La littérature de la bombe atomique

 L’accident de Fukushima en 2011 nous rappelle une autre catastrophe historique :  Les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945. Le traumatisme est à l’origine d’un genre littéraire appelé Littérature de la bombe atomique (Genbaku bungaku). Censurée par les forces d’occupation américaines, elle n’a pris son essor qu’à partir de 1950. Elle est généralement classée en 3 sous-catégories ou « générations » : les survivants (ex : Hiroshima, fleurs d'été de Tamiki Hara, Journal d'Hiroshima de Michihiko Hachiya ou Little boy de Shuntaro Hida), le regard critique (Notes de Hiroshima de Kenzaburô Ôe, Pluie noire de Masuji Ibuse ou Hiroshima de John Hersey) et le post nucléaire (La Femme des sables de Abé Kôbô).

Destin d’un homme remarquable. Marc Petitjean

Destin d’un homme remarquable. Marc Petitjean. Arléa, 264 p. (2021)

Le livre de Marc Petitjean nous permet de faire le lien entre les catastrophes atomiques de Fukushima et celle d’Hiroshima, à travers la biographie de Shuntaro Hida (1917-2017). Ce Japonais est le témoin indirect des deux évènements. En effet, le 6 août 1945, ce médecin militaire basé à 6km d’Hiroshima, échappe par miracle au premier bombardement atomique du Japon. Il se trouve près du village d'Hesaka, à trois kilomètres environ du nord d'Hiroshima où de nombreux survivants viendront ensuite se faire soigner. Le docteur Hilda passe ensuite sa vie à soigner les hibakusha (irradiés) et à dénoncer les risques nucléaires. Trente ans après le bombardement de sa ville natale, Shuntaro Hida parvient à mettre en évidence le phénomène des radiations internes ou résiduelles. En mars 2011, lors de l’accident de la centrale de Fukushima, il utilise cette expérience au service de ses concitoyens. Son histoire, il l’a raconté dans un livre intitulé Little boy : Récits des jours d'Hiroshima (Ed. Quinquette, 123 p. 1984). Elle a inspiré le cinéaste Marc Petitjean qui a rencontré le docteur Hilda avant de lui a consacré un documentaire (Blessures atomiques, 52 minutes, 2006) puis un livre (Destin d’un homme remarquable, Arléa, 264 p., 2021). Shuntaro Hida, décédé en 2017 à l’âge de 100 ans.

Journal d'Hiroshima : 6 Aout-30 Septembre 1945 . Michihiko Hachiya

Journal d'Hiroshima : 6 Aout-30 Septembre 1945 . Michihiko Hachiya. Tallandier, 304 p. (2020)

Comme Shuntaro Hida (cf Destin d’un homme remarquable de Marc Petitjean), Michihiko Hachiya (1903-1980) est médecin. En août 1945 il est directeur de l’hôpital du Bureau des Communications à Hiroshima. Il est donc un témoin direct du bombardement et consigne jour après jour les évènements. Son journal a été déposé aux archives secrètes de   l'Université de la Caroline du Nord et sa publication suspendue jusqu'en août 1955. Le matin du 6 août 1945 donc, Michihiko Hachiya est chez lui. Il se repose d’une nuit de garde, sur sa terrasse, vêtu d’un pantalon et d’un simple maillot de corps. Il écrit plus tard : « Soudain, il y a n un éclair, puis un autre, et je me souviens - on se souvient toujours des choses idiotes - que je me demande sur le moment si ce sont des éclairs de lampes à magnésium ou des étincelles provoquées par un trolleybus. Ombres et reflets, tout a disparu. Il n'y a plus qu'un nuage de poussière au milieu duquel je n'aperçois qu'une colonne de bois qui supportait un angle de ma maison. Elle a pris une inclinaison bizarre et le toit de la maison a lui-même l'air de hoqueter. Instinctivement, je me mets à courir. Ou du moins j'essaie. Inutilement. Des poutres jonchent déjà le sol. J'ai grand-peine à atteindre le jardin. Et là, tout à coup, je me sens extraordinairement faible. je dois m'arrêter pour reprendre des forces. C'est là que je m'aperçois que je suis complètement nu ! Où sont donc passés mon pantalon et mon maillot ? Qu'est-il arrivé ? Je regarde mon côté droit: il est tout ensanglanté ; j'ai également une blessure à la cuisse. L'éclat de bois qui l'a produite y est resté fiché. Quelque chose de chaud coule dans ma bouche: ma joue est déchirée.» Le jour suivant, à l’Hôpital, il ne peut que constater l’afflux continu des blessés, les morts journalières et l’apparition de nouveaux symptômes chez les rescapés. La ville est détruite, il n’y a plus ni radio ni lampes électriques. Michihiko Hachiya et ses collègues comprennent que la guerre est perdue et que les Américains vont bientôt débarquer. Le médecin tient son journal jusqu’au 30 septembre 1945, soit 54 jours d’enfer qui ne serons révélé au monde que 10 ans plus tard. 

