Cette belle vie qui nous attend. Thierry Maricourt

Cette belle vie qui nous attend. Thierry Maricourt


J’ai trouvé cet opus dans le rayon polars de ma librairie favorite mais je sais maintenant qu’il y avait atterri par hasard. Si j’avais lu la quatrième de couverture en entier, j’aurais compris qu’il s’agit d’un récit postapocalyptique destiné à dénoncer nos multiples dérives. Je l’ai embarqué parce que l’auteur a vécu à Amiens et que l’intrigue se déroule dans cette ville. 

Lorsque j’ai commencé ma lecture, je ne m’attendais pas du tout à un récit hallucinatoire. C’est un univers cauchemardesque qui nous est décrit, peuplé d’êtres humains fantomatiques  et rongés par la maladie. La ville que je connais aujourd’hui a disparu sans qu’on ne sache exactement quand ni pourquoi. Le narrateur, père d’un garçon de 10 ans, se laisse entrainer par sa nouvelle compagne dans les méandres de la cité ravagée. Ils sont invités à se joindre à une ronde d’individus promettant un avenir radieux illusoire sur les décombres du monde ancien. 

C’est un roman étrange et malaisant dont je comprends et respecte les intentions mais que je n’ai pas lu avec plaisir. Le livre est très court puisqu’il ne compte qu’une soixante de pages. Il invite néanmoins à un décryptage et à une réflexion plus dense. 

💪C’est une ultime participation au challenge objectif SF organisé par Sandrine et ma première proposition pour le challenge des Gravillons sur le blog de La Petite Liste . 

📌Cette belle vie qui nous attend. Thierry Maricourt. Editions Ginkgo, 64 pages (2025)

Gravillons +objectif SF 2025


Sous les eaux d'Avalon. Michael Connelly

Sous les eaux d'Avalon. Michael Connelly


Exit Harry Bosch (Les Egouts de Los Angeles et tomes suivants), Renée Ballard (En attendant le jour), l’avocat Mickey Haller (La Défense Lincoln) et le journaliste Jack McEvoy (Le Poète) ! Michael Connelly nous prouve cette fois encore qu’il en a sous le capot en créant un autre héros. Il s’agit de l’inspecteur Stilwell, shérif du port d’Avalon sur l’île de Santa Catalina. C’est un ancien agent de l’unité des Homicides du LAPD. Cet électron libre a été évincé des services de police du continent suite à un conflit avec un collègue. Celui-ci l’a poussé à enfreindre les ordres de sa hiérarchie entrainant sa mutation disciplinaire à Santa Catalina.  Au final, Stilwell n’est pas si malheureux même si l’endroit est plutôt calme. En période touristique, on ne compte guère que de petits délits… enfin, en théorie, car on est jamais à l’abri d’un crime de sang ! 

« Ils continuèrent d’avancer dans l’ombre de la coque de l’Aurora, s’enfonçant dans les profondeurs du port. Le corps – si c’en était bien un – se trouvait neuf mètres sous la surface, et tel que le leur avait décrit Abbott : à savoir une forme humaine gonflée et dépassant de ce qui ressemblait à un grand sac noir maintenu par une corde torsadée et une lourde chaîne dont l’ancre était accrochée à une bande de corail. De longs cheveux noirs flottaient librement dans l’eau et Stilwell vit qu’ils étaient attachés à un crâne blanc. À mesure qu’il se rapprochait, il eut l’impression d’avoir affaire à un macabre déploiement de ballons fouettés par le courant au fond du port. »

La victime est méconnaissable à cause de son séjour prolongé sous l’eau. De toute façon, les moyens de Stilwell sont limités en hommes et en matériel. Il doit céder l’enquête à son rival de Los Angeles, l’inspecteur Rex Ahearn et se concentrer sur une affaire de mutilation animale. Or, une histoire de cambriolage au club du Marlin noir, un lieu très select dont les membres se transmettent la carte de génération en génération, va lui donner l’occasion d’interférer dans les investigations de son homologue de Los-Angeles. Les frictions entre les deux flics ne sont pas prêtent de s’apaiser d’autant qu’ils n’ont pas le même point de vue sur la manière de mener l’enquête.

Cette série me semble très prometteuse. J’aime beaucoup le contexte. Santa Catalina, cette petite île au large de L.A, n’est peut-être pas si paradisiaque qu’il n’y parait au premier abord. Les personnages récurrents tiennent la route et j’ai trouvé cette première intrigue plus rythmée que le dernier tome des Bosh/ Ballard, A qui sait attendre. Sachant que Michael Connelly raffole des Crossover, nous savons déjà que l’inspecteur Stiwell sera amenée à collaborer avec d’autres personnages récurrents, dont Renée Ballard dans une enquête intitulée Ironwood en V.O. (à paraître aux Etats-Unis en mai 2026). 

💪J’ai lu ce roman dans le cadre des challenges American Year chez Belette et Un hiver polar sur ce blog. Il me permet de participer au bingo meurtrier et de valider les mots Vengeance et Féminicide.

