Hoka Hey. Neyef

Hoka Hey. Neyef

Hoka hey ! En avant ! Tel est le cri de guerre des Sioux-Lakotas. Il a sans doute retenti lors de la fameuse bataille de Little Big Horn ou Greasy Grass dans le Montana, qui opposa une coalition d’Indiens menée par Sitting Bull aux troupes du général de cavalerie Georges A. Custer en juin 1876. Mais cette histoire là n’est pas celle racontée par Neyef. Le jeune scénariste et illustrateur s’est affranchi du documentaire pour nous offrir un roman graphique somptueux de plus de 200 pages. 

Le héros est un jeune orphelin Lakota acculturé. Georges vit dans une réserve indienne, quelque part entre les territoires du Dakota et celui du Wyoming. Il a été recueilli par le pasteur, qui lui apprend la bible et la résignation. Ce n’est pas une figure paternelle puisque le garçon est traité comme un domestique. Le destin de Georges prend une tournure inattendue lorsque son chemin croise celui d’un gang de hors-la-loi poursuivi par un chasseur de primes. Il s’agit d’un trio formé par deux Amérindiens et un Irlandais. Little Knife, leur chef, mène une quête vengeresse contre son père, un blanc qui aurait poussé sa mère au suicide. A son contact, Georges va renouer avec l’histoire de son peuple et sa culture. 


Hoka Hey. Neyef. P118-119

Dans une interview, Neyef explique qu’il a toujours voulu écrire un western mais qu’il n’avait pas le trait assez assuré pour dessiner des chevaux. Il a donc profité du confinement pendant la crise sanitaire du covid-19 pour s’entraîner et améliorer son dessin. Le résultat est spectaculaire. Le lecteur est frappé par le réalisme des illustrations. Neyef multiplie les grandes cases panoramiques qui subliment les paysages de l’ouest américain. La culture lakota est intimement liée à la nature dit-il. Il paraissait donc évident de lui faire une place de choix. Dans Hoka Hey, la nature est un personnage à part entière. Certaines planches, où le texte est quasi-absent, invite à la contemplation. Les bivouacs au coucher du soleil succèdent aux étapes en sous-bois et aux chevauchées dans les grandes plaines. Les mouvements du trait sont si précis que le lecteur a parfois la sensation du vent dans les cheveux ou de la caresse du soleil sur la peau. 


Hoka Hey. Neyef. P172-173

Hoka Hey a été sélectionné dans deux catégories du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême 2023 (le Fauve des lycéens et le Prix du Public de France Télévisions) et a été récompensé par le Prix des Libraires Canal BD.

J’ai lu cet album dans le cadre des lecture thématiques sur les minorités ethniques organisées par Ingannmic.

Hoka Hey. Neyef. Rue de Sèvres / Label 619, 226 pages (2022) 



Commentaires

  1. Excellent! Et puis, 200 pages, c'est le bon format pour s'immerger.

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  2. Le dessin a en effet l'air très beau...

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  3. J'avais lu cette BD avant que soit annoncé qu'elle était sélectionnée pour Angoulême.
    Sur le format, je ferai la remarque que tout se déroule dans l'album, là où une série comme Buddy Longway (dont l'un des tomes est titré Hooka-Hey!) se déroulait sur plusieurs décennies (la vie d'une famille "mixte") et sur une vingtaine d'albums.
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. Effectivement, c'est un "One-shot" ce qui me convient assez (pas besoin d'attendre pour connaître la fin)

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