Alabama Song. Gilles Leroy

Alabama Song. Gilles Leroy


Dans l'imaginaire collectif, Zelda et Francis Scott Fitzgerald seront à jamais ce couple scandaleux qui symbolisa si bien la génération perdue et l'âge d'or du jazz. Mais au-delà la façade clinquante du succès et de l'insouciance, il y a le destin tragique de deux personnalités hors du commun. Gilles Leroy en a fait un roman et s'est glissé, non pas dans la peau du grand écrivain, mais dans celle de son épouse, Zelda Sayre. 

 En 1918, la petite ville de Montgomery était le point de départ des troupes de l'aviation américaine pour l'Europe. Zelda, fille d'un juge et petite fille de gouverneur, a grandi dans une grande maison coloniale, tout près d'une rue qui porte son nom. Destinée à devenir l'épouse d'un notable sans prestance, l'exubérante Zelda rêvait d'une toute autre vie. Sa rencontre avec le lieutenant Scott Fitzgerald, bien décidé à devenir le plus grand écrivain du temps, fut décisive. Le mariage est célébré deux ans plus tard. "Goofo" vient de publier un premier roman, L'Envers du Paradis, dont l'héroïne est l'incarnation de Zelda. Leur vie n'est plus qu'un tourbillon de fêtes. A New-York, puis à Paris et sur la Côte-d’Azur, le champagne coule à flot. Ces excès finissent par consumer le couple. L'aventure de Zelda avec un aviateur français marque le début de la descente aux enfers. Scott est un macho. Sa femme ne peut être que sa muse ou son faire-valoir. Il lui vole ses journaux intimes et publie ses écrits sous son nom. Vampirisée par son époux, Zelda, tente d'exister par elle-même. Elle veut devenir danseuse et s'entraîne jusqu'à l'épuisement mais sans succès. Puis c'est la succession des "maisons de repos", asiles de luxe, où Scott la fait interner pour schizophrénie. La peinture devient son seul refuge. Pour l'auteur de Gastby Le Magnifique c'est aussi le début d'une longue déchéance. Oublié du grand public, abîmé par l'alcool, il s'éteint à Hollywood en 1940. Zelda meurt huit ans plus tard, dans l'incendie du sanatorium d'Asheville en Caroline du Nord.

Gilles Leroy ne s'est pas seulement imprégné de la vie de son héroïne, il est devenu Zelda Fitzgerald. Son roman, écrit à la première personne, est le reflet habile d'un esprit qui s'embrouille. Va et vient perpétuel de souvenirs, le récit est construit comme autant de fragments de journaux intimes. Une belle réussite !  Alabama Song a été couronné par le Prix Goncourt en 2007.

📚D'autres avis que le mien via Babelio

📌Alabama Song. Gilles Leroy. Folio, 217 pages (2009) 

Ce billet est recyclé de mon ancien blog

Commentaires

  1. Il y a vraiment des destins hors du commun, romanesques...

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    1. Malheureusement pas toujours pour le meilleur !

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  2. Je confondais ce roman avec un autre visiblement car je découvre qu'il parle des Fitzgerald !

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  3. Je ne l'ai pas lu. Je suis toujours un peu gênée par l'évocation de personnes bien connues et romancées par d'autres.

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    1. C'est vrai qu'on ne sait pas quelles sont les parts de vérité et de romanesque

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  4. Je ne l'ai pas lu mais j'ai vu souvent des chroniques positives à son sujet...suite au prix Goncourt, mais je ne sais pas s'il me plairait, en fait ce côté biographique me rebute un peu. Merci pour ta chronique enthousiaste.

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    1. On dirait que le prix Goncourt est assez prescripteur finalement. Je lis pas forcément les grands prix littéraire mais je leur fait relativement confiance.

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  5. Il est important d'évoquer cette figure presque effacée devant celle de son illustre mari et de son terrible destin.

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    1. Cela apporte aussi un éclairage sur l'œuvre du mari.

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  6. Je ne suis pas tentée, pour les mêmes raisons qu'Aifelle..

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    1. Je comprends ton point de vue. Tu préfères peut-être les biographies historiques ?

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    2. Disons que le mélange fiction/réalité me gêne quand on évoque une figure ayant réellement existé.. je suis en train de réaliser qu'il y a des exceptions, puisque j'ai beaucoup aimé Blonde, de Oates... (mais c'est Oates :).. j'avais assisté à un échange, sur ce thème, entre Philippe Jaenada et je ne sais plus quel autre auteur. Jaenada parlait de La petite femelle, et a évoqué le roman de Jean-Luc Seigle ("Je vous écris dans le noir", je crois), qui aborde le même sujet mais de manière romanesque. Il expliquait ne pas adhérer personnellement à ce genre de démarche et mettre au contraire un point d'honneur à ne jamais parler à la place de. Je pense que les deux positions se défendent, en tant que choix littéraires, mais ça me fait toujours tiquer quand un auteur imagine les pensées, les émotions d'un personnage réel : j'ai généralement du mal à y croire...

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    3. Je comprends aussi les deux positions pour les biographies. Il vrai que cela peut sembler étrange de faire parler quelqu'un qui ne peut plus contredire. D'un autre côté cela permet de combler des vides. L'exercice est peut-être plus intéressant dans le traitement des faits divers. Je pense, par exemple, au roman d'Olivier Truc, Les Sentiers obscurs de Karachi. Certains sujets sont très tabous, des vérités pas toujours bonnes à dire. Il est possible dans ce cas de les aborder par le prisme du roman. J'ai relevé récemment une citation de Luis Sepúlveda que je trouve emblématique : « La littérature raconte ce que l’histoire officielle dissimule. »

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  7. oh ça date, car je l'ai lu à sa sortie en poche (donc en 2008?) et j'avais beaucoup aimé, car j'adore l'écrivain Scott Fitzgerald et j'étais curieuse de mieux comprendre sa déchéance et j'ai ainsi découvert Zelda. Ravie de voir que tu as aimé

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    1. Je n'étais pas certaine d'apprécier. Ce n'est pas un milieu qui me fascine mais je me suis finalement laissée porter par la narration.

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  8. Un beau souvenir de lecture.

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    1. j'ai eu plaisir à le lire. Je ne sais par contre si je vais en garder un souvenir indélébile

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  9. je croyais l'avoir lu mais rien sur Luocine et ma mémoire me trahit !

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    1. Je ne retrouve pas toujours mes billets non plus. Il faut dire que j'oublie parfois les tags pour les référencer.

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  10. Ah oui, tout comme Sacha !^^ J'aime beaucoup la photo de couverture.

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  11. Je l'ai lu, ou plutôt entamé à sa sortie. Je n'ai pas du tout adhéré à Zelda, tout en appréciant la plume de Leroy. J'ai fini par l'abandonner.

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    1. Le personnage ne m'est pas plus sympathique que ça mais j'ai été emportée par le récit, le cadre etc.

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  12. Anonyme14.3.25

    Encore un roman qui traîne dans ma PAL...

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    1. Ma PAL a atteint a niveau préoccupant. J'ai des livres qui y trainent depuis plusieurs années. Je fais parfois du tri, je donne des livres et je finis souvent par le regretter

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