des conseils de son mentor Abir Mukherjee, qui faisait partie du comité de lecture, et de la publication de son premier roman chez Harvill Secker (Random House) en 2020. Un second tome, intitulé The Cook (Le cuisinier) doit paraître en mai 2022.

J’ai hâte de découvrir comment va évoluer la relation entre Kamil, le séduisant musulman, et Anjoli, la jeune hindoue facétieuse. Saibal et Maya Chattejee, ses parents, sont également très attachants. Notre détective va-t-il accepter de devenir leur associé et rester à Londres ou décidera-t-il de retourner en Inde? Autant de questions qui trouveront peut-être une réponse dans The Cook.

Extrait

« Je remonte Brick Lane d’un pas lourd sous la bruine glacée. Tenant le col de mon manteau serré sous le menton, je me fraie un passage au milieu des parkas, burqas, dashikis, saris et tuniques. J’aime cette partie de Londres, elle me rappelle Free School Street et le chaos des rues de Calcutta. À mesure que je progresse dans l’étroite rue, le décor et les gens changent. Je suis toujours étonné de la transformation qui s’opère une fois franchie la frontière invisible d’Hanbury Street : à contrecœur, les supérettes, pâtisseries et prêteurs sur gages bengalis cèdent alors la place à un univers différent. Relooké, plein de touristes pendus à leurs appareils photo et d’ados en jeans skinny qui vont se faire coiffer chez Jack the Clipper et boire des verres chez Amy’s Wine House ou au Cereal Killer café. J’arrive devant Beigel Bake Brick Lane et son éternelle file d’attente et je décide de soigner mon vague à l’âme avec un petit en-cas. Je n’avais jamais mangé de bagels à Calcutta et depuis quelques semaines j’en suis friand. Chauds et moelleux comme des coussins, ils sont parfaits avec une bonne tasse de thé Assam. »

📌Le Serveur de Brick Lane. Ajay Chowdhury. Liana Levi, 304 p. (2021)


Max et Lili. D. de Saint Mars et S. Bloch

N°21 max a la passion du foot


 Pour ceux qui ne connaissent pas encore Max et Lili, précisons qu’ils sont les héros d’une collection de mini bandes dessinées en format de poche qui permettent d’aborder tous les sujets de la vie quotidienne. La série, qui s’adresse aux enfants à partir de 6 ans, compte déjà 126 titres parmi lesquels : Max et Lili ont peur du noir (tome 122), Lili est stressée par la rentrée (tome 97), Max et Lili sont fans de marques (tome 85), Max se fait insulter à la récré (tome 67), Grand-père est mort (tome 19), Les parents de Zoé divorcent (tome 5) … bref, il y a un titre pour chaque situation. Le modèle est toujours le même : une BD de moins de 40 pages, suivie d’un petit livret illustré de 5-6 pages avec un questionnaire permettant à l’enfant d’évoquer sa propre expérience. 

Les enfants aiment beaucoup ces petites bandes dessinées. Elles sont rapides à lire et ils peuvent s’identifier aux personnages. Il y a toujours un sujet qui les touche, qu’il soit anodin ou plus compliqué à aborder. Il ne s’agit pas de faire la morale aux enfants mais plutôt de les inciter s’interroger et à s’exprimer. Selon les thématiques abordées, il s’agit aussi de comprendre pourquoi on agit de telle ou telle manière et aussi de montrer que les actes ont des conséquences bonnes ou mauvaises sur les évènements ou sur nos proches.


Max raconte des bobards


Par exemple, dans Max raconte des bobards, les auteurs montrent que les mensonges sont une manière de se rassurer, de s’inventer une personnalité que les autres peuvent admirer. Ainsi, Max qui est en vacances à la mer, n’arrête pas de frimer et de raconter des histoires pour épater la galerie. Cela exaspère sa sœur Lili et surtout cela finit par se retourner contre lui. Lorsqu’il ment sur son âge au cinéma, il est obligé de payer son ticket plein tarif alors qu’il aurait pu entrer gratuitement. Et lorsqu’une jeune fille est coincée sur un rocher par la marée montante, personne ne veut le croire. Il doit aller la secourir lui-même.

