Le cœur en Islande. Makyo

Le cœur en Islande. Makyo

💪J’ai ressorti ce roman graphique de la bédéthèque familiale à l’occasion du Book Trip en mer organisé par Fanja et de l’activité Lire sur les Mondes du travail chez Ingannmic. Ce diptyque est peut-être l’œuvre la plus personnelle de Makyo. Il l’a incité à revenir au dessin alors qu’il avait abandonné au profit de son activité de scénariste. Il a notamment écrit les textes de Jérôme K. Jérôme Bloche et de Balade au bout du monde, deux séries qui m’ont offert de formidables heures de lecture. 

Le cœur en Islande est bel et bien un album de cœur. Il s’inspire de l’histoire familiale de Makyo, notamment celles de son père et de son grand-père, marins pêcheurs dunkerquois. Cependant, il ne s’agit bien d’une fiction et non d’une biographie. L’auteur a utilisé quelques anecdotes racontées par ses proches pour nourrir son récit. Les campagnes de pêche à la morue en Islande au début du siècle dernier étaient dures au point que ses participants étaient surnommés les "bagnards des mers". Les femmes restées seules pendant des mois avec une maigre avance sur le salaire de leurs époux devaient se débrouiller avec la marmaille. Quand la mélancolie les prenait, on disait qu’elles avaient "le cœur en Islande", auprès de leurs hommes. Certains ne revenaient pas car la mer les gardait en son sein après les naufrages. 


Le cœur en Islande. T01 - P26-27

Makyo s’est appliqué à restituer l’histoire collective de ces pêcheurs à travers le destin de son jeune héros. Moïse Halna n’a que 13 ans au début de ce récit et rêve de suivre Ernest, son père adoptif, dans son périple saisonnier vers l’Islande. Ernest est le capitaine de L’Hirondelle des mers, un navire affrété par Anthonin Worris. Le riche armateur prêtant être le vrai père de Moïse. Mais il n’est pas le seul à lui disputer la paternité de l’enfant ! Séraphin, le poète, assure qu’il était l’amoureux secret de sa mère. Le gamin est un peu perdu dans toute ces histoires d’adultes. Worris, qui n’a que des filles, souhaite en faire son héritier et l’envoyer étudier à Lille. Mais Moïse rêve de naviguer aux cotés d’Ernest. Clarisse, sa mère adoptive, ne supporte pas cette idée. Mais comment résister à un rêve d’enfant ?


Le cœur en Islande. T02 - P46-47

Il faut attendre la seconde partie de l’histoire pour embarquer enfin sur L'Hirondelle des mers dans le sillage de Moïse, devenu mousse sur le bateau de son père adoptif. Worris a imposé son neveu Hector Braxas dit Xas le tatoué comme second. Ernest n’avait pas les moyens de refuser mais le bonhomme est une source de conflits permanents sur le navire. Il est fourbe, cruel et cache lui aussi un secret embarrassant qui concerne Moïse. Mais, pour l’heure, le capitaine à d’autres préoccupations plus importantes. Son fils a contracté une maladie inconnue et il craint de le perdre. Il n’y a pas de docteur à bord, juste le « médecin de papier », un manuel qui permet d’identifier les maux les plus courants. Ernest hésite néanmoins à rejoindre les côtes de la baie d’Eskifjord car la pêche n’a jamais été aussi fructueuse que cette année. Il craint une mutinerie s’il y coupe cours prématurément. Les marins sont rémunérés en fonction de leurs prises qui sont strictement comptabilisées. 


Le cœur en Islande


Ce roman graphique a été réédité en version intégrale mais je possède l’édition en deux tomes. Elle est accompagnée d’un livret consacré à la genèse de l’album, les sources d’inspiration de Makyo et les problèmes techniques qu’il a rencontré pour les illustrations. D’une part, Il pensait avoir un peu perdu la main en matière de dessin et n’était pas certain d’arriver au bout de l’aventure. D’autre part, il lui fallait des modèles de navires de pêche datant de la fin du 19ème siècle ou du début du 20ème siècle. Pour les couleurs, il a fait appel à Jacky Robert qui a fait un travail remarquable. Les nuances de vert qui dominent cet album rendent bien compte de l’atmosphère générale. Le froid et les conditions de travail extrêmes. Mais tout n’est pas sombre dans cet album. Makyo montre aussi la solidarité des marins et les rapports de camaraderie qui les unissent. Il signe un album émouvant et riche d’informations historiques. 

📌Le cœur en Islande. Makyo. Dupuis, 128 pages (2005)






Commentaires

  1. Eh, eh, tu avais décidement déjà l'âme marine avant même ce Book trip 🙂. Tant mieux car ça donne des idées de lecture pas forcément récentes et donc un peu oubliées.

