Meurtres à la cathédrale. Martine Pouchain

Meurtres à la cathédrale. Martine Pouchain


 Le point de départ de ce roman pour la jeunesse est une anecdote réelle au sujet d’une statue de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens. Elle concerne l’inconnu qui, au 13ème siècle, a servi de modèle pour la réalisation du Beau Dieu. Il s’agit d’une sculpture qui, orne le portail central de la façade occidentale. Selon Wikipédia, son appellation se justifie par « par l'attitude du Christ en majesté, la noblesse et la gravité du visage, la sérénité du regard ainsi que par l'élégance des plis de la draperie ». La légende raconte que l’homme aurait disparu à la fin du travail, aussi mystérieusement qu’il était d’abord apparu et sans même réclamer de rémunération. A partir de là, Martine Pouchain, qui est d’origine amiénoise, a imaginé une histoire pleine de suspense et de rebondissements. Elle nous renvoie donc en 1244 alors que la cathédrale est encore en construction, sous la direction de Thomas de Cormont, le maître d’œuvre qui succéda à l’architecte Robert de Luzarches. 

Le héros de cette histoire est Amaury Lasnier, un jeune sculpteur talentueux qui, poussé par la curiosité, se trouve mêlé à une sale affaire. En effet, plusieurs crimes ont été commis alors qu’une troupe de forains arrivait en ville. Les deux premières victimes sont d’ailleurs des saltimbanques. Amaury lui-même a été témoin d’un incident impliquant un ladre sur le chantier même de la cathédrale. Les indices l’ont conduit jusqu’à la boutique d’un apothicaire dont l’attitude est pour le moins suspecte. Le jeune homme décide de faire part de ses découvertes à l’échevin Grégoire de Croy. Celui-ci est prêt à lui faire confiance mais ce n’est pas le cas du chanoine Clari qui mène les investigations avec lui. 


Meurtres à la cathédrale. Martine Pouchain. P10-11


Parallèlement à l’enquête se joue un drame amoureux dont l’un des protagonistes est le trouvère Eustache, grand ami d’Amaury. Le jeune homme est follement épris d’Adèle Picquet, qu’il connait depuis l’enfance. Malheureusement pour lui, la belle s’apprête, avec la bénédiction de ses parents, à accorder sa main à Hugues de Cressy, un riche notable récemment installé à Amiens. L’homme n’est guère apprécié des habitants, à l’exception de ceux qui ont bénéficié de ses largesses. 

Le roman de Martine Pouchain s’adresse aux enfants à partir de 11 ans. C’est une excellente façon d’aborder l’histoire médiévale avec les jeunes lecteurs. On y découvre l’organisation sociale et religieuse de la société au milieu du 13ème siècle, différents métiers emblématiques de l’époque et la vie quotidienne des Amiénois, rythmée par les heures canoniales (matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies). L’autrice évoque aussi la culture de la waide, ou guède, à l’origine du fameux bleu d’Amiens, et celle de la vigne qui a été attestée dans la région dès le haut Moyen-Age.  En dépit des crimes de sang, il n’y a pas de scènes de violences intempestives et l’histoire ne risque pas de traumatiser les âmes sensibles. 

Meurtres à la cathédrale est le premier roman de Martine Pouchain et inaugure un triptyque dont Amaury est le héros. Les deux autres volets de cette série (La fête des fous et Le Monstre des marais) sont aujourd’hui épuisés chez l’éditeur. La romancière a publier depuis de nombreux ouvrages pour la jeunesse, parmi lesquels Chevalier B. (Prix des lycéens allemands en 2009) ou La Ballade de Sean Hopper (Prix Sésame, Prix Les Dévoreurs de livres et Prix Gragnotte en 2012). Ses derniers ouvrages parus sont Sous-sol (Sarbacane, 2022) et Il était un petit navire (Thierry Magnier, 2022).

Meurtres à la cathédrale. Martine Pouchain (texte) et Gilbert Maurel (illustrations). Folio Junior, 224 pages (2008)


Commentaires

  1. Une histoire instructive sur la période médiévale, mais aussi une intrigue riche on dirait. Les folio junior sont plutôt qualitatifs au rayon jeunesse, je trouve.

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    1. Oui, je trouve aussi. On est rarement déçu avec Gallimard jeunesse et la collection Folio Junior. J'aime bien Bayard aussi et L'école des loisirs. Il y a aussi de nouveaux éditeurs très chouettes.

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  2. Ah! le beau Dieu ! Je ne connaissais pas la légende !

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    1. Moi non plus ! J'ai trouvé l'anecdote sympathique.

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