The Curious Casebook of Inspector Hanshichi. Kido Okamoto
Kidō Okamoto est né à la fin du 19ème siècle, sous l’ère Meiji. Cette période symbolise la fin de la politique d'isolement volontaire du Japon. Les écrivains nippons découvrent les maîtres du suspense anglo-saxons. Parmi eux, Arthur Conan Doyle rencontre un vif succès. Fascinés par ce type de littérature, les Japonais inventent un nouveau genre : le "torimonochô". Il a d’ailleurs donné son titre original au recueil de Kidō Okamoto: Hanshichi Torimonocho. Celui-ci mêle les ingrédients du roman policier à ceux du fantastique et de la fresque historique.
Entre 1916 et 1937, Kidô Okamoto publie 68 nouvelles policières dont le personnage récurrent est Hanshichi de Kanda, un inspecteur du Shogunat. Une vingtaine d’histoires seulement ont été traduites en français. Le premier tome (encore disponible chez Picquier) est intitulé Fantômes et samouraïs. C’est un recueil de 14 nouvelles (dont L’esprit d’Ofumi ou La lanterne de pierre) qui sont autant d'énigmes résolues par le Sherlock Holmes nippon. La version anglaise présente la même sélection d’histoires. Le second volume, Fantômes et kimonos, est malheureusement épuisé chez l’éditeur. Il comptait seulement six enquêtes : A la poursuite du faucon, Le bébé-monstre, Meurtres à la lance, Kappa et Geishas, Le pavillon de Mukôjima et La malédiction de la fille du marchand de saké.
L’auteur prétend s’être inspiré des histoires qui lui auraient été rapportées directement par un détective retraité d’Akasaka, un ancien arrondissement de Tōkyō. Kidô Okamoto apparaît sous les traits d’un jeune journaliste recueillant les confidences du vieil inspecteur. Hanshichi serait né en 1823 à Nihonbashi, le quartier marchand d’Edo (ancien nom de Tōkyō). Toujours selon l’auteur, les affaires criminelles résolues par son héros dateraient des années 1850 et lui auraient été confiées aux alentours de 1890.le journaliste, n’est pas sans rappeler le Dr Watson. Les deux détectives, quant à eux, usent de méthodes de déduction similaires, basées sur la logique. Elles viennent contredire les préjugés et explications surnaturelles de leurs contemporains. Ainsi, en dépit des titres qui évoquent des nouvelles fantastiques, il s’agit bien d’intrigues policières dont le dénouement est basé sur un raisonnement parfaitement cartésien.
Les nouvelles mettent en scène différents types de population : des figures des guerrières et des personnages influents de l’administration shogunale mais aussi des jeunes filles de bonne famille, des domestiques, des "coquettes", des commerçants, des commis, des fauconniers, etc. Ainsi, au fil des pages et des rencontres, on apprend beaucoup sur la société nippone du milieu de 19ème siècle. Non seulement sur ses croyances et ses rites religieux, mais aussi sur la vie quotidienne et les relations sociales.
Dans une nouvelle, on découvre par exemple que la possession d’une fauconnerie est un privilège du shogun. Un particulier qui élève clandestinement l’un de ses rapaces, s’expose donc à la peine de mort. De même, un fauconnier shogunal qui égare l’oiseau confié à ses soins doit se soumettre à la pratique du seppuku, le rituel de suicide par éventration. Dans une autre histoire, on apprend que non seulement l’adultère est puni de mort, mais également qu’un domestique qui en serait témoin est considéré comme complice du crime. En revanche, la justice shogunale se montre parfois tolérante et peut tenir compte de circonstances atténuantes. Un complice, victime de sa crédulité ou animé d’un mobile jugé légitime, sera condamné à l’exil sur une île déserte plutôt qu’à la pendaison. Enfin, dans certains cas particuliers, les agents de justice font d’une preuve d’une certaine complaisance.
Dans le Japon de la fin du XIXème siècle, les croyances populaires sont tenaces mais le code d'honneur du samouraï interdit de céder à la superstition. Aussi, dans un autre texte, lorsque la belle Oharu menace de quitter le foyer conjugal au motif que la maison est hantée, son frère fait appel à l'enquêteur Hanshichi, connu pour son doigté. Cette histoire, The Ghost of Ofumi, c'est le vieil oncle k qui la rapporte un soir de pluie à son petit visiteur. Fasciné par les récits de fantômes le garçon reviendra le voir et apprendra autant sur les aventures de Hanshichi que sur la vie quotidienne pendant le période d'Edo.Petite esquisse du Japon des dernières années du shogunat, ces nouvelles originales sont dépaysantes et très plaisantes à lire. En 1997, Hanshichi Torimonocho a été adapté en série TV de 18 épisodes avec Hiroyuki Sanada dans le rôle principal.
