Maisons de verre. Louise Penny

Maisons de verre. Louise Penny


Lire les polars de Louise Penny, c’est un peu comme retourner chaque année dans son village natal. Ici, il s’agit de Three Pines, une jolie bourgade située près de la frontière américaine, dans la région des Cantons-de-l'Est au Québec. Le lecteur assidu de la série a la sensation d’y retrouver de vieux amis. Parmi eux il y a la peintre Clara, la libraire Myrna, la poète Ruth, ainsi que Gabri et Olivier, les propriétaires du gîte local. C’est dans ce lieu isolé et reposant, que vivent le nouveau directeur général de la Sûreté du Québec, Armand Gamache, et son épouse Reine-Marie. Or, le jour d’Halloween, la fête organisée par les villageois est perturbée par la présence d’un étranger déguisé en "Cobrador". En Espagne, le "Cobrador del frac" est une sorte d’agent percepteur. Mais il existe une version plus ancienne du Cobrador, issue de la tradition médiévale. Ce personnage est alors assimilé à la conscience morale. Il poursuit silencieusement les personnes dont les mauvaises actions sont restées impunies. Les habitants de Three Pines, d’abord perplexes, tentent vainement d’ignorer ce qu’ils considèrent comme une mauvaise blague. Mais lorsqu’une femme est retrouvée morte dans le sous-sol de l’Eglise, il leur apparaît évident que les deux évènements sont liés. Armand Gamache et ses fidèles lieutenants, parmi lesquels l’inspecteur Jean-Guy Beauvoir, son gendre, prennent les choses en main. Ils vont faire d’étonnantes découvertes dont les enjeux dépassent largement le simple fait divers. Il se pourrait même que l’avenir de la sûreté du Québec, voire de toute l’Amérique du Nord, dépende de ce petit village frontalier.

Depuis la naissance de son héros en 2005, Louise Perry publie un roman par an. L’intrigue de ce treizième volet (paru en 2017 aux Etats-Unis et en 2018 au Québec), se joue sur une double temporalité. Les évènements survenus le jour d’Halloween nous sont rapportés par Armand Gamache, à l’occasion d’un procès qui se tient en juillet de l’année suivante. Dès les premières séances, la juge Maureen Corriveau comprend que quelque chose d’inhabituel se trame dans son tribunal. Au-delà de l’antipathie affichée de maître Barry Zalmanowitz à l’égard Armand Gamache, son témoin principal, il semblerait qu’une étrange connivence lie les deux hommes. Que cachent le procureur de la Couronne et le directeur général de la sureté ? Et surtout, dans quel but ? Louise Penny prend tout son temps pour poser les jalons d’un plan très audacieux. Il faut dire qu’il fallait beaucoup de travail pour rendre son intrigue réaliste et convaincante. Au final, en dépit de quelques longueurs, la maîtresse du polar canadien signe encore un Whodunnit parfaitement ficelé et extrêmement captivant. Les personnages récurrents sont bien campés et l’autrice a su créée, au fil du temps, un univers très riche. On aimerait vraiment que le village de Three Pines et ses villageois ne soient pas fictifs.

Pratiquement tous les romans de Louise Penny ont été récompensés par des prix littéraires, parmi lesquels le fameux Agatha Award (dont elle a été de nombreuses fois lauréate ou au moins nominée). C’est la raison pour laquelle la romancière est souvent qualifiée d’Agatha Christie canadienne. La série Armand Gamache compte 18 tomes à ce jour dont la plupart ont déjà été traduit en français (à l’exception de A World of Curiosities). Il faut savoir que les éditions Flammarion Québec ont pris un peu d’avance sur la maison Actes Sud, si bien que les lecteurs francophones outre-Atlantique en sont déjà au 17ème épisode. Les quatre titres à paraître en France sont Au royaume des aveugles, Un homme meilleur, Tous les diables sont ici et La folie des foules. Un roman indépendant du cycle Gamache est également paru en 2022 au Québec. Il est intitulé État de terreur

Eimelle, du blog Tours et Culture, est une lectrice assidue d’Anne Perry. Elle a lu tous les tomes de la série Armand Gamache. Eifelle, du blog Le goût des livres, la suit aussi. Elle a lu Maisons de verre. Sinon, pour le folklore, sachez qu’il existe une agence de voyage canadienne qui propose des séjours et des visites dans les lieux qui ont inspiré Louise Perry


Extrait : 

« Il balaya des yeux la salle d’audience du palais de justice du Vieux-Montréal. Elle avait beau être bondée, la plupart de ceux qui auraient pu s’y trouver avaient choisi de rester à la maison. Certains, comme Myrna, Clara et Reine-Marie, seraient appelés à témoigner et ne viendraient que quand on les convoquerait. D’autres villageois – Olivier, Gabri et Ruth – refusaient obstinément de quitter Three Pines pour venir dans la ville étouffante afin de revivre cette tragédie. En revanche, l’adjoint de Gamache, Jean-Guy Beauvoir, était présent, au même titre que l’inspectrice-chef Isabelle Lacoste, qui dirigeait la section des homicides. Ils seraient bientôt appelés à la barre des témoins. À moins, se dit Gamache, qu’on n’en vienne jamais là. »

Maisons de verre. Louise Penny. Actes Sud, 445 pages (2023)


Commentaires

  1. Je vais le lire, forcément ; je ne résiste pas à Gamache. Mais je pense que je vais attendre la bibliothèque.

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  2. J'ai commencé à en lire un mais je n'ai pas accroché...

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    1. Il y a effectivement quelques longueurs. L'autrice prend tout son temps pour placer chaque pièce de l'intrigue et la rendre crédible. Cela peut paraître un peu fastidieux mais je crois que c'était nécessaire.

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  3. Il va falloir que je me lance un jour, depuis le temps que je me le dis ! (chaque année en fait, à chaque nouvelle parution^^)

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    1. (^_^) J'en ai raté un bon nombre... c'est difficile de suivre le rythme !

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  4. Je comprends tout à fait ce que tu veux dire sur l'ambiance de ces romans policiers. Eva en a lu deux et elle a beaucoup apprécié également. Incroyable, cette agence de voyage au Canada. Il y a des lieux qui deviennent mythiques grâce à la littérature ; dans le même genre, je me souviens de la ville d'Ystad en Suède et son célèbre inspecteur Wallender :-)

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    1. J'avoue avoir insisté pour aller à Missoula à l'époque où on parlait beaucoup des écrivains du Montana. J'ai aussi visité quelques maisons d'écrivains en France comme celle de Jules Verne ou de Maurice Leblanc mais je ne suis pas trop attirée par les circuits littéraires comme celui-là.

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