Juice, T.01. Art Jeeno

Juice, T.01. Art Jeeno


A l’instar des Japonais et des Français, les Thaïlandais sont de grands lecteurs de mangas. Et pourtant, ce pays, dont le nombre d’habitants est égal à celui de la France, ne compte pas beaucoup d’auteurs de bandes dessinées. Une quinzaine a été récompensée par le Japan International MANGA Award. Parmi les lauréats, on peut citer Tanis Werasakwong (Sa-art), Veerachai Duangpla (The Duang), Ittiwat Suriyamart ou Pitsinee Tangkittinun.  Art Jeeno, lui, a reçu trois fois cette distinction : en 2013 pour D day, en 2014 pour Juice I et en 2021 pour Juice III. Il est aussi le premier auteur de BD thaïlandais à avoir été traduit en français. 

Né en 1987, Piyaphach Jeeno (de son vrai nom) est diplômé de l’université des beaux-arts de Chiangmai, sa ville natale. Pourtant, il ne s’est pas consacré tout de suite à la peinture ni à la bande dessinée mais plutôt à la musique. Lorsque son groupe de rock se sépare, il commence à dessiner des mangas, dont il est un grand lecteur. Il les diffuse par l’intermédiaire de son blog. En 2011, après 6 mois de publication en ligne, son autobiographie intitulée Be right back est éditée par Salmon Books.  Il a depuis imaginé une dizaine d’albums dont Now, paru en France en 2018.  L’artiste a cessé de publier des mangas depuis quelques années mais il a exposé ses œuvres picturales à la galerie River City à Bangkok en juillet 2024.


Juice, T.01. Art Jeeno


Juice est un triptyque qui s’inspire de l’adolescence d’Art Jeeno. Mon, le narrateur de ce premier volet, vient d’intégrer une section du lycée professionnel où il s’ennuie terriblement. Avant la rentrée, il s’était fait le serment de trouver une petite amie mais il faut reconnaître qu’il n’est pas très doué pour aborder les filles. Au sein de son nouvel établissement, il remarque un groupe d’ados turbulents, parmi lesquels un garçon particulièrement impertinent qui s’appelle Tim. Mon se lie d’amitié avec lui et propose de monter un groupe de rock pour tromper l’ennui quotidien.  


Juice, T.01. Art Jeeno


Si j’ai apprécié la playlist virtuelle (les Ramones, Nirvana, Pink Floyd…), je ne suis clairement pas la cible de ce manga. Du coup, j’ai eu du mal à m’intéresser à ses histoires adolescentes. Cela ne retire rien au talent d’Art Jeeno qui retranscrit très bien le mal être de ces jeunes désœuvrés, prisonnier d’un système éducatif relativement rigide. Seule la prof d’Anglais, Mme Anne, semble (trop) tolérante vis-à-vis de cette jeunesse remuante. Certaines scènes avec les enseignants ou celles de drague maladroite rappelleront peut-être quelques souvenirs à certains d’entre nous. Néanmoins, je recommande plutôt cette trilogie à un public de jeunes lecteurs masculins. C’est la catégorie des "Seinen" (15 à 24 ans) dans la nomenclature de animes et mangas. En ce qui concerne la thématique, on pense un peu à Beck d’Harold Sakuishi et, en dépit de la destination, à Scott Pilgrim, la série canadienne de Bryan Lee O'Malley. 


Juice, T.01. Art Jeeno


Le graphisme est plus surprenant. Contrairement à la plupart des mangas, les illustrations ne sont pas en noir et blanc. L’auteur a opté pour l’aquarelle, un choix plutôt courageux car les planches prennent beaucoup plus de temps à réaliser. Les tons pastels réhaussés de noir et de gris, ainsi que les camaïeux de bleus et de verts, invitent à la nostalgie, tandis que le trait vif du crayon souligne l’agitation ambiante. Par contre, j’ai eu du mal à distinguer les différents personnages (surtout les ados) dont les personnalités ne sont pas assez accentuées. 

Le "juice" du titre fait référence à la boisson que les ados sont censés préférer, selon le système de référence de l’auteur : le jus de fruit donc (moi je pensais plutôt au soda), comme le lait est la boisson emblématique du nourrisson et l’alcool, le breuvage réservé aux adultes. Les deux autres volets de cette trilogie sont Juice II, Young Blood et Juice III, Arrivals (en versions originales). 

💪Cette lecture s’inscrit dans le cadre du challenge sur l’Asie du Sud-Est, organisé par Sunalee.

📌Juice, Tome 1. Art Jeeno, traduit par de Marcel Barang. Éditions çà et là, 160 pages (2018)


Challenge Littératures d'Asie du sud-Est


Commentaires

  1. Mais comment es-tu tombée sur cette bd ? En même temps, j'y suis passée à River City à Bangkok en décembre passé, et j'y ai même acheté une bd pour offrir en cadeau.
    Quant au thème, je suis justement en train de lire un roman similaire mais qui se passe à l'autre bout du monde.

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    1. Ah tiens, tu es allée à River City, c'est amusant ! Je ne sais plus comment je suis tombée sur cette BD, ça fait un bout de temps. J'attendais le bon moment pour la lire.

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  2. Je suis assez intriguée ne connaissant rien au système éducatif de ce pays. Alors même si ce n'est pas le sujet, cette BD semble en offrir un petit aperçu qui pourrait m'intéresser.

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    1. Même si ce n'est pas le sujet central, on apprend quelques petites choses sur le système éducatif. Le lycée sert de décor à la BD après tout

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  3. Les dessins me plaisent beaucoup... on ne dirait pas vraiment un manga (c'est pour ça que ça me plaît peut-être^^)

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    1. oui effectivement, cet album est un peu différent des mangas classiques par rapport au graphisme. Il se lit de la gauche vers la droite, il n'est pas en noir et blanc et je n'ai pas vu trop de faciès déformés par des grimaces trop prononcées.

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  4. je suis tellement surprise du succès des mangas , ce n'est vraiment pas mon style

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    1. Il y a différents types de mangas. Je ne suis pas très fan des mangas traditionnels mais certains sont plus élaborés. Il s'agit souvent de one-shot ou de séries très courtes (2-3 volumes).

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  5. je ne crois pas avoir encore lu d'auteur Thaïlandais, je vais suivre de près ce challenge!

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    1. Malheureusement il ne te reste plus beaucoup de temps. il se termine à la fin du mois

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  6. Oh my, tu nous as dégoté un auteur de BD thaïlandais !!! Il me faut absolument découvrir ça aussi, même si je doute que le thèmes traités ici me parlent plus qu'à toi.^^ Graphiquement, j'aime beaucoup le choix audacieux et très esthétique de l'aquarelle, ce qui sera déjà un bon point.:)

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    1. Les illustrations sont vraiment intéressantes. En ce qui concerne l'intrigue, bon, ce n'est pas désagréable non plus.

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  7. oui une BD thaïlandaise ! Je connais la Thaïlande, et leur système éducatif, et le dessin me plaît vraiment je regarde si dispo à la BM par chez moi

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  8. On est loin des graphismes habituels des mangas, ce qui prouve bien la diversité du genre. Je viens de finir un roman sur ce même thème d'une jeunesse rock masculine et je m'y suis finalement pas mal retrouvée 😅, alors pourquoi pas voir ce qu'il en est quand l'angle est thaï !

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    1. Oui, il y a de la diversité dans les mangas aussi mais il faut chercher un peu ou avoir une bibliothécaire sous la main (ou un bon libraire).

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