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Affichage des articles du février, 2023

L'attrapeur d'oiseaux. Pedro Cesarino

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Selon le narrateur de ce roman, "l’attrapeur d’oiseaux" ferait référence à un mythe amérindien. Notre homme, un anthropologue quadragénaire, se rend dans un village amazonien pour en recueillir le récit complet auprès d’un chaman de sa connaissance. Or Tarotaro, le "pajé" le plus âgé de la région des sources, est retissant à raconter la fameuse légende.  Dès le départ, l’expédition s’annonce plus compliquée que les précédentes. Le chercheur brésilien doit faire face à une restriction budgétaire et économiser sur la moindre peccadille. Il est par exemple obligé ponctionner ses propres deniers pour acheter les perles de verre qu’il offre habituellement aux femmes de la tribu. La pirogue de son ami Sebastião Baitogogo mériterait quelques réparations mais il faut faire avec les moyens du bord et rafistoler ce qui peut l’être. Les denrées et les médicaments nécessaires à la mission sont évalués avec la même parcimonie. Par ailleurs, le narrateur est victime de paludisme

Par une nuit claire. Kim Yi-sak

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Ce polar historique coréen nous conduit à Hanseong (Séoul) sous le règne de Sejong (1418-1450), 4ème roi de la dynastie Joseon. Par une nuit claire de couvre-feu, A-ran, la fille naturelle du Préfet, déjoue la surveillance des gardes en faction pour s’échapper de la ville-forteresse. Notre héroïne est sage-femme et légiste en dépit son statut privilégié. Elle a entendu parler d’une veuve qui aurait été enterrée sans qu’on ait procéder à l’autopsie de rigueur en cas de mort violente. Elle soupçonne qu’il s’agit d’un meurtre déguisé en suicide et décide d’examiner le corps en catimini. Au cours de cette escapade nocturne, A-ran rencontre Kim Yoon-o, jeune lettré de classe moyenne, qui vient d’être nommé inspecteur du Conseil des Censeurs, un poste normalement attribué à un membre de la caste supérieure des Yangban. Les jeunes gens se croiseront de nouveau lors d’une autre enquête impliquant six morts découverts dans une grotte après un incendie. L’examen des cadavres, leur apprend que l’

Les 50 titres cultes de la bande dessinée asiatique. Mourier & Inghilterra

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Cet ouvrage est paru dans la collection 9ème Art Panorama, une série de guides dédiés à BD et édités par les éditions Bubble. Le premier volet, intitulé L’Anthologie du 9e art , a été publié en 2020. Deux ans plus tard, l’éditeur propose trois nouveaux titres thématiques consacrés la bande dessinée jeunesse, à la bande dessinée asiatique et à la bande dessinée érotique. Ces ouvrages sont vendus en coffret ou à l’unité et ont l’avantage de ne pas être onéreux. Leur petit format et leur couverture souple s’inspirent davantage de la revue spécialisée que du livre de collection relié. Le contenu est néanmoins assez soigné.  Le tome consacré à la BD asiatique est divisé en trois grandes parties : "Les grands classiques" (œuvres cultes et auteurs iconiques), "Les valeurs sûres" (pépites méconnues et auteurs à suivre) et "Les œuvres insolites" (curiosités et limites affranchies). A la fin de l’opus, un lexique donne les définitions des termes spécialisés. On parl

Ecrivains coréens d’aujourd’hui. Keulmadang N°4

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Cet opus est ma botte secrète pour participer à un défi autour de la littérature coréenne, organisé par Céline du blog Mon journal livresque . Dans ma boîte à outils littéraire, il y a aussi Le polar coréen , le dernier numéro paru de Keulmadang .  Le titre de la revue est déjà une invitation à la découverte : "Keul" (écrit/texte) et "Madang" (la cour de la maison traditionnelle). Bien que très abordable pour le lecteur non averti, cette revue littéraire est le fruit d’une collaboration sérieuse entre l’association France-Corée et le Département des Etudes Asiatiques de l’Université d’Aix-en-Provence. Après quelques 5 années d’expérimentation en ligne, la version papier de Keulmadang est parue en 2014 sous la direction de Jean-Claude de Crescenzo (le futur fondateur des éditions du même nom). Dès le premier numéro, l’accent est mis sur la présentation de textes inédits de jeunes auteurs. Le Numéro 4 n’échappe pas à la tradition et publie une nouvelle inédite en Fra

