Sur la route de Banlung. Rochel & Vink

Sur la route de Banlung. Rochel & Vink


 Lorsqu’on évoque l’histoire contemporaine du Cambodge, on pense immédiatement aux Khmers rouges, le mouvement politique et militaire dirigé par Saloth Sâr (Pol Pot), et responsable du génocide qui a fait 2 millions de mort entre 1975 et 1979. La suite est plus rarement abordée.  Le régime du Kampuchéa démocratique est renversé après la guerre contre le Viêt Nam qui instaure un gouvernement provietnamien reconnu par la communauté internationale.  L’occupation du pays perdure jusqu’en 1989, en dépit des mouvements de guérilla. Les forces de l’ONU sont envoyées en 1992 pour tenter de rétablir la démocratie au Cambodge et des élections sont organisées dans la foulée. 


Sur la route de Banlung. Rochel & Vink P15

Notre intrigue débute ici, en mars 1993, avec le témoignage de Jacques Rochel, ami franco-vietnamien de Vink. Sa mission est placée sous l’égide de l’Untac (United Nations Transitional Authority in Cambodgia). Nous sommes à Banlung, dans la province du Ratanakiri, le berceau historique des Khmers rouges situé à moins de 100 km de la frontière vietnamienne. Or, en dépit du renversement de la dictature 15 ans plus tôt, tous les communistes n’ont pas abandonné les armes. Un couple de Français arrivés pour remplacer des volontaires frappés par le paludisme, en font les frais. Rochel, lui, est chargé du transport et de la distribution des salaires des Onusiens dans les 9 districts de la région. Cette mission est loin d’être une sinécure car la somme totale représente plus de 120 000 dollars. L’argent est convoyé par un hélicoptère Puma de l’armée singapourienne et une escorte de gendarmes français. 


Sur la route de Banlung. Rochel & Vink P19


Vink, de son vrai nom Vinh Khoa, est né à Danang, au Vietnam. Il a fait ses études primaires et secondaires au lycée Blaise Pascal, jusqu'en 1968, où il a rencontré Jacques Rochel. Il utilise d’ailleurs une partie de leurs archives personnelles dans cet album. Le témoignage du principal protagoniste est en effet habillé d’une intrigue romancée, sans qu’il ne soit précisé dans quelle mesure exactement. Le scénario évoque la famille de Jacques Rochel, son épouse et ses deux enfants, qui l’attendent à son domicile dans le New Jersey. Alors qu’il est en mission, notre héros apprend que son fils est peut-être autiste. Parallèlement à ces problèmes domestiques, il retrouve au Cambodge, une amie de jeunesse, ancienne élève du lycée Blaise Pascal. 


Sur la route de Banlung. Rochel & Vink P33


Avec le recul, je m’aperçois que l’intrigue de ce one-shot est très riche. Malheureusement, j’ai été gênée par les dialogues qui manquent de naturel. Je comprends l’intention du scénariste qui souhaitait y introduire des repères historiques destinés à ses lecteurs. On peut louer la démarche mais elle manque un peu de subtilité à force de volonté pédagogique. Les dessins de Vink sont relativement classiques et je regrette, comme d’autres blogueurs, qu’il n’ait pas travaillé davantage les décors et, en particuliers, les paysages cambodgiens. Ceci étant dit, le sujet ne s'y prête pas forcément. Je me console  grâce aux deux somptueux tableaux pleine page qu’il a réalisé pour cette bande dessinée.

💪Une lecture mitigée, donc, mais qui m’incite à découvrir d'autres albums de l’auteur et me permet de participer au challenge dédié à l’Asie du Sud-Est, organisé par Sunalee.

📌Sur la route de Banlung : Cambodge 1993. Vink (scénario et dessins) avec la collaboration de Jacques Rochel. Dargaud, 56 pages (2011)

Challenge Littératures d'Asie du Sud-Est


Commentaires

  1. Les pages que tu montres sont assez tentantes.

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    1. oui, c'est vrai, elles sont pas mal mais j'espérais un ou deux paysages pleine page ou double pages

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  2. C'est vrai que c'est une période qui est beaucoup moins abordée alors qu'elle est très intéressante aussi. Dommage pour les bémols.

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    1. J'ai appris beaucoup de choses sur cette période. Les bémols sont loin d'être rédhibitoires

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  3. C'est vrai que l'on connaît nettement moins cette période là. A lire, rien que pour cela.

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    1. oui absolument, je trouve qu'il y a peu d'ouvrages sur le Cambodge d'une manière générale

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  4. Les graphismes sont en effet figés, ce qui me gêne dans les cases où apparaissent des personnages mais qui donne de beaux tableaux pleine page d'après ce que tu montres. Sujet très intéressant en tous cas !

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    1. L'auteur est très pédagogue, c'est certain

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  5. Tu as raison, c'est une période qu'on voit rarement abordée dans les livres, du coup, même si graphiquement et côté dialogues, ce n'est pas très satisfaisant (encore que j'ai l'impression que je pourrais m'en satisfaire d'après tes photos^^), ça m'intéresse tout de même. Merci pour la découverte !

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    1. Bon, je reconnais que je suis peut-être un peu trop exigeante avec les illustrations. J'avais envie d'en beau voyage pour prolonger les vacances !

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  6. Je note cette BD, le sujet étant rarissime voir pour ma part, jamais rencontré. Dommage néanmoins pour le manque de naturel dans les dialogues...

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    1. oui, la démarche est tout à fait louable. On sent bien que l'auteur veut transmettre le plus d'informations possible et éviter aux lecteurs de se perdre dans l'intrigue

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  7. J'ai lu d'autres 'albums de Vink, notamment pas mal de sa série Le moine fou (la jeune He Pao, d'origine européenne, dans la Chine médiévale et ses arts martiaux...). Je connais moins le reste de sa production. Merci pour cette présentation.

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    1. Ah d'accord ! Je viens de comprendre que Les épisodes du Moine fou et de He Pao font partie de la même série !

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  8. bonne idée une BD ! dommage mais tes bémols ne m'empêcheront pas de la lire si je la trouve en bibliothèque !

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  9. Hedwige6.9.24

    Ce n'est pas évident d'aborder tant de thèmes historiques qui nous sont inconnus + une intrigue dans une BD sans surcharger les dessins de texte.
    C'est peut-être la raison de ces dialogues trop pédagogiques? Sans doute aurait-il fallu introduire la BD par une page de texte situant le contexte historique et politique de l'histoire.

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    1. absolument, c'est ce que j'ai pensé. Un prologue ou une note aux lecteurs auraient peut-être été la solution à ce problème de références historiques. Sinon, il y a de bonnes trouvailles, comme l'ajout de "vraies" photos (l'auteur précise que certaines sont truquées pour s'adapter à l'intrigue) parmi les illustrations.

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