Lettre à ma fille. Maya Angelou

Lettre à ma fille. Maya Angelou

Pour commémorer le Black History Month, j’avais en tête de lire Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage, la fameuse autobiographie de Maya Angelou (1928-2014), mais j’ai été rattrapée par le temps. J’ai donc choisi un ouvrage plus court, paru en V.O à la fin des années 2000 : Lettre à ma fille. Cette collection de textes est parue alors que la "femme phénoménale", ainsi qu’on la surnomme en référence à l’un de ses poèmes, avait plus de 80 ans. A cette date, Maya Angelou avait déjà publié six autobiographies, des essais et plusieurs recueils de poèmes. Elle s’était aussi imposée comme une figure emblématique du féminisme et de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis. Certains de ses ouvrages ont été inscrits au programme des écoles américaines.

Plus qu’un corpus de textes hétéroclites, Lettre à ma fille fait figure de testament. La fille dont il est question dans le titre est en réalité une entité collective. Maya Angelou précise que l’opus s’adresse à toutes la femme sans distinction de couleur, d’âge ou d’obédience. 

« J’ai donné naissance à un seul enfant, un garçon, mais j’ai des milliers de filles. Des noires, Blanches, juives, musulmanes, Asiatiques, latinas, Indiennes d’Amérique, Aléoutes. Qu’elles soient obèses, maigres, jolies, ordinaires, homos, hétéros, éduquées, illettrées, je m’adresse à elles toutes. Ceci est mon legs ».

L’opus compte 28 chapitres de quelques pages chacun. La femme de lettres y évoque son enfance chez sa grand-mère paternelle à Stamps dans l’Arkansas, ses visites chez sa mère, Vivian (Baxter) Johnson, puis son installation en Californie, son frère aîné Bailey Jr., la naissance de son fils Guy, un petit ami violent, son ex-mari, ses amis, ses rencontres.  Elle rapporte de nombreuses anecdotes, prodigue quelques conseils à ses filles spirituelles et partage ses réflexions sur la religion et sa vision de la société américaine. Il y a aussi des extraits de discours, plusieurs poèmes de l’autrice et des citations de ses pairs. Maya Angelou qui a eu plusieurs vies (elle a été chanteuse, danseuse, poétesse, essayiste, militante et professeure) évoque quelques grandes figures du paysage littéraire et culturel qu’elle a côtoyées :  Celia Cruz, la chanteuse de musique cubain ; Oprah Winfrey, l’animatrice et productrice de télévision américaine ; Coretta Scott King, la militante du mouvement des droits civiques et épouse du pasteur Martin Luther King ; les écrivains James Baldwin et Alex Haley,…

Maya Angelou est consciente d’être un modèle, une femme de caractère et de conviction. Elle est aussi une personne bienveillante et généreuse qui prêche pour le respect d’autrui et de soi-même.  

« J’ai fait beaucoup d’erreurs et en ferai sans doute encore plusieurs avant de mourir. Quand j’ai blessé des gens et ressenti leur douleur, quand j’ai compris le chagrin que provoquait mes maladresses, j’ai aussi appris à endosser mes responsabilités et à me pardonner d’abord, puis à demander pardon auprès de qui avait été heurté par mes jugements trop hâtifs »

Il n’est pas nécessaire de partager toutes les convictions de Maya Angelou (en matière de religion, par exemple) pour tirer les enseignements positifs de son expérience en tant que femme, mère ou militante.  Lettre à ma fille est un hymne à la tolérance et à la sororité qui est une excellente manière d’entrer dans l’œuvre de cette grande dame afro-américaine.

D'autres avis que le mien : Enna

Lettre à ma fille. Maya Angelou. Le Livre de Poche, 168 pages (2022)


Commentaires

  1. Je n'ai pas lu l'autrice et je ne sais pas si j'aurai le temps de le faire un jour !

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    1. je pense que l'idéal est de lire son autobiographie "Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage". Je pense le faire un jour ou l'autre

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  2. Merci pour le lien. Je viens de l'ajouter au billet. J'ai hâte de lire ton prochain billet

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