Les filles comme nous. Daphne Palasi Andreades

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Les filles comme nous est un roman singulier qui tient un peu du plaidoyer féministe en faveur du melting-pot américain. Il n’y a pas de personnages principaux mais un collectif de filles et de femmes à la "peau brune" ( Brown Girls est le titre du livre en VO) qui vivent dans le quartier populaire du Queens à New-York. Elles s’appellent Anjali, Michaela, Naz ou Nadira. Leurs parents sont originaires d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine et elles partagent de nombreuses expériences similaires. Elles racontent leurs vies, leurs espoirs, la pauvreté, les préjugés réciproques, le racisme ordinaire, la discrimination positive, le wokisme,… Elles se donnent rendez-vous dans des fast-food, des bars, des boîtes de nuit puis des restaurants chics avant de revenir dans des établissements plus cosmopolites. Elles s’interrogent sur leurs racines, s’inquiètent pour leurs frères, rêvent d’être admises dans la haute société new-yorkaise, de se marier avec des garçons à la peau blanche c

Lettre à ma fille. Maya Angelou

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Pour commémorer le Black History Month , j’avais en tête de lire Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage , la fameuse autobiographie de Maya Angelou (1928-2014), mais j’ai été rattrapée par le temps. J’ai donc choisi un ouvrage plus court, paru en V.O à la fin des années 2000 : Lettre à ma fille . Cette collection de textes est parue alors que la "femme phénoménale", ainsi qu’on la surnomme en référence à l’un de ses poèmes, avait plus de 80 ans. A cette date, Maya Angelou avait déjà publié six autobiographies, des essais et plusieurs recueils de poèmes. Elle s’était aussi imposée comme une figure emblématique du féminisme et de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis. Certains de ses ouvrages ont été inscrits au programme des écoles américaines. Plus qu’un corpus de textes hétéroclites, Lettre à ma fille fait figure de testament. La fille dont il est question dans le titre est en réalité une entité collective. Maya Angelou précise que l’opus s’adresse à toutes

Mal d’époque. María Sonia Cristoff

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María Sonia Cristoff a réuni dans Mal d’époque les deux thématiques qui lui sont chères, à savoir le voyage et la "non-fiction". L’écrivaine argentine qui aime à dire qu’elle se situe dans une zone hybride entre fiction et non-fiction signe un roman singulier, une mise en abyme où elle évoque en parallèle des destins réels et imaginaires. Deux histoires se font écho dans un fil narratif tortueux et halluciné.  Une première intrigue se noue autour d’un certain FG, ancien soldat, peut-être né dans la région de Catamarca et ayant servi une dizaine d’années en Syrie. L’homme déambule dans Buenos Aires, la "ville-monstre" (selon son expression) en quête d’illusoires indices dans le cadre d’une mission qu’il s’est lui-même assignée. De l’autre coté de l’Atlantique, une jeune chercheuse d’origine argentine tente de collecter des informations sur un certain Albert Dadas (1860-1907). Interné pendant plusieurs années à l’hôpital Saint-André à Bordeaux, il a été le patient du

Fuir et revenir. Prajwal Parajuly

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Prajwal Parajuly nous conduit à Gangtok, ville-capitale du Sikkim, un ancien royaume himalayen annexé par l’Inde en 1975 et désormais enclavé entre le Tibet, le Népal et le Bhoutan. Il s’y joue une tragi-comédie familiale savoureuse sur fond de festivités hindouistes et népalaises. Les acteurs de ce roman aux accents bollywoodiens sont les membres de la famille Neupaney, des Indiens népalophones issues de la caste supérieure des Brahmanes. Pour les cérémonies de son chaurasi (84ème anniversaire), Chitralekha, la matriarche, a convoqué ses petits-enfants expatriés aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Ils se retrouvent, en compagnie d’une domestique transgenre capricieuse, dans la maison de leur enfance, après 18 années de séparation et beaucoup de rancœur accumulée. Agastaya, le fils aîné gay, devenu médecin, refuse de faire son coming-out malgré les demandes répétées de son conjoint Américain. Or, les membres de la famille Neupaney, qui ignorent l’homosexualité du jeune homme, se liguent