Hiroshima, fleurs d'été. Tamiki Hara

Hiroshima, fleurs d'été. Tamiki Hara. Babel, 144p. (2007)

Cet ouvrage compte en réalité trois récits chronologiques : Prélude à la destruction, Fleurs d'été et Ruines. La première partie (Fleurs d’été) est achevée dès 1946 et publiée un an plus tard. Des ruines, le second récit parait en 1947 et Prélude en 1949. Le drame d’Hiroshima lui inspire également Le Jour du malheur (1948), Requiem (1949) et Instant fatal (1950). Il se suicidera en 1951, comme d’autres écrivains japonais de sa génération : Osamu Dazai en 1948, Yasunari Kawabata en 1972, auxquels on peut ajouter Yukio Mishima en 1970. En août 1945, Tamiki Hara, qui a perdu son épouse des suites d’une longue maladie (la tuberculose) l’année précédente, est rentré dans sa ville natale d’Hiroshima. Le 4 août, l’écrivain se rend sur la tombe de sa femme, pour y déposer un bouquet de fleurs d’été, d’où le titre du recueil. La première nouvelle s’attache à décrire l’atmosphère de la ville dans les mois qui précèdent le bombardement atomique. Hiroshima est sous alerte quasi constante. Les rumeurs sur un hypothétique bombardement massif inquiètent les habitants et une grande partie de la population envisage d’évacuer la ville. D’autres se préparent à se battre jusqu’au bout. Le second texte, plus court, décrit la situation juste après l’explosion de la bombe A. Le troisième récit est celui de l’après : l’annonce de l’armistice, le retour dans la ville martyre et les retrouvailles. Tamiki Hara a échappé de justesse à la mort : « J'eus la vie sauve parce que j'étais aux cabinets. Ce matin du 6 août, je m'étais levé vers huit heures. La veille au soir il y avait eu deux alertes aériennes, mais il ne s'était rien passé. Un peu avant l'aube je m'étais déshabillé et, chose que je n'avais pas faite depuis longtemps, je m'étais couché et endormi en kimono de nuit. Je me levai et entrai dans les cabinets sans répondre à ma sœur qui, me voyant encore en caleçon, grommela que je me levais bien tard. Quelques secondes plus tard, je ne sais plus exactement, il y eut un grand coup au-dessus de moi et un voile noir tomba devant mes yeux. Instinctivement je me mis à hurler et, prenant ma tête entre mes mains, je me levai. Je n'y voyais plus rien et n'avais conscience que du bruit : c'était comme si quelque chose comme une tornade s'était abattu sur nous. J'ouvris à tâtons la porte des cabinets et trouvai la véranda. J'entendais encore distinctement les hurlements que je venais de pousser au milieu d'un bruit de rafale, mais mes yeux ne voyaient plus et l'angoisse me saisit. Cependant, en avançant sur la véranda, les maisons détruites commencèrent peu à peu à m'apparaître dans une vague luminosité. Je repris mes esprits. » Un extrait de Fleurs d’été a été publié dans une édition du Monde diplomatique du mois d’octobre 1986. La même année, le récit est paru dans une Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines en deux tomes chez Gallimard.

