La Longue route de Little Charlie. Christopher Paul Curtis

La Longue route de Little Charlie. Christopher Paul Curtis

Christopher Paul Curtis est un écrivain Afro-Américain dont les livres, dédiés à la jeunesse, ont été récompensés par plusieurs prix littéraires. Dans ce roman-là, le héros n’est pas un homme de couleur mais un jeune blanc-bec de 12 ans qui va découvrir l’horreur de l’esclavagisme. 

Charlie Bobo est le fils d’un couple de métayers de Caroline du Sud. Lorsque son père meurt suite à un stupide accident forestier, le contremaître de la famille Tanner, le "Captain" Buck, vient réclamer une dette que le défunt aurait contracté auprès des propriétaires de la plantation. Ni Charlie ni sa mère ne sont en mesure de s’acquitter des 50 dollars évoqués. Après avoir tentés de fuir, ils se voient contraints d’accepter un marché avec le représentant de leur créancier. Le Captain Buck prétend, par ailleurs, que Charlie Le grand devait l’accompagner en territoire nordiste et abolitionniste pour retrouver des esclaves échappés dix ans plus tôt. C’est donc son fils, Little Charlie, qui devra s’acquitter de cette corvée. En jeune paysan naïf et analphabète, le garçon ignore encore que ce voyage initiatique va l’exposer aux pires monstruosités. 

L’intrigue se déroule en 1858, soit trois ans avant le début de la guerre de Sécession et 8 ans après l’entrée en vigueur du Fugitive Slave Act. Cette seconde loi sur les esclaves fugitifs, votée par le congrès le 18 septembre 1850, prévoit l’extradition des esclaves évadés et leur retour à leurs propriétaires sudistes. La traductrice française de ce roman précise en introduction que « les esclaves représentaient ce qu’il y avait de plus précieux dans cette économie et la valeur d’un individu, en monnaie d’aujourd’hui, pouvait aller de 11 000 dollars (…) à plus de 160 000 dollars. »

Christopher Paul Curtis décrit bien la manière dont les esclaves étaient traités dans les plantations mais aussi les différences de mode de vie par rapport aux affranchis vivant dans les états abolitionistes. Il y a des passages qui pourraient prêter à sourire s’ils n’étaient dramatiques, notamment lorsque les deux chasseurs d’esclaves débarquent à Detroit. Ils sont surpris de voir les gens de couleurs circuler librement dans les rues et sont choqués de devoir les traités comme des égaux. L’écrivain montre également le paradoxe entre le jeune blanc inculte, sensé dominer les esclaves noirs, et les Afro-américains instruits qui vivent en ville.

Un autre roman de Christopher Paul Curtis a été traduit en français. Il s’agit de Voyage à Birmingham (L’Ecole des Loisirs, 1997) dont les héros sont les membres de la famille Watson avec, pour toile de fond, le mouvement pour les droits civiques durant l’été 1963. Ce livre a été adapté en téléfilm et diffusé sur Hallmark Channel en 2013. 

Nous avons reçu La Longue route de Little Charlie dans le cadre de l’abonnement Supermax (11-13 ans) de L’Ecole des Max. Cette formule permet de recevoir chaque mois (entre novembre et juin), via l’établissement scolaire de l’enfant, un ouvrage de la collection Neuf ou Médium. Il existe bien sûr des sélections pour les tranches d’âges inférieures (Titoumax pour les enfants de 2 à 4 ans, Minimax pour les 3-5 ans, etc). En ce qui nous concerne, nous avons fait de belles découvertes depuis la première année de maternelle. 

La Longue route de Little Charlie. Christopher Paul Curtis. L’Ecole des loisirs, 212 pages (2021)


Commentaires

  1. Merci pour ta participation ! Je ne connaissais pas et ça m'a l'air vraiment intéressant avec ce point de vue du Blanc pour montrer la situation de l'extérieur !

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    1. Oui, le romancier Afro-américain se plait à busculer un peu les préjugés en opposant ce jeune péquenot blanc pauvre et analphabète au fils des anciens esclaves qui, à l'inverse, est un citadin lettré. L'auteur frôle un peu la caricature mais le héros a du cœur, il n'est pas idiot. Cela équilibre la balance.

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  2. La richesse de la littérature jeunesse m'épate ! si j'avais eu tout cela sous la main à mon époque .. je m'aperçois que je n'ai pas tellement lu sur cette période précise aux Etats-Unis, juste quelques années avant la guerre de sécession.

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    1. Personnellement, j'avoue que je me régale avec la littérature de jeunesse. Avec les albums pour les tout-petits déjà, j'ai découvert des pépites.

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  3. Ce point de vue depuis un (jeune) Blanc est intéressant et change! Je note je note!

    J'ai longtemps abonné mes enfants à l'Ecole des Max. On y a fait aussi de très bonnes découvertes !

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    1. Nous avons fait aussi de très belles découvertes grâce à nos abonnements à L'école des loisirs... dont ce roman historique !

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