Dans Max ne respecte rien, le petit garçon a décidé de se comporter comme un caïd pour se venger de Lili qui l’a humilié devant ses copains. Il apprend rapidement à ses dépends que manquer de respect à ses proches n’est pas la meilleure des solutions. A l’école, il est puni plusieurs fois par le directeur. A la maison, Max se comporte comme un véritable goujat. A la fin, papie décide de le prendre entre quatre yeux pour lui rappeler quelques règles de vie.


Max a la passion du foot


Max a la passion du foot aborde un sujet bien plus léger… du moins en apparence car les auteurs rappellent que c’est un sport nécessitant beaucoup d’efforts et qui permet de se surpasser. En effet, au début de l’histoire, Max est souvent ignoré par les autres joueurs de l’équipe. Ceux-ci considèrent qu’il joue vraiment trop mal et ne lui passe jamais la balle. Une occasion de s’illustrer se présente néanmoins à lui lorsque son équipe doit affronter celle de l’école Victor Hugo. Bien qu’il ne soit qu’un remplaçant parmi d’autres, Max s’entraîne tout le week-end.

Il existe de nombreux produits dérivés autour de l’univers de Max et Lili : jeux de société, Livres-jeux, carnets, agendas et même une collection d’applications pour tablettes et smartphones. La série n’est pas sans rappeler un autre duo de BD : les fameux Tom-Tom et Nana, dont les gags ont régalé des générations de petits lecteurs. Néanmoins cette collection n’a pas de vocation pédagogique particulière.


Max et Lili. D. de Saint Mars et S. Bloch


📌Max et Lili. Dominique de Saint Mars et Serge Bloch. Caligram, 126 vol. (2004-2021)

Mon maître et mon vainqueur. François-Henri Désérable

Mon maître et mon vainqueur. François-Henri Désérable


 C’est l’histoire a-priori banale d’un triangle amoureux. Vasco aime Tina qui aime Vasco et Edgar qui aime Tina. Le premier est conservateur à la BNF, la seconde est comédienne et le troisième travaille dans la finance publique. Tina aime la poésie et surtout Verlaine et Rimbaud. Elle doit se marier avec Edgar avec lequel elle a deux enfants en bas âge. Vasco, lui, ne peut se résoudre à la laisser partir. Tout cet imbroglio nous est rapporté par leur meilleur ami, narrateur et alter-ego de l’auteur, qui aime à s’interpeler lui -même en s’appelant « mon petit père ». 

Waah ! Que d’émois en 192 pages !  Pourtant, en choisissant le lauréat du Grand prix du roman de l’Académie française, je craignais de me retrouver avec un texte un peu guindé. Mais que nenni… et même, bien au contraire ! Tantôt érudit, tantôt truculant, ce roman nous parle de la passion amoureuse… et de sexe aussi (l’auteur tient beaucoup à le préciser). 

Le lecteur sait dès le début que l’histoire se finit mal. Elle se termine, en fait, chez un juge que l’auteur a convoqué depuis le roman de Tanguy Viel (avec son accord), Article 353 du code pénal. Ce n’est pas son seul hommage littéraire. François-Henri Désérable cite Paul Verlaine, dont l’un des vers a inspiré le titre de ce livre… mais aussi Arthur Rimbaud, bien-sûr, et puis encore Charles Baudelaire ou Stendhal… Bref, il s’amuse de la littérature, des mots, de la justice et du cœur humain surtout.