Il y a un an Hiroshima. Hisashi Tôhara

Il y a un an Hiroshima. Hisashi Tôhara. Arléa, 64 p. (2012)

« Il y a un an, Hiroshima a été frappé par le malheur le plus épouvantable, le plus dramatique jamais expérimenté par l'humanité. C'était le 6 août 1945, la vingtième année de l'ère Showa. » Ainsi débute le témoignage de Hisashi Tôhara, jeune homme à peine âgé de 18 ans lorsque la bombe atomique détruit la ville d’Hiroshima. Il est encore lycéen et la rentrée a eu lieu quelques jours plus tôt. Comme beaucoup de ses camarades, il a été réquisitionné pour travailler dans une usine. Mais, ce jour-là, il n’y avait pas d’électricité à l’aciérie Nihonseikô  et les jeunes avaient quartier libre. Hisashi Tôhara et ses camarades, Yoshida et Ise, décident de quitter le foyer où ils sont logés pour rendre visite à leurs familles. Ils prennent le tramway puis se séparent. Hisashi Tôhara se trouvait à la gare de Yokogawa lorsque la bombe a explosée : « Le départ était imminent lorsque le rideau se leva sur ce drame sanglant, inouï dans l’histoire de l’humanité. Hiroshima, ville maudite ! En un instant, les alentours s’éclairèrent au point que j’en fus aveuglé. En même temps qu’un grondement sourd montant de la terre, je sentis ma nuque brûler d’une douleur intense. Inconsciemment je me penchai vers l’avant tout en restant assis. La lumière n’en finissait pas de s’écouler. D’innombrables particules de lumière.(…) » Plus loin, il décrit les premiers blessés : « Dans les rues, les gens couraient en tous sens. Les femmes et les enfants pleuraient et gémissaient. Ils avaient d’horribles brûlures au visage, on ne les reconnaissait pas. Une fillette de dernière année du primaire portait un petit enfant sur le dos et en tenait un autre par la main. « Papa ! Maman ! » criaient-ils en pleurant, fuyant dans la direction opposée à la nôtre, j’en ai gardé le souvenir. Les trois enfants étaient horriblement brûlés, du sang coulait sur leur visage. Une femme courait pieds nus, échevelée, sa robe de tissu léger noircie, la poitrine découverte. Visions insoutenables qu’en temps ordinaire il aurait été impossible de regarder en face. C’était l’enfer. Mais mon cœur était trop engourdi pour ressentir de la tristesse ou de la pitié à ce spectacle. » Ce récit, qui compte quelques dizaines de pages, restera ensuite dans un tiroir jusqu’à la mort de son auteur. Son épouse ne le découvre que 3 ans après son décès, parmi ses journaux intimes. Elle publie d’abord ces notes à compte d’auteur avec une cinquantaine d’exemplaires. Elle en envoi un à la traductrice Rose-Marie Makino. qui le transmet aux éditions Arléa en 2010.

Gen d'Hiroshima. Keiji Nakazawa

Gen d'Hiroshima. Keiji Nakazawa. Vertige Graphic, 10 vol. (2003)

