Mohawk. Richard Russo
Mohawk est une bourgade de l’Etat de New-York qui doit sa prospérité passée à l’industrie et au commerce de la tannerie. A la fin des années 60, lorsque débute le roman, la récession économique a déjà fait des ravages, à l’instar des cancers dus au taux de pollution. Autant dire que l’avenir ne se présente pas sous les meilleurs auspices.
Dans ce contexte, Richard Russo dresse le portrait de trois familles : les Grouse, les Wood et les Gaffney. Autour d’eux gravitent une série de personnages secondaires qui donnent vie à cette communauté fictive. Parmi eux, il y a Harry Saunders, le propriétaire du "Diner", lieu de sociabilité privilégié des habitants de Mohawk. C’est d’ailleurs dans son restaurant que le romancier américain a choisi de placer sa première scène. On y fait la connaissance de Wild Bill Gaffney, un handicapé mental, et de son oncle, le flic de la ville.
Dallas Younger, l’ex-mari de la belle Anne Grouse, est également un habitué de l’établissement. Ce n’est pas un mauvais gars mais c’est un joueur compulsif à qui on peut difficilement faire confiance. Il entretient peu de relations avec son Fils, Randall, un enfant trop intelligent pour l’endroit. Il vit depuis peu chez ses grands-parents avec sa mère. Après son divorce, Anne était partie vivre à New-York mais la maladie de son père, Mather Grousse, atteint d’emphysème pulmonaire, l’a incitée à retourner dans sa ville natale.
Mather avait d’autres ambitions pour sa fille unique qu’un mariage raté avec péquenaud et un emploi sans avenir dans une ville sinistrée. Mais Anne n’est pas revenue uniquement pour son père. Elle est amoureuse, depuis de longues années, de Dan Wood, le mari de sa cousine Diana. Il est aujourd’hui coincé dans une chaise roulante et les finances ne sont pas au beau fixe. Diana doit par ailleurs s’occuper de sa mère octogénaire, hypocondriaque et despotique. Tous ces protagonistes tentent de mener leurs barques, en dépit des aléas de la vie et des vilains secrets qui pourrissent l’ambiance.
La première partie du roman est la moins rythmée car l’écrivain prend le temps de placer tous ses pions. Dans la seconde, les évènements qu’il a mis en place font boules de neige jusqu’aux drames, qu’ils soient publics ou dans l’intimité des protagonistes.
Mohawk est le premier roman de Richard Russo. Il est paru en 1986 aux Etats-Unis soit une quinzaine d’années avant Le déclin de l'empire Whiting, le chef-d’œuvre de l’auteur, pour lequel il a reçu le Prix Pulitzer de la Fiction en 2002. On y trouve déjà un certain nombre d’éléments récurrents et de thématiques qui lui sont chères : la ville jadis florissante dont le cœur est le restaurant grill, les destins sans avenir, les joueurs invétérés, l’alcool, les magouilles, etc. Richard Russo est un grand metteur en scène de la comédie humaine. Il prend clairement plaisir à peintre la société américaine populaire dans ce qu’elle a de plus sombre. Ses romans ne sont pas trop pesants pour autant car il y a toujours une valve de décompression humoristique.
📚J’ai lu ce roman en compagnie de Keisha qui m’a entraînée, pour mon plus grand plaisir, dans un véritable marathon de lecture autour de l’œuvre de Richard Russo. Je suis un peu en retard par rapport à ma co-lectrice qui a déjà lu presque toute l’œuvre de l’écrivain américain. Mohawk me permet de valider une étape d’un autre défi personnel, le challenge 50 États en 50 romans.
La traduction française de ce roman est actuellement épuisée chez l’éditeur. Il faut donc l’emprunter en bibliothèque où la trouver dans une librairie qui l’aurait encore en stock. Pour ma part, j’ai choisi de lire la version originale. Il existe une suite, qui n’en est pas vraiment une, intitulée Quatre saisons à Mohawk. Si j’ai bien compris, le décor est toujours la petite ville de Mohwak mais les protagonistes sont différents.
📝Du même auteur sur ce blog: Un rôle qui me convient (Straight Man, Random House, 1997), Le Déclin de l'empire Whiting (Empire Falls, Alfred A. Knopf, 2001) et Trajectoire (Trajectory: Stories, Alfred A. Knopf, 2017).
📌Mohawk. Richard Russo. Vintage, 432 pages (Rééd. 1994) / Quai Voltaire, 448 pages (2011)
Quatre saisons à n'est pas vraiment une suite. Il t'en reste une série de deux, en faisant attention à l'ordre .
