La longue marche des dindes. Karr & Bischoff
Simon Green, orphelin de 12 ans, vit chez son oncle Lucas et sa tante Maybelle dans la petite ville d’Union dans le Missouri. A l’été 1860, son institutrice, Mme Rogers, lui explique qu’il est temps pour lui de voler de ses propres ailes. L’adolescent est un bon petit gars mais il n’est pas très doué pour les études. Simon a redoublé plusieurs classes mais il n’est pas stupide pour autant. Une discussion avec un éleveur du coin lui fait prendre conscience qu’il y a de l’argent à gagner grâce aux dindes. S’il parvient à les conduire jusqu’à Denver (la ville champignon « aux rues pratiquement pavées d’or »), il pourra les revendre une fortune. L’entreprise nécessite évidement un peu d’organisation et une mise de départ. Son institutrice ayant acceptée de lui avancer l’argent, Simon réclame son héritage (un charriot, des mules et du maïs), engage Bidwell Peece (un alcoolique notoire qui accepte de se sevrer) et achète le cheptel de Mr. Buffey. Les problèmes logistiques enfin réglés, notre jeune héros est prêt à quitter le nid pour se rendre dans l’ouest via le Kansas et le Colorado… Un voyage initiatique qui va changer sa vie !
Il s’agit ici d’une adaptation en bande dessinée du roman éponyme de Kathleen Karr paru à L’école des loisirs en 1999 et souvent plébiscité par les enseignants. Le roman comme la BD s’adressent aux jeunes lecteurs à partir de 11 ans. Pour ma part, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire la seconde version. Tous les codes du western sont respectés et l’intrigue permet d’aborder en douceur l’histoire de la conquête de l’ouest avec ses thématiques délicates comme la spoliation des terres indiennes, la dureté du mode de vie des pionniers, l’esclavage, l’omniprésence des hors-la-loi, etc. L’atmosphère n’est pas plombée pour autant et le récit insuffle un sentiment de bienveillance.
Les illustrations de Léonie Bischoff rendent un bel hommage à l’Amérique des grands espaces avec des tonalités de jaune et d’orangé pour les scènes diurnes, ainsi que du vert, du bleu et de violet pour la nuit. Le trait a la fraîcheur des albums pour la jeunesse. J’aime bien l’idée qu’a eu la dessinatrice d’insérer des morceaux de cartes géographiques. Cela permet aux jeunes lecteurs de se repérer dans l’espace et de suivre les différentes étapes du voyage de Simon. Pour moi, cette version graphique de La longue marche des dindes est une réussite totale. Il faut dire que Léonie Bischoff n’en est pas à son coup d’essai en la matière. Elle a déjà adapté plusieurs œuvres romanesques dont deux polars de Camilla Läckberg.
📌La longue marche des dindes. Kathleen Karr (scénario) & Léonie Bischoff (dessin et couleur). Editions Rue de Sèvres, 144 p. (2022)
Commentaires
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola