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Le Dernier voyage de Momoko Hidaka. Chisako Wakatake

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Momoko vit seule depuis la mort prématurée de son mari. Son fils et sa fille ont pris leur distance depuis longtemps et elle ne voit que rarement ses petits-enfants. Notre veuve septuagénaire trompe sa solitude en se remémorant son passé et en soliloquant avec ses divers voix imaginaires qu’elle compare à des "villosités". Elle évoque sa jeunesse à la campagne, sa fuite à Tokyo pour échapper à un avenir tout tracé, ses rêves d’indépendance, ses débuts difficiles dans la capitale, les petits boulots dans la restauration, la désillusion, la solitude déjà, puis la rencontre salvatrice avec son futur époux et sa vie de mère au foyer.  Sachant que j’ai multiplié les déconvenues en matières de lectures ces derniers temps, j’ai voulu me tourner vers un roman court et dépaysant. J’ai une appétence pour les écrivains asiatiques et j’avais envie de découvrir enfin le catalogue des éditions Nami. J’avoue que certains titres publiés par cet éditeur me laissaient un peu dubitative mais je

Ulysse & Cyrano. Servain, Cristau et Dorison

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📚Après quelques mésaventures, je suis enfin parvenue à télécharger cette bande dessinée sur ma liseuse via le catalogue numérique de la bibliothèque municipale. Je l’avais remarqué, au début de l’été, dans ma librairie de quartier mais c’est l’avis de Fanja qui a achevé de me convaincre. Je ne connaissais pas vraiment Stephane Servain, le dessinateur, ni Antoine Cristau. En revanche j’apprécie beaucoup le travail scénaristique de Xavier Dorison, pour avoir suivi avec enthousiasme, la série qu’il a publiée en collaboration avec Alex Alice, Le Troisième testament . Pour revenir à Ulysse & Cyrano , c’est évidement le titre de l’album qui a d’abord attiré mon attention. J’étais curieuse de découvrir dans quelles circonstances improbables les auteurs de la BD avaient pu réunir ces grands noms de la littérature classique dans un roman graphique ? Je lève tout de suite le mystère : les noms des deux héros ont été attribués à des protagonistes dont les destins n’auraient jamais dû se cro

Le parfum des poires anciennes. Ewald Arenz

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Le titre français (certes, plus parlant qu' Alte Sorten en V.O) est déjà un indice qui fait soupçonner l’aspect Feel Good du livre avec peut-être ses atouts et ses défauts. L’éditeur a néanmoins cru bon d’ajouter, sur la couverture, un commentaire de la romancière Valérie Perrin que je cite : « Un roman éblouissant que l’on savoure avec les cinq sens. ». Là, j’ai juste envie de dire : arrêtez  d’ajouter ce type de bandeaux dithyrambiques, c’est agaçant ! Au moins celui-ci n’est pas totalement fallacieux.  Oui, j’ai apprécié l’immersion visuelle, olfactive et sensorielle dans la campagne allemande, ainsi que l’histoire d’amitié improbable entre la jeune fugueuse anorexique et l’agricultrice solitaire qui l’accueille dans sa ferme. La quinquagénaire et l’adolescente s’apprivoisent lentement (un peu à la manière du Petit prince et du renard de Saint Exupéry). Les travaux de plein air et la nature épanouie d’un été finissant participent à cette réparation mutuelle. Les héroïnes ont ce

Tokyo revisitée. David Peace

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Je suis ressortie déçue et frustrée de cette lecture que je n’ai d’ailleurs pas pu terminer malgré mes nombreuses tentatives. Cela faisait pourtant longtemps que je voulais lire David Pearce et je suivais de loin ses parutions depuis la sortie de son fameux "Quatuor du Yorkshire" ( 1974 , 1977 , 1980 et 1983 ) chez Rivages. Le temps a passé (trop) vite et l’écrivain britannique a publié de  nombreux ouvrages depuis ce premier succès. Sa trilogie consacrée à Tokyo ( Tokyo année zéro , Tokyo, ville occupée et Tokyo revisitée ) avait tout pour me séduire : le cadre géographique de la capitale nippone, le contexte historique de l’occupation américaine après la seconde guerre mondiale et le genre policier. La proposition de lecture partagée d’ Ingannmic , dans le cadre du challenge Sous les pavés, les pages était donc idéale pour me lancer enfin. Le fait de commencer par le troisième volet de la série n’était pas non plus un obstacle sachant que chaque tome du cycle s’inspire d

Le Liseur. Bernhard Schlink

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A l’âge de quinze ans, Michaël Berg tombe malade et s'effondre dans la rue en rentrant du lycée. Une jeune femme, Hanna Schmitz, se porte à son secours, le conduit chez elle, le couche dans son lit et le soigne. Elle a 20 ans de plus que le jeune homme. Pourtant, ils tombent amoureux. Chaque jour, Michaël lui rend visite et un étrange rituel se met en place. Hanna souhaite qu'il lui fasse la lecture à haute voix. L'adolescent ne sait presque rien de sa maîtresse, sauf qu'elle est contrôleuse dans une compagnie de tramway. Il ignore même qu'elle est analphabète. Au bout de six mois, Hanna disparaît mystérieusement. La première partie du roman s'achève là. On retrouve Michaël Berg sept ans plus tard. Il est étudiant en droit. Dans le cadre de ses études, il assiste au procès d'anciens nazis. Au banc des accusés : Hanna, son ancienne maîtresse, convaincue de crime de guerre. Les témoins défilent et les dépositions accablantes s'accumulent. A la stupeur et a

