Mer & océan dans la fiction asiatique

La mer et l’océan sont des thèmes récurrents dans la fiction asiatique. Il faut dire que les pays comme le Japon, la Corée, l’Indonésie ou la Malaisie sont riches en littoraux. L’archipel nippon, par exemple, est constitué par 6 852 îles (dont les principales (Hokkaidō, Honshū, Shikoku et Kyūshū, ainsi que les archipels Nansei et Nanpō). La Corée, quant à elle, s'étend principalement sur la péninsule de Corée et son territoire est entouré de nombreuses îles. Le pays compte trois façades maritimes sur la mer Jaune à l'ouest, le détroit de Corée au sud et la mer du Japon à l'est. Au Japon, on fête Umi no hi (littéralement  "Jour de la mer") le 3ème lundi du mois de juillet. Pour revenir à notre à notre bibliographie, j’ai choisi un éventail des genres est assez large, allant du roman à l’autobiographie en passant par le polar ou la bande dessinée (mangas et manhwas). Néanmoins, cette liste reste non exhaustive et vous trouverez sans doute d’autres ouvrages sur le même thème.

Les mensonges de la mer. Kaho Nashiki

Les mensonges de la mer. Kaho Nashiki. Picquier, 256 p. (2019)

Dans les années 1930, lorsqu’il était encore un jeune chercheur en géographie humaine, Akino s’est rendu sur une île située au Sud de Kyûshû au Japon. Il avait pour mission d’étudier les traditions et les croyances locales avant qu’elles ne tombent complètement en désuétude. Parti à la recherche des ruines d’un ancien monastère bouddhiste, le jeune homme prend le temps d’observer la faune et la flore, interroger les habitants, de s’imprégner de l’ambiance du lieu, en somme. Or, c’est un peu comme si le temps s’était arrêté dans cet endroit éloigné du reste de l’archipel. Et pourtant… quelques décennies plus tard, tout a changé. La petite île d’Osojima a dévoilé son potentiel touristique. Les mensonges de la mer est le premier roman de Kaho Nashiki traduit en français. Il n’est pas sans rappeler le film de Naomi Kawase, Still Water, sorti en 2014. On pense aussi au manga d’Asuka Ishii, L’île entre deux mondes, dont le premier tome est paru en avril 2021. Kaho Nashiki, quant à elle, vient de publier un second roman chez Picquier intitulé L’été de la sorcière

L'île de Tôkyô. Natsuo Kirino

L'île de Tôkyô. Natsuo Kirino. Seuil, 288 p. (2016)

Ce roman de Natsuo Kirino a de quoi surprendre à plus d’un titre (c’est le moment de le dire). Tout d’abord, la romancière japonaise sort un peu de son cadre habituel puisqu’il ne s’agit pas ici d’un roman policier à proprement parler. Certes, l’intrigue invite à un huis clos doublé d’une disparition inexpliquée, mais le reste du livre est plutôt éloigné des codes du genre. Ensuite, le titre du roman, L'île de Tôkyô, a de quoi perturber le sens géographique du lecteur. Vous l’aurez compris néanmoins, il ne s’agit pas de la capitale nippone mais d’une simple référence. Tôkyô est le nom qu’un groupe de naufragés a donné à l’île sur laquelle ils ont échoués. Les premiers arrivés sont Kiyoko et son mari Takashi dont le voilier a fait naufrage 5 ans plus tôt. L’endroit est alors inhabité mais une partie de l’île servait semble-t-il de décharge pour des produits radioactifs. Plus personne n’y met les pieds volontairement depuis longtemps. Le couple est donc coincé dans ce lieu éloigné situé quelque part au large des Philippines. Pourtant, à peine trois mois après le drame, ils sont rejoints par un groupe de jeunes travailleurs qui tentaient de s’évadés de l’île de Yonaguni où ils étaient exploités. Quelques années plus tard, c’est au tour d’un groupe de migrants clandestins chinois d’être débarqués manu militari sur l’île parce qu’ils étaient dans l’incapacité de payer leurs passeurs. Dès lors, l’ancienne île déserte, est divisée en deux parties. (Tokyo pour les Japonais et Hong Kong pour les Chinois) et la vie s’organise tant bien que mal, autour des personnages les plus charismatiques. 

