Buller en ville et lire les murs

Un siècle après Jules Verne et sa vision d’une cité idéale, les Amiénois se reprennent à rêver grâce à une poignée d’artistes urbains et de passionnés de bande dessinée. Parmi ces derniers, il y a Pascal Mériaux, la pierre angulaire d’un projet fantastique.

Affiche de la 25ème éditions des Rendez-vous de la bande dessinée d'Amiens par Cyril Pedrosa

L’histoire débute en 1995 avec On a marché sur la bulle, une association qui se donne pour objectif d’organiser un festival dédié au 9ème art qui se tiendra chaque année au mois de juin. La première édition, en collaboration avec la bibliothèque d’Amiens et la bibliothèque départementale de la Somme, est déjà un petit succès. Le festival reçoit une trentaine d’auteurs en un week-end et attire plus de 1500 visiteurs au Coliseum.

Vingt-cinq ans plus tard, les Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens sont devenus une institution. L’évènement se déroule sur un mois entier, dans ses propres locaux à la Halle Freyssinet (un espace de quelques milliers de m2) et déborde hors les murs jusqu’au mois d’octobre. Toute la ville est au diapason. Même les fameux bus électriques Nemo se parent d’illustrations qui sont autant d’hommages à la ville de Jules Verne et à la bande dessinée. Un centre de ressources ouvre ses portes et organisent des activités à destination de la jeunesse et des scolaires. L’association se dote d’un département éditorial et crée les éditions de la Gouttière. L’université propose un diplôme de « Création de bandes dessinées » en partenariat avec l'Ecole supérieure d'art et de design d'Amiens et l'association « On a marché sur la bulle ». Au plus fort du festival, la bibliothèque, la MACU (maison de la culture) et le centre culturel Le Safran reçoivent des expositions.

Fresque murale à la Maison de la Culture d’Amiens @DoudouMatous

En 2022, c’est plus de 21 000 visiteurs qui se sont déplacés à Amiens pour assister à la 26ème édition des Rendez-vous de la bande dessinée. Le festival accueille désormais une centaine d’auteurs, une dizaine d’expositions originales, des spectacles et des concerts dessinés inédits, des ateliers, des rencontres en exposition, des tables rondes, une journée professionnelle, des journées dédiées aux scolaires… Par ailleurs, les lycéens choisissent leur lauréat pour le prix du Meilleur Premier Album. Le service éducatif de l’association emploie maintenant 3 personnes à plein temps, sur une équipe de 6 permanents, tandis que 120 bénévoles contribuent chaque année à l’organisation et à l’animation des Rendez-vous de la bande dessinée.

Illustration réalisée par Anthony Rico, 1er prix du concours "Dessine ta fac" organisé par l'UPJV @DoudouMatous

Depuis l’année dernière, le festival IC.ON.IC et son parcours Street art, qui s’échelonne sur plusieurs mois (d’octobre à décembre pour l’édition 2022), viennent conforter Amiens dans sa vocation de privilégier les arts visuels dans l’espace public. Au total, c’est plus d’une quinzaine d’œuvres qui sont dispatchées dans les rues amiénoises. Des artistes incontournables de la scène urbaine, ont réalisés des œuvres monumentales jalonnant l’itinéraire au cœur de la ville. C’est le cas, par exemple, de Bault (La chaloupe au quai de la rue Dame-Jeanne), d’Ememem (Flacking au 35 rue des Majots), d’Osru (Mixité au 16 rue Gaudissart) ou de Poes et Jober (L’épopée de Gilgamesh au 7 rue du Pont-à-Moinet). Les artistes Amiénois comme Romain Dorez (Nemoctopus au Parking rue des archers) ou Céline Roucou (La Veille Maison au 16 rue de la Dodane) ont aussi décoré les murs de la cité picarde.

Fresque murale de la Maison Jules Verne dans la Rue Charles Dubois à Amiens @DoudouMatous

Ce penchant Amiénois pour le Street Art n’est pas tout à fait nouveau. Romain Dorez et Sibrah.Art, s’y étaient déjà essayé avec succès, ornant la ville de d’œuvres colorées, riches de messages positifs et humoristiques.

Grâce à tous ses artistes talentueux, et en dépit de de la morosité ambiante liée à la crise sanitaire du Covid-19, Amiens se dessine un avenir en couleurs !