Celle qui parle aux morts. A.K. Turner

Celle qui parle aux morts. A.K. Turner

 Après Tess Gerritsen, Patricia Cornwell et Kathy Reichs, les maîtresses du thriller médico-légal, la romancière britannique A.K. Turner renouvelle le genre. Bienvenue dans la morgue du district de Camden à Londres ! C’est ici qu’officie son héroïne, la technicienne Cassandre (Cassie) Raven, 25 ans à peine. Derrière l’apparence physique atypique de la jeune femme, un mélange de Lisbeth Salander dans la trilogie Millénium, et d’Abigail Sciuto, l’experte scientifique dans NCIS, il y a anatomopathologiste compétente et une personnalité ultra-sensible à découvrir. 

Cassie a toujours cru que ses parents étaient décédés dans un accident de voiture. Or Weronika, sa grand-mère qui l’a élevée depuis le drame, lui apprend qu’elle lui a menti pour la protéger. En réalité, Katherine, sa mère, a été sauvagement assassinée par son mari jaloux et alcoolique. Il est sorti de prison après avoir purgé une peine de 17 ans. Lorsque Callum tente de renouer avec sa fille, Cassie est sur la défensive. Il prétend qu’il n’aurait jamais fait de mal à Katherine et que le meurtrier de son épouse court toujours. Notre héroïne décide de faire appel à la lieutenante Phyllida Flyte qui l’a déjà aidée (avec un peu de réticence) par le passé et pour laquelle elle a ressenti un troublant crush amoureux. Au boulot, ce n’est pas la joie non plus. Cassie est focalisée sur une suspicion de suicide. La victime est un adolescent de 15 ans et ses parents sont dévastés. Son nouveau chef, le médecin légiste Philip Curzon, est un quinquagénaire condescendant et perpétuellement énervé. Son collègue Jason, un fayot qui affectionne les blagues douteuses sur les morts, ne lui apporte aucun soutien. Et pour arranger le tout, sa grand-mère est en convalescence après avoir été victime d’un AVC. Cassie a dû abandonner son appartement pour prendre soin d’elle et confier son rancunier de chat, Macavity, a son voisin. 

Waouh ! Entre les virées dans les bars du quartier emblématique de Camden, les pensionnaires de la morgue qu’il faut faire parler et le cold case parental, on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer avec Cassandra Raven ! Mais attention, âmes sensibles s’abstenir ! Ce polar underground s’adresse à un public averti. J’ai d’ailleurs été surprise de voir que l’éditeur recommande le recommande aux lecteurs à partir de 15 ans. C’est le cas aussi du Club des mamans mortes qui est paru dans la même collection. Je comprends que les personnages récurrents puissent fasciner les jeunes adultes mais ces deux thrillers me semblent un peu perturbants pour des adolescents. Cette remarque étant faite, j’ai apprécié le réalisme de l’intrigue dans Celle qui parle aux morts, et notamment toute la partie sur l’éthique médico-légale et judiciaire, la description précise des procédures et, contre toute attente, les digressions scientifiques sur la pratique des autopsies. Le personnage de Cassie suscite suffisamment d’empathie en dépit de ses préjugés vis-à-vis des "vieux" (les quadragénaires - et au-delà - sont souvent des gens aigris ou pathétiques). 

Celle qui parle aux morts est le second volet d’un triptyque, après Body Language (Alibi, 2022), mais chaque tome correspond à une nouvelle enquête. Le troisième volume, Case Sensitive en V.O, n’a pas encore été traduit en français. A.K. Turner a publié une autre trilogie sous le pseudonyme d’Anya Lipska (qui est peut-être son vrai nom). Il s’agit de la série Kiszka & Kershaw, publiée au Royaume-Uni entre 2011 et 2015. 

Celle qui parle aux morts. A.K. Turner. Alibi, 330 pages (2023)



Commentaires

  1. A une (lointaine) époque, j'étais accro à Ray Scarpetta !! ... j'ai fini par m'en lasser, et je suis maintenant très réticente à entamer des "séries" policières où l'on retrouve le même enquêteur d'un titre à l'autre, parce qu'il y a tant à lire par ailleurs. Il n'y a que Jo Nesbo qui a finalement réussi à m'accrocher, du début à la fin, à sa série "Harry Hole"...

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    1. Je te comprends très bien. Moi aussi, j'ai de plus en plus de mal à suivre les séries lorsqu'elles durent trop longtemps. Quand j'étais (plus) jeune, "j'épuisais" quasiment d'une traite les écrivains qui me plaisaient (tous genres confondus). J'ai eu des périodes Dennis Lehane, Fred Vargas, Amin Maalouf,John Irving, Russel Banks, Annie Proulx...

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  2. Moi aussi j'ai lu Ray Scarpetta ; et puis j'ai abandonné, je ne sais plus pourquoi. J'ai sans doute été happée par une autre série .. Il a l'air assez costaud celui d'aujourd'hui, je ne vais peut-être pas tenter.

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    1. J'ai lu plusieurs romans de Patricia Cornwell moi aussi, y compris son essai sur Jack L'éventreur. Cassie Raven est effectivement plus torturée que Kay Scarpetta mais on s'y attache.

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  3. J'apprécie les avertissements aux lecteurs. On le fait bien pour les films. On n'a pas tous la même sensibilité ni les mêmes envies de lecture, et c'est bien de savoir à quoi s'attendre avant de se plonger dans un livre (si on tient toujours à s'y plonger^^).

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    1. Je suis d'accord et c'est la raison pour laquelle j'essaie d'être le plus honnête possible. Cela dit, je préfère donner envie de lire un roman que de dissuader les lecteurs potentiels.

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    2. Je pense que les lecteurs peuvent discerner si une lecture pourrait leur correspondre quand même malgré les réserves ou l'enthousiasme, si tant est qu'on leur ait donné toutes les cartes pour pouvoir se décider. J'ai eu le malheur récemment de lire un roman encensé par la critique et par une lectrice en particulier (intrigue géniale etc), mais cette dernière n'a pas jugé bon signaler que l'écriture était affligeante. Moi ça m'a pourri ma lecture. Quand je lui en ai parlé, elle m'a juste dit, oui, c'est vrai, les dialogues et le style ne sont pas géniaux. J'étais furax. A l'inverse, Sandrine (Tête le lecture) a dernièrement parlé d'un livre qui l'avait laissé mitigée, eh bien moi ça m'a quand même tentée.^^

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    3. Chacun a ses goûts et sa sensibilités mais, comme tu le dis, il y a des indices qui permettent de sentir si on va apprécier un livre ou pas... lorsque les cartes ne sont pas pipées, bien sûr. Il y a des livres que j'abandonne en cours de route, d'autres dont je ne parle pas. Parfois je m'accroche. Je suis réticente à être trop négative mais j'essaie de souligner les bémols.

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