Tupinilândia. Samir Machado de Machado
Quel est le point commun entre Henry Ford, Walt Disney, John Parker Hammond et João Amadeus Flynguer ? Tous les quatre ont rêvé de bâtir une cité utopique. Etaient-ils des mégalomanes ou des visionnaires ? Leurs projets pharaoniques étaient ils voués à l’échec ou à l’abandon dès le départ ? Avant de répondre à ces questions, je me dois de préciser que deux membres de ce riche quatuor sont totalement fictifs.
Les admirateurs de Michael Crichton et de Steven Spielberg auront déjà reconnu le nom du PDG de la puissante compagnie InGen dans Jurassic Park. Mais le personnage qui nous intéresse vraiment ici est un magnat brésilien du BTP. Il se considère comme un disciple de Walt Disney, sachant que sa propre famille est originaire des Etats-Unis et a fait fortune au Brésil grâce à une chaîne de cinéma. João a eu l’occasion de rencontrer le producteur américain lors de sa tournée en Amérique latine dans les années 40. Quatre décennies plus tard, s’inspirant d’EPCOT (Experimental Prototype Community Of Tomorrow), le projet initial de Walt Disney qui devait voir le jour en Floride, João Amadeus Flynguer imagine sa propre cité idéale. A l’instar de Fordlândia, la ville usine éphémère de Ford dans l'État de Pará au Brésil, le parc d’attraction de Tupinilândia sera construit au cœur de l’Amazonie. L’entrepreneur brésilien a prévu des logements pour ses employés et toutes les infrastructures nécessaires pour l’installation de leurs familles. Le projet est un hommage à la culture de son pays et s’en inspire entièrement. Or, le jour de l’inauguration du parc, un groupe de d’Intégralistes (des fascistes brésiliens), s’invitent de force à Tupinilândia. La prise d’otage se termine par une évacuation in extrémis de la famille Flynguer, à l’exception du doyen qui préfère mourir dans sa ville utopique. A ce stade, l’histoire est pourtant loin d’être terminée… 30 ans plus tard, l’archéologue Artur Flinguer (avec i) obtient un financement important pour se rendre dans la cité oubliée de Tupinilândia. Il n’imagine pas dans quel bourbier il s’est fourré !
« Entre Orwell et Jurassic Park, un blockbuster littéraire » : c’est ainsi que l’éditeur présente l’ouvrage de Samir Machado de Machado. Et il ne ment pas. Tupinilândia est un roman d’aventure dystopique foisonnant et extrêmement visuel avec des scènes d’action dignes d’un film grand public. On pense un peu à Indiana Jones aux prises avec les Nazis et aux héros de Jurassic Park en mode survie dans leur parc d’attraction. Mais le roman va au-delà du simple divertissement car l’auteur prend son temps pour poser le contexte… au risque de perdre quelques lecteurs en route. Pour ma part, j’ai apprécié les références "nostalgiques" aux années 80, ainsi que les longues digressions sur l’histoire politique du Brésil, de l’industrie du divertissement ou du cinéma en temps de guerre. Le plaisir d’écriture de l’auteur (qui a imaginé jusqu’au plan détaillé du parc d’attraction) est très communicatif.
💪Je dois cette belle découverte à Keisha et A Girl, chez qui j’ai pioché cette idée de lecture dans le cadre du Book Trip brésilien.
📌Tupinilândia. Samir Machado de Machado. Métailié, 512 pages (2020)
Oui, A girl m'a entrainée dans l'aventure, grâce à elle je voyage littérairement par là-bas... Un roman étonnant!
RépondreSupprimerhé, hé, elle sait être persuasive ! (^_-) et elle dégote régulièrement des livres intéressants.
SupprimerUne très belle surprise au rayon brésilien. Un roman inventif, original, divertissant mais pas que, comme tu le soulignes si justement. Ravie que le plaisir de lecture ait été partagé ! Tout comme José Falero (Supermarché), c'est un auteur brésilien dont j'espère pouvoir lire d'autres romans prochainement.
RépondreSupprimerOui, c'était un beau voyage. Apparemment, l'auteur a écrit d'autres romans mais ils ne sont pas encore traduits en Français.
SupprimerBonjour! Je vais le garder en mémoire: ce que tu en racontes me rappelle un peu "Fordlândia" de Jean-Claude Derey, un très bon roman historique avec au moins un personnage en commun...
RépondreSupprimerBonjour Fattorius. En fait, Samir Machado de Machado évoque plusieurs fois Fordlândia dans la première partie mais pas vraiment son créateur. En tout cas, ce roman est très original et je te le recommande vivement. La comparaison avec l'essai de Jean-Claude Derey pourrait être amusante.
SupprimerNoté ! Il a l'air génial ce roman que je verrais très bien porté sur grand écran ! Et la couverture est très belle...
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec toi pour la couverture et l'adaptation au cinéma !
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