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Affichage des articles du octobre, 2023

The Murder Mystery Book Club. C.A. Larmer

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Voici un cosy mystery australien très british. En effet, l’intrigue de ce whodunit utilise des éléments des romans d’Agatha Christie et en particulier des enquêtes de l’incontournable Hercule Poirot. Alicia Finlay, éditrice trentenaire, vit dans le quartier de Woolloomooloo (j’adore le nom) à Sydney. Elle vient de claquer la porte de son club de lecture qu’elle jugeait trop guindé. Lynette, sa sœur cadette, une maestria des fourneaux, lui suggère de créer un groupe qui lui corresponde mieux.  C’est ainsi que nait le Murder Mystery Book Club (l’Agatha Christie Book Club dans la première version du roman). Les membres sont recrutés à l’ancienne (pour faire honneur à la figure tutélaire de la reine du crime britannique) via une annonce dans le journal et une lettre de candidature. A la fin du processus de sélection, il ne reste que 7 personnes en comptant les deux fondatrices. Outre Alicia et Lynette, le groupe est composé de Claire, gérante d’une boutique de vêtements de seconde main, Mi

Journal d'un scénario. Fabrice Caro

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J’ai découvert Fabrice Caro grâce aux recensions enthousiastes de Luocine ( Samouraï , Broadway , Le discours …). Il faut préciser que le bonhomme est assez éclectique puisqu’il est également musicien et auteur de bandes dessinées sous le pseudonyme de Fabcaro. Journal d’un scénario est paru en août dernier. Le roman se présente sous la forme d’un journal dont la première entrée est datée du mercredi 14 septembre : « La dernière fois que j’ai tenu un journal, c’était au lycée, à la suite de ma rupture avec Delphine Richard (de sa rupture avec moi, si l’on veut être rigoureux). Un journal essentiellement composé de lamentations, d’aphorismes abscons et d’extraits de chansons des Smiths (Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me). Pour évacuer un trop- plein de négatif, le digérer, l’extérioriser, voire y survivre. Trente ans plus tard, j’entame un journal pour les raisons exactement inverses : canaliser un trop- plein de positif. Un journal de bord comme ont pu en tenir les grands exp

Le philatéliste. Nicolas Feuz

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Je ne connaissais ni l’auteur ni l’éditeur de ce livre mais la présentation en quatrième de couverture a éveillé ma curiosité. Et puis je n’étais pas contre une escapade littéraire en suisse. J’ai découvert après coup que Nicolas Feuz a déjà publié 17 romans policiers et que la maison d’édition Rosie & Wolfe a été fondée par son compatriote, le romancier Joël Dicker.  Vengeance, espionnage, manipulation, harcèlement, violences domestiques, pédophilie… la trame de ce polar est complexe. Si l’intrigue est ancrée dans le territoire genevois, un jeu de piste machiavélique conduit le lecteur à Genève, Lausanne, Versoix, Delémont et Neuchâtel mais aussi au-delà des frontières suisses, à Annecy et La Roche-sur-Foron. Son point de départ est un évènement dramatique vieux de plusieurs décennies, d’où les flashbacks ramenant le lecteur au milieu des années 80. L’objet à suivre est un colis affranchi d’un timbre en peau humaine !  En cette période de fin d’année et de pénurie d’effectif, l’en

Ils partiront dans l'ivresse. Lucie Aubrac

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Bien que cet ouvrage se présente comme un journal, il n’a pas été écrit au jour le jour pendant la guerre. Lucie Aubrac, née Lucie Bernard, l’a rédigé bien des années plus tard, dans le double contexte de l'extradition de Klaus Barbie en France en février 1983 et la controverse soulevée dans le livre de René Hardy ( Derniers mots ) au sujet de son rôle dans l'arrestation de Jean Moulin. Il s’agit donc d’une reconstitution des évènements survenus entre mai 1943 et février 1944. Ceci correspond à une période de 9 mois durant laquelle Lucie Aubrac était enceinte de son second enfant.  Le 14 mai 1943 Raymond Samuel, est libéré de la Prison Saint-Paul grâce à l’acharnement de son épouse Lucie. Le 12 février 1944, à Londres, la jeune femme accouche d’une petite fille qu’elle prénomme Catherine, clin d’œil à son pseudonyme de résistante. Entre ses deux dates, la famille Aubrac/Samuel est confrontée à de nombreuses péripéties dramatiques.  Après la libération de Raymond et une semaine

