Le piéton du 36. Anne-Marie Mitchell

Le piéton du 36. Anne-Marie Mitchell (Photo by ev on Unsplash)

Avec ce roman, je découvre à la fois Anne-Marie Mitchell et les éditions Lucien Souny. Concernant la première, il est bon de savoir qu’elle est journaliste littéraire et romancière. Le piéton du 36 est son quinzième livre. Lucien Souny a également publié son polar historique intitulé Les Chats de la rue Saint-Séverin (240p., 2016). La maison d’édition limousine s’est construite, sans s’enfermer dans le livre régional, sur trois genres qui ont fait sa réputation : la littérature, l’histoire et le patrimoine. Le catalogue de sa collection Plumes noires propose des romans noirs comme des thrillers. Je ne suis pas spécialiste du roman policier mais il me semble que Le piéton du 36 d’Anne-Marie Mitchell n’appartient ni à l’une ni à l’autre catégorie. Peut-on le ranger dans le whodunit (roman de détection ou d’énigme) ? Pour tout dire, la résolution de l’intrigue m’a semblé secondaire. En revanche, il s’agit à n’en pas douter d’un roman d’atmosphère à la manière des Maigret de George Simenon auquel l’auteur rend hommage. 

L’enquête se déroule sur quelques mois, entre le 4 septembre 2019 (année du 30ème anniversaire de la disparition de Simenon) au 18 mars 2020 (en pleine période de crise sanitaire). Parmi les personnages principaux, il y a le commissaire Noé Jaurèle, quinquagénaire épicurien d’origine toulousaine, heureux propriétaire d’un chartreux nommé Dolce et grand amateur de l’œuvre de Simenon. Signalons ici accessoirement qu’il est à la fois victime de technophobie et, plus sérieusement, d’amaxophobie (peur de conduire). C’est d’ailleurs cette particularité, couplée à sa fonction au sein de la Brigade criminelle, qui lui a value ce fameux surnom de « piéton du 36 » (le 36, rue du Bastion est le nouveau siège de la Direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris qui était autrefois situé au 36, quai des Orfèvres). Le commissaire Noé Jaurèle, est épaulé dans ses enquêtes par trois agents. Le premier est Edwin Joubert, légiste alter ego de de Ducky Mallard dans la série américaine NCIS.  Les deux autres sont Guillem Canivet, photographe judiciaire alcoolique et le lieutenant Léo Paulin, spécialiste en informatique. Tous doivent supporter à la fois l’érudition intempestive et la gouaille de leur patron.  

Le 4 septembre au matin, l’aiguilleur de service au poste signale la découverte d’un cadavre dans la rue Jean Macé. Il s’agit de Louise Morainville, septuagénaire célibataire. Un peu plus tard, c’est un certain Tibère Muron, indic bien connu des services de police, qui est retrouvé mort à son domicile. L’affaire commence à s’emballer lorsqu’une troisième victime vient compléter le tableau. Il s’agit d’Alicia Meunier, infographiste aux éditions Zygène. Quel est le lien entre ces victimes ? Georges Simenon, le père du commissaire Maigret ! Sachez, en effet, tous les indices convergent vers le maître du roman policier belge… et qu’il y en a même un glissé dans cette recension.

Anne-Marie Mitchell signe un polar original qui défit toutes les règles du genre. Ses personnages sont bien campés mais parfois trop similaires dans leur inclination aux longues causeries et autres diatribes érudites. Bref, le commissaire et de ses acolytes sont un peu trop bavards pour moi. Pour le reste, il faut reconnaître qu’Anne-Marie Mitchell sait bien manipuler et surprendre son lecteur. Je recommande donc vivement ce roman à ceux qui aiment être bousculés dans leurs habitudes littéraires. 

Le piéton du 36.  Anne-Marie Mitchell. Editions Lucien Souny, 144p. (2022)


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