Gen d’Hiroshima, littéralement "Gen aux pieds nus", est d’abord paru en 1973, sous la forme d’un feuilleton dans l’hebdomadaire japonais Weekly Shonen Jump. A partir de 1975, le manga change de support grâce à la maison d'édition Chōbunsha. C’est un véritable succès de librairie qui entraîne l’adaptation d’un premier épisode à l’écran par Tengo Yamada. Suivront deux autres épisodes en 1977 et 1980, puis des dessins animés de Mori Masaki dans les années 1980. Le manga est ensuite traduit en plusieurs langues : en 1978 parait la version en anglais et en 1982 celle en Allemand. L’année suivante, le manga est publié en 10 tomes chez les Humanoïdes Associés (aujourd’hui disponibles chez Vertige Graphic). Il s’agit bien ici d’un récit autobiographique. Keiji Nakazawa, avait 6 ans quand la bombe atomique a ravagé sa ville natale. Le 6 août 1945, son père, ses deux sœurs et son petit frère sont tous morts. Sa mère et deux de ses frères ont survécus. Le premier tome débute à la fin de la seconde guerre mondiale et s’achève sur les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Le second volume évoque la ville d’Hiroshima juste après l’explosion nucléaire. Les livres suivants sont dédiés aux survivants, la vie quotidienne dans la ville sinistrée, l’occupation américaine, la peur des maladies, l’ostracisme, etc. Keiji Nakazawa est mort d’un cancer en 2012.

Hiroshima :  Lundi 6 août 1945, 8h15. John Hersey

Hiroshima :  Lundi 6 août 1945, 8h15. John Hersey. Texto, 224 p. (2019)

L’histoire de ce livre est assez remarquable pour être racontée. En réalité, il s’agit à l’origine d’un article (sans doute le plus long jamais publié dans un journal) paru dans le New-Yorker le 31 août 1946. Le manuscrit ne comptait pas moins de 30 000 mots soit 150 pages. William Shawn, le rédacteur en chef, a pris la décision de le publier dans son intégralité et en une seule fois. C’est donc l’unique article de cette édition dont tous les exemplaires ont été vendu en un rien de temps. La couverture originale, qui n’a absolument rien à voir avec le sujet, représente une scène estivale composée d’une foule de vacanciers dans un parc ou au bord d’un lac. Au dos du document, les managers des Giants et des Yankee de New-York (deux équipes de football américain) font de la publicité pour les cigarettes Chesterfield ! Pour l’anecdote, Albert Einstein en a acheté un millier pour les distribuer à ses collègues scientifiques.  Quelques semaines après sa publication, en octobre 1946, le document a été publié par les éditions Alfred A. Knopf, et vendu à plus de 3 millions d’exemplaires. Il est sans cesse réédité depuis et a été traduit en plusieurs langues. L’ouvrage s’appuie sur le témoignage de six survivants de la bombe atomique. La première est Mademoiselle Toshiko Sasaki, employée au service du personnel de la East Asia Tin Works, une jeune femme d’une vingtaine d’années et gravement blessée à la jambe. Le second, le révérend Kiyoshi Tanimoto est pasteur dans l’église méthodiste d’Hiroshima et souffre des conséquences des radiations. La troisième, Madame Hatsuyo Nakamura, est une veuve, mère de 3 enfants, dont le mari est mort au combat à Singapour. Le quatrième, le père Wilhelm Kleinsorge, est un prêtre jésuite allemand qui a également été exposé à des radiations. Les derniers sont deux médecins : les docteurs Masakazu Fujii et Terufumi Sasaki. John Hersey raconte la pire journée de leur vie : le 6 août 1945 à partir de 8h15 du matin. En 1985, soit 50 ans après la publication de son fameux article, John Hersey publie un ultime article dans le New-yorker, intitulé Hiroshima, the aftermath, où on apprend ce que sont devenus ses témoins. En août 2005, pour commémorer les 70 ans d’Hiroshima, Le Monde Diplomatique a publié un extrait du célèbre reportage de John Hersey. Lorsqu’il a écrit Hiroshima, John Hersey n’était pas un débutant. En 1945, en effet, le journaliste avait reçu le Prix Pulitzer pour son roman A Bell for Adano.

