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Affichage des articles du avril, 2023

Urbex, T. 02 : Douleurs fantômes. Dugomier, Clarke & Mikl

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 La série Urbex est le fruit d’une collaboration entre le scénariste bruxellois Vincent Dugomier (Vincent Lodewick de son vrai nom) et le dessinateur liégeois Frédéric Seron alias Clarke. Le premier s’est fait connaître grâce à la série Les Enfants de la résistanc e ; le second à travers les aventures de Mélusine .  L’univers d’ Urbex est résolument fantastique et les deux jeunes héros évoluent dans une atmosphère hautement anxiogène. Dans le premier épisode, Villa Pandora , Alex et Julie avait découvert une vaste demeure en ruine où ils pensaient pratiquer leur activité favorite, l’urbex (pour exploration urbaine) en toute quiétude. Or, une série d’éléments perturbants a obligé nos lycéens à revoir leurs priorités pour s’intéresser aux signaux reçus lors de leurs sorties nocturnes dans les lieux abandonnés. Nous les avions laissés un peu secoués par leurs récentes expériences ésotériques mais plus désireux que jamais de faire la lumière sur les secrets exhumés depuis leur première v

Urbex, T.01 : La villa Pandora. Dugomier, Clarke & Mikl

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  Julie et Alex ont de drôles de loisirs. Ces lycéens organisent des explorations urbaines nocturnes. Cette pratique appelée Urbex consiste à se promener dans des bâtiments abandonnés comme les usines désaffectées, les anciens garages et les vieilles bicoques. Un soir, ils décident de visiter la Villa Pandora, une maison bourgeoise en ruine qu’ils ont repérée très récemment. La balade tourne court lorsque les adolescents se trouvent nez à nez avec deux apparitions fantomatiques. Le lendemain, Alex interroge un commerçant du quartier au sujet des éventuels habitants de la vieille maison.  Or, le bonhomme est sûr que ladite demeure a été démolie 5 ans plus tôt ! En se rendant sur les lieux, force est de constater qu’il n’y a plus qu’un terrain vague et que les photos prises la veille sont ratées. Le soir même, lorsque nos héros retournent sur-place, la baraque est pourtant bien là ! Pour Julie et Alex, c’est le début d’une aventure ésotérique qui sera riche de surprises plus ou moins agr

Les dames de Kimoto. Cyril Bonin

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  Cette bande dessinée est une adaptation du roman éponyme de Sawako Ariyoshi (Folio, rééd. 2018), un classique de la littérature nippone. Le récit débute en 1899, sous l’ère Meiji (1868-1912), et s’achève en 1958, sous l'ère Shōwa (1926-1989). C’est une période charnière pour le Japon qui se traduit, avant la seconde guerre mondiale, par à la modernisation du pays et son ouverture à la culture occidentale. Le conflit russo-japonais est également évoqué brièvement au début du roman graphique. L’histoire nous est présentée du point de vue d’Hana, la doyenne, mais s’étend sur 3 générations. A travers les destins de ces femmes, l’œuvre s’attache à montrer l’emprise durable de la société patriarcale et l’évolution de la condition féminine au Japon. Hana est issue de la longue lignée des Kimoto, une riche famille originaire de la péninsule de Kii, sur l'île de Honshū, dans l’actuelle préfecture de Wakayama. C’est sa grand-mère chérie, Toyono, qui l’a élevée et préparée à tenir son r

Six Versions, T. 2 : La tuerie McLeod. Matt Wesolowski

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  « Bienvenue à Six Versions, je suis Scott King. Durant six semaines nous reviendrons sur le drame qui a frappé la famille Macload en 2014, une tragédie connue sous le nom de Tuerie Macload. Six manières de voir les choses, six versions différentes. Comme toujours, vous serez seuls juges. Vous le savez à présent, je ne suis pas là pour donner mon opinion, mais pour vous permettre de vous en forger une. Précisons à l’intention des nouveaux auditeurs que je ne suis ni policier, ni expert scientifique, ni profiler. Ma démarche ne consiste pas à mener une contre-enquête ou à dénicher des preuves inédites. Disons plutôt que j’anime un groupe de parole réuni sur une scène de crime.»  Il fallait y penser, n’est-ce pas ? Construire la trame d’un polar comme s’il s’agissait d’une série d’émissions sous la forme de podcasts à écouter en ligne ou à télécharger ! Le premier tome de la série, Les orphelins du Mont Scarlow ( Six Stories , 2016) est paru en France en janvier dernier, suivi par La t

Je suis un chat. Natsume Sôseki

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« Je suis un chat. Je n’ai pas encore de nom. Je n’ai aucune idée du lieu où je suis né. La seule chose dont je me souvienne est que je miaulais dans un endroit sombre et humide. C’est là que pour la première fois je vis un être humain. En plus, comme je l’ai appris par la suite, il appartenait à l’espèce des étudiants à demeure, la plus féroce parmi les hommes. Il paraît que ces étudiants nous attrapent parfois, puis nous cuisent et nous mangent. Toutefois, comme je ne pensais à rien en ce temps-là, je n’étais pas particulièrement effrayé. »  Ces quelques lignes sont parmi les plus célèbres de la littérature classique japonaise. Elles donnent immédiatement le ton de ce roman satirique : un bijou d’humour et d’érudition, écrit dans un style étonnement fluide. Sa construction, en revanche, peut surprendre le lecteur. Composée d’une série de saynètes, d’anecdotes et de discussions mêlant l’ironie et l’absurde, elle répond aux exigences du feuilleton puisque le texte est d’abord paru dans

