Le Choeur des femmes. Martin Winckler

Le Choeur des femmes. Martin Winckler


💪 J’ai choisi de vous présenter ce roman émouvant dans le cadre du défi Juin, mois des Fiertés. Il me permet de participer également aux Pavés de l'été . Je ne vous dévoilerai pas de quelle manière l’intrigue s’inscrit dans la thématique LGBTQI+  mais sachez qu’elle en bien l’un des cœurs / chœurs. 

Jean Atwood (prononcer Jean à l’anglosaxonne comme pour l’actrice Jean Seberg) interne et major de promotion, se destine à la chirurgie gynécologique, une spécialité prestigieuse où dominent les hommes. Néanmoins, il lui faut d'abord effectuer un stage de six mois au sein de l'Unité 77 du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tourmens. C'est un coup dur pour quelqu’un d’ambitieux, formé dans le moule de la compétition permanente. Écouter à longueur de journées "les lamentations de stupides ménagères" qui ont mal au ventre, qui ont oublié leur contraception ou qui ont attrapé des MST, ce n'est pas son truc... du moins, apriori. Comme on l'imagine, cette expérience sera une véritable révélation. Il faut dire que le chef de service, Franz Karma, surnommé "Barbe-bleue" ou "le gourou du MLF" par les esprits chagrins, est un ami proche de Bruno Sachs, le protagoniste de La Vacation (P.O.L., 1989), de La maladie de Sachs (P.O.L., 1998) et des Trois médecins (P.O.L., 2004). Surtout, c'est un fervent défenseur des droits et de la psychologie du patient.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce pavé de plus de 600 pages se dévore à une vitesse surprenante. La raison principale en est qu'il contient une importante part de suspense liée à l'histoire personnelle du Dr Atwood qui cache bien des blessures intimes sous sa froide carapace. Par ailleurs, il faut bien admettre qu'on y apprend beaucoup sur le fonctionnement des hôpitaux comme sur les pratiques médicales dans les autres pays et même sur les maux des femmes. La question de l’identité sexuelle y est également abordée. Il faut d’ailleurs rappeler que cet ouvrage a été publié il y a plus de 15 ans et que les romans sur le sujet n’était pas si fréquents à l’époque.

Ceux qui connaissent Martin Winckler savent que c'est un fervent défenseur de la médecine dite alternative, où le praticien hospitalier est avant tout un soignant, et non un scientifique pédant et omniscient. Le chœur des femmes est une sorte de roman pamphlet en faveur d'une médecine humaine où l'écoute et la pédagogie apparaissent comme les qualités essentielles d'un bon soignant. Comme le titre du roman l'indique, l'auteur a choisi de donner la parole aux patientes. Ainsi les protagonistes principaux, les praticiens hospitaliers, s'effacent ils régulièrement pour mieux nous les faire entendre. Or, ces femmes sont en colère. En colère après les gynécologues pontifiants qui les maltraitent, les mandarins dégoulinant d'ambition et le corps médical formaté qui peuplent les C.H.U. On aimerait pouvoir dire que leurs histoires ne sont que fictions mais, il me semble qu'elles peuvent résonner en écho dans la mémoire de chaque patient(e).

Martin Winckler anime deux sites internet : le Winckler's Webzine, qui consacre une bonne partie de son contenu à l'information sur le système de santé, et Cavalier des touches, un blog dédié à l'écriture.

📌Le Choeur des femmes. Martin Winckler. Folio, 688 pages (2017)

Les challenges








Ce billet est recyclé de mon ancien blog.

Commentaires

  1. C'est vrai qu'il se lit facilement ce roman, j'avais complètement oublié qu'il faisait autant de pages. J'y ai trouvé cependant des aspects caricaturaux, notamment le final avec coups de théâtre comme s'il en pleuvait.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui, il y a des peut-être des maladresses mais c'est pour mieux servir le combat de l'auteur

      Supprimer
  2. Bravo pour ce premier pavé d'une route qui ira sûrement loin :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne suis pas très courageuse en ce moment mais je pense que les congés d'été vont me booster

      Supprimer
  3. C'est bizarre, je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais eu envie de lire ce titre ... Mais là, tu me rends curieuse de la voix de ces femmes !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui, c'est quand même dommage de passer à côté.. le sujet vaut qu'on s'intéresse à ce roman.

      Supprimer
  4. Un auteur que j'ai pas mal lu, tiens tiens, pourquoi pas ce titre?

