La Malédiction de Satapur. Sujata Massey

La Malédiction de Satapur. Sujata Massey


 Je profite de ce début de saison estivale pour faire une nouvelle escale indienne, en compagnie de Maggie, Claudialucia et Rachel qui ont suggéré une lecture commune autour de La Malédiction de Satapur de Sujata Massey. Il s’agit d’un cosy Mystery, un genre idéal selon moi, pour inaugurer les lectures de vacances. Avec ce polar historique, le dépaysement est garanti. 

La romancière américaine d’origine indienne, nous invite dans la petite principauté fictive de Satapur, un territoire situé au cœur des Ghats occidentaux. La saison des pluies rend son accès d’autant plus difficile. Nous sommes en octobre 1921 et cet état princier du Raj britannique connait une grave crise de succession. Le Maharadjah est mort de la malaria puis son fils aîné a été tué par un tigre. Son dernier héritier mâle, le Maharadjah Jiva Rao, n’a que 10 ans. Il vit confiné dans son palais, entouré de sa jeune sœur et des deux maharanis. Sa mère, la Choti-rani (la jeune maharani) souhaite l’envoyer étudier en Angleterre où il pourra bénéficier d’une éducation digne de ses futures fonctions. Sa grand-mère, la Rajmata Putlabai (la maharani douairière), s’y oppose formellement. Les deux femmes réclament l’arbitrage de l’agence de Kolhapur qui représente la couronne britannique dans les états du Deccan.  Or, elles pratiquent la Purdah, la ségrégation entre hommes et femmes, et refusent de recevoir Colin Sandringham, le nouvel l’agent politique en place. Les Anglais trouvent néanmoins une parade en confiant la mission à une avocate indienne appelée Perveen Mistry. La jeune femme, adepte du zoroastrisme, travaille pour le cabinet familial. La proposition de l’agence Kolhapur est une formidable opportunité professionnelle qu’elle ne peut laisser passer malgré les problèmes logistiques qui lui compliquent la tâche. Par ailleurs, elle découvre rapidement que la vie du jeune Maharadjah est menacée. La sienne aussi puisqu’elle est devenue sa protectrice légale. 

La Malédiction de Satapur est le 2ème volet d’une série policière débutée avec Les veuves de Malabar Hill. L’intrigue se déroule à la même période que les célèbres polars d’Abir Mukherjee mais la comparaison s’arrête là. Le style d’écriture et le traitement romanesque des évènements sont très différents.  Le fait que l’héroïne récurrente soit une femme joue sans doute un rôle important. Il s’agit d’une détective amatrice, ex étudiante à Oxford. Du fait de son origine, elle subit les contraintes des règles religieuses et de la société de castes. Son univers est donc très éloigné de celui du capitaine Wyndham, ex-enquêteur de Scotland Yard et vétéran de la première guerre mondiale, qui s’illustre dans les romans d’Abir Mukherjee. Bref, les livres de Sujata Massey sont beaucoup plus légers et ne s’adressent peut-être pas au même public. 

Certes, l’intrigue de La Malédiction de Satapur pouvait se résoudre en moins de 500 pages et le titre français est plus accrocheur que le titre original (The Satapur Moonstone).Cela étant dit, je trouvé ce roman plutôt distrayant. La bluette entre Perveen Mistry et Colin Sandringham ne m’a pas dérangée et j’ai beaucoup apprécié la toile de fond historique.

Sujata Massey a reçu plusieurs prix de littérature policière pour cette série (surtout pour Les veuves de Malabar Hill) dont le Prix Agatha 2018 du meilleur roman historique et le Prix Mary Higgins Clark 2019. Le troisième volume, Le Prince de Bombay a été publié chez Charleston en 2022. Un quatrième épisode doit paraître en juillet prochain en version originale. Il est intitulé The Mistress of Bhatia House. Sujata Massey est l’autrice d’une autre série, The Rei Shimura (11 tomes), qui n’a pas encore été traduite en Français.

Les enquêtes de Perveen Mistry, tome 2 : La Malédiction de Satapur. Sujata Massey. Charleston Poche, 544 pages (2022)


Commentaires

  1. Je vais rester sur la série d'Abir Mukherjee pour le moment...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est une excellente série. Pour l'instant je n'ai jamais été déçue par Abir Mukherjee

      Supprimer
  2. Anonyme25.6.23

    Comme toi, j'ai bien apprécié tous les détails sur la culture indienne et sur la critique du colonialisme anglais mais j'ai jugé l'intrigue policière pas très intéressante. Quant à la bluette entre Perveen et Colin , elle est à peine suggérée. C'est vraiment secondaire dans l'histoire !
    Je ferai un essai avec Abi Mukherjee !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait d'accord concernant l'histoire romantique entre Perveen et Colin. Elle est vraiment secondaire.

      Supprimer
  3. J'ai fait le lien ! Contente que tu aies moins souffert que Rachel et moi... Je ne lirai plus cette autrice malgré des atouts, notamment la partie historique... La bluette sentimentale était vraiment de trop :-(

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bon les résultats sont mitigés puisque Claudia semble avoir apprécié sa lecture. As-tu lu les romans d'Abir Mukherjee ? Je pense que cela te plaira davantage.

      Supprimer
  4. Comme les autres, put être en rester à l'autre série?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. sauf si tu aimes beaucoup l'Histoire et l'Asie

      Supprimer
  5. J'avais aimé les ambiances plus que l'histoire, et je me suis dit que je ne continuerais pas la série après celui-ci.

    RépondreSupprimer
  6. Aaah il y a des critiques audacieusement enthousiastes quand même, dans le genre "même pas peur".^^ Je parle de celle sur le bandeau de couverture : "le meilleur du mystère historique". Bon je n'ai pas lu le livre donc je ne peux juger, mais tout de même, même si je pressens que c'est sympa, et tu confirmes, il y a un monde entre sympa et pépite.^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'inscription sur le bandeau exagère. Effectivement, j'ai trouvé le roman distrayant mais ça ne casse pas non plus 3 pattes à un canard. En réalité, comme bien souvent dans les polars historiques, l'un des deux éléments prend le dessus sur l'autre. Ici, c'est le fond historique qui est le plus développé au détriment de l'intrigue policière. Donc, si tu acceptes cet aspect du roman, tout va bien, sinon tu seras déçue.

      Supprimer
  7. donc, "pépite", c'est un peu trop fort si je comprends bien?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un roman distrayant et agréable à lire si on aime l'Histoire et qu'on est pas trop attaché aux intrigues policières mais dire que c'est une "pépite", non, quand même pas.

      Supprimer
  8. Peut-être pas pour moi ; par contre, mes quelques expériences de lecture autour de la littérature indienne se sont toutes avérées très positives. Ton billet me fait l'effet d'une piqûre de rappel :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les romans de Sujata Massey sont des cosy mystery sans prétention. En revanche, j'ai comme toi, des expériences de lectures indiennes formidables. Il s'agit souvent de romans colorés et foisonnants, des sagas, des histoires familiales ou des fresques historiques... tout ce que j'aime. Je pense à des auteurs comme Vikram Seth, Rohinton Mistry, Jhumpa Lahiri ou Arundhati Roy.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Veiller sur elle. Jean-Baptiste Andrea

Trust. Hernan Diaz

Sauvage. Jamey Bradbury

A la ligne. Joseph Ponthus

La maison allemande. Annette Hess