Les mauvaises épouses. Zoe Brisby

Les mauvaises épouses. Zoe Brisby


Cette histoire débute le 22 avril 1952, avec l’arrivée d’un nouveau couple (Charlie et Harry) dans la petite communauté d’Artemisia Lane près de Las Vegas. Elle se termine dans le drame le 19 mai 1953. A cette période, dans le Nevada, tout est atomique : les apéritifs, les gâteaux et les reines de beauté. La population semble ignorer joyeusement les risques radioactifs et les essais nucléaires sont considérés comme des attractions à l’instar des feux d’artifices. Les journalistes les observent à quelques 20 km de distance, protégés par de simples lunettes, tandis que les familles de la base militaire du NTS (Nevada Test Site) organisent des fêtes à chaque explosion. Dans ce microcosme, la hiérarchie est essentielle et dépend uniquement du grade des maris. Les femmes, elles, restent à la maison et s’appliquent à être de bonnes épouses. Summer est l’une d’entre elles. Son mari, Edward, est le directeur scientifique du NTS. Elle est son faire-valoir. Son rôle consiste à organiser des barbecues atomiques et à participer aux activités réservées aux femmes de la communauté. En apparence, Summer est aussi lisse et radieuse que les ménagères dans les publicités des années 50. Sa nouvelle amie Charlie, ressemble aussi à un cliché. Celui de la pin-up glamour et un peu délurée. Or, on apprend vite que les jolies robes pastel de Summer et les scandaleux escarpins rouges de Charlie cachent des réalités bien différentes. 

Je ne connaissais pas Zoe Brisby avant de lire Les mauvaises épouses mais l’autrice explique dans la postface qu’elle est sortie de son registre habituel. Le roman est agréable à lire et aborde des sujets plus profonds que le suggèrent son titre et sa couverture. En ce qui concerne les essais atomiques aux Etats-Unis, la romancière s’appuie sur des faits réels. On peut d’ailleurs aujourd’hui visiter le musée atomique à Las Vegas et découvrir l’histoire des sites nucléaires de la région. Zoe Brisby précise que son livre est avant tout une chronique romanesque de l’Amérique des années 50 et que l’émancipation féminine constitue le cœur de son propos. Elle esquisse un univers dichotomique, entre insouciance (rock’n’roll et cinéma) et bien-pensance (paternalisme et hiérarchie).  Les héroïnes de ce roman représentent, chacune à sa façon, les contradictions d’un monde en mutation où la chasse aux sorcières fait des victimes.

D’autres avis que le mien via Bibliosurf

Les mauvaises épouses. Zoe Brisby. Albin Michel, 336 pages (2023)


Commentaires

  1. Je me souviens de Refuge, de Terry Tempest Williams (plein de thèmes dedans) et d'une dame qui vivait dans le coin, avec un poil trop de cancers inexpliqués dans sa famille (de mémoire)

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    1. Cela aurait donc un lien avec les essais pratiqués dans le Nevada ?

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    2. Je ne peux m'empêcher d'y penser...

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  2. Ça paraît ahurissant aujourd'hui cette désinformation autour de l'arme atomique... le mensonge organisé, ça fait frémir mais c'est tellement efficace pour endormir les populations. C'est comme les engrais chimiques et pesticides aujourd'hui : les industriels savent bien qu'ils vont devoir arrêter alors ils en profitent tant qu'ils peuvent avec leurs mensonges, c'est scandaleux.

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    1. Oui et les recherches prennent du temps. Même si on connait les effets des pesticides, il faut des études poussées pour les faire interdire.

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  3. Ça marche toujours aussi bien les mensonges et la propagande sur les populations, rien ne change. Ce roman est tentant pour le côté émancipation des femmes (enfin j'espère).

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    1. Je suis d'accord. On a l'impression que, plus les mensonges sont gros, plus on les croit. Plus près de nous, sur le même thème, c'est incroyable la manière dont la crise de Tchernobyl a été gérée. En ce qui concerne, le thème de la condition féminine, l'autrice dit dans une interview que c'était son sujet de départ et le cœur du roman.

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  4. ça m'a fait penser à un roman que j'ai lu, j'ai du chercher mais c'était donc "The longest night" d'Andria Williams: https://popupmonster.wordpress.com/2019/10/31/the-longest-night/

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    1. Oui, effectivement, les sujets traités sont les mêmes

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  5. Je me laisserai bien tenter. La couverture suggère en effet un sujet plus estival.

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    1. La couverture est un clin d'œil à cette société qui se voulait glamour et insouciante et, en dépit des thèmes traitées, le livre se lit facilement.

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