RépondreSupprimerIl se lit bien en anglais, exact.
Je crois qu'il m'en reste bien plus que ça. J'ai lu Les Sortilèges du Cap Cod, il y a quelques années. En ne comptent que les fictions, il me reste donc Quatre saisons à Mohawk, Le Pont des soupirs, À malin, malin et demi, Et m*** !, Retour à Martha's Vineyard, Le Phare de Monhegan et Somebody's Fool (non traduit). Je ne pense pas tout lire cette année !
SupprimerAh mais oui, Nobody's fool, everybody's fool (trop bien ces deux) somebody's fool (je veux le lire). Ailleurs est plus autobiographique (coup de coeur). J'ai repéré le phare de monhegan à la bibli, mais ce sont des nouvelles, ça attendra l'année prochaine.
SupprimerPeut-être en janvier ^_-
Supprimerune belle lecture commune!
RépondreSupprimeroui, c'est très agréable de partager ses impressions et Russo est un écrivain qu'on a envie de suivre
Supprimerun très grand auteur pour moi, je vais continuer de lire son oeuvre. je n'ai encore lu que "le déclin de l'empire Whiting"
RépondreSupprimer"Le déclin" reste mon préféré, pour l'instant mais je suis loin d'avoir lu tous les livres de Russo
SupprimerEn lisant le début de ton billet, j'ai en effet pensé immédiatement au "Déclin...". Du coup, tu n'a pas trouvé l'histoire trop redondante ?
RépondreSupprimerOui, ça y ressemble vraiment beaucoup. Je ne me suis pas ennuyée pour autant grâce au style de l'auteur, son regard sur la société américaine et ses personnages sont attachants.
Supprimerj'avais adoré Un homme presque parfait (Nobody's Fool) et je m'étais promis de continuer à le lire puis finalement non.. J'ai eu le déclin dans ma PAL mais j'ai fini par le donner. Je vais me rattraper avec Mohawk du coup !
RépondreSupprimerQuand même, s'il fallait choisir, je lirais plutôt "Le déclin"
SupprimerComme j'aimerais que mes journées durent 48 h et mes nuits 2 petites heures, pour avoir ou prendre le temps de découvrir tous ces grands auteurs américains. Chaque année je le dis que je vais lire moins de littérature Française, et chaque année, mon bilan de littérature étrangère est bien mince.
RépondreSupprimerIl y a tellement de tentations ! Je fais des programmes et des listes que je ne respecte jamais
SupprimerJ'ai lu plusieurs de ses romans, je ne m'en lasse pas... Il faut juste que je m'y retrouve entre les titres pour savoir lesquels je n'ai pas lu !
RépondreSupprimerPour l'instant, je n'ai jamais été déçue
SupprimerEt encore un auteur que je ne connais pas. J'en rencontre beaucoup chez Keisha !
RépondreSupprimerDans ce cas je te le recommande vivement
SupprimerJ'aime bien la recette Russo moi aussi, les histoires et relations autour d'une galerie de personnages d'une petite bourgade américaine. Le prochain que je lirai, c'est Un homme presque parfait, mais je ne sais pas encore quand je vais pouvoir le caser...
RépondreSupprimer"Un homme presque parfait" se démarque pas mal du "Déclin" et de "Mohawk". On est davantage dans le vaudevillesque.
SupprimerJe suis en pleine lecture de "Quatre saisons à Mohawk". Si la ville est la même, l'histoire n'a rien à voir en effet, même si avec Richard Russo on retrouve des personnages types de roman en roman. Il ne m'a pas encore déçue.
RépondreSupprimerEffectivement, il a quelques personnages types et des thèmes fétiches aussi mais, comme tu le dis, ce n'est jamais décevant.
SupprimerMa PAL étant ce qu'elle est, je vais opter pour Le déclin, mais je vois que l'auteur ne déçoit pas avec ce roman aussi.
RépondreSupprimerVraiment, les deux sont très bien.
SupprimerJe vais commencer par lire Le déclin de l'empire Whiting avant de me pencher sur un autre roman de l'auteur.
RépondreSupprimerExcellent choix ! (mais j'aurais dis pareil pour les autres livres de Russo).
SupprimerAvoir réussi à ne pas faire plombant avec de tels thèmes, c'est un mini-exploit qui appelle à lecture :)
RépondreSupprimerJ'ai toujours plaisir à lire Richard Russo
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