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Juice, T.01. Art Jeeno

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A l’instar des Japonais et des Français, les Thaïlandais sont de grands lecteurs de mangas. Et pourtant, ce pays, dont le nombre d’habitants est égal à celui de la France, ne compte pas beaucoup d’auteurs de bandes dessinées. Une quinzaine a été récompensée par le Japan International MANGA Award . Parmi les lauréats, on peut citer Tanis Werasakwong ( Sa-art ), Veerachai Duangpla ( The Duang ), Ittiwat Suriyamart ou Pitsinee Tangkittinun .  Art Jeeno, lui, a reçu trois fois cette distinction : en 2013 pour D day , en 2014 pour Juice I et en 2021 pour Juice III . Il est aussi le premier auteur de BD thaïlandais à avoir été traduit en français.  Né en 1987, Piyaphach Jeeno  (de son vrai nom) est diplômé de l’université des beaux-arts de Chiangmai, sa ville natale. Pourtant, il ne s’est pas consacré tout de suite à la peinture ni à la bande dessinée mais plutôt à la musique. Lorsque son groupe de rock se sépare, il commence à dessiner des mangas, dont il est un grand lecteur. Il les diff

Sur la route de Banlung. Rochel & Vink

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 Lorsqu’on évoque l’histoire contemporaine du Cambodge, on pense immédiatement aux Khmers rouges, le mouvement politique et militaire dirigé par Saloth Sâr (Pol Pot), et responsable du génocide qui a fait 2 millions de mort entre 1975 et 1979. La suite est plus rarement abordée.  Le régime du Kampuchéa démocratique est renversé après la guerre contre le Viêt Nam qui instaure un gouvernement provietnamien reconnu par la communauté internationale.  L’occupation du pays perdure jusqu’en 1989, en dépit des mouvements de guérilla. Les forces de l’ONU sont envoyées en 1992 pour tenter de rétablir la démocratie au Cambodge et des élections sont organisées dans la foulée.  Notre intrigue débute ici, en mars 1993, avec le témoignage de Jacques Rochel, ami franco-vietnamien de Vink. Sa mission est placée sous l’égide de l’Untac (United Nations Transitional Authority in Cambodgia). Nous sommes à Banlung, dans la province du Ratanakiri, le berceau historique des Khmers rouges situé à moins de 100

Les Hommes manquent de courage. Mathieu Palain

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 Mathieu Palain publie un premier roman intitulé Sale gosse en 2019, mais c’est surtout grâce au second, Ne t'arrête pas de courir (L'Iconoclaste, 2021) qu’il se fait remarquer. Avant d’être écrivain, Mathieu Palain est avant tout journaliste et s’intéresse depuis longtemps aux violences faites aux femmes. Les Hommes manquent de courage est né suite du podcast Des hommes violents sur France Culture, un documentaire en six épisodes qui a d’abord donné naissance à un essai ( Nos pères, nos frères, nos amis , Les Arènes, 2023) puis à ce troisième roman.  L’une des auditrices de Mathieu Palain, que nous ne connaîtrons que sous son pseudo de Jessie, lui envoie un mail énigmatique. Elle précise qu’elle n’a pas été victime de violences domestiques mais son parcours s’est plusieurs fois heurté à celui de prédateurs sexuels. Elle accepte de rencontrer le journaliste. Pendant plus d’un an, elle va lui raconter son histoire. C’est durant cette période de confessions intimes qu’un évèn

Papi Mariole. Benoît Philippon

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 Les héros de polars sont souvent des hommes, célibataires ou divorcés, sans progéniture trop encombrante, plus ou moins torturés et parfois un peu alcooliques. Benoît Philippon a décidé de bousculer un peu les codes du genre. Dans ce thriller rocambolesque, c’est un duo improbable, (d’aucuns diraient de bras cassés) qui mènent la danse. Il est composé du fameux papi Mariole du titre, bientôt rejoint par Mathilde, une jeune femme dépressive qui va révéler sa vraie nature au fil des pages.  Papi Mariole est un retraité presque octogénaire. Cet ancien tueur à gages s’est échappé de son Ehpad pour mettre un point final à sa carrière. La mission est compromise par un petit détail. Mariole est atteint d’Alzheimer et ne se souvient plus de sa cible. Mais notre Sénior est un vrai pro, nourri de plusieurs décennies d’expérience. Aussi, il a une planque secrète, avec des armes et un dossier contenant plusieurs indices. Le plus dur sera de reconstituer le puzzle censé le conduire jusqu’à un cert

Conte de fées. Stephen King

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💪Je poursuis ma découverte de l’œuvre prolifique de Stephen King , en compagnie cette fois de Fanja qui a partagé cette lecture avec moi. Conte de fées n’est pas le premier livre que j’aurais choisi si ma "co-lectrice" ne l’avait suggéré car je ne suis pas une grande amatrice de Fantasy. Plus de 700 pages, c’est beaucoup pour expérimenter un genre dont je n’étais pas familière mais, contre toute attente, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman. Par ailleurs, cela m’a permis de participer aux deux challenges de lecture de l’été,  les Pavés et les Epais . Charles Reade, surnommé Charlie, est un jeune homme de 17 ans qui vit dans l’Illinois. Sa mère est décédée plusieurs années plus tôt, victime d’un grave accident de voiture sur un pont mal fichu. Le père de Charlie s’est mis à boire pour noyer son chagrin jusqu’au point de perdre son emploi d’assureur. Les factures impayées ont commencé à s’accumuler.  Durant cette triste période, le garçon a fait quelques bêtises dont