💪Cette œuvre est une nouvelle suggestion de lecture s'inscrivant dans le cadre du Challenge Bonnes Nouvelles.
Ce billet est recyclé de mon ancien blog
📌The Curious Casebook of Inspector Hanshichi: Detective Stories of Old Edo. Kidō Okamoto, traduit par Ian MacDonald. University of Hawaii Press, 376 pages (2006) / Fantômes et samouraïs, Hanshichi mène l'enquête à Edo. Kidô Okamoto, traduit par Karine Chesneau. Picquier Poche, 464 pages (2024) / Fantômes et kimonos. Picquier, 252 pages (2008)
Ça doit être tellement bien en série télé, à regarder sous le plaid... la série policière historique. Je m'y vois bien.
RépondreSupprimerSi tu parles japonais, c'est possible !
SupprimerMa bibli ne possède que Fantômes et samouraïs, mais j'ai noté fissa! Vivement 2026 pour les nouvelles, car là j'ai fait le plein, j'ai encore deux billets avec deux et trois novellas!
RépondreSupprimerC'est une lecture très agréable. Mais tu as déjà un bon compte de nouvelles pour cette année à ce que je vois !
SupprimerEncore un billet extrêmement instructif et encore une belle découverte chez Picquier! J'essaie de ne pas imaginer un Japonais coiffé de la fameuse casquette et affublé d'une pipe et d'un manteau à basques, mais c'est difficile de résister 😉.
RépondreSupprimerAh, tu me fais rire ! C'est malin, j'ai l'image en tête maintenant !
SupprimerTentant! En plus la couverture de. FAntomes et Kimonos me plaît bien
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup apprécié ces histoires. Elles sont distryantes mais on apprend beaucoup aussi sur le Japon
SupprimerUn monde si étrange !
RépondreSupprimeroui mais là, ça passe très bien
SupprimerArf, tentant avec le Japon, la période historique, tout ça, mais 14 nouvelles quand même...:)
SupprimerElles se lisent facilement tant on est immergé dans l'univers de l'auteur. J'ai adoré
SupprimerJe ne peux que noter autant que le recueil que la série. Le contexte historique semble intéressant.
RépondreSupprimeroh oui ! Le contexte est passionnant. Si tu aimes la littérature japonaise, ces nouvelles sont vraiment agréables à lire et distrayantes.
SupprimerLes enquêtes d'un Sherlock japonais du 19ème! Là, pour le coup, ça doit être dépaysant.
RépondreSupprimeroh oui ! Et j'adore ce genre d'univers. Son compter la touche de suspense et de fantastique
SupprimerPour la découverte du Japon historique, alors.
RépondreSupprimeroui, on apprend beaucoup
SupprimerCet auteur est inconnu de mes deux médiathèques mais je l'ai noté en pense-bête dans Babelio ainsi je ne l'oublierai pas ! En tous les cas parmi tous ces titres et toutes ces nouvelles, on trouvera forcément de quoi se régaler et apprendre davantage sur l'histoire du Japon. Merci !
RépondreSupprimerah, c'est dommage. Ma bibli municipale n'a qu'un exemplaire t j'avoue que ça m'a déjà surprise. Je ne pensais pas l'y trouver.
SupprimerPour moi, la littérature japonaise, c'est compliqué, je n'y comprends pas grand chose ... Ma curiosité est quand même éveillée par ces curieuses nouvelles policières cartésiennes et fantastiques ... Original !
RépondreSupprimeroui, c'est original. J'ai adoré l'atmosphère et le contexte historique. Ce receuil a été publié en Français chez Picquier. C'est une bonne maison d'édition.
Supprimerje note, je note! ma médiathèque l'a en rayon! Je suis actuellement plongée dans Les 47 rônins d'Osaragi. Passionnant!
RépondreSupprimerJ'ai failli le lire aussi ! As-tu lu La pierre et le sabre (et La parfaite lumière) d'Eiji Yoshikawa. Le roman s'inspire de la vie du samouraï Miyamoto Musashi. C'est une fresque historique qui se lit avec grand plaisir.
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