Formose. Li-Chin Lin

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Lorsqu’il a fallu donner un titre à son premier roman graphique, l’illustratrice franco-taiwanaise, Li-Chin Lin, a choisi le nom historique de son pays natal : Formose, un toponyme d’origine portugaise qui fait référence à la beauté de l’île de Taïwan ("Ilha formosa" ou Belle île). Ce choix s’explique d’abord par le risque de confusion avec la Thaïlande, dit-elle, mais aussi par le destin mouvementé de Taïwan. Lorsqu’elle était enfant, Li-Chin Lin à appris à l’école qu’elle vivait en République de Chine. A la télévision et dans tous les espaces publics, la propagande dictatoriale martelait que Tchang Kaï-chek et son fils, Chiang Ching-kuo, étaient les sauveurs du peuple taïwanais. A la maison, le son de cloche était un peu différent et l’histoire de Taiwan se reflétait dans les différentes langues parlées autour de la table. Si tout le monde connaissait le Holo, les grands-parents paternels de la future illustratrice avaient connu la colonisation nippone et s’exprimaient plus

La vallée des fleurs. Niviaq Korneliussen

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Le titre de ce roman, La vallée des fleurs , fait référence à un cimetière situé à l'Est du Groenland, près de la ville de Tasiilaq. Il doit sa particularité aux fleurs de plastiques roses, rouges et bleues qui ornent les tombes. La narratrice, dont nous ne connaîtrons jamais le prénom ni le patronyme, est une jeune inuite qui vit à Nuuk, la capitale située au sud-ouest du pays. Elle a obtenu une bourse pour des études d’anthropologie à l’Université de d’Aarhus au Danemark. Son prochain départ est vécu à la fois comme une libération, vis-à-vis de la cellule sociale et familiale, et un véritable déchirement affectif. La jeune femme appréhende de quitter sa petite amie Maliina, dont elle est follement éprise. En apparence, notre héroïne est donc une personne solide, intelligente et pleine d’humour dont l’homosexualité semble parfaitement assumée et acceptée par ses proches… mais quelque chose nous souffle dès le départ que l’intrigue va prendre une autre tournure.   Les chapitres de

Hoka Hey. Neyef

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Hoka hey ! En avant ! Tel est le cri de guerre des Sioux-Lakotas. Il a sans doute retenti lors de la fameuse bataille de Little Big Horn ou Greasy Grass dans le Montana, qui opposa une coalition d’Indiens menée par Sitting Bull aux troupes du général de cavalerie Georges A. Custer en juin 1876. Mais cette histoire là n’est pas celle racontée par Neyef. Le jeune scénariste et illustrateur s’est affranchi du documentaire pour nous offrir un roman graphique somptueux de plus de 200 pages.  Le héros est un jeune orphelin Lakota acculturé. Georges vit dans une réserve indienne, quelque part entre les territoires du Dakota et celui du Wyoming. Il a été recueilli par le pasteur, qui lui apprend la bible et la résignation. Ce n’est pas une figure paternelle puisque le garçon est traité comme un domestique. Le destin de Georges prend une tournure inattendue lorsque son chemin croise celui d’un gang de hors-la-loi poursuivi par un chasseur de primes. Il s’agit d’un trio formé par deux Amérindien

Obscuritas. David Lagercrantz

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Obscuritas inaugure une série policière dont les héros récurrents s’inspirent, selon l’auteur suédois, du duo Holmes/Watson.  Il faut reconnaître que le professeur Hans Rekke a plus d’un point commun avec le fameux détective londonien. Il est issu d’un milieu privilégié, il est brillant et érudit, il a une capacité de déduction hors du commun, il est dépressif et addicte à diverses substances… enfin, il a un frère proche du ministère des affaires étrangères et de la CIA. Micaela Vargas, l’acolyte de notre psychologue, est une policière débutante originaire du Chili. Elle vit dans le quartier d’Husby à Stockholm, connu pour accueillir beaucoup d’immigrés. Ce fait devient un atout pour ses supérieurs lorsqu’un certain Giuseppe Costa est accusé du meurtre de Jamal Kabir, arbitre respecté dans le milieu footballistique junior. Le suspect, père de l’étoile montante locale, aurait frappé sa victime à mort à cause d’un différent sur le terrain. Pour Micaela, le mobile semble peu plausible et

