Ils partiront dans l'ivresse. Lucie Aubrac
Bien que cet ouvrage se présente comme un journal, il n’a pas été écrit au jour le jour pendant la guerre. Lucie Aubrac, née Lucie Bernard, l’a rédigé bien des années plus tard, dans le double contexte de l'extradition de Klaus Barbie en France en février 1983 et la controverse soulevée dans le livre de René Hardy (Derniers mots) au sujet de son rôle dans l'arrestation de Jean Moulin. Il s’agit donc d’une reconstitution des évènements survenus entre mai 1943 et février 1944. Ceci correspond à une période de 9 mois durant laquelle Lucie Aubrac était enceinte de son second enfant.
Le 14 mai 1943 Raymond Samuel, est libéré de la Prison Saint-Paul grâce à l’acharnement de son épouse Lucie. Le 12 février 1944, à Londres, la jeune femme accouche d’une petite fille qu’elle prénomme Catherine, clin d’œil à son pseudonyme de résistante. Entre ses deux dates, la famille Aubrac/Samuel est confrontée à de nombreuses péripéties dramatiques.
Après la libération de Raymond et une semaine passée au vert avec leur fils Jean-Pierre, les Samuel rentrent à Lyon. Ils y reprennent leurs activités officielles et officieuses. Lucie est professeur d’histoire dans un établissement pour jeunes filles tandis que son mari est ingénieur. Le reste du temps, le couple travaille activement pour le bénéfice de la Résistance. Raymond est l’un des fondateurs du mouvement Libération Sud. Il est notamment connu sous les pseudonymes d’Aubrac et Balmont. En juin 1943, Raymond et ses compagnons de combat, parmi lesquels Jean Moulin, sont de nouveau arrêtés à Caluire. Durant des mois, Lucie, enceinte, va s’employer à faire libérer son mari. Elle use de tous les moyens, y compris la ruse et les armes. Plusieurs frères d’infortune seront sauvés en même temps que son époux. Ensuite, le couple et leur petit garçon seront exfiltrés, transférés d’une cachette à une autre, puis embarqués dans un avion de la Royal Air Force pour atterrir enfin à Londres. Cette épopée rocambolesque a été portée à l’écran en 1997 par Richard Berry avec Carole Bouquet et Daniel Auteuil dans les rôles principaux.
L’intérêt de ce témoignage est multiple. D’une part, il apporte quelques éclaircissements sur l’affaire Jean Moulin et c’est, d’autre part, un témoignage exemplaire sur le rôle des femmes dans la Résistance. On constate à ce propos, qu’en dépit de ses actions et de son courage, Lucie Aubrac est souvent reléguée, par les dirigeants du mouvement, à des missions subalternes ou hors de la hiérarchie établie. J’ai été frappée de voir qu’on lui confie volontiers l’envoi de colis, la lessive des prisonniers, la charge de l’approvisionnement alimentaire et de la cuisine mais pas de rôle de coordination comme son époux. Qu’à cela ne tienne, la jeune femme participe à toutes les opérations sur le terrain et surtout elle prend des initiatives audacieuses lorsqu’il s’agit de la vie de Raymond.
📚J’ai partagé cette lecture avec Maggie, du blog Mille et un Classiques, qui est sans doute devenue une spécialiste de Lucie Aubrac après avoir épuisé presque toute la documentation sur le sujet (La résistance expliquée à mes petits-enfants, Lucie Aubrac, non au nazisme…) J’espère, pour ma part, que cette lecture commune dédiée à une femme remarquable va en entraîner d’autres sur la même thématique, à savoir des portraits de femmes qui ont influencé l’histoire, la culture, les sciences, le sport, etc. Sur le même sujet justement, Sandrine du blog Tête de lecture a lu La plastiqueuse à bicyclette de Jeanne Bohec.