Maisons de verre. Louise Penny

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Lire les polars de Louise Penny, c’est un peu comme retourner chaque année dans son village natal. Ici, il s’agit de Three Pines, une jolie bourgade située près de la frontière américaine, dans la région des Cantons-de-l'Est au Québec. Le lecteur assidu de la série a la sensation d’y retrouver de vieux amis. Parmi eux il y a la peintre Clara, la libraire Myrna, la poète Ruth, ainsi que Gabri et Olivier, les propriétaires du gîte local. C’est dans ce lieu isolé et reposant, que vivent le nouveau directeur général de la Sûreté du Québec, Armand Gamache, et son épouse Reine-Marie. Or, le jour d’Halloween, la fête organisée par les villageois est perturbée par la présence d’un étranger déguisé en "Cobrador". En Espagne, le "Cobrador del frac" est une sorte d’agent percepteur. Mais il existe une version plus ancienne du Cobrador, issue de la tradition médiévale. Ce personnage est alors assimilé à la conscience morale. Il poursuit silencieusement les personnes dont le

Le club des mamans mortes. Paul Hurlink

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C’est vrai que le titre de ce polar peut paraître un peu bizarre et surtout très glauque. Il fait référence à une société secrète dont les membres sont quatre lycéens complètement paumés. Leur principal point commun, vous l’aurez peut-être deviné, tient au fait qu’ils sont tous orphelins de mère. Pour le reste, c’est une histoire d’amitié toxique et de manipulation. Comment Louison, la narratrice, une adolescente effacée vivant dans une ville de province calme est-elle devenue une punkette pointant toutes les semaines au commissariat de quartier avant d’aller dormir dans un foyer loin de sa famille ? Le récit s’inscrit dans une double temporalité. Les références au passé (la rencontre entre Louison et Courtney, sa nouvelle meilleure amie, puis le recrutement des garçons, Kodeveï, le geek et Samir le taiseux) alternent avec le présent (la nécessité de cacher son identité pour échapper aux représailles de ses anciens complices mais aussi à la traque organisée par les justiciers amateurs

Bien sûr que les poissons ont froid. Fanny Ruwet

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Cet été là, Allie est plus démoralisée que jamais. Elle vient de quitter son petit ami Alexandre, parce que c’est mieux de se séparer sans auréole sous les bras donc avant les grandes chaleurs. Elle a ainsi mis fin à une relation ambiguë qui aura duré plus de quatre ans. Son premier reflexe consiste à s’enfermer dans son nouvel appartement vide, refusant presque toutes les invitations de ses potes et omettant souvent de répondre à leurs messages téléphoniques. Un soir, elle se laisse néanmoins convaincre par Maxime d’assister à un concert un peu miteux. L’alcool aidant, la narratrice confie à son copain qu’elle pense avoir été victime de "Catfishing"* pendant son adolescence. Les échanges avaient lieu presque exclusivement par l’intermédiaire des réseaux sociaux de l’époque mais Allie a reçu une lettre manuscrite qu’elle a conservée. Après tout, Nour (ou quelque soit la personne qui se cachait derrière cette identité potentiellement frauduleuse) lui a apporté du réconfort san

La Véranda aveugle. Herbjørg Wassmo

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La Véranda aveugle est le premier volet de la Trilogie de Tora dont l’intrigue débute au milieu des années 50. La jeune héroïne de cette saga populaire scandinave vit dans une île située au large de la Norvège où l’essentiel de l’activité économique est lié à la pêche. C’est un milieu très rude, tant au niveau du climat que des conditions de vie. Les gens sont plutôt taiseux et expriment rarement de la tendresse, même envers leurs proches. Mis à part la tante Rakel et Gunn, la jolie institutrice, les protagonistes de cette histoire ne sont pas très joviaux non plus. Le pire d’entre tous est Henrik, le beau-père de notre héroïne. C’est un vraiment un sale type, alcoolique et violent, dont l'âme a sans doute chavirée lorsqu'une blessure de guerre lui a bousillé un bras. Ingrid, la mère de Tora, se tue littéralement au travail et semble totalement anesthésiée. Son aveuglement vis-à-vis de son mari est-il volontaire ? Tora, elle, s’interroge sur ses origines. Son vrai père était