Matin calme. Laura Dilé

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Laura Dilé et son petit ami Charly sont tous les deux graphistes. L’autrice de ce joli petit carnet de voyage explique, en introduction, qu’ils ont décidé de partir sur un coup de tête. En réalité leur périple en Corée du Sud m’a semblé bien préparé. Le couple semble connaître tous les trucs pour partir à l’étranger sans se ruiner.  Si le choix de Laura et Charly s’est porté sur la Corée du Sud, c’est en partie parce qu’ils peuvent y séjourner un an sans renouveler leur visa PVT (Permis Vacances Travail). Ils vont rester 4 mois à Séoul en "Couchsurfing". Il s’agit d’un système d’hébergement gratuit chez l’habitant via une plateforme Internet dédiée. L’idée est, dans un premier temps, de se familiariser avec la culture et la langue coréennes. Ensuite, nos deux baroudeurs feront du " wwoofing " à la campagne pendant trois saisons.  Le WWOOF (Worldwide Opportunities on Organic Farms) est un mouvement mondial qui encourage les échanges entre bénévoles et agriculteurs bi

Nous, les Selk'Nams. Reyes et Elgueta

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Qui sont les Selk’Nams (on peut aussi l’écrire sans apostrophe et/ou sans S) ? Les conquistadors prétendaient que les "Patagons" d’Argentine et du Chili étaient des géants (aux grands pieds) qui mesuraient jusqu’à 3 mètres de haut ! Les "Estancieros", installés sur les terres indigènes de la Grande Île en Terre de Feu, les accusaient de voler leur bétail et les chassaient comme des animaux. Les exploitants de zoos humains affirmaient que les Amérindiens étaient des carnivores… Leurs voisins, les Yagans, les appelaient Ona(s), c’est-à-dire peuple du Nord. Le pasteur Martin Gusinde a longuement étudié les croyances des Selk’Nams et les a même convaincus de se mettre en scène dans une reconstitution de la cérémonie du Hain, un rite de passage qu’ils ne pratiquaient plus au début du 20ème siècle. L’anthropologue franco-américaine, Anne Chapman, a recueilli dans son ouvrage intitulé Quand le soleil voulait tuer la lune, Rituels et théâtre chez les Selk’nam de Terre de Fe

La Longue route de Little Charlie. Christopher Paul Curtis

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Christopher Paul Curtis est un écrivain Afro-Américain dont les livres, dédiés à la jeunesse, ont été récompensés par plusieurs prix littéraires. Dans ce roman-là, le héros n’est pas un homme de couleur mais un jeune blanc-bec de 12 ans qui va découvrir l’horreur de l’esclavagisme.  Charlie Bobo est le fils d’un couple de métayers de Caroline du Sud. Lorsque son père meurt suite à un stupide accident forestier, le contremaître de la famille Tanner, le "Captain" Buck, vient réclamer une dette que le défunt aurait contracté auprès des propriétaires de la plantation. Ni Charlie ni sa mère ne sont en mesure de s’acquitter des 50 dollars évoqués. Après avoir tentés de fuir, ils se voient contraints d’accepter un marché avec le représentant de leur créancier. Le Captain Buck prétend, par ailleurs, que Charlie Le grand devait l’accompagner en territoire nordiste et abolitionniste pour retrouver des esclaves échappés dix ans plus tôt. C’est donc son fils, Little Charlie, qui devra s’

Supermarché. José Falero

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Pedro est né du mauvais coté de la ville dans une favela de Lomba do Pinheiro à Porto Alegre. La pauvreté, les trafics de drogue et la violence font partie de son quotidien. Pour respecter les vœux de sa mère, le jeune Brésilien occupe un emploi honnête de "rayonniste" dans un supermarché de la chaîne Fênix. Pour s’y rendre, il doit prendre le bus vers les beaux quartiers de la capitale gaúcha (les habitants de Porto Alegre sont surnommés les "gaúchos", un terme désignant originellement les gardiens de troupeaux des plaines d’Argentine et d’Uruguay). Notre héros profite de ces heures de trajet interminables pour lire, cogiter sur les théories marxistes, les opportunités du marché de la drogue et les moyens de faire fortune rapidement. C’est ainsi que nait LE plan. L’idée de Pedro est de mettre sur pied un réseau de trafiquants d’herbe "équitable" où les différents intervenants partageront les bénéfices. Si son choix s’est porté sur la marijuana, c’est parc