Le livre du désert. Theo Clare

Le livre du désert. Theo Clare (Photo by Giorgio Parravicini on Unsplash)

Le pari tient ici au fait d’oublier, le temps d’un cycle romanesque, que Theo Clare a publié précédemment des thrillers sous le pseudonyme plus connu de Mo Hayder (1962-2021). Paru à titre posthume, Le livre du désert (The Book of Sand en Version originale) est la première incursion de la romancière britannique dans la littérature de science-fiction. Le second volet, intitulé The Book of Clouds, devrait être publié en 2023. 

S’ils étaient des gens ordinaires, les Sensitive pourraient être les membres d’une famille recomposée comme il en existe tant d’autres. La différence tient au fait qu’ils ne se sont pas choisis et qu’ils doivent mener une étrange quête dans un univers post-apocalyptique au milieu d’un désert infesté de "Djinnis" (des créatures horrifiques qui peuplent les nuits). Ce lieu, qui n’est pas sans ressembler à l’univers de Dune (Frank Herbert, 1965), se nomme "le Cirque" et les protagonistes doivent y dégoter un mystérieux graal. « Le Sarkpont se trouve dans une piscina, à l'angle nord-ouest d'un rectangle » : telle est l’énigme que nos héros doivent résoudre en moins de 12 "Regyres", une unité de temps aléatoire qui dépend de la capacité des autres groupes participants à trouver la porte de sortie du Cirque. 

Dans un univers parallèle, qui est sans doute le nôtre, une adolescente est victime d’hallucinations.  McKenzie Strathie, âgée de 17 ans, vit dans le comté de Fairfax en Virginie. A priori c’est une lycéenne sans histoire, plutôt brillante mais mal intégrée. Fascinée par le désert depuis sa plus tendre enfance, la jeune fille pressent que ses visions n’ont rien à voir avec une hypothétique maladie mentale. Son intuition est confirmée lorsqu’elle reçoit, via les réseaux sociaux, le message d’un certain @NewtinSettle. McKenzie n’est plus seule mais doit-elle faire confiance à un inconnu ?

Evidemment la question qui se pose immédiatement est de savoir quel est le rapport entre les deux personnages qui partagent des symptômes hallucinatoires, et la quête de la famille des Sensitive. Sont-ils impliqués dans une sorte de jeu de survie grandeur nature à la manière de Battle Royale (Kōshun Takami, 1999) ou d’Hunger Games (Suzanne Collins, 2008) ? Les ressorts de l’intrique sont assez longs à se mettre en place mais cet inconvénient est largement compensé par la tension et le suspense entretenus par l’auteur. 

Theo Clare / Mo Hayder m’a conduite assez loin de ma zone de confort. Je lis peu de romans de science-fiction et je n’adhère pas vraiment au concept du "Last Man Standing" (dernier homme debout) qui valorise généralement l’individualisme. Et pourtant… Contre toute attente, je me suis prise au jeu. Je me suis attachée aux personnages et j’ai eu envie de connaître leur destin. Par ailleurs, s’ils veulent survivre, les membres de la famille doivent utiliser les compétences de chacun, veiller sur les plus faibles, et prendre soin des blessés… bref, la solidarité est de mise face à l’adversité. J’ai d’autant plus hâte de découvrir ce qui attend les héros dans le second volet que de nombreuses questions restent en suspens. 

Le livre du désert. Theo Clare (Mo Hayder). Presses de la cité. 560 p. (2022)


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