Notes de Hiroshima. Kenzaburô Oé

Notes de Hiroshima. Kenzaburô Oé. Folio, 288 p. (2012)

Kenzaburô Oé, prix Nobel de littérature en 1994, est aussi un militant anti-nucléaire. En août 1963, alors âgé de 28 ans, l’écrivain japonais se rend pour la première fois à Hiroshima pour un reportage sur un rassemblement mondial contre les armes nucléaires. Cette expérience le bouleverse au point de transformer sa vision sur sa vie personnel (son fils nouveau-né est alors entre la vie et la mort et restera handicapé) et son travail d’écrivain. Il dira souvent qu’il s’agit d’une conversion, non pas religieuse mais humaine. Plusieurs voyages suivront et ses notes seront finalement réunies en un ouvrage, les Notes de Hiroshima, qui sera publié deux ans plus tard au Japon. Cet ouvrage, dédié aux hibakusha (les personnes victimes de la bombe nucléaire) a pour objectif de palier la langue de bois et l’immobilisme des politiciens. Kenzaburô Oé y dénonce "l’enfermement" des survivants et de leurs enfants, condamnés à vivre en parias, sans se plaindre. En 1995, lors de la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique, Kenzaburô Oé s’insurge vivement, écrit au président Jacques Chirac et annule sa participation au festival de littérature d’Aix-en-Provence. Un déchirement pour cet humaniste qui a étudié le Français pendant plusieurs années et dont le mémoire de fin d’étude portait sur François Rabelais, Albert Camus et Jean-Paul Sartre. Son désistement lui vaut une lettre ouverte d’un autre lauréat du prix Nobel, Claude Simon, parue dans le journal Le Monde. Les Notes de Hiroshima paraissent un an plus tard chez Gallimard. En mars 2011, depuis son exil américain, il reprend la plume (qu’il avait abandonné depuis 1994) et publie un article dans le New-Yorker, intitulé History Repeats, sur la catastrophe de Fukushima. 

La bombe. Didier Alcante (scénario), Laurent-Frédéric Bollée (scénario) et Denis Rodier (dessin)

La bombe. Didier Alcante (scénario), Laurent-Frédéric Bollée (scénario) et Denis Rodier (dessin). Glénat, 472 p. (2020)

La bombe est un roman graphique de plus de 400 pages, qui tient davantage du documentaire historique. Il a été récompensé par le prix des Galons de la BD 2021 du Ministère des armées et a fait partie des 5 finalistes du prix de la BD Fnac France-Inter (c’est finalement Carbone & Silicium de Mathieu Bablet qui l’a emporté). Dans cette imposante bande dessinée, Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée, les scénaristes, abordent toutes les étapes qui ont conduits au largage des bombes sur le Japon en août 1945, depuis leur fabrication. La première originalité de l’œuvre est qu’elle place l’uranium en tant que narrateur de sa propre histoire, depuis les mines d’uranium du Katanga (province de l’actuelle République Démocratique du Congo), jusqu’au Japon, en passant par la bataille de l'eau lourde en Norvège ou le laboratoire national de Los Alamos au Nouveau-Mexique. La bombe est néanmoins un roman choral faisant appel à une multitude de personnages bien réels (politiciens, scientifiques, militaires). La parole est aussi donnée aux habitants d’Hiroshima évidemment. Un autre intérêt de la BD se trouve dans le rappel des expériences menées par les médecins du projet Manhattan sur des cobayes humains. Ebb Cade (1890-1953), un ouvrier afro-américain, est le premier patient à être exposé au plutonium à son insu dès le mois de mars 1945. Le programme se poursuit jusqu’en juillet 1947. Au total 18 individus reçoivent des injections de plutonium, six d’uranium, 5 de polonium, et au moins un patient est infecté par l’americium. Cinq laboratoires participent à ce projet au sein des hôpitaux de Rochester (New York), Oak Ridge (Tennessee), Chicago (Illinois) et San Francisco (Californie).

