Lune de papier. Mistuyo Kakuta
Ce roman n’est pas un thriller à proprement parler mais la tension monte crescendo et le lecteur se sent de plus en plus oppressé. On sait dès le début qu’une certaine Rika a fait une grosse bêtise. Elle a volé des centaines de milliers de yens avant de se réfugier en Thaïlande. Quelles raisons l’ont poussée à détourner l’argent des clients de la banque dans laquelle elle travaillait ? Avait-elle un amant comme le prétendent les tabloïds ? Était-il complice de l’escroquerie ? Comment la jeune femme a-t-elle passé la frontière ? Autant de questions qui titillent les gens qui l’ont fréquentée à un moment ou à un autre de sa vie. Un ex-petit ami et ses amies de lycée ou d’université prennent tour à tour la parole, tels des témoins de sa bonne moralité. Or, au fil des pages, il apparait qu’ils ont tous un problème avec l’argent. Ce rapport malsain brise leurs vies d’une manière ou d’une autre. La version de Rika s’intercale dans ce chœur assourdissant et le lecteur découvre peu à peu le fil des évènements qui l’ont conduite à se mettre en danger puis à fuir à l’étranger. Il est difficile d’en dire davantage sans divulgâcher le roman.
📚Je découvre la romancière japonaise Mistuyo Kakuta grâce à cette lecture commune en compagnie de Sunalee et Fanja et je dois dire que je ne suis pas déçue. L’intrigue est habilement construite et tient son lecteur en haleine jusqu’au bout. Le sujet traité pose beaucoup de questions. Il me semble qu’il n’est pas abordé si souvent dans la fiction romanesque ou, en tout cas, pas de cette façon. Les personnages sont très justes dans leurs comportements et leurs manières de penser. L’autrice ne semble pas les juger. Elle constate les failles du comportement humain dans une société de consommation conduisant à une dictature des apparences.
« Quand elle marchait dans ce vacarme et cette lumière diffuse, convaincue que personne ne la retrouverait, elle se sentait tellement exaltée qu’elle avait envie de crier : “Je peux tout faire, aller n’importe où, obtenir tout ce que je désire. Non, ce n’est pas ça, j’ai déjà tout ce que je veux.” Rika se souvenait d’avoir déjà eu cette impression dans un passé qui n’était pas très lointain. Elle avait vraiment cru ne craindre rien ni personne. Mais ce qu’elle éprouvait maintenant était bien plus fort. Cela lui paraissait étrange. Avait-elle ce sentiment parce qu’elle avait obtenu quelque chose ? Ou au contraire parce qu’elle avait perdu quelque chose ? »
📚D'autres avis que le mien via Babelio, Bibliosurf et bien sûr chez Sunalee et Fanja
📌Lune de papier. Mistuyo Kakuta, traduit par Sophie Refle. Actes Sud, 336 pages (2021)
Commentaires
Une moins bonne nouvelle pour les tentations : j'ai très envie de lire ce roman ! Damned !
Alors oui le livre dont tu parles m’intéresse bien et je te remercie de cette découverte.