Tout le bruit du Guéliz. Ruben Barrouk
L’auteur a dédicacé ce roman à sa grand-mère Paulette, son héroïne. C’est un personnage attachant, un brin excentrique, dont le parcours de vie au Maroc a été chahuté par la grande Histoire. Le narrateur nous en fait le récit. A travers cette histoire personnelle, il nous raconte aussi celles de ses ancêtres et des derniers habitants du Mellah (le quartier juif de Marrakech).
Ruben Barrouk évoque le fléau du typhus, qui a tué tant d’enfants de Marrakech, la guerre des 6 jours puis le grand exode des Séfarades marocains vers la terre promise. Paulette, elle, a écouté sa petite voix intérieure et a décidé de rester. Son mari est décédé depuis 10 ans alors elle vit désormais seule, loin de sa famille exilée. Cela fait 10 ans aussi que le narrateur et ses proches ne sont pas retournés au Maroc. Désormais, c’est Paulette qui fait le déplacement à Paris. Mais quelque chose a changé.
Paulette entends un bruit dans son appartement. Comment le décrire à ses proches ? C’est la bruit du Guéliz, son quartier, elle en est persuadée… sauf qu’elle est la seule à l’entendre, même lorsqu’elle tend le combiné du téléphone pour faire constater la chose à ses enfants. Plusieurs hypothèses sont émises. Est-ce le trop plein de solitude ? Le bruit du vent qui s’immiscent dans l’appartement de la vieille dame ? Souffre-t-elle d’acouphènes ? Annie, sa fille cadette, est missionnée pour se rendre sur place avec son petit-fils (le narrateur affectueusement surnommé « mchikpara », c’est-à-dire « je prends ton mal ») pour évaluer la situation.
Tout le bruit du Guéliz nous offre un portrait de femme à la fois drôle et touchant, brossé par une très belle plume. J’ai aimé les évocations de ce Maroc disparu, ses traditions (comme la fête du Pourim), ces lieux chargés d’histoire et peuplés de tant de fantômes. Le roman est court mais chargé de beaucoup d’émotions. C’est peut-être ce qui m’en a rendu sa lecture un peu ardue.
Le style d’écriture est tellement maîtrisé que j’ai été surprise d’apprendre qu’il s’agit d’un premier roman. Ruben Barrouk est né en 1997 ! Il a été sélectionné pour de nombreux prix littéraires en 2024 (Prix Goncourt, Prix Goncourt des Lycéens, Prix Stanislas, Prix Cabourg, Prix Jean‐René Huguenin …) et a été récompensé par le Prix du premier roman du festival des écrivains de Gonzague Saint Bris.
📚J’ai piqué cette idée de lecture chez Luocine, Keisha et Miriam
📌Tout le bruit du Guéliz. Ruben Barrouk. Albin Michel, 224 pages (2024)
Comment ça en 1997 ? C'est un bébé...
RépondreSupprimerÇa a l'air bien, j'avais loupé les précédents billets mais le sujet est attachant.
Oui, c'est surprenant. Comme le dis Keisha, son écriture est pleine de maturité.
SupprimerTous les avis sur ce titre se rejoignent... tentant, donc.
RépondreSupprimerNous sommes déjà 4 à l'avoir apprécié.
SupprimerC'est au festival chez Gonzague que je l'ai rencontré, oui c'est un jeune!, avec déjà une belle maturité dans l'écriture, comme toi j'ai été surprise (en bien)
RépondreSupprimeroui, oui, en bien, absolument
SupprimerVous avez toutes les trois aimé, trois bonnes raisons donc de lire ce roman, qui en plus a le mérite d'être court (je fuis un peu les pavés ces temps-ci).
RépondreSupprimerC'est le bon livre alors. Moi aussi, j'ai du mal avec les pavés en ce moment.
SupprimerTu donnes bien envie d'aller à la rencontre de cette Paulette et de l'Histoire.
RépondreSupprimerC'est une personne fascinante et émouvante. La période historique abordée dans ce livre est intéressante si, comme moi, on ne connais pas grand chose à l'histoire des juifs marocains.
SupprimerJe l'ai noté grâce à Keisha, j'espère le lire un jour... mais il y a tant de tentations !
RépondreSupprimerC'est un problème familier mais on ne va pas ce plaindre : encore tant de belles lectures à découvrir !
Supprimermerci pour le lien, et comme toi j'ai été sensible au portrait de cette femme et au passé juif du Maroc
RépondreSupprimerJ'ai été bluffée par la maturité de l'écrivain même si cela m'a parfois perturbée
SupprimerAu contraire de toi, je n'ai pas aimé le style aux adjectifs inutiles et aux très nombreuses virgules.
RépondreSupprimerJ'aime bien de temps en temps lire des livres dont le style est un peu plus travaillé mais je peux me lasser aussi assez vite. Je varie donc les plaisirs
SupprimerIl est dans ma PAL suite aux conseils d'une de mes libraires. Je me réjouis encore plus de le lire !
RépondreSupprimerL'histoire est touchante vraiment
Supprimerj'ai beaucoup aimé ce livre nostalgique et tendre lu entre deux voyages dans le sud marocain
RépondreSupprimerEffectivement, la période s'y prêtait pour toi.
Supprimerhttps://netsdevoyages.car.blog/2024/10/07/tout-le-bruit-du-gueliz-ruben-barrouk/
RépondreSupprimerMerci pour le lien. J'avais raté ton billet mais je vois que nos avis se rejoignent.
SupprimerJe l'ai noté quand j'ai découvert la chronique de Keisha en septembre, mais hélas ma médiathèque en ville ne l'a toujours pas. Il faudrait que je prenne le temps de leur faire quelques demandes...
RépondreSupprimerLes bibliothécaires de ma ville nous incitent souvent à faire des suggestions d'acquisitions. mais je n'y pense jamais... et je n'ose pas non plus me manifester.
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