Le Château des Rentiers. Agnès Desarthe

Le Château des Rentiers. Agnès Desarthe


Le hasard de mes lectures me conduit pour la seconde fois, en quelques jours, dans le 13ème arrondissement de Paris. Après avoir découvert la dalle des Olympiades grâce à La tour de Doan Bui, je me téléporte 600 mètres plus loin, Rue du Château des Rentiers, une adresse qui a donné son titre au dernier roman d’Agnès Desarthe. D’un point de vue esthétique, l’immeuble dont il question ne semble guère plus attrayant que la tour Melbourne de Doan Bui. L’ambiance, en revanche, y est bien plus joyeuse. 

Dans les années 70, les grands-parents maternels d’Agnès Desarthe y ont acheté un appartement sur plan. Ils ont ensuite convaincu leurs amis d’investir et de s’installer au même endroit. C’est ainsi qu’une communauté d’émigrés juifs, ayant survécus aux camps de la mort, s’est installée dans ce phalanstère improvisé. L’autrice évoque avec nostalgie ce microcosme foisonnant qui a marqué son enfance. Elle raconte l’histoire de son aïeul, Haïm Sudac, venu de Bessarabie et assassiné à Auschwitz, l’attente vaine de son retour, puis le remariage de sa grand-mère Tsila avec Boris Jampolski, le grand-père de cœur d’Agnès Desarthe. La mémoire de la romancière est trop défaillante pour se souvenir des détails de son histoire familiale ou de la recette du délicieux gâteau aux noix de Tsila, mais elle sait qu’elle veut vieillir comme ses aînés, dans un lieu animé, entourés de ses amis de jeunesse. D’ici quelques années, elle aura l’âge de ses grands-parents lorsqu’ils ont acquis leur fameux logement au 8ème étage de l’immeuble de la Rue du Château des Rentiers. Elle décide donc de plancher sur un projet de maison de retraite autogérée où il fera bon vivre. Sa réflexion la conduit a de longues digressions sur le temps qui passe et la vieillesse. Son livre n’est pas triste pour autant car Agnès Desarthe aborde ces questions à sa façon, c’est-à-dire avec une grande sincérité et toujours un brin d’humour. Par exemple, elle s’invente, pour notre plus grand plaisir, un alterego avec lequel elle discute à bâtons rompus.

Le lecteur se rend compte assez vite qu’il n’y a pas vraiment de chronologie ni de plan dans ce roman. Aussi, pour l’apprécier vraiment, il faut accepter de se laisser porter par le cours des pensées de son autrice, ses déambulations dans le passé, ses projections utopistes pour l’avenir mais aussi de nombreuses anecdotes tirées de sa vie personnelle et professionnelle (à Paris puis en province), ainsi que celles de ses proches. Pour ma part, je savais déjà dans quoi je me lançais grâce à la recension de Keisha qui a lu ce livre avant moi. Par ailleurs, Agnès Desarthe ne m’était pas totalement inconnue puisque j’avais déjà lu (et apprécié) l’un de ses romans (Mangez moi, Éditions de l'Olivier, 2006). Agnès Desarthe est également l’autrice de nombreux livres pour la jeunesse, publiés à L’école des loisirs. 

L’évocation du phalanstère familial et de la future Ehpad autogérée m’incite à classer ce roman dans la thématique sur la ville, proposée par Ingannmic et Athalie.

D'autres avis que le mien via BibliosurfBabelio, Keisha et Anne-yes

Le Château des Rentiers. Agnès Desarthe. Editions de l’Olivier, 176 pages (2023)


Challenge Sous les pavés, les pages 2023


Commentaires

  1. Hé bien nous sommes d'accord! Il faut s laisser aller gentiment, ne pas chercher un essai structuré, et ce n'est que du plaisir!

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    1. Agnès Desarthe est une autrice un peu brouillonne mais généreuse

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  2. Malgré des billets positifs, ce roman ne me tente toujours pas. Comme je suis très tentée par ailleurs, ce n'est pas très grave.

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    1. Il y a tellement de tentations... mais je pense que tu devrais quand même essayer de lire l'un des romans d'Agnès Desarthe pour te faire une idée.

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  3. Une lecture que je n'ai pas du tout aimé, et même abandonnée : :trop fouillis.

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    1. Je comprends que le sujet traité et la manière de le présenter puissent rebuter certains lecteurs.

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  4. miriam panigel20.11.23

    Un roman sympa que j'ai lu avec plaisir mais j'en attendais plus, une légère déception

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  5. Toujours pas lu cette auteure, mais je ne suis pas sûre d'adhérer à la structure narrative de ce livre.

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    1. Il faut peut-être commencer par un autre de ses romans. Je n'en ai lu que deux, c'est difficile de te conseiller

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  6. Et finalement s'agit-il d'un essai, d'un roman ou d'un récit autobiographique ?

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    1. Ah ! Vaste question ! J'ai bien envie de le classer dans les récits autobiographiques. L'autrice évoque sa famille, ses pensées et réflexions sur le temps qui passe ou la vieillesse.

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  7. Thaïs21.11.23

    Je ne suis pas trop. tentée mais j'aime beaucoup la couverture du livre !

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    1. Moi aussi et je trouve qu'elle correspond bien à l'ambiance du livre

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  8. Comme Aifelle, cela ne m'attire pas à priori ! Il faudra un jour que j'essaie pour la connaître mais pas maintenant ! Après avoir lu quelques livres marquants (Triste Tigre, Veiller sur elle, Convoi pour Samarcande que je finis), j'ai l'impression que ce livre me paraîtrait fade.

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    1. C'est vrai qu'il faut savoir choisir son moment.

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  9. Mais oui, ça rentre parfaitement dans le thème ! D'ailleurs, Nathalie a évoqué ce titre lorsque nous avons publié nos avis sur La tour, en précisant qu'il se passait dans le même quartier !

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    1. oui, en effet, ça se passe dans le même quartier à 600 mètres des Olympiades

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  10. Anonyme22.11.23

    C'est une autrice que je n'ai jamais lu et ton compte rendu me donne envie. Agnès

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    1. J'en suis ravie. C'est un livre très agréable à lire

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  11. Je viens de le finir et j’ai aimé moi aussi.

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    1. Je lirai ta chronique avec plaisir quand elle sera publiée

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  12. il me fait beaucoup hésiter, j'espère qu'il arrivera à la bibliothèque!

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    1. C'est l'avantage avec les livres de la bibli : tu peux abandonner sans trop de regrets si ça ne te plait pas

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  13. Anonyme9.12.23

    Bonjour, merci pour ton passage sur mon blog. Par "tradition personnelle", je ne réponds pas aux comm sauf si une question mérite vraiment une réponse précise ! Je vais t'ajouter dans ma liste de blog, pourrais tu pour cela me donner ton prénom. Quant à ce roman, il ne me tente pas en fait, et pourtant, on a en tellement parlé en début de rentrer littéraire qu'on s'attendait presque à ce qu'il rafle tous les prix !

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    1. Bonjour, merci pour ton message. Malheureusement ton commentaire est resté anonyme. J'aimerais bien t'ajouter aussi à ma liste. ce livre d'Agnès Desarthe est plus un récit autobiographique qu'un roman. Il faut se laisser porter par les digressions mais je comprends que cela puisse dérouter.

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  14. j'ai fait un essai avec cet auteur, il y a des années et je n'ai vraiment pas du tout accroché. Je la laisse à ses lecteurs ;-)

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    1. Tu n'as pas envie de faire une nouvelle tentative ? Tu as détesté à ce point là ?

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