📌Mon maître et mon vainqueur. François-Henri Désérable. Gallimard, 192 p. (2021)


Tant que le café est encore chaud. Toshikazu Kawaguchi

Tant que le café est encore chaud. Toshikazu Kawaguchi


 Que feriez-vous si vous pouviez voyager dans le temps ? Quel évènement de votre vie souhaiteriez-vous revivre ? A moins que vous ne choisissiez de vous projeter dans l’avenir ? A Tokyo, il existe un minuscule établissement, situé bien à l’écart de l’agitation, dans un sous-sol à l’abri de la chaleur. Ce café un peu rétro existe depuis le 19ème siècle. C’est le Funiculi Funicula. Ici, on sert un café non ordinaire, d’abord à cause de son goût très amer mais aussi pour ses vertus particulières. Selon la légende urbaine, il permettrait de se téléporter dans le passé ou dans le futur. Mais attention ! Il y a des règles plutôt contraignantes à respecter. Sachez d’abord, que vous ne pourrez pas modifier le cours des évènements. Ensuite, vous ne disposerez que de quelques minutes pour voyager dans le temps car vous devrez revenir avant que votre tasse de café ne soit froide. Vous ne pourrez rencontrer que des personnes qui se sont déjà rendus au Funiculi Funicula et vous ne pourrez pas bouger de votre chaise. Enfin, il vous faudra faire preuve de patience car un fantôme squatte la chaise en question et il faut attendre qu’elle la libère… soit une fois par jour lorsqu’elle se rend aux toilettes. Et oui ! Toutes ces règles ont découragé plus d’un volontaire ! 

Tant que le café est encore chaud est un roman en 4 actes (Les amoureux, Les époux, les sœurs et La mère et l’enfant) tiré d’une pièce de théâtre de Toshikazu Kawaguchi. En effet, ce dramaturge japonais a dirigé le groupe théâtral Sonic Snail. L’œuvre a ensuite fait l’objet d’une adaptation cinématographique du réalisateur Ayuko Tsukahara sous le titre Cafe Funiculi Funicula. 

Dans ce premier volet (plusieurs tomes sont déjà parus en japonais, en anglais et en italien), quatre personnages vont tenter leur chance. Il s’agit uniquement de femmes. La première est Fumiko, une jeune cadre (le terme salaryman ne peut être féminisée car il dépasse le cadre professionnel et désigne aussi un style de vie masculin) qui vient d’être abandonnée par son petit ami en partance pour une nouvelle vie professionnelle aux Etats-Unis. Fumiko, effondrée, n’a pas su exprimer ses sentiments et surtout retenir son amoureux. Même si le voyage dans le temps ne permet pas de modifier le passé, notre héroïne va revenir psychologiquement transformée de son voyage temporel. Le second personnage à tenter l’aventure est Mme Kôtake, l’épouse de M. Fusigi. Son mari est atteint de la maladie Alzheimer. C’est ensuite le tour de Melle Hiraï, qui a fui sa famille d’aubergistes pour tenir un snack-bar en ville. La dernière à s’assoir sur la chaise magique est Kei, la femme du patron. Toutes vont trouver une forme d’apaisement grâce à cette expérience fantastique. 

Ce roman aborde des sujets difficiles comme la séparation amoureuse, la maladie, la mort et le deuil. Pourtant, on le referme rasséréner car chaque histoire se termine sur une note d’espoir.

📌Tant que le café est encore chaud. Toshikazu Kawaguchi. Albin Michel, 240p. (2021)


Pokédex, de Kanto à Alola

Pokédex, de Kanto à Alola


 Le Pokédex est la bible des petits chasseurs de Pokémon. Pour comprendre de quoi il s’agit exactement, je vous propose de tout reprendre depuis le début, à savoir depuis l’origine de la pandémie de Pokémania. 

La pokémania touche pratiquement tous les enfants de primaire et parfois même de maternelle. Pour la petite histoire, sachez que le phénomène est né en 1999 à la sortie du jeu vidéo développé par Game Freak, sous la direction de Satoshi Tajiri, et édité par Nintendo : Pokémon Rouge et Bleu. Celui-ci s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires, ce qui en fait un record des ventes dans l’histoire du jeu vidéo. Depuis la franchise s’est élargie à de nombreux produits dérivés dont les cartes à collectionner. 


