Bangalore. Simon Lamouret
Au premier abord, cette bande dessinée est un peu déconcertante. La quatrième de couverture nous apprend que son auteur déambule dans les rues de Bangalore où il croque le paysage urbain et ses habitants. Nous suivrons donc son alter égo de papier à travers les rues de la ville indienne mais nous n’en saurons guère plus sur ses motivations, si ce n’est qu’il s’agit d’un séjour dans le cadre professionnel. Il faudra googleliser l’illustrateur pour savoir qu’il a vécu 4 ans à Bangalore où il a enseigné le dessin. Il a attendu encore 2 ans pour écrire les premières lignes de texte, s’assurant la distance nécessaire avec l’objet de ses observations.
La construction de la bande-dessinée est également un peu surprenante. Des planches comportant jusqu'à 16 cases alternent régulièrement avec des illustrations en doubles-pages. Les dessins changent très peu d’une case à l’autre : juste un bras ou une jambe qui se déplace, par exemple. Ce montage n’est pas sans rappeler ceux des dessins-animés. Le dessinateur déroule ainsi une série d’anecdotes qui sont autant de tableaux de la vie quotidienne des Bangalorais. Les grandes illustrations, qui concluent chaque mini-strips, viennent apporter un éclairage supplémentaire aux saynètes. Certaines sont si foisonnantes qu’elles font penser au jeu de cherche et trouve.
Simon Lamouret aime prendre son temps et son lecteur doit s’armer de patience pour comprendre ce qu’il veut lui dévoiler. Certaines scènes restent énigmatiques jusqu’à la fin de l’ouvrage où l’auteur a inséré un lexique. Il y donne des informations supplémentaires qui sont autant de clés permettant de déchiffrer les mini-strips. La culture indienne ne nous est donc pas présentée sur un plateau, elle nécessite un effort de la part du lecteur. Ce stratagème contribue à créer un sentiment de solidarité avec l’auteur. On comprend mieux ce qui a pu l’interroger et le dérouter au cours de ses promenades dans les rues indiennes.
La BD est découpée en 4 parties, qui correspondent à différents moments de la journée (matinée, après-midi, etc), soit 24h de la vie de la cité, du lever au coucher du soleil. Les petits commerçants s’affairent derrière les comptoirs de leurs boutiques ambulantes, les véhiculent de tous types envahissent la chaussée, les piétons colonisent le moindre espace disponible. Chacun vaque à ses occupations, dans une atmosphère grouillante et (on suppose) assourdissante. La rue offre à ses habitants tout ce qu’il est possible d’y implanter : on y mange, travaille, dort… on se fait cirer les chaussures, couper les cheveux et même soigner les dents. Les forces de l’ordre sont tantôt tolérante, tantôt source de crainte (les bakchichs ne suffisent pas toujours à les amadouer).
Bangalore a été publié une première fois en 2017 chez Warum mais dans une version en noir et blanc. Celle-ci est donc en couleurs, rendant un hommage plus authentique à cette population indienne si bigarrée (au propre comme au figuré). Simon Lamouret a rapporté un second ouvrage de son voyage en Inde. Il s’agit de L’Alcazar, un roman graphique publié chez Sarbacane en 2020. Il y décrit la vie d’un chantier de construction dans un quartier résidentiel indien.
💪Cette lecture s’inscrit dans le cadre des rendez-vous en ville du mois de septembre, lectures thématiques, organisées par Ingannmic et Athalie.
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📌Bangalore. Simon Lamouret. Sarbacane, 112p. (2021).
Parfait pour ce rendez vous. Exact, c'est un peu déconcertant dès l'abord
RépondreSupprimerOui, il faut prendre son temps
RépondreSupprimerElle s'y inscrit même parfaitement, je rejoins Keisha.. merci !
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