📌Ils partiront dans l'ivresse. Lyon : mai 1943, Londres : février 1944. Lucie Aubrac. Seuil, 264 pages (1984)
Ces femmes ont été courageuses mais aussi discrètes, c'est une bonne chose de les mettre en lumière. Merci pour le lien.
RépondreSupprimerMême si les destins de Lucie Aubrac et de Jeanne Bohec ne sont pas identiques, leurs parcours sont remarquables et présentent des témoignages forts sur le rôle des femmes dans la résistance.
SupprimerBien sûr, je la connais mais je n'ai rien lu sur elle. Et oui, même résistantes, les femmes font la lessive et leur servent de bonniches !! Tu m'avertis si vous faites une autre LC une femme célèbre?
RépondreSupprimerJe viens de chez Keisha où j'ai lu le billet sur Le médecin de Cape Town, une femme médecin. Ce roman pourrait être parfait pour une LC sur les femmes remarquables?. Qu'en penses-tu ? Es-tu partante ? Si oui pas avant la fin Novembre car j'ai une liste à lire chargée avant cette date !
RépondreSupprimerOui, je lirai volontiers "Le médecin de Cape Town". On peut repousser la LC jusqu'à fin décembre, si tu veux. Le mois de novembre risque en effet d'être chargé.
SupprimerJe vous rejoindrais bien volontiers pour cette LC si c'est fin décembre !
SupprimerPour la LC "Le médecin de Cape Town", je propose le 28 décembre.
SupprimerParfait pour moi !
Supprimerok, je note
SupprimerLes grands esprits, ce témoignage de Lucie Aubrac est arrivé il y a peu sur mes étagères.
RépondreSupprimerLe hasard fait bien les choses. Je lirai ton avis avec plaisir
SupprimerJe viens de découvrir cette volonté de parler de 'femmes remarquables', bonne initiative.
RépondreSupprimerOui, je cherche des idées. Si tu as des suggestions...
Supprimerdes destins extraordinaires et dont on ne perle pas assez.
RépondreSupprimerOui, heureusement, il semblerait que les choses commencent à changer un peu.
SupprimerLes hommes sont célèbres, les femmes sont remarquables.
RépondreSupprimerComme tu le dis !
SupprimerExcuse-moi, je vais être en retard... Je suis malade...
RépondreSupprimerCe n'est pas grave. Ce n'est que partie remise. Soigne toi bien.
SupprimerJe ne savais pas que ce livre existait... ! Merci !
RépondreSupprimerLe plaisir est pour moi !
SupprimerLe courage de ces femmes est toujours inspirant et admirable. Heureusement que de tels témoignages existent ! Et on a beau tenter de les reléguer au second plan, elles n'en restent pas moins indispensables.
RépondreSupprimerAu départ, Lucie Aubrac ne souhaitait pas se mettre en avant. Elle s'est décidée suite aux rebondissements de l'affaire Jean Moulin et la perspective du procès de Barbie. Heureusement pour nous qu'elle a changé d'avis.
SupprimerJ'ai pas mal lu, vu, écouté sur Lucie Aubrac, je ne pense pas que je vais en rajouter, mais c'est une bonne chose de remettre ces femmes à leur juste place et d'en parler autrement que comme "femme de". As-tu lu les BD sur Madeleine Riffaud ? Encore une femme remarquable. https://www.dupuis.com/auteurbd/riffaud/5089
RépondreSupprimerAh tiens, non, je ne connais pas. Merci pour l'info et le partage de lien.
SupprimerEffectivement le mois de Novembre est bien chargé. D'accord pour le mois de décembre pour Le médecin de Cape Town. Le 20 décembre ? Je propose un date au hasard. Tu peux me dire ce qui te convient. Je n'ai pas de préférence
RépondreSupprimerA_girl a décidé de se joindre à nous et nous avons convenu du 28 décembre si cela te convient aussi. Ravie que tu participes à cette LC.
SupprimerC'est d'accord pour le 28 décembre !
RépondreSupprimerParfait, c'est noté !
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