Enfant de la nuit polaire. Julia Nikitina

 Enfant de la nuit polaire. Julia Nikitina


Julia Nikitina signe une bande dessinée autobiographique, poétique, introspective et singulière. 

Née un jour de tempête en novembre 1988, la narratrice a grandi dans le Grand Nord russe à Salekhard. Cette ville de Sibérie est située exactement sur le cercle polaire arctique. La mère de l’illustratrice, originaire d’un village de la région de Sverdlovsk, dans l’Oural, est arrivée ici à la fin des années 70. La ville était alors en pleine croissance démographique grâce au développement de l’activité maritime. Son premier mari avait reçu une proposition de poste sur le port de Salekhard. Elle l’a suivi et s’est fait engager au même endroit. Elle y reste après son divorce, malgré le rude climat et les difficultés de la vie quotidienne, puis se remarie avec un homme né sur les rives du Don (le père de Julia). 


Enfant de la nuit polaire. Julia Nikitina. P6-7


La famille obtient un appartement et s’installe dans un immeuble au bord de l’Ob. Le second époux part à son tour et la mère de Julia se retrouve seule avec son enfant à élever. A 16 ans, Julia décide de partir à Tioumen, pour ses études de dessin. Pour cette toute jeune fille, l’adaptation à la vie citadine n’est pas facile. Julia se découvre agoraphobe, elle a le mal du pays et sa mère lui manque. Néanmoins, elle tient bon et termine son Master. Plus tard, elle déménage à Saint-Pétersbourg où elle espère décrocher un doctorat en Education puis un job d’enseignante en arts plastiques. Malheureusement (ou pas) la filière ferme avant que la narratrice ne puisse achever ses études. L’artiste suit donc son propre chemin et choisit de publier des bandes dessinées, un média qui n’est pas très répandu en Russie.


Enfant de la nuit polaire. Julia Nikitina. P8-9

J’ai été un peu déroutée par le style de Julia Nikitina. Le graphisme, tout en courbes et représentations surréalistes, enveloppe le lecteur d’une sorte de cocon onirique mais trop superficiel pour l’imprégner durablement. La plupart des planches sont en effet très dépouillées et le choix du noir & blanc renforce la sensation de froideur. J’imagine que c’est un parti pris de l’auteur pour rendre l’atmosphère du lieu. Le propos est intimiste mais les textes sont "taiseux", comme réduits au minimum vital.  Du coup, j’ai eu la sensation de rester à distance de cette œuvre et j’ai parfois eu des difficultés à éprouver de l’empathie pour les protagonistes. L’album compte plus de 160 pages et possède d’indéniables qualités. Pourtant j’en garde un goût d’inachevé. 

Enfant de la nuit polaire. Julia Nikitina. La Boîte à Bulles, 160 pages (2023)


Commentaires

  1. Original, comme coin, pour cette BD.

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  2. Dommage pour la déception, le graphisme est intéressant je trouve.

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    1. Oui, je pense que ce n'est pas un mauvais album. C'est moi qui n'accroche pas.

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  3. Un lieu peu connu et peu traité en littérature, et une histoire singulière en effet, tu titilles ma curiosité. Le graphisme est surprenant si je comprends bien tout est en noir et blanc...

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    1. Oui, en effet, tout est en noir et blanc. C'est un album très original, par son graphisme, le lieu et la narration.

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  4. ah ton bémol en fin de lecture .. mais original effectivement

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    1. j'ai eu un peu de mal mais je pense que c'est une question de goût. Cet album peut plaire à d'autres. D'ailleurs, je ne l'ai pas détesté. Il y a des aspects intéressants.

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  5. Des fois quand on lit un livre pour son originalité, on n'a pas toujours la main heureuse ou on reste sur notre faim, mais on a quand même la satisfaction de cette découverte culturelle.

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    1. oui, tu as bien résumé. Cet album a d'indéniables qualités mais je n'ai pas réussi à l'apprécier

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  6. Je viens d'en lire quelques pages sur le site de ma médiathèque qui le propose en numérique... j'aime bien le dessin, mais, comme toi, je trouve que les textes sont trop concis, manquent de détails qui donneraient quelque chose de plus. Je ne suis pas convaincue...

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    1. ça me rassure quelque part car je culpabilisait d'être passée à côté de cet album original.

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  7. Les illustrations ne me parlent pas beaucoup mais elles ont un certain cachet !

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    1. Elles sont plutôt originales mais je ne suis pas convaincue que le noir & blanc les servent au mieux.

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