Kornwolf. Tristan Egolf

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Peut-être avez-vous remarqué que je ne suis pas du genre à m'enthousiasmer facilement pour un livre ou un auteur. Il n'empêche qu'il m'arrive de m'enticher d'une œuvre ou d'un écrivain. Tristan Egolf fait partie de ceux-là. Malheureusement, le jeune auteur américain s’est suicidé en 2005 et Kornwolf est un titre posthume, paru après le fameux Seigneur des porcheries et le moins connu Jupons et violons .  Tristan Egolf raconte l'histoire d'Owen Brynmor, sans doute son alter ego, jeune journaliste rentré au pays après une carrière professionnelle tumultueuse et une vie quelque peu débridée. Stepford est une petite ville du "Pennsyltucky", une zone rurale située, sur la ligne Mason/Dixon, entre Philadelphie et Pittsburgh. Les Américains eux-mêmes considèrent cette région comme l’une des plus arriérée de l'Amérique profonde. Elle doit son nom à la migration massive, à la fin du 19ème siècle, des Pennsylvaniens de l’Ouest vers le Kentucky.

Le vampire de Ropraz. Jacques Chessex

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En ce début d'année 1903, en pays Vaudois ressemble à un long hiver froid. Ropraz, village replié sur les hauteurs de Lausanne, ne compte que quelques centaines d'âmes. Ici, les mœurs sont le reflet de leur environnement: arriérées. Les hommes se calfeutrent, s'épient, se méfient... Et puis c'est le drame. Odieux. Inimaginable. Un malheur qui va déchirer cette communauté superstitieuse. La fraîche Rosa, fille du juge de paix, est emportée par une méningite. Elle meurt à l’âge de 23 ans. Le 19 février, jour de l'enterrement, les villageois sont tous venus la pleurer. Un cortège s'étire tristement depuis les hameaux les plus reculés. Fin d'une vie, fin de l'histoire? Hélas, non. Deux jours plus tard, François Rod et son fils, venus se recueillir sur la tombe de la jeune fille, sont témoins d'un spectacle sans nom. La sépulture de Rosa Gilliéron a été profanée. Le cadavre a été violé, ses membres arrachés, certaines parties du corps mastiquées et recrac

Halloween Blues. Kas et Mythic

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Cette série est aujourd’hui disponible en version intégrale mais elle est d’abord parue en 7 volumes. Son originalité tient au principe de la double intrigue. Chaque album constitue un épisode indépendant, mais reste relié aux autres par une énigme conductrice dont la clé ne sera livrée que dans le dernier volume. L’idée est très séduisante pour le lecteur ainsi débarrassé de la frustration de l’attente (parfois très longue) entre deux albums et néanmoins tenu par le fil conducteur de la série. Pour ma part, je ne vous dévoilerai que le scénario de la première partie intitulé Prémonitions . Après s’être illustré à la guerre sous les ordres de Patton, le capitaine Forester Hill est devenu inspecteur de police à New Salem. Son épouse, la célèbre actrice Dana Anderson, a été assassinée quelques semaines plus tôt. Le jour du drame, lorsque la police est arrivée sur les lieux, Forester légèrement blessé à la tête, était en état de choc et incapable de faire un récit cohérent des faits. Appa

La villa des mystères. Federico Andahazi

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Je profite de cette période, proche des fêtes d’Halloween et de la Toussaint, et donc propice aux lectures fantastiques, pour vous présenter un roman de Federico Andahazi. C’est un écrivain d’origine argentine qui gagne à être connu. Sa Villa des mystères , en tout cas, est un petit bijoux qui devrait enchanter les amateurs de littérature gothique. L’auteur revisite l’histoire du genre en s’inspirant d’une anecdote bien réelle. En 1816, Lord Byron quitte l'Angleterre pour échapper aux scandales qui entachent sa vie personnelle. Il est accompagné de son secrétaire, le docteur Polidori qui n'a pas encore écrit son Vampire . En Suisse, ils font la connaissance des Shelley et de Claire Clairmont. La petite troupe séjourne à la Villa Diodati, sur les bords du lac Léman. C'est durant cet exil que Mary Shelley aurait donné naissance à Frankenstein .  C'est un été pourri et les hôtes de la Villa Diodati s'ennuient mortellement. Ni les conversations nocturnes, ni les parties

L' Ancre de miséricorde. Pierre Mac Orlan

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Au temps de la navigation à voile, l'ancre de miséricorde était celle de la dernière chance. Dans le roman de Pierre Mac Orlan c'est l'enseigne du père Morgat, propriétaire d'une boutique de fournitures marines dans la rue de Siam à Brest.  Nous sommes en 1777. Son fils, Yves-Marie Morgat dit Petit Morgat, étudie les mathématiques et la géométrie au collège des Jésuites. Il aspire à entrer à l'école d'artillerie et rêve de prendre la mer. Lorsque l'adolescent apprend le retour de Petit-Radet, un terrible pirate qui était passé pour mort, son imagination va bon train.  Yves-Marie se lie d'amitié avec Jérôme Burns, chirurgien de marine et aventurier repenti, mais aussi avec Jean de la Sorgue (c'est-à-dire Jean de la Nuit dans l'argot des voleurs), un criminel qui purge une peine au bagne de Brest. Celui-ci parvient à convaincre le jeune Morgat de l'aider à retrouver Petit-Radet, dont il souhaite se venger. Ce récit initiatique (le héros n’a qu