L'Équation de plein été. Keigo Higashino

L'Équation de plein été. Keigo Higashino. Babel, 448 p. (2016)

Keigo Higashino est considéré comme l’un des maîtres du roman policier japonais contemporain. Il est l’auteur d’une soixantaine de romans, sans compter les recueils de nouvelles. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées à l’écran et récompensées par des prix littéraires. En France, l’écrivain japonais a reçu le prix du meilleur roman international du Festival Polar de Cognac 2010 pour La maison où je suis mort autrefois. L'Équation de plein été est le troisième tome de la série Kusanagi- Yukawa, après Un café maison et Le dévouement du suspect X. Il s’agit d’un duo d’enquêteurs formé par l’inspecteur Kusanagi et son ami, le professeur Yukawa. Cette nouvelle enquête conduit nos deux protagonistes à Hari-plage où le physicien a été convié à un séminaire de la société DESMEC portant sur l’exploration des ressources sous-marines. Peu de temps après son arrivée dans la station balnéaire, un client de l'hôtel où il séjourne est porté disparu. On signale la découverte de son cadavre dès le lendemain sur les rochers en bord de mer. Il s’agit de Masatsugu Tsukahara, un retraité de la police de Tokyo. L’inspecteur Kusanagi et sa collègue, Utsumi, mènent l’enquête à coté de la police locale.

Manazuru. Hiromi Kawakami

Manazuru. Hiromi Kawakami. Picquier, 384 p. (2008)

Hiromi Kawakami nous invite dans la station balnéaire de Manazaru. Manazuru c’est le seul indice qui relie Kei, l’héroïne de ce roman, à son mari disparu depuis plus de 10 ans. Rei, son époux, avait inscrit le nom de la petite ville dans son journal intime. Depuis, la jeune femme, qui habite à Tokyo avec sa mère et sa fille adolescente, s’y rend régulièrement. Elle est en quête d’indices, de signes, de souvenirs… Cette étrange introspection lui est nécessaire car elle n’a pas fait le deuil de son mari disparu en dépit de sa relation avec Seiji, son amant. Hiromi Kawakami est, entre autres, l’auteure des Années douces et de La Brocante Nakano, qui ont été très bien accueillis en France. Elle a été récompensée par plusieurs prix littéraires au Japon dont les prestigieux Prix Akutagawa (1996) et Tanizaki (2001). Dans Cette lumière qui vient de la mer, Hiromi Kawakami se met dans la peau d’un adolescent de 17 ans qui décide de passer l’été avec son père biologique, sur une île lointaine. Le but étant de prendre un peu de recul vis-à-vis d’une mère immature, d’une grand-mère originale et d’un meilleur ami qui cherche son identité sexuelle.

Naufrages. Akira Yoshimura

Naufrages. Akira Yoshimura. Actes Sud, 191 p. (2004) 

Si vous cherchez un roman léger et distrayant, passez votre chemin. Dans Naufrages, Akira Yoshimura (1927-2006) aborde des sujets difficiles comme la pauvreté, l’isolement, le poids des traditions, etc.  C’est l’histoire d’Isaku, un petit garçon âgé de 9 ans. Il est l’aîné d’une fratrie de 4 enfants et vit avec ses parents dans un petit village insulaire et montagneux, éloigné de tout. La vie est dure et rythmée par les saisons. Les seuls moyens de subsistances sont la pêche, ainsi que la récolte de coquillages et de rares légumes qui poussent sur cette terre aride et balayées par les vents marins. Lorsque son père décroche un contrat de travail de 3 ans dans un bourg lointain, notre petit héros, doit le remplacer et faire vivre sa famille. Or, depuis longtemps, la survie de ce village dépend d’un monstrueux stratagème. Lorsque l’hiver arrive et que les réserves de vivres sont épuisées, les habitants organisent le naufrage des bateaux qui ont le malheur de passer près de leurs côtes en période de tempête. L’astuce consiste à allumer des feux pour les guider vers les récifs rocheux où ils s’échouent. Les insulaires récupèrent alors la cargaison du navire. Or, parfois, les bateaux apportent aussi la maladie et la mort. Akira Yoshimura est l’auteur de plusieurs romans parus chez Actes Sud dont Voyage vers les étoiles (2006), Le Grand Tremblement de terre du Kantô (2010) et L'Arc-en-ciel blanc (2012). Dans Le Convoi de l'eau, il nous conte l’histoire d’un village montagnards condamné à être submergé suite à la construction d’un barrage. (le thème de notre sélection étant la mer, je ne l’ai pas inclus dans la liste).