Notre royaume n'est pas de ce monde. Jennifer Richard

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  Ce roman s’ouvre avec un carton d’invitation. Un certain Ota Benga, pygmée né au Congo, a réuni une étrange assemblée de personnalités qui sont mortes pour leurs idées ou leurs actions. Il y a là Pierre Savorgnan de Brazza, Jean Jaurès, Malcolm X, Paolo Pasolini, Martin Luther King, Saddam Hussein, Emile Zola, Che Guevara, Oussama ben Laden, Rosa Luxemburg… Tous les convives sont liés d’une manière ou d’une autre au destin de leur hôte et vont intervenir dans le fil narratif, depuis leur monde parallèle. Cette pirouette de l’auteur autorise une touche d’humour dans une histoire extrêmement pesante. Les débats portent sur la première campagne internationale de sensibilisation à une cause humanitaire. Elle est née à l’initiative de la Congo Reform Association. Cette association, composée d’intellectuels Britanniques, Américains et Français, s’était donnée pour but de dénoncer les exactions commises par les fonctionnaires publics de l'État indépendant du Congo, propriété privée du R

Le déclin de l'empire Whiting. Richard Russo

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« Depuis quelques années, la Gazette publiait le dimanche de vieilles photographies d’Empire Falls et de ses habitants dans leur glorieuse époque. (…) Pour des raisons qui intriguaient Miles, cette série réjouissait ses concitoyens, qui semblaient prendre un réel plaisir à se rappeler que, trente ans plus tôt, le samedi matin, l’Empire Avenue avait grouillé de gens, de voitures et d’activité, alors qu’aujourd’hui, évidemment, on pouvait y vider le chargeur d’une mitraillette sans risquer de blesser personne. »  Cela fait presque 20 ans que je projette de lire Le déclin de l'empire Whiting sans jamais concrétiser l’envie. Pourquoi ? Premièrement, parce qu’il s’agit d’un pavé et, deuxièmement, parce que je me laisse distraire par d’autres tentations comme les nouveautés de la rentrée littéraire. Or c’est justement pendant cette dangereuse période que A girl et Keisha ont proposé, via leurs blogs respectifs, une lecture commune du roman de Richard Russo. L’occasion était trop belle

Dis-moi pour qui j'existe. Abdourahman A. Waberi

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Dis-moi pour qui j'existe est le 7ème roman de l’écrivain franco djiboutien Abdourahman A. Waberi. On peut le considérer comme le second volet d’un dytique autofictionnel débuté avec Pourquoi tu danses quand tu marches ? mais les deux ouvrages peuvent se lire séparément.  Aden Robleh, le double romanesque de l’auteur, enseigne les études romanes à l’université George Washington sur la côte Est des Etats-Unis. En septembre 2017, Béa, sa fillette de 6 ans tombe malade. Le diagnostic n’est pas annoncé tout de suite mais on apprend plus tard qu’il s’agit d’arthrite juvénile. L’enfant est hospitalisée à l’hôpital Robert-Debré à Paris. Margherita, sa maman italienne, doit gérer le quotidien toute seule puisque le narrateur doit retourner à Washington DC pour le second semestre de cours. Son sentiment de culpabilité est d’autant plus prégnant qu’il est persuadé d’avoir transmis le mal à sa fille. Aden a contracté la polio à l’âge de 7 ans puis une maladie des articulations à 14 ans. Les