    RépondreSupprimer
  5. Je n'ai lu que La maladie de Sachs, autour du travail d'un médecin de campagne... Je n'ai pas dit mon dernier mot, je pense lire celui-ci si l'occasion se présente.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Justement, je n'ai jamais lu La maladie de Sachs et je ne suis pas certaine d'avoir vu le film

      Supprimer
  6. J'avais beaucoup aimé ce roman, un des premiers à parler d'identité de genre que j'ai lus. Je pense que chaque femme peut y retrouver des situations vécues...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui et on s'aperçoit qu'une autre manière de soigner et d'accueillir les patient(e)s est possible

      Supprimer
  7. Bonjour je lis je blogue
    J'ai cherché s'il n'existerait pas une édition d'au moins 700 pages... Ja première édition (POL) en faisait moins encore que l'édition Folio. Il semble y avoir une édition espagnole (El canto de las mujer, trad. Adela Ortiz), mais je n'ai pas trouvé de précisions sur la pagination. Pas davantage que pour l'édition russe (женский хор) de 2013. Peut-être encore une édition en hindi dont je ne sais rien?
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu me fais rire, tadloiducine. Tu te donnes bien du mal. Ce n'est pas grave, j'ai encore du lourd (et de plus de 700 pages) dans ma PAL.

      Supprimer
  8. J'avais lu et adoré l'adaptation BD de Mermilliod. J'avais été profondément touchée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah tiens, je en connaissais pas ou je ne me souviens plus d'en avoir entendu parler.

      Supprimer
  9. il est dans ma PAL, je ne sais pas pourquoi je ne l'ai toujours pas lu!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Dans ce cas, je te le recommande. C'est un livre qui parle à toutes les femmes et qui devrait être lu par les hommes. Il me semble qu'il est aussi l'un des premiers aussi à avoir abordé le thème de l'identité sexuelle et du genre en littérature.

      Supprimer
  10. PHILIPPE25.6.25

    Totalement inconnu pour moi, mais ça me tente assez...
    Je vais aller voir ce blog dédié à l'écriture...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le roman est hautement instructif par rapport à la mentalité d'une grande partie du corps médical français et émouvant aussi

      Supprimer
  11. J'avais adoré ce livre ! Un vrai coup de coeur, une révélation même ! :) Et quelle surprise aussi dès le début car je lisais Jean à la française les premières pages.;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai eu le même sentiment que toi : un coup de coeur et une révélation par rapport à l'approche des praticiens hospitaliers

      Supprimer
  12. Il me tente depuis un moment même si je pense commencer par la BD qui se case plus facilement dans un emploi du temps. Une médecine plus humaine, ça me semble devenir de plus en plus urgent...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le livre est épais mais se lit facilement. On est surpris d'arriver si vite à la fin

      Supprimer
  13. C'est un auteur que je n'ai jamais lu mais souvent noté après avoir lu des chroniques ici ou là dans la blogo. Pourquoi pas commencer par celui- là mais ce ne sera pas pour tout de suite en tous les cas.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas lu les autres romans de Martin Winckler. Je ne peux donc pas te conseiller sur le choix du livre pour entrer dans son oeuvre. Celui-ci est très abordable, intéressant et émouvant.

      Supprimer
  14. Ce roman est sur ma Liste à lire depuis que j'ai lu son adaptation en BD. Il n'y aura pas de suspens donc...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. en général, je préfère lire le roman avant la BD. Pareil pour le film

      Supprimer
  15. 600 pages qu'on avale sans les voir passer , voilà qui me donne très envie!

    RépondreSupprimer
  16. Le seul roman de ce médecin que j'ai réussi à lire jusqu'au bout.

    RépondreSupprimer
  17. J'ai noté ce titre il y a un moment, mais j'ignorais que c'est un pavé, raison de plus pour le retenir... j'ai lu La ma

    RépondreSupprimer
  18. Zut, mon commentaire est parti... donc j'ai lu La maladie de Sachs, de cet auteur, il y a trèèès longtemps, et il m'avait marquée, par sa narration singulière mais aussi par son propos.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On en a beaucoup entendu parler à une époque mais je n'ai pas trouvé le bon moment pour le lire...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Pistes de lecture les plus fréquentées

L´Affaire de la rue Transnonain. Jérôme Chantreau

Les Doigts coupés. Hannelore Cayre

Mohawk. Richard Russo

Les Naufragés du Wager. David Grann

Jacob, Mimi et les chiens parlants. Muižniece & Brasliņa