💪J’ai sélectionné ce roman pour participer à la 3ème édition de l’American Year organisée par Belette. Or, il s’avère qu’il s’agit sans doute du plus islandais des romans étatsuniens ! Nathaniel Ian Miller, qui s’est fait connaitre avec L’Odyssée de Sven, semble avoir une appétence particulière pour les pays du nord de l’Europe. J’ai trouvé l’écrivain américain assez convaincant pour consulter sa biographie. J’ignore toujours s’il a vécu près du cercle arctique mais il a été journaliste, avant de s’installer dans le Vermont où il possède une ferme. Cette information est importante car Dans nos pierres et dans nos os est un roman rural traitant de la transmission.
Orri, le jeune héros de ce récit d’apprentissage habite dans une région isolée à l’ouest de l’Islande. Sa mère (Mamma) est enseignante-chercheuse dans une petite université de province et son père (Pabbi) gère une ferme rustique dédiée à l’élevage bovin. C’est un homme taiseux et pétri de principes. Il ne fait rien comme ses voisins car il lui tient à cœur de traiter correctement ses animaux. Il est évidemment confronté à des problèmes cornéliens sachant qu’il n’élève pas de vaches laitières islandaises mais des Galloway, une race destinée à la viande. Son chien n’est pas un Border Collie, comme il est de tradition chez les bergers du coin. Il a préféré adopter Rykug, est une chienne d’origine australienne. Le titre du roman en version originale y fait référence : Red Dog Farm.
Orri s’est inscrit à l’Université de Reykjavík où Amma, sa grand-mère juive d’origine lithuanienne, peut l’accueillir. Mais notre jeune héros a très vite le mal du pays. Les vacances de printemps sont un excellent prétexte pour retourner à la maison, d’autant que c’est une période de forte activité à la ferme.
Nous sommes en 2012, soit 4 ans après la crise financière qui a entraîné la faillite de nombreuses exploitations agricoles et fermières. Nathaniel Ian Miller, qui est lui-même éleveur aux Etats-Unis, s’étend longuement sur les difficultés du métier. Les conditions climatiques extrêmes de l’Islande s’ajoutent aux aléas sanitaires, l’obsolescence du matériel, les risques d’accidents liés à la fatigue, etc. Ses longues digressions sur les conditions de travail dans le froid, la pluie, la boue, le sang et les excréments annihilent toutes visions romantiques de la vie rurale en général et de campagne islandaise en particulier.
J’ai été bluffée par la puissance d’évocation de Nathaniel Ian Miller. L’immersion est totale, d’autant qu’un guide à la fin du livre permet de prononcer correctement les noms de lieux. Les paysages sont bruts mais grandioses. L’abnégation des personnages est admirable. Elle est portée par l’amour d’autrui et de la nature. Je suis sortie un peu sonnée de cette lecture mais aussi avec un sentiment d’espoir vis-à-vis de la nature humaine.
📚D'autres avis que le mien via Babelio
📌Dans nos pierres et dans nos os. Nathaniel Ian Miller, traduit par Emmanuelle Heurtebize. Editions Buchet Chastel, 362 pages (2025)