Habiller le ciel. Eugène Ébodé

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C’est à l’occasion du mois africain que j’ai découvert la collection Continents Noirs chez Gallimard. Créé en l’an 2000, son catalogue est riche d’une cinquantaine d’écrivains et d’une centaine de titres. Habiller le ciel d’Eugène Ébodé y figure avec d’autres titres de l’auteur. Ce roman se trouvait dans ma Pile à lire depuis plusieurs mois. Ce n’est pas un livre que j’ai acheté ni même choisi et le résumé en quatrième de couverture n’avait pas éveillé ma curiosité. Bref, il est probable que je serais passé à côté de ce beau roman si l’occasion ne s’était présentée de le lire dans le cadre du Challenge de lecture organisé par Jostein . Le narrateur, qui n’est autre que l’auteur du roman, a perdu sa mère et n’a pas assisté à son enterrement. Rongé par la culpabilité, il convoque ses souvenirs d’enfance au Cameroun, pour lui rendre hommage. Il brosse le portrait d’une femme extrêmement touchante, une mère lionne, qui s’est démenée pour assurer un avenir à ses enfants. Parce qu’elle ét

Noire. Emilie Plateau

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Tout le monde connaît l’histoire de Rosa Parks mais qui se souvient de Claudette Colvin ? Et pourtant, cette adolescente de 15 ans a été la première à se rebeller contre la ségrégation raciale dans les bus de la ville de Montgomery en Alabama. Le 2 mars 1955, soit 9 mois avant le coup d’éclat de son aînée, Claudette a tenue tête au chauffeur qui lui ordonnait de céder son siège à une jeune femme blanche puis aux policiers venus la déloger de sa place manu militari. Le 18 mars, l’adolescente est jugée pour violation des lois de la ville, trouble à l’ordre public et agression à l’égard d’un policier lors de son arrestation. Elle est défendue par Fred Gray, le second avocat Afro-Américain officiant à Montgomery. Bien que le chauffeur de bus, Robert Cleere, témoigne que la jeune fille n’a pas frappé les policiers, Claudette est reconnue coupable des trois chefs d’accusation.  La communauté noire décide de boycotter la ligne de bus en signe de protestation contre le verdict. Malheureusement

Trust. Hernan Diaz

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Le titre de ce roman évoque immédiatement l’univers de la finance. Et c’est bien à Wall Street qu’ Hernán Diaz nous conduit, pendant la période d’effervescence des années 20, puis pendant la Grande Dépression, après le Krach de 1929. En Anglais, le mot "Trust" ne désigne pas qu’un arrangement économique, il signifie aussi confiance. Ce n’est pas un hasard.  La première partie déploie une intrigue qui, de prime abord, peut sembler un peu ronronnante mais il s’agit d’un subterfuge de l’auteur. L’intérêt de cet ouvrage tient en effet à sa structure kaléidoscopique. Dans un premier temps, le lecteur découvre la biographie d’un magnat de la finance, un certain Benjamin Rask dont les aïeux ont fait fortune dans l’exploitation du tabac au 19ème siècle. L’homme n’est guère sociable mais semble doué d’un flair incroyable en matière d’investissements et de placements. Il fait fructifier son héritage au point de devenir une figure incontournable de Wall Street. Afin d’assoir sa positio

L'homme qui plantait des arbres. Jean Giono

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 « Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable. » Lors d’une randonnée en Provence (entre Drôme, Durance et Mont Ventoux), le narrateur fait la connaissance d’un ancien berger appelé Elzéard Bouffier. Le bonhomme, qui a une cinquantaine d’années, vit là en solitaire. Il consacre tout son temps à reboiser les terrains désertiques et abandonnés de tous. Il plante ses arbres, un à un, à la main, avec une opiniâtré qui lui permet d’ignorer tous les obstacles. La première et la seconde guerre mondiale ne viendront pas à bout de sa volonté ni même l’in