Pokédex, de Kanto à Alola


Le nom de Pokémon est né de la contraction de deux mots japonais romanisés, « Poketto Monsutā », littéralement « Monstres de poche ». Il existe près de 900 espèces fictionnelles de Pokémon (le mot est invariable) réparties en 8 générations. La star et la mascotte des Pokémon est Pikachu. Créé par Atsuko Nishida de Game Freak et dessiné par Ken Sugimori, il est apparu pour la première fois en 1996 dans les jeux vidéo Pokémon Vert et Pokémon Rouge. Il est ensuite devenu le personnage principal dans l’adaptation du jeu en série d’animation télévisuelle avec son dresseur Sacha (appelé Satoshi au Japon et Ash dans les pays anglophones). Réalisée par le studio tokyoïte OLM, le premier épisode a été diffusé sur TV Tokyo le 1er avril 1997. Depuis, Pikachu est devenu une icone de la culture Kawaï et orne même les flancs de trois avions de la compagnie All Nippon Airways !

Le Pokédex est une encyclopédie fictive sur les Pokémon. Elle récence toutes les créatures créées par la franchise. En effet, dans les jeux vidéo, l’objectif du joueur est de compléter le Pokédex en capturant un maximum de Pokémon. Le Pokédex a beaucoup évolué au cours du temps, du fait de l’apparition de nouvelles créatures. Dans les premières versions, il n’y avait que 150 créatures (codes couleurs vert, rouge et bleu). La version jaune est une amélioration des premières créatures. Sont ensuite apparus les Rubis, Saphir, Émeraude, Rouge Feu et Vert Feuille et suivantes. C’est à partir de cette 3ème génération de Pokémon que le Pokédex s’est scindé en deux partis : le Pokédex « local » (qui comporte le nom de la région où se déroule l'aventure) et le Pokédex national. Cela explique le sous-titre de notre ouvrage : de Kanto à Aloha. Cette édition réunie en effet 7 Pokédex en un seul, soit 7 régions : Kanta, Johto, Hoenn, Sinnoh, , Unys, Kalos et Aloha.


Pokédex, de Kanto à Alola. P8-9


Les premières pages du Pokédex présentent les créatures par type (Dragon, Fée, Insecte, Glace, Poison, Psy…). Par exemple, Pikachu dans le nom évoque le couinement d’une souris et le scintillement de l’électricité, appartient type « Electrik » de couleur jaune. A chaque Type correspond en effet une couleur (violet pour les spectres, marron pour les sols, etc). 

Les pages suivantes répertorient tous les Pokémon par région. Chacun dispose d’une fiche d’identité indiquant son nom, le type auquel il appartient et sa région. Le Pokédex renseigne également ses lecteurs sur le milieu naturel du Pokémon capturé, sa taille, son poids, son talent particulier et son pouvoir d’attaque. Il montre enfin son évolution. Pikachu, par exemple, évolue en Raichu. Il faut noter, qu’à chaque Pokémon est associé une Poké Ball (il s’agit d’un appareil sphérique que les dresseurs utilisent dans les jeux-vidéo pour capturer les créatures). A la fin du livre, il y a un index des Pokémon par ordre alphabétique.


Pokédex, de Kanto à Alola. P168-169


J’imagine qu’il faut être fan de Pokémon pour acheter ce genre d’ouvrage … mais quand même ! Il est clair que les auteurs n’ont pas pensé aux parents néophytes qui souhaitent savoir à quoi jouent leurs enfants. Un mode d’emploi et une introduction avec un historique succinct de la franchise auraient été bienvenus. En fait, il s’agit visiblement d’inciter les curieux à acheter l’Encyclopédie qui fournit toutes les informations sur l’origine de l’univers Pokémon.

