Une ardente patience. Antonio Skármeta
L’intrigue débute en 1969 dans une petite bourgade chilienne au bord du Pacifique et se termine en 1973 au même endroit. Durant ce cours intervalle, Salvador Allende est élu à la présidence, Pablo Neruda reçoit le prix Nobel de littérature, Augusto Pinochet fait son coup d’état et le poète s’éteint. En dépit de ces évènements historiques tumultueux, le jeune Mario Jimenez se la coule douce dans son village éloigné de tout. Mais son père, lassé de sa fainéantise, lui pose un ultimatum. Le jeune homme dégote alors le boulot idéal : Il sera le facteur de l’île Noire. Il s’agit de la propriété où Pablo Neruda se retire avec son épouse Matilde Urrutia. Le travail n’est donc pas trop dur pour Mario même si le poète reçoit chaque jour un nombre impressionnant de courriers. Le facteur, admirateur du grand homme, n’aura de cesse de s’en rapprocher pour devenir son familier. Il espère devenir écrivain à son tour. En réalité, il veut surtout séduire, à coups de métaphores poético-érotiques, la belle Beatriz Gonzalez, la serveuse de l’unique auberge du coin.
«- Cela fait plusieurs mois qu’un dénommé Mario Jimenez rôde autour de mon auberge. Ce monsieur s’est permis des insolences à l’égard de ma fille qui a à peine dix-sept ans.
- Que lui a-t-il dit ?
La veuve cracha entre ses dents :
- Des métaphores.
Le poète avala sa salive.
- Et alors ?
- Et alors, don Pablo, avec ses métaphores, il a rendu ma fille plus chaude qu’un radiateur. »
Cet opus tire son titre d’une phrase d’Arthur Rimbaud, citée par Pablo Neruda dans son discours à l’Académie Nobel. Aussi bref soit-il, ce livre est de bourré de poésie, d’humour et de tendresse. Ce vernis de légèreté n’exclut pas pour autant le contexte social et politique qui constitue en quelque sorte un second étage narratif. La fin, on la connait, on s’y attend, mais elle n’en reste pas moins poignante.
Une ardente patience a d’abord été une pièce radiophonique puis un scénario de film, avant de devenir le roman que nous connaissons et d’inspirer d’autres longs métrages. Vous avez peut-être vu la version de 1994, Le facteur (Il Postino en italien) du réalisateur anglais Michael Radford avec Philippe Noiret, Massimo Troisi et Maria Grazia Cucinotta, dans les rôles respectifs de Mario, Neruda et Beatriz. Ce film qui transpose l’histoire dans les années 50, sur l’île de Salina en Italie, a été récompensé par une vingtaine de prix internationaux.
Avez-vous également entendu parler de la version originale, celle d’Antonio Skármeta lui-même ? Ardiente Paciencia est né durant l’exil de l’auteur à Berlin-Ouest, où il a enseigné à l'Académie allemande du film et de la télévision (Il a également été ambassadeur du Chili à Berlin, de 2000 à 2003). Le film a néanmoins été tourné au Portugal, avec Oscar Castro dans le rôle de Mario, Roberto Parada dans celui de Neruda et Marcela Osorio dans celui de Beatriz. il obtient le Grand Prix du Festival de Biarritz en 1983. Le roman, adapté du scénario, est publié sous le même titre en 1985 et traduit en français par François Maspero en 1987.
Il existe une troisième version du film, réalisée en 2022 par Rodrigo Sepúlveda (qui a également adapté Je tremble ô matador, le roman de Pedro Lemebel dont nous parlerons bientôt) avec Andrew Bargsted, Vivianne Dietz et Claudio Arredondo dans les rôles principaux. Cette nouvelle adaptation, qui est aussi le premier film chilien produit par Netflix, a le mérite d’avoir été tournée à la Isla Negra.
💪Cette lecture s'inscrit dans le cadre du Printemps latino au Chili
📚Voir aussi l'avis de Sandrine
📌Une ardente patience. Antonio Skármeta, traduit par François Maspero. Points, 160 pages (2016)
Ni vu ni lu, mais noté dans la loooooongue liste! ^_^
RépondreSupprimerComme je te comprends... j'ai une liste vertigineuse !
SupprimerJ'ai aimé ce roman, un peu moins son adaptation malgré Philippe Noiret.