Comment te croire. Pétronille Rostagnat

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 Jean Pagen, policier à la retraite, est hanté par une affaire non résolue depuis 7 ans. Lorsqu’il était encore chef de groupe au sein de l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes), il a enquêté sur la disparition d’Alice Bastide, lycéenne à Franconville. L’enquête n’a jamais pu déterminer si cette adolescente, apparemment sans histoires, avait été enlevée ou tuée. En 2022, la création d’un nouveau pôle judiciaire dédié aux Cold Cases permet de relancer l’affaire. En dépit d’un cancer en phase terminale, notre ex flic ne peut s’empêcher de s’immiscer dans l’enquête. Son ancien co-équipier, Yves Touveneau, est prêt à le couvrir mais jusqu’à un certain point. Lorsque Jean commence à évoquer des connections paranormales liant Alice à sa propre petite-fille Célia, sa famille se montre sceptique et surtout très inquiet pour sa santé. Jean, lui, reste persuadé que la résolution de l’enquête débarrassera l’enfant du fantôme d’Alice et des terreurs nocturnes dont e

Meurtres, T01. Charles Plisnier

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En 1937, les membres de l'Académie Goncourt décident qu’il est temps d’ouvrir le prix à des auteurs étrangers d’expression française. C’est ainsi que Charles Plisnier , écrivain wallon né à Mons en 1896, devient le premier lauréat n’ayant pas la nationalité française . Cerise sur le gâteau, il n’a pas été récompensé pour un roman mais pour un recueil de nouvelles intitulé Faux Passeports . Cet ouvrage est aujourd’hui épuisé mais les éditions Libretto (Payot) ont choisi de rééditer Meurtres , dont les 5 tomes ( Mort d’Isabelle , Présence du fils , Martine , Feu dormant et Dieu le prit ) sont parus entre 1939 et 1941. Meurtres a été porté à l’écran par Richard Pottier en 1950 avec Fernandel, Jeanne Moreau et Raymond Souplex dans les rôles principaux. Cette grande saga familiale n’est pas sans rappeler celle des Thibault de Roger Martin du Gard qui reçu le prix Nobel en 1937 justement. Tout ceci constitue d’excellentes raisons de (re)lire l’œuvre de Charles Plisnier mais, si je su

L'honneur m'est plus cher que la vie. Jean-Michel Riou

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Ce roman historique traînait sur ma table de chevet depuis un moment. J’avais gardé un souvenir fugace mais agréable d’un précédent ouvrage de Jean-Michel Riou intitulé 1630, la vengeance de Richelieu (Flammarion, 2009) et dont le héros est Antoine Petitbois, espion de la couronne. L’auteur semble désormais s’intéresser exclusivement au règne de Louis XIV et a publié une série consacrée à Versailles ( Un jour je serai Roi , Le Roi noir de Versailles et Les Glorieux de Versailles ). Ce n’est pas du roi soleil dans il sera question ici mais de son frère puîné, Philippe, 12ème duc d’Orléans. L’image que ce prince de sang a laissé dans l’histoire n’est pas toujours flatteuse et il ne le doit pas qu’aux écrits de Saint-Simon qui le disait « mou de corps et d’esprit ».  La mémoire collective a retenu l’homme précieux, entouré de mignons, et portant peu d’intérêt aux affaires de l’Etat. On sait que ses appétences ont été savamment cultivées par sa mère, Anne d’Autriche, et surtout le cardin

Vine Street. Dominic Nolan

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Ce polar anglais nous conduit dans les milieux interlopes de Soho où les aristos aiment venir s’encanailler sur des airs de jazz. L’histoire débute au milieu des années 30 lorsque la MET (comprenez la Police métropolitaine du Grand Londres) avait ses quartiers à Vine Street. Leon Geats est un flic solitaire, connu des mères maquerelles et des petites frappes. Lorsqu’une prostituée est assassinée, il doit collaborer avec un collègue de la Brigade Volante, Mark Cassar (surnommé "Le Flic le Flouze" en référence à ses tenues vestimentaires chics), et l’enquêtrice Billie Massey de la "brigade des Mœurs et des Night-clubs".  Durant cette période tumultueuse de l’entre-deux guerres, les pratiques policières manquent de déontologie et que des flics ripoux acceptent volontiers des pots de vin. La MET a pourtant fait le ménage dans ses rangs quelques années plus tôt mais il semble que le boulot ne soit pas terminé. Le héros de ce roman, lui-même, est un peu ambivalent. Il est

Kukum. Michel Jean

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  « Ainsi nous ne faisons qu’un, Pekuakami, le ciel et moi. J’ai vécu près d’un siècle à ses côtés. J’en connais chaque baie et toutes les rivières qui s’y jettent ou s’en déversent. Son chant couvre le vacarme des chevaux de métal, apaise l’humiliation. Et s’il lui arrive de se fâcher, sa colère finit toujours par passer. » Michel Jean  est un écrivain québécois d'origine innue. Il a écrit plusieurs romans dont Atuk (paru initialement sous le titre Elle et nous ) qui retrace la vie de sa grand-mère Jeannette. Dans Kukum (littéralement "grand-mère" en langue innue), il remonte le temps encore plus loin pour évoquer son aïeule, Almanda Siméon, morte presque centenaire à la fin des années 70. Cette femme singulière était une orpheline d’origine irlandaise. Lorsqu’elle rencontre Thomas, son futur mari, elle n’a que 15 ans. Elle tombe immédiatement sous le charme de ce bel amérindien puis bientôt de sa famille et de son mode de vie nomade.  Manda, ainsi que surnommaient ses