📌Sous les eaux d'Avalon. Michael Connelly, traduit par Robert Pépin. Calmann-Levy, 400 pages (2025)

Challenges An American Year + Un hiver polar


Death on the Trans-Siberian Express. C J Farrington

Death on the Trans-Siberian Express. C J Farrington


J’ai choisi ce roman policier pour sa destination sibérienne et l’allusion au Crime de l’Orient Express d’Agatha Christie. Dans les faits, s’il y a bien un crime à bord du mythique Transsibérien, l’essentiel de l’intrigue se déroule dans le petit village de Roslazny à quelques encablures de Novossibirsk, au Km 3335 de la ligne de chemin de fer. Le Transsibérien parcourt plus de 9000 km et traverse 990 gares entre Moscou et Vladivostok mais ne s’arrête pas dans toutes les stations. Le voyage dure une semaine. Chaque wagon est placé généralement sous la responsabilité d’un Provodnik ou d’une Provodnitsa, chargé(e) de l’accueil des passagers, du contrôle des billets, de l’entretien de la voiture et bien sûr du bon fonctionnement du Samovar collectif.  

L’héroïne, Olga Pushkin*, est ingénieure ferroviaire de 3ème classe. Elle intervient dès qu’un problème survient sur les voies.  Son chef, Viktor Fandorin, est un misogyne autoritaire et sans finesse, qui bloque toute velléité de promotion des personnels techniques féminins.  Son attitude ne choque guère les autres mâles du coin, pour la plupart des phallocrates imbibés de Vodka, nostalgiques du tsarisme ou fervents supporters du régime en place. Ici, comme ailleurs en Russie, la société est gangrénée par la corruption et l’emprise des oligarques. C’est dans cette atmosphère délétère qu’Olga tente de faire sa place. Elle économise tout son argent pour s’inscrire à l'université de Tomsk où elle espère suivre des cours d’écriture. Tandis qu’elle rêve de devenir écrivain, elle doit gérer un quotidien bien lourd, entre le soutien financier de son père alcoolique, les courses hebdomadaires de la tante Zia, les problèmes domestiques de son amie Anna Kabalevsky et un corbeau qui lui envoie des lettres d’insultes.  Son frère Pasha s’est engagé dans l’armée et donne rarement de ses nouvelles.

Tout commence par un appel de Viktor Fandorin lui signalant un problème d’aiguillage au niveau de la jonction 62. Olga se rend immédiatement sur zone pour régler le problème. Pour une fois, les anciens enseignements de son père s’avèrent efficaces et la panne est réparée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Mais sur le chemin du retour au poste, en fait la cabane du garde barrière, Olga est percutée par un corps éjecté du Transsibérien en marche. Elle a heureusement eu le temps d’envoyer un appel radio d’urgence (on ne fait pas de vieux os dans le froid sibérien).  Vassily Marushkin, qui vient de prendre ses fonctions au commissariat de Roslazny, file immédiatement sur le lieu de l’accident. Lorsqu’il arrive, son adjoint Anatoly Glazkov, est déjà sur place, penché sur la blessée. A côté d’elle, git le corps d’un jeune-homme. Son apparence et ses vêtements indiquent qu’il s’agit sans doute d’un touriste étranger. Il a été égorgé puis poussé à l’extérieur du Transsibérien. Sa bouche est pleine de pièces de 10 roubles. S’agit-il d’un message symbolique du meurtrier ? 

Lorsque j’ai compris que l’enquête ne se déroulerait pas à bord du Transsibérien, j’avoue que j’ai été un peu déçue. Mais en écrivant ce billet, je me suis rendue compte à quel point le roman est riche d’informations sur la mythique ligne de chemin de fer, la Sibérie et la société russe en général. L’auteur présente avec humour une galerie de personnages hauts en couleurs. On les voudrait caricaturaux pour la plupart mais j’ai bien peur que ça ne soit pas toujours le cas. Bref, le cadre est folklorique à souhait et très bien posé par l’auteur. Malheureusement, il me semble que le soin apporté au contexte est au détriment de l’intrigue policière. Aussi, malgré tout l’intérêt des détails politiques et sociaux, il y a des moments où je me suis ennuyée. L’affaire de meurtre est résolue sans qu’il n’y ait de véritable enquête et j’ai trouvé cela dommage. Pour autant, je pense que le roman ne déplaira pas aux amateurs de Cosy Mysteries. Il y a de fortes chances pour que les personnages récurrents s’épaississent encore et c’est tout l’intérêt du livre. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup de séries policières en cours et je ne suis pas sûre de privilégier celle-ci.

(*) les noms des personnages récurrents sont bien sûr orthographiés différemment dans la version française. Exemple : Olga Pushkin vs Olga Pouchkine. 

Les tomes de la série : 

  • Death on the Trans-Siberian Express (2021) / Mort sur le Transsibérien (Hugo Poche, 2023)
  • Blood on the Siberian Snow (2022)
  • Last Stop on the Murder Express (2023)

📚Un autre avis que le mien chez Patricia

📌Death on the Trans-Siberian Express. C J Farrington. Constable/ Little Brown, 336 pages (2021)

Bingo meurtrier

💪Grâce à ce roman, lu dans le cadre du challenge Un hiver polar, je valide aujourd'hui la case "Détective amateur" du bingo meurtrier, soit la 5ème sur les 24 de la grille et je reçois la "prime climatique" pour ce voyage romanesque en Sibérie.