RépondreSupprimerJ'ai lu "Propre" pour le challenge. Mais le temps passe et je n'ai pas écrit de billet car je ne suis pas inspirée du temps...
ah mince, tu as aimé le roman ou pas du tout (je parle de Propre) ? Mince aussi pour Noiret dont la présence suffit habituellement pour rendre un film attrayant;
SupprimerJe l'ai lu avec intérêt au début, puis plus...
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce titre, je me souviens très nettement du personnage de la belle-mère !
RépondreSupprimeroui, elle est pas mal non plus dans son genre !
SupprimerJ'avais noté cet auteur pour le lire mais aucun de ses romans n'était dispo alors je n'ai lu finalement que Sepulveda que je connaissais déjà mais que bizarrement peu de gens empruntent...Merci de nous parler de celui-ci il me plairait j'en suis certaine. J'ai vu en effet le facteur.
RépondreSupprimerC'est vrai que Sepulveda a eu un succès fou pendant ce challenge.
Supprimerj'ai vu le film mais je ne sais pas quelle version. Et j'avais bien aimé autant que je m'en souvienne
RépondreSupprimerPeut-être celle avec noiret qui doit être la plus courante
SupprimerJ'ai vu Le facteur, mais j'ignorais qu'il y avait eu autant d'adaptations ! Par ailleurs, cet extrait est très savoureux. Il y a aussi un côté Cyrano soufflant ses répliques à Christian dans cette histoire...
RépondreSupprimeroui, il y a des passages formidables... mais on oublie pas pour autant le fond historique (beaucoup moins drôle).
SupprimerJe ne connais pas du tout, mais ça pourrait m'intéresser...
RépondreSupprimerC'est un roman assez court, touchant et plein d'humour
SupprimerJe n'ai ni lu le film ni vu un des films alors je note ce livre dont le contexte social et politique semble intéressant. Quant à la fin, elle me fait un peu peur mais tu as titillé ma curiosité.
RépondreSupprimerLa fin fait un peu partie de la grande histoire. Pour le reste, je ne peux pas t'en dire plus sans divulgâcher. En tout cas, le livre n'est pas pesant. Il y a beaucoup d'humour.
SupprimerAaah je m'étonnais que personne n'ait encore lu cet auteur pour ce printemps latino (mais je vois que beaucoup l'ont lu déjà^^). Parmi les auteurs chiliens, Skarmeta est une de mes grandes références. J'avais été conquise par ce roman mais aussi par Les jours de l'arc-en-ciel.
RépondreSupprimerJ'ai adoré le style de Skarmeta, les gens simples, son humour... Il était incontournable pour ce challenge, c'est sûr. Je note Les jours de l'arc-en-ciel
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce roman, mais rien relu de l'auteur depuis, quel dommage ! Je note aussi Les jours de l'arc-en-ciel. (et sinon, j'ai bien apprécié aussi le film, celui avec Philippe Noiret)
RépondreSupprimerC'est une belle découverte pour moi. il était temps !
SupprimerBelle découverte pour moi il y a quelques années mais je crois que je vais me replonger dedans car j'ai tout oublié. Et voir le facteur...bref excellent choix et belle proposition.
RépondreSupprimermerci, c'est un beau roman, drôle et touchant. Le contexte est intéressant aussi
SupprimerQuel beau roman ! J'avais été complétement charmée par le personnage du facteur et sa découverte de la poésie des mots et de leurs pouvoirs de séduction.
RépondreSupprimerJ'ai été séduite moi aussi. C'est un petit coup de coeur ce roman
SupprimerJ'aime beaucoup l'extrait présenté et merci pour toutes les informations au sujet de ce livre ! Je me le mets de côté, avec, hum, tous les autres...
RépondreSupprimerBonjour Jenevelle Laclos. Bienvenue parmi nous. Je viens de découvrir ton blog. A bientôt
Supprimer3 adaptations pour un même roman ? Est-ce que tu les as toutes vues ?
RépondreSupprimerEt non !
SupprimerJ'ai un peu (beaucoup) oublié le printemps chilien, j'avoue. Mais j'ai toujours envie de relire Une ardente patience ;-)
RépondreSupprimerIl y avait beaucoup d'activités ses derniers mois. Pas facile de participer à toutes
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