Méfiez-vous de l'eau qui dort. Jodi Compton

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Jessica (Jessie) April Ryan, 21 ans, étudiante à l’Université du Minnesota, disparaît le 30 octobre 2005, lors de la fête du Démon qu’elle a organisé avec ses co-locataires. Son corps est retrouvé le jour d’Halloween en fin de journée. Son meurtrier l’a abandonné dans une benne à ordure devant un magasin de reprographie de Saint-Paul. Dès lors, les bureaux de police des Cities (les villes jumelles de l’agglomération de Minneapolis-Saint Paul) héritent d’une Red Ball (titre du roman en V.O), c’est à dire une affaire majeure. Il faut dire que le cas de Jessie Ryan a d’abord été traité comme un enlèvement et n’a pas reçu l’attention qu’il méritait. Or, Roy Nedegaard, le grand-père de la victime, a occupé un poste important au sein de la police de l’Etat et fait pression sur ses anciens collègues. C’est dans ce cadre que l’inspectrice Sarah Pribek, est invitée à rejoindre le BCA (Bureau chargé des enquêtes criminelles) et le FBI pour enquêter sur cette affaire en tant que représentante du

La terre qui erre. Kim Soom

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Ce roman nous conduit, au début du 20ème siècle, sur le territoire extrême oriental de l’Union soviétique. Depuis plusieurs décennies, le kraï du Primorié accueille les populations coréennes désireuse de fuir à la fois le système des castes hérité de la dynastie Yi (1392 à 1910) et la colonisation japonaise amorcée avec traité de Ganghwa en 1876. Dans un premier temps, le gouvernement russe encourage leur immigration en leur promettant des terres à cultiver sur les territoires nouvellement conquis sur la Chine. Les "Wonho" ont même pu obtenir la naturalisation russe. Dans la région de Vladivostok, les représentants du Pays du Matin Calme représentent plus d’un tiers de la population si bien que des villages changent de nom pour adopter des consonances coréennes. Or, à la fin des années 30, une série de conflits frontaliers soviéto-japonais, sans déclaration de guerre formelle, entraîne un climat de suspicion à l’encontre des Asiatiques installés du côté russe du fleuve Tumen.

Première personne du singulier. Haruki Murakami

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Plus je découvre l’œuvre d’Haruki Murakami plus j’apprécie l’auteur. J’aime son étrangeté, son humour et son coté facétieux. J’ai l’impression que je ne comprends pas toujours où il veut en venir mais j’apprécie son style d’écriture et l’atmosphère qu’il crée dans ses récits. Je suis entrée dans son œuvre par la petite porte : d’abord une adaptation de ses nouvelles en Bande dessinée, Le septième Homme , puis un l’opus intitulé Abandonner un chat . Ce dernier ressemble davantage à une biographie (celle de son père) que Première personne du singulier . En effet, ce livre se présente sous la forme d’un recueil de nouvelles. Il y en a huit au total, qui s’articulent autour de plusieurs thématiques, comme le jazz, le baseball, les femmes, etc. Comme l’indique le titre, ces textes prétendent relater des souvenirs du narrateur, dont on soupçonne qu’il s’agit de l’alter ego Haruki Murakami. Il s’agit parfois d’anecdotes ou de simples réminiscences. S’il est clair que certains éléments sont

Ma sœur est morte à Chicago. Naomi Hirahara

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Naomi Hirahara n’est pas exactement une inconnue en France puisque 3 épisodes de sa série policière Mas Arai ont été publiés par les éditions de L’Aube en 2015-2016. Ma sœur est morte à Chicago est un roman indépendant, un polar historique que je qualifie de Whodunit. Je ne le classe pas dans les Cosy Mysteries à cause du sujet perturbant qu’il aborde. Il s’agit d’un élément méconnu de l’histoire américaine, à savoir le déplacement et l’enfermement des populations nippo-américaines après le bombardement de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. Ces faits constituent plus qu’une toile de fond, ils sont le cœur de l’intrigue.  La famille Ito, installée depuis longtemps à Tropico en Californie (une ville fantôme aujourd’hui), appartient à la middle-class. Le père est directeur d’un marché de primeurs. Les deux filles, Rose et Aki, sont des "Nisei". Ce terme japonais désigne les enfants des immigrants, nés sur le sol américain (la deuxième génération). Ceux de la première génération,

Les Mares-Noires. Jonathan Gaudet

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Ce court roman de Jonathan Gaudet nous conduit sur le territoire ancestral des Abénaquis au Québec. Depuis l’arrivée des colonisateurs, ces terres ont été profanées de bien des façons. Le paysage forestier a été saccagé successivement par l’industrie sidérurgique, les usines chimiques puis la centrale nucléaire. L’urbanisation s’est développée parallèlement ; les premiers villages faisant place aux cités dortoirs. C’est ici, dans la plaine alluviale des Mares-Noires, que vit le couple Bonaventure et Emilie, leur bébé. Leur maison, rachetée à un vieil ermite, est la plus ancienne et la plus isolée du coin. C’est dans ce lieu particulier que Catherine apprend la disparition de son mari, David, après une série d’explosions sur le site de la centrale où il travaille. On imagine sans peine le choc et le chagrin de cette jeune mère. D’ailleurs, plusieurs années s’écouleront avant qu’elle n’accepte de refaire sa vie. L’atmosphère de ce roman est très pesante. Le lecteur est pris d’un sentimen