Je veux aller dans cette île. Lim Chul-woo

Je veux aller dans cette île. Lim Chul-woo. L’Asiathèque, 304 p. (2013)

Le narrateur endeuillé se remémore ses années d’enfance dans un petit village sur île de Wando en Corée du sud. Dans une série de saynètes pleines d’humour et de nostalgie, il évoque en particulier sa grand-mère qui était chargé de sa surveillance, mais aussi la communauté des insulaires, la vie quotidienne au village et ses cancans.  Ce roman de Lim Chul-woo a été adapté à l’écran sous le titre To the Starry Island (L’île étoilée en version française). L’écrivain en a été le coscénariste avec Lee Chang-dong et le réalisateur Park Kwang-su. Le Phare (L’Asiathèque, 2016) est un récit autobiographique qui fait suite à Je veux aller dans cette île. Dans cet ouvrage, Lim Chul-woo son adolescence puis son départ de l’île de Wando pour emménager à Kwanju (ou Gwangju), dans la province du Jeolla du Sud. Cette ville a été le théâtre d’un terrible massacre le 18 mai 1980 dont l’écrivain a été témoin. Lim Chul-woo s’est fait connaître en Corée grâce à plusieurs recueils de nouvelles dont Terre des ancêtres (Imago, 2012)

Le Pacte de la mer. Satoshi Kon

Le Pacte de la mer. Satoshi Kon. Pika, 224 p. (2020)

Il s’agit ici d’une œuvre de jeunesse du mangaka et scénariste japonais Satoshi Kon (1963-2010). Dessiné entre 1984 et 1989, Kaikisen (en version originale) est d’abord paru dans Weekly Young Magazine, le journal de prépublication des éditions Kōdansha.  La même année (soit en 1990), l’éditeur l’a publié en version reliée. En 2004, le manga est paru chez Casterman sous le titre Retour vers la mer. Il a été réédité par Pika, trois ans plus tard, et intitulé Le Pacte de la mer. Il s’agit d’un manga fantastique qui interroge sur la nécessité de respecter les traditions ou de céder à l’appel du modernisme.  Cette problématique est doublée d’un conflit générationnel au sein du clan familial de Yôsuké, le héros de la BD. En effet, Satoshi Kon nous convit à Amidé, un village de pêcheurs, où les habitants vivent en parfaite communion avec la nature. La pêche y restera fructueuse tant qu’ils respecteront leur pacte, c’est à dire prendre soin de l’œuf de sirène qui leur a été confié quelques décennies plus tôt. Or, une partie de la population souhaite transformer Amidé en station balnéaire pour les touristes. Une valeur sûre, plébiscitée par Pauline Croquet dans le journal Le Monde et par Laétitia Gayet dans Bulles de BD sur France Inter. 

L'île entre deux mondes. Asuka Ishii

L'île entre deux mondes. Asuka Ishii. Pika, 2 vol. (2021)

L’île entre deux mondes porte bien son titre puisque son univers oscille entre rêve et réalité. La mer y est omniprésente. Les eaux baignées de lumières et agitées de phénomènes étranges créent une atmosphère onirique et fantastique. Les habitants de ce lieu isolé, car éloigné des côtes de l’archipel japonais, accordent une grande importance aux mythes et légendes traditionnels. Le héros de ce manga s’appelle Tatsumi. Il vient d’être muté sur la petite île de Aoshima, surnommée l’île bleue. Le jeune homme y a vécu lorsqu’il était enfant. Il y revient comme enseignant dans la petite école locale. Cette bande dessinée, dont le titre original est Hisakata no Oto compte deux volumes. Le second tome doit sortir en juillet prochain. La série est d’abord parue dans Good Afternoon, le magazine de prépublication des éditions Kodansha (c’est une pratique courante dans le monde du manga) entre 2017 et 2018. L’auteur, Asuka Ishii, a également publié deux One-shot (Publication dont l’intrigue se résout en un seul volume) intitulés Drop et Ten kara kita (littéralement : "Elle est venue du ciel").

L'Homme de la mer. Deok-hyun Jang

L'Homme de la mer. Deok-hyun Jang. Pika, 352 p. (2017)

L’homme de la mer est un manhwa (BD coréenne) dédié aux haenyeos, les femmes qui plongent en apnée pour aller chercher des coquillages. Leur métier a été inscrit en 2016 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. L’originalité dans l’œuvre de Deok-hyun Jang tient au fait que c’est un homme appelé Deok-Hyun qui pratique ce type de pêche, depuis la mort de sa femme. Ce personnage, solitaire et plutôt taiseux, habite dans un container et tente d’oublier son passé peu glorieux. C’est dans ce contexte qu’il fait la connaissance d’Anna, une jeune femme un brin exubérante, qui vient de perdre son boulot de caissière dans une supérette (pyeonuijeom) et vient se saouler face à la mer. Anna, qui est une excellente nageuse, convainc Deok-hyun de lui enseigner son métier. La rencontre improbable de ces deux êtres bousculés par la vie va permettre leurs résurrections. L'Homme de la mer, est paru en 2014, sous le titre The Azure Spring, sur Delitoon, une plateforme de publication de bandes dessinées. Sur un thème identique (les amas du Japon), il y a le manfra de Franck Manguin et Cécile Becq intitulé Ama.

