Ceux qu'on sauve. Peter Swanson
J’aime beaucoup Peter Swanson. C’est un écrivain facétieux qui explore les différentes facettes du polar et joue avec les codes du genre. Ceux qu'on sauve est bien plus sombre que Huit crimes parfaits ou Neuf Vies. Il tient moins du "Whodunit" (Qui l'a fait ?) que du "Howcatchem" (Comment ?). Il utilise surtout les ressorts du thriller psychologique.
Pendant les deux premiers tiers du roman, l’enquête est menée par un détective professionnel, ex-flic de Boston et ancien professeur de littérature. C’est un poète raté, un personnage un peu "borderline", qui lutte contre ses démons. Henry Kimball, notre héros, voit justement son passé lui revenir en boomerang lorsque Joan Grieve, désormais épouse Whalen, passe la porte de son bureau. C’est une ancienne élève de Dartford-Middleham, le lycée où Kimball a brièvement enseigné. Il a abandonné son poste après une fusillade qui a coûté la vie à deux adolescents. Joan, bien sûr, n’a pas oublié le drame mais ce n’est pas la raison de sa visite.
Les années ont passé et l’eau a coulé sous les ponts. Aujourd’hui, Joan Whalen souhaite engagé le détective privé pour suivre son mari et prouver son infidélité. Richard Whalen est agent immobilier. Son épouse est persuadée qu’il la trompe avec une employée plus jeune appelée Pam O’Neil... Bref, rien d’original ! Mais Kimball flaire tout de suite une embrouille et accepte l’affaire avec réticence. La filature s’achève le jour où Richard flingue sa maîtresse avant de se suicider d’une balle dans la tête.
Kimball est considéré comme le principal témoin de ce bain de sang alors même qu’il n’a rien vu. Il était en planque à l’extérieur de la maison. Bien décidé à comprendre ce qui s’est réellement passé, le détective privé contacte Lily Kintner, un personnage très ambivalent, déjà rencontré dans le précédent volet de la série, Ceux qu'on tue (Gallmeister, 2024). Kimball pense qu’elle pourra l’éclairer sur la manière de confondre son suspect. Pour cela, il faut déterminer le modus operandi et entrer dans la tête du coupable pour éventuellement déterrer les cadavres soigneusement camouflés dans son passé.
Le romancier américain use des ingrédients du thriller psychologique pour mieux les détourner. Il crée ainsi un savoureux cocktail mixant trahison, obsession, vengeance, manipulation, meurtres par procuration et rebondissements inattendus. Il met bien sûr l’accent sur la psychologie des personnages dont certains sont volontairement à la limite de la caricature : l’enquêteur torturé, l’ex star du lycée, le "Weirdo" de service, etc… Les protagonistes font plusieurs fois référence à Stephen King, qualifié de « maître du thriller psychologique » par le journaliste John Levesque du Seattle Post-Intelligencer. Peter Swanson multiplie ce type de clin d’œil pour le plus grand plaisir des amateurs du genre. Le chat de Kimball ne s’appelle certainement pas Pyewacket par hasard !
Le récit est très rythmé grâce à une succession de flash-backs et une narration kaléidoscopique partagée entre les différents protagonistes. Peter Swanson crée ainsi un jeu d’équilibre où les frontières entre le bien et le mal oscillent en permanence selon les points de vue des uns et des autres. L’intrigue est savoureusement machiavélique, au risque de frôler à plusieurs reprises le manque de crédibilité… mais qu’importe puisqu’il y a l’ivresse de la tension !
📌Ceux qu'on sauve. Peter Swanson, traduit par Christophe Cuq et Alexis Nolent. Gallmeister, 401 pages (2025)
Déçue par "Huit crimes parfaits", il me faudrait un titre très original pour que j'y retourne : il y a tant à lire...
RépondreSupprimerJe pense qu'il faut prendre ces romans au second degré mais, comme tu le dis, il ya tellement à lire... rien ne t'oblige à insister
SupprimerJe n'ai lu que Vis-à-vis de cet auteur, et pas été très emballée... Je l'ai déjà oublié, en plus. Peut-être n'ai-je pas choisi le bon pour commencer ?
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu vis à vis. Pour l'instant, c'est mon 3ème titre de l'auteur et j'accroche bien.
SupprimerFigure-toi que je n'ai jamais lu cet auteur... ce n'est pourtant pas faute de le voir passer sur les blogs... j'ai l'impression que cela peut faire une bonne lecture de vacances.
RépondreSupprimerJe crois que ce n'est pas assez sombre pour toi ^_-
SupprimerCa ne me dit rien non plus. Je ne sais plus si j'ai déjà lu cet auteur ou non.
RépondreSupprimerça m'arrive souvent d'oublier si j'ai lu ou pas un auteur ou un livre.
SupprimerJe ne connais pas l'auteur, mais tu donnes envie de le découvrir
RépondreSupprimerSi tu ne connais pas, ça vaut le coup de le découvrir.
SupprimerToujours pas lu cet auteur, mais je me le garde sous le coude pour les envies d'enquêtes divertissantes. Je découvre ici le terme "Howcatchem" !
RépondreSupprimerj'ai découvert aussi ce terme grâce à ce roman. Je voulais absolument le recaser dans mon billet.
SupprimerJ'ai lu Huit crimes parfaits et Vis à vis, cela fonctionne, mais sans y revenir particulièrement; cependant, si je le vois... ^_^
RépondreSupprimerC'est divertissant mais on peut effectivement s'en passer. ^_-
SupprimerJ'ai été déçue par Huit crimes parfaits moi aussi, même si j'avoue que c'était bien fichu. Quelque chose m'avait agacée, mais je ne saurais pas très bien l'expliquer...
RépondreSupprimerIl y a effectivement quelques facilités dans les romans de Swanson qui peuvent agacer... mais je suis bon public
SupprimerBeaucoup de polars ou thrillers en ce moment sur la blogosphère .
RépondreSupprimerJ'ai essayé d'en lire moins mais j'ai replongé !
SupprimerTu me rappelles que je n’ai encore jamais lu cet auteur et qu’il est grand temps que je m’y mette, peut-être avec ce polar ci ? J’irai faire un tout à ma bouquinerie préférée ?
RépondreSupprimerJ'aimerais te recommander l'un de ses romans plutôt qu'un autre mais je n'en ai lus que trois (très différents). Je sais que certains de ses romans ont moins séduits que d'autres.
SupprimerDommage pour le manque de crédibilité, mais je suis tentée par le côté tension de ce roman.
RépondreSupprimerA toi de voir. Personnellement, j'aime beaucoup mais je sais que de nombreux lecteurs sont plus mitigés
Supprimerça pourrait me plaire appréciant les auteurs qui savent soigner leurs personnages et arrivant à flirter avec la caricature sans tomber dans le piège du franc cliché.
RépondreSupprimerJe pense que ce roman pourrait te plaire
SupprimerJ'avais noté de cet auteur "Huit crimes parfaits" mais je ne l'ai pas encore emprunté alors je rajoute celui-ci dans mes listes, ils sont tous deux dans ma médiathèque en ville...mais ce ne sera pas pour tout de suite car l'été je pars trop souvent donc je n'en emprunte plus...
RépondreSupprimer