Le déclin de l'empire Whiting. Richard Russo
« Depuis quelques années, la Gazette publiait le dimanche de vieilles photographies d’Empire Falls et de ses habitants dans leur glorieuse époque. (…) Pour des raisons qui intriguaient Miles, cette série réjouissait ses concitoyens, qui semblaient prendre un réel plaisir à se rappeler que, trente ans plus tôt, le samedi matin, l’Empire Avenue avait grouillé de gens, de voitures et d’activité, alors qu’aujourd’hui, évidemment, on pouvait y vider le chargeur d’une mitraillette sans risquer de blesser personne. »
📚Cela fait presque 20 ans que je projette de lire Le déclin de l'empire Whiting sans jamais concrétiser l’envie. Pourquoi ? Premièrement, parce qu’il s’agit d’un pavé et, deuxièmement, parce que je me laisse distraire par d’autres tentations comme les nouveautés de la rentrée littéraire. Or c’est justement pendant cette dangereuse période que A girl et Keisha ont proposé, via leurs blogs respectifs, une lecture commune du roman de Richard Russo. L’occasion était trop belle...
L’empire dont il est question dans ce roman c’est celui du clan Whiting. Cette famille fortunée règne depuis plusieurs décennies sur la bourgade d’Empire Falls (un nom prédestiné s’il en est) dans l’état du Maine. C’est Francine, la matriarche, qui tient les rênes depuis le suicide de son époux. La vieille dame est rarement présente en ville d’autant que le fleuron de l’industrie locale, la chemiserie, a fermé ses portes depuis plusieurs années, entraînant plusieurs autres établissements dans son sillage. Seul l’Empire Grill semble avoir survécu à la crise. Miles Roby, son gérant n’est guère optimiste pour autant. L’établissement vivote mais ne fait pas vraiment de bénéfices. Il n’attire plus que quelques chômeurs et piliers de bars tels Horace, journaliste de la gazette locale. Miles est en instance de divorce et son ex, Janine, est maintenant en couple avec le propriétaire d’un club de gym. Le type est un abruti fini qui squatte quotidiennement le comptoir de l’Empire Grill pour prodiguer des conseils dont tout le monde se fiche éperdument. Ce harcèlement semble néanmoins davantage motivé par un sentiment de culpabilité à l’égard de Miles que par une réelle volonté de nuire ou de provoquer. Miles doit également subir la présence non moins toxique de son propre père, Max, qui vient sans cesse lui réclamer de l’argent. Le vieux prévoit de partir en virée dans les Keys, un lieu qu’il a toujours préféré au foyer familial. Une multitude de personnages habitent ce roman dont Tick, la fille adolescente de Miles et Janine, ou encore Zach, un petit frimeur agressif qui, comme de juste, s’est trouvé une victime désignée parmi les lycéens du coin. Son père, Jimmy Minty, est un flic véreux au service du clan Whiting. Il y a quand même quelques gens bien dans l’entourage de notre héros parmi lesquels son frère David, qui lui donne un coup main au restaurant, et puis Charlene, la serveuse dont Miles est amoureux depuis l’adolescence. Bea, la mère de Janine, a gardé d’excellentes relations avec son ancien gendre et accepte même de s’associer à lui dans un projet de restauration. Et puis, il y a Grace, la mère de Miles, décédée d’un cancer lorsque celui-ci était étudiant à l’Université.
Je ne regrette pas d’avoir tant attendu pour lire ce roman car j’ai savouré ma lecture comme peu d’autres avant celle-ci. Le roman a été récompensé par le Prix Pulitzer de la Fiction en 2002 et je trouve que c’est largement mérité. Le déclin de l'Empire Whiting est une fresque sociale, un roman profondément humain et poignant. C’est une histoire d’emprise économique mais pas seulement. Il est aussi beaucoup question de manipulation. Pour autant, le roman est plus léger qu’il n’y paraît car il n’est pas dénoué d’humour. En lisant Richard Russo, j’ai pensé à d’autres auteurs américains que j’affectionne particulièrement comme Russell Banks ou John Irving. J’ai découvert à l’occasion de cette lecture que le roman de Richard Russo a été adapté en mini-série par Fred Schepisi en 2005 et diffusée sur la chaîne de télévision américaine HBO. J’avoue que je serais curieuse de voir le résultat.
📌Le déclin de l'empire Whiting. Richard Russo. Editions 10/18, 640 pages (2004)
Commentaires
Je vois en tous cas qu'à l'issue de cette expérience fructueuse, tu n'attendras pas 20 autres années pour relire Russo !
Mais il en existe plein d'autres, si tu veux découvrir.
Un rôle qui me convient ça pourrait aller, surtout si ce n'est pas tout de suite, car il faut le lire! ^_^ On se calera une date, OK.
Ceci étant je peux relire Trajectoire, s'il y a un challenge nouvelles quelque part, on peut faire du deux en un?
Actuellement je suis quasi à fond dans la RL, mais pas que quand même. Je peux réemprunter trajectoire, 300 pages, ça le fera bien.
Pour "Crossroads", je n'ai pas de préférence. A girl, tu te joins à Ingannmic et moi pour ce second titre ? Peut-être en novembre ou décembre ? Sinon, en mars, si A girl préfère lire "Les corrections" avant.