Souvenirs de la mer assoupie. Shin'ya Komatsu

Souvenirs de la mer assoupie. Shin'ya Komatsu. Imho, 102 p. (2018)

Ce manga de Shin'ya Komatsu est divisé en deux parties. La première histoire, Souvenir de la mer assoupie, a donné son titre à l’ouvrage. La seconde est intitulée Chroniques de la colline aux étourdis.  Nous faisons d’abord escale à Cap Verdredi, un village de bord de mer dont l’architecture et les couleurs rappellent furieusement la Grèce. Lisa y vit avec sa grand-mère. Cette petite jeune fille, qui possède un étrange violon de verre, nous entraîne à sa suite dans ses pérégrinations quotidiennes fantaisistes et poétiques. La seconde partie de l’ouvrage tranche clairement avec la première. Elle présente des sortes de comic-strips absurdes et pleins d’humour. Ils mettent en scène un petit personnage et son acolyte. Ce manga, aux saveurs d’enfance, s’adresse à un large public. Shin'ya Komatsu est également l’auteur de Tohu-Bohu et d’Un été à Tsurumaki .

6000. Nokuto Koike

6000. Nokuto Koike.  Komikku Editions. 4 vol. (2010)

6000, le manga de Nokuto Koike nous conduit en pleine mer des Philippines à 6000 mètres de profondeur. Kengo Kadokura, le héros, est un jeune ingénieur japonais. Avec son collègue Danzaki, il est chargé d’enquêter sur le complexe sous-marin de "Cofdeece" dont l’activité s’est brutalement arrêtée, trois ans plus tôt, sans qu’on ne sache exactement pour quelle raison. Le terrain est miné puisque la station, fruit d’un partenariat entre Chinois et Japonais, doit absolument rouvrir ses portes. Une tétralogie horrifique dans les abysses qui n’est pas sans rappeler quelques blockbusters du box-office américain. On pense en particulier à Aliens ou Abyss de James Cameron. Le manga est paru dans Monthly Comic Birz, le magazine de prépublication de Gentōsha, avant d’être édité en version reliée de quatre volumes entre mars 2011 et août 2012. La version française est parue chez Komikku en 2015. Nokuto Koike est l’auteur de plusieurs seinen parus aux éditions Komikku : Firefly (2016), Mushroom (2015), Scary Town (2014) et Les oubliés (2012). Sa dernière série, Intitulée Gajû (littéralement "le monstre"), a été lancée en 2019 sur la plateforme Comic Days des éditions Kôdansha.

L’étranger de la plage. Kii Kanna

L’étranger de la plage. Kii Kanna. Hana Book, 202 p. (2019)

Diffusé sur la plateforme de VoD Wakanim, l’anime d’Akiyo Ohashi a été adapté du manga éponyme de Kii Kanna et publié par Boy’s Love. Cet éditeur est spécialisé dans le Yaoi. L’étranger de la plage a été prépubliée entre juillet 2013 et 2014 dans le magazine On Blue de l’éditeur Shodensha. Ce one-shot est en fait le préquel d’une série intitulée L’Étranger du Zéphyr (3 volumes), qui est sortie un peu plus tard dans le même magazine. La bande dessinée compte aujourd’hui 3 tomes. Shun Hashimoto, un écrivain en herbe, a fait son coming-out le jour de son mariage. Réfugié sur la plage d’une petite île isolée l'archipel Okinawa, il croise un lycéen appelé Mio Chibana qui vit chez son oncle depuis le décès de ses parents. Or, celui-ci doit bientôt quitter l’ile et promet de donner des nouvelles. Les deux jeunes hommes se retrouvent 3 ans plus tard sans que Mio n’ait vraiment donné des signes de vie à Shun. Il lui avoue néanmoins très spontanément ses sentiments. Shun, quant à lui, non seulement lui garde rancœur pour son silence, mais hésite aussi à se lancer dans cette relation qui lui semble compliquée. En effet, si Mio assume son amour pour Shun, il ne se sent pas gay pour autant. Par ailleurs Shun sait à quel point il difficile de vivre des relations homosexuelles dans une société traditionnelle comme celle du Japon. Kii Kanna est également l’autrice de Qualia under the snow (Taifu Comics, 2017) et de Nos meilleures vie (Casterman, 2021).

En guise de conclusion

Pour cette sélection dédiée à la mer, j’ai choisi de me focaliser sur les auteurs d’origine asiatique.  Néanmoins, j’aurais pu mentionner aussi plusieurs auteurs occidentaux qui situent les intrigues de leurs œuvres en Asie. Je pense par exemple à Komodo de David Vann (Indonésie), La plage d’Alex Garland (Thaïlande), Un barrage contre le pacifique de Marguerite Duras (ex-Indochine) ou encore Ama, la bande dessinée de Franck Manguin et Cécile Becq (Japon).

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