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    1. J'ignorais moi-même que j'avais le coeur si marin ! ^_^

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  2. Parfait pour ces eux challenges!!!! Donc je note...

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    1. Effectivement, on peut faire une pierre deux coups

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  3. Oh, mais voilà une très intéressante découverte ! Je me répète sans doute mais les activités et défis auxquels nous participons permettent de faire ressortir des BD et ça, c'est bien sympa. J'aime beaucoup le travail sur les couleurs de celle-ci, merci pour les photos !

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    1. Tout à fait d'accord avec toi. Nous avons pas mal de BD à la maison. Ce n'est pas toujours moi qui les ai acquises. Du coup, grâce aux différents challenges, je (re)découvre des trésors.

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  4. un bien bel album, il me tente alors que je lis si peu de BD

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  5. Anonyme25.4.24

    Eh, eh, tu avais décidement déjà l'âme marine avant même ce Book trip 🙂. Tant mieux car ça donne des idées de lecture pas forcément récentes et donc un peu oubliées.

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    1. J'ai ressorti quelques albums mais ma bédéthèque est vaste et je ne sais pas toujours ce qu'il y a dedans !

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  6. La section des Travailleurs de la mer commence à prendre une belle consistance.. merci !

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  7. Le monde marin et des marins m'intéressant, cette BD dans son édition intégrale ou non me tente bien. Je vais voir si je peux l'emprunter.

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    1. Tu trouveras sans doute d'autres titre chez Ingannmic et Fanja via les challenges

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  8. J'ai eu un petit espoir que tu aies trouvé une BD islandaise avec le titre, mais cette proposition est déjà bien originale comme ça. Le thème rejoint celui des Oiseaux de tempête que j'ai lu récemment. Ça tombe bien. Les histoires de pêcheurs me parlent (aussi) maintenant.^^

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    1. ça aurait été chic de trouver une BD islandaise mais à part les quelques albums de Hugleikur Dagsson je n'en connais pas. Les histoires de pêcheurs me parlent aussi, surtout depuis que je suis allée en Bretagne et que j'ai visité tous les musées dédiés que j'ai pu trouver sur mon chemin !

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  9. intéressant et oui les pêcheurs de morue .. et le format aussi ! j'ai deux BD qui m'attendent, d'ailleurs

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    1. Il y a des sujets que je préfère aborder à travers la BD même si le thème est traité succinctement

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  10. Réponses
    1. Le dessinateur joue sur un camaïeu de verts très intéressant. Pour les bateaux, il a surtout utilisé des maquettes et des photos.

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  11. Je pense que j'ai déjà dû apercevoir l'un ou l'autre des volumes de cette BD...
    a m'en rappelle deux autres, l'une, en noir et blanc mais qui doit être difficile à trouver, qui s'appelle "Le mois noir" (un bateau de pêche, sous la révolution française - tiens, je pourrais faire un billet dessus pour le Book Trip en mer, merci pour l'association d'idées!), l'autre étant en fait une série sur la pêche à la sardine en Bretagne (Les chasseurs d'écume).
    Concernant la pêche à la morue, je médite un billet dans la 1ère quinzaine de mai sur deux romans, Capitaines courageux de Kipling, et Au large de l'Eden de Vercel...
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. Merci pour toutes ces suggestions de lecture qui pourront servir l'un ou l'autre des deux challenges. Sur le 18ème siècle justement, il me reste encore une BD sur la thématique. Il s'agit du Passage de Vénus de Jean-Pierre Autheman et Jean-Paul Dethorey.

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  12. Et bien c'est un très bon choix pour ce challenge et pour une fois je connais. J'avais ces deux tomes dans le CDI lorsque je travaillais en lycée pro. Les enseignants proposaient aux élèves de lire sur les autres métiers afin d'ouvrir leur monde...et en plus ils ne se forçaient pas pour lire des BD. C'est un auteur toujours très intéressant. Evidemment j'ai lu aussi une partie de sa série Jérôme K. Jérôme Bloche (ou toute peut-être ?) ! Mes fils en avaient quelques exemplaires...Par contre j'ai complètement oublié "Balade au bout du monde" tiens tiens, tu titilles ma curiosité !

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    1. J'ai attachement particulier à "Balade au bout du monde" car c'est la série qui m'a vraiment fait entrer dans le monde de la BD. A part quelques Astérix, je n'y connaissais pas grand chose. Je crois que nous avons aussi tous les "Jérôme K. Jérôme Bloche" dans notre bédéthèque familiale. Nous attendons chaque nouvel album avec impatience.

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  13. Je ne connaissais pas, mais cet album a tout pour me plaire. Déjà, le graphisme, j'aime beaucoup. L'histoire aussi, et puis le Nord, ma région d'origine. Et enfin, ma participation au même challenge !!!

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    1. Je pense que tu dois pouvoir le trouver facilement à la bibli

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