Journal d'un scénario. Fabrice Caro

Journal d'un scénario. Fabrice Caro


J’ai découvert Fabrice Caro grâce aux recensions enthousiastes de Luocine (Samouraï, Broadway, Le discours…). Il faut préciser que le bonhomme est assez éclectique puisqu’il est également musicien et auteur de bandes dessinées sous le pseudonyme de Fabcaro. Journal d’un scénario est paru en août dernier. Le roman se présente sous la forme d’un journal dont la première entrée est datée du mercredi 14 septembre :

« La dernière fois que j’ai tenu un journal, c’était au lycée, à la suite de ma rupture avec Delphine Richard (de sa rupture avec moi, si l’on veut être rigoureux). Un journal essentiellement composé de lamentations, d’aphorismes abscons et d’extraits de chansons des Smiths (Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me). Pour évacuer un trop- plein de négatif, le digérer, l’extérioriser, voire y survivre. Trente ans plus tard, j’entame un journal pour les raisons exactement inverses : canaliser un trop- plein de positif. Un journal de bord comme ont pu en tenir les grands explorateurs partant à la recherche de contrées inconnues. À l’aube d’une aventure humaine et artistique dont je veux garder une trace indélébile. N’en déplaise au vieux chef indien de Little Big Man (Arthur Penn, 1970) : aujourd’hui est un grand jour pour renaître. »

Boris, le narrateur, peaufine les derniers éléments d’un scénario intitulé "Les servitudes silencieuses" s’inspirant largement de la rupture amoureuse de son meilleur ami. L’œuvre s’inscrit plutôt dans le cinéma d’art et d’essai avec des dialogues ciselés et poétiques. L’auteur imagine des images et noir et blanc à la manière de The Artist de Michel Hazanavicius. Pour incarner ses héros, il rêve du couple Mélanie Laurent et Louis Garrel, une combinaison géniale et inédite selon lui. Tout se présente donc parfaitement bien dans la tête de Boris d’autant que son agent, un certain Jean Chabloz, ne cesse de lui répéter qu’ils vont faire un beau film. Il a d’ailleurs promis de trouver les partenaires idéaux pour concrétiser le projet. Ses proches sont ravis pour lui, notamment Aurélie, une jeune femme qui enseigne le cinéma à l’Université et qui ne semble pas insensible au charme de notre scénariste. Boris commence néanmoins à gamberger sérieusement lorsque Jean Chabloz lui suggère quelques ajustements. Plus le temps passe, plus Boris fait de concessions, plus le projet prend une tournure inquiétante, plus il ment à son entourage… plus on s’amuse.  L’histoire va en effet tourner au vaudeville.

J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce Journal d'un scénario. Boris est l’incarnation de l’anti-héros sympathique et touchant. Ses tribulations nous entraînent crescendo dans une situation totalement absurde et foncièrement comique. Je recommande. 

Journal d'un scénario. Fabrice Caro. Gallimard, 208 pages (2023)


Commentaires

  1. Oui, amusant au début, le décalage est bien vu, mais ça devient un peu attendu et répétitif

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    1. Tu as celui-ci ? J'ai cherché sur ton blog mais je ne l'ai pas trouvé

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  2. Je suis absolument fan de Fabrice Caro qui est capable de me faire pleurer de rire. En cas de coup de blues, lire Zaï Zaï Zaï Zaï est salutaire ! Par contre, je n'irai pas jusqu'à lire le dernier Astérix, vraiment pas mon truc l'humour gaulois, même par Fabcaro...

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    1. Dans Journal d'un scénario, le burlesque monte crescendo. J'ai commencé par sourire puis rire franchement. ça fait du bien de temps en temps !

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  3. J'avais bien aimé Le discours, très drôle, presque autant que Zaï, zaï, zaï ... Mais les publications de cet auteur se suivent rapidement et sont parfois inégales, voire décevantes. Ce titre semble être de ceux qui ne déçoivent pas, et tu donnes bien envie de découvrir ce vaudeville !

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    1. Je pense que je vais continuer un peu avec cet auteur. D'abord les romans et peut-être les BD

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  4. Si j'ai apprécié la lecture du "Discours", je n'ai jamais eu vraiment envie de relire cet a

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  5. Zut, mon commentaire est parti trop tôt ! Donc je disais que je ne sais pas pourquoi mais malgré mon unique expérience positive avec cet auteur, je n'ai jamais eu si envie que ça de le relire...

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    1. Il y a quelques années, lorsque je découvrais un auteur qui me plaisais, je lisais presque toutes ses œuvres. Maintenant, j'ai tendance à picorer davantage

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  6. Je n’ai encore lu que le Discours que j’ai trouvé touchant autant qu’amusant, je lirai également ce Journal d’un scénario en espérant y retrouver les mêmes ingrédients.

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    1. Oui, c'est exactement ça : touchant et amusant. Ce roman devrait te plaire

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  7. J'aime beaucoup Fabrice Caro en tant que bédéiste (Zaï Zaï Zaï Zaï était vraiment excellent, ou encore Carnet du Pérou), beaucoup moins en tant que romancier. Il ne m'avait pas vraiment convaincue avec Figurec, son tout premier roman, mais peut-être que je devrais tenter son tout dernier. En attendant, je lis le dernier Astérix auquel il a contribué.^^

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    1. Les carnets du Pérou se présentent sous la forme d'une BD ,

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  8. "Zaï zaï zaï" m'est tombé des mains. Je n'ai pas refait de tentative ; je pense que l'auteur pratique un humour qui n'est pas fait pour moi.

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    1. C'est vrai que tout le monde n'est pas sensible au même type d'humour. Pour ma part, je me suis régalée mais je peux comprendre que cela ne plaise pas à tout le monde.

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    2. J'ai lu Le discours sans déplaisir, mais sans adorer. En revanche, je suis fan de Zaï Zaï Zaï Zaï et de Moon river, une BD également. J'essaierai peut-être celui-ci, son "scénario" est alléchant.

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    3. Il faudrait que je tente ses BD

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  9. Pourquoi pas, j'aime beaucoup l'humour de ses albums.

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  10. Je n’ai pas encore lu celui-ci mais ça ne saurait tarder. Il me fait rire à chaque fois.

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    1. je pense que celui-ci te plaira aussi. Je n'ai pas lu les romans précédents mais j'ai trouvé celui-ci assez réussi

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  11. J'avais adoré le premier roman que j'ai lu de cet auteur et après,je trouvais que tous ses autres romans reposaient sur les mêmes types de personnages et de procédés... et je les ai pas finis :-(

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    1. Je peux comprendre. J'éprouve ce sentiment avec les série policières. J'ai du mal à les suivre longtemps

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