Pluie Noire. Ibuse Masuji

Pluie Noire. Ibuse Masuji. Folio, 384 p. (2004)

Le livre tient son titre pluie noire, des retombées radioactives de la bombe atomique. Il est d’abord paru, en janvier 1965, sous forme de feuilleton dans le magazine japonais Shincho. Le roman est publié en France en 1972 chez Gallimard puis il est adapté au cinéma en 1989 par Shōhei Imamura. Ibuse Masuji nous conduit 5 ans après l’explosion de la bombe atomique dans le petit village de Kobataké, près d’Hiroshima. Yasuko, jeune rescapée, y vit avec son oncle et sa tante. Les choses se compliquent lorsqu’il s’agit de lui trouver un mari car on la soupçonne d’être une hibakusha (irradiée). Sa famille tente donc de prouver, grâce à des journaux croisés des évènements (ceux de Yasuko et de son oncle, Shigematsu Shizuma), que la jeune fille n’est pas infectée. D’ailleurs, elle ne présente aucun symptôme de la maladie. 

Les fleurs d'Hiroshima. Edita Morris

Les fleurs d'Hiroshima. Edita Morris. J'ai Lu, 128 p. (2000)

Les fleurs d'Hiroshima tient son titre des fleurs blanches qui servent à rendre hommage aux victimes de la bombe atomique. L’histoire nous conduit 15 ans après le bombardement de la ville martyre. Celle-ci a bien changée. De nouvelles familles sont venues la repeupler et des quartiers entiers sortent de terre. Les nouveaux arrivants n’ont pas subis les blessures physiques et les traumatismes des hibakushas (irradiés). Un américain, Sam Willoughby, venu au Japon pour son travail prend pension chez une famille japonaise. Il s’agit de Yuka, la narratrice. En dépit des efforts de ses hôtes pour respecter la loi de l’omerta, le jeune américain finit par découvrir les souffrances qu’endurent ses survivants : maladie, stérilité, malformations, ostracisme… Edita Morris est une journaliste et romancière d’origine suédoise. Les fleurs d'Hiroshima est paru aux Etats-Unis en 1959 et en France, deux ans plus tard. Il a été traduit dans une trentaine de langues. 

Hiroshima mon amour. Marguerite Duras

Hiroshima mon amour. Marguerite Duras. Folio, 176 p. (1972)

Hiroshima mon amour est un scénario de film écrit par Marguerite Duras pour Alain Resnais. Le film est donc sorti avant le livre, soit respectivement en 1959 et en 1960. Il s’agit d’une histoire d’amour entre une actrice française qui se rend au Japon, en 1957, pour tourner un film sur la paix et un architecte japonais, ancien conscris dont la famille a été victime de la bombe. Tandis que l’homme évoque les ravages d’Hiroshima, la femme raconte son adolescent à Nevers pendant la seconde guerre mondiale. Elle lui confie qu’elle a été tondue à la libération parce qu’elle entretenait une relation avec un soldat allemand. Les dialogues sont volontairement répétitifs et une phrase revient sans cesse en leitmotiv : "Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien." Présenté au Festival de Cannes en 1959, le film fait scandale car d’aucuns craignent qu’il n’heurte la sensibilité américaine. Le film a été adapté au théâtre en 2019 par Bertrand Marcos avec Fanny Ardent dans le rôle principal. 

Lumière pâle sur les collines. Kazuo Ishiguro

Lumière pâle sur les collines. Kazuo Ishiguro. Folio, 304 p. (2009)

Ce roman de Kazuo Ishiguro évoque, en toile de fond, le drame de Nagasaki, sa ville natale. La narratrice Etsuko vit en Angleterre et vient de perdre l’une de ses filles, Keiko, qui s’est suicidée. Sa fille cadette, Niki, née d’un second mariage, est venue la soutenir. Ensemble, elles évoquent le passé au Japon et en particulier, une famille voisine avec laquelle Etsuko s’était liée d’amitié. Ce roman, qui aborde le thème de la culpabilité parentale, décrit la vie quotidienne dans la Ville martyre de Nagazaki et le traumatisme de l’après-guerre. Publié en 1982, Lumière pâle sur les collines est le premier roman de Kazuo Ishiguro. Il a été récompensé par le Winifred Holtby Memorial Prize, un prix décerné par Royal Society of Literature. Kazuo Ishiguro a reçu le prix Nobel pour l’ensemble de son œuvre en 2017.


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