Le Serveur de Brick Lane. Ajay Chowdhury

Le Serveur de Brick Lane. Ajay Chowdhury


 Le Serveur de Brick Lane d’Ajay Chowdhury est un roman dépaysant qui devrait enchanter les amateurs de polars et de cuisine indienne. Le titre original est The Waiter. Il inaugure une série dont le personnage récurrent est Kamil Rahman, policier trentenaire, originaire de Calcutta et grand admirateur d’Hercule Poirot. 

Dans ce premier volet, Kamil mène une double enquête dont le cheminement n’est pas sans rappeler une partie de Cluedo et dont le dénouement est essentiel pour son avenir. En effet, quelques mois plus tôt il a été évincé de la police indienne suite à un imbroglio dans une affaire impliquant des VIP, stars de Bollywood et politiciens. Notre héros a même été forcé d’abandonner sa fiancée à Calcutta et de s’exiler à Londres chez des amis de son père. La famille Chatterjee qui l’héberge, l’emploi également dans son restaurant, le Tandoori Knights. C’est dans ce contexte, en tant qu’extra, que Kamil se rend à la fête d’anniversaire du millionnaire Rakesh Sharma. A cette occasion, l’homme d’affaires annonce à ses proches qu’il a décidé prendre sa retraite et de faire don de son entreprise à une fondation caritative. Or, à l’issu de la soirée, sa jeune épouse trouve son corps inanimé dans la piscine. 

Il apparait clairement que l’homme ne s’est pas noyé tout seul. Qui avait intérêt à assassiner le sexagénaire ? Est-il vrai qu’il était ruiné ? Quel est le rapport avec le contrat perdu de son entreprise pour la construction du métro de Calcutta ? Pourquoi le millionnaire accusait-il Kamil, qui ne l’avait jamais croisé auparavant, d’être responsable de sa perte ? Quel est le lien avec la précédente enquête de notre détective ? Autant de questions auxquels il faudra répondre pour sauver la jeune Madame Sharma de la prison. Mais Kamil n’est pas seul dans cette quête. Il est soutenu par la belle Anjoli Chatterjee, la fille unique de ses logeurs. 

Ajay Chowdhury explique à la fin de son roman dans quelles circonstances il a publié Le Serveur de Brick Lane. Tout a commencé, nous dit l’écrivain d’origine indienne, lorsqu’il a remporté le premier prix BAME (Black, Asian, Minority Ethnic) en 2019. Il s’agit d’une compétition organisée par Harvill Secker Publishers (l’éditeur britannique d’Haruki Murakami) en partenariat avec le festival Bloody Scotland (dédié au polar international) et sponsorisé par la fondation Arvon (une organisation caritative au Royaume-Uni qui promeut l’écriture créative). C’est ainsi qu’Ajay Chowdhury a pu bénéficier des conseils de son mentor Abir Mukherjee, qui faisait partie du comité de lecture, et de la publication de son premier roman chez Harvill Secker (Random House) en 2020. Un second tome, intitulé The Cook (Le cuisinier) doit paraître en mai 2022.

J’ai hâte de découvrir comment va évoluer la relation entre Kamil, le séduisant musulman, et Anjoli, la jeune hindoue facétieuse. Saibal et Maya Chattejee, ses parents, sont également très attachants. Notre détective va-t-il accepter de devenir leur associé et rester à Londres ou décidera-t-il de retourner en Inde? Autant de questions qui trouveront peut-être une réponse dans The Cook.

Extrait

« Je remonte Brick Lane d’un pas lourd sous la bruine glacée. Tenant le col de mon manteau serré sous le menton, je me fraie un passage au milieu des parkas, burqas, dashikis, saris et tuniques. J’aime cette partie de Londres, elle me rappelle Free School Street et le chaos des rues de Calcutta. À mesure que je progresse dans l’étroite rue, le décor et les gens changent. Je suis toujours étonné de la transformation qui s’opère une fois franchie la frontière invisible d’Hanbury Street : à contrecœur, les supérettes, pâtisseries et prêteurs sur gages bengalis cèdent alors la place à un univers différent. Relooké, plein de touristes pendus à leurs appareils photo et d’ados en jeans skinny qui vont se faire coiffer chez Jack the Clipper et boire des verres chez Amy’s Wine House ou au Cereal Killer café. J’arrive devant Beigel Bake Brick Lane et son éternelle file d’attente et je décide de soigner mon vague à l’âme avec un petit en-cas. Je n’avais jamais mangé de bagels à Calcutta et depuis quelques semaines j’en suis friand. Chauds et moelleux comme des coussins, ils sont parfaits avec une bonne tasse de thé Assam. »

Le Serveur de Brick Lane. Ajay Chowdhury. Liana Levi, 304 p. (2021)


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