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’Univers des Pokémon (sans dépenser plus), je recommande la section Pokepedia de Wikipédia. On y trouve des informations sur les jeux vidéo et tous ses produits dérivés : dessins animés, mangas, cartes à jouer, ainsi qu’une section dédiée aux Pokémon (par type, génération, sexe…). Sinon, il y a un Pokédex en ligne sur le site de la marque.

📌Pokédex, de Kanto à Alola. Hachette, 464 p.  (2017) 


Bonobo. Jeong You-jeong

Bonobo. Jeong You-jeong


 Bonobo est un roman fantastique à deux voix. La première est celle de Lee Jin-yi, bientôt métamorphosée en Jin/Jin-yi. Notre héroïne occupe un poste de soigneuse au Centre d'études des primates de Corée du Sud où elle est connue pour son sens innée des relations avec les animaux. Pourtant, Jin-yi a brusquement décidé d’abandonner son travail et sa thèse de recherche. En effet, alors qu’elle se trouvait dans la région de Wamba au Congo, elle a été témoin impuissante de la capture d’une jeune bonobo par des contrebandiers. Son sentiment de culpabilité est tel qu’elle ne se sent plus légitime dans son emploi. Or, la veille de son départ du centre d’étude, son professeur lui demande de l’accompagner dans une mission de sauvetage. En effet, suite à un incendie, un bonobo s’est échappé de sa cage et les secours ne parviennent pas à le capturer. Arrivée sur place, Jin-yi remarque immédiatement qu’il ne s’agit pas d’un mâle mais d’une femelle d’une dizaine d’années. La soigneuse fait immédiatement le parallèle avec sa mésaventure en Afrique et croit reconnaître l’animal. Sur le chemin du retour, le professeur lui propose de donner un nom à la jeune femelle et de l’appeler Jin. Quelques minutes plus tard, il perd le contrôle de son véhicule. Lors de la collision, les esprits de Lee Jin-yi et de Jin fusionnent dans le corps de la jeune bonobo.

C’est ici qu’entre en scène, le second narrateur. Il s’agit de Kim Minju, un jeune SDF venu visiter le parc du centre d’études des primates. Ce trentenaire a été jeté à la rue par ses parents qui ne supportaient plus sa passivité. Incapable de trouver un emploi stable et un sens à sa vie, Minju est arrivé au point où il se demande même si elle vaut le coup d’être vécue.  C’est dans cet état d’esprit qu’il a assisté à l’accident de voiture et prévenu le 119, le numéro d’appel des secouristes. Craignant, les tracasseries administratives, il choisit de se cacher à l’arrivée des ambulances et de la police. C’est ainsi qu’il va entrer dans la vie de Jin/Jin-yi… car, seul le professeur a été transporté à l’hôpital. Les pompiers n’ont pas vu que des passagères avaient été éjectées de l’habitacle… Minju les rappelle avant de se trouver nez à nez avec la jeune bonobo. N’étant pas doté d’un esprit trop cartésien mais de beaucoup d’empathie, le jeune homme accepte d’aider Jin-yi à réintégrer son enveloppe charnelle.

Bonobo est un roman original qui aborde de nombreux thèmes dont celui de la frontière entre humanité et animalité, le bien-être animal ou la protection des espèces en danger d’extinction. Néanmoins, le sujet principal reste celui du passage de vie à trépas et de l’acceptation de la mort. Dans son épilogue, Jeong You-jeong explique comment l’idée de ce roman lui est venu alors qu’elle terminait la documentation d’un autre livre et s’apprêtait à passer au stade de l’écriture. Une simple phrase l’a incitée à abandonner son précédent projet pour écrire un livre qu’elle portait en elle depuis le décès de sa mère. Par ailleurs, la mort est un sujet que Jeong You-jeong connait bien puisqu’elle a été infirmière pendant de nombreuses années. Elle l’a aussi abordée d’une autre manière, à travers ces polars dont Généalogie du mal et Les nuits de sept ans.

📚L'avis de Sandrine

📌Bonobo. Jeong You-jeong. Picquier, 400 p. (2021)