Délivrance. James Dickey

Délivrance. James Dickey

Paru en 1970, récompensé par Prix Médicis étranger en 1971 et inscrit sur la liste des 100 meilleurs romans du 20e siècle par la fameuse maison d’édition The Modern Library en 1998, Délivrance est un classique de la littérature américaine. Le roman de James Dickey a été adapté à l’écran par John Boorman en 1972, avec Jon Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty et Ronny Cox dans les rôles de Ed Gentry, Lewis Medlock, Bobby Trippe et Drew Ballinger. Le long métrage a été nominé pour l’Oscar du meilleur film en 1973. Autant dire que le livre, comme son adaptation cinématographique, ont déjà suscité des milliers de commentaires et d’analyses. Certains y ont vu un parallèle avec la guerre du Vietnam mais c’est surtout la dualité entre société civilisée et monde sauvage que je retiendrai. La confrontation est à l’origine d’un drame qui oblige les protagonistes de cette histoire à réévaluer leur vision idyllique de la nature mais aussi à composer avec les notions de bien et de mal. Bref, le roman se situe entre Nature writing et survivalisme. 

Le narrateur, Ed gentry est un homme dans la trentaine, marié et père d’un petit Dean. Il est propriétaire d’une agence de graphisme plutôt prospère. Il mène une vie confortable mais un peu trop plan-plan à son goût. Aussi, se laisse-t-il facilement embarquer dans une virée loin du monde avec 3 autres comparses. C’est son ami, Lewis Medlock, qui est à l’origine du projet. Son idée est de descendre en canoë la rivière Cahulawassee, en Géorgie, depuis la bourgade d’Oree jusqu’à la petite ville d’Aintry. Pour nos gaillards blasés par les contingence de  la vie citadine, il s’agit en quelque sorte de rendre hommage à ce territoire sauvage. En effet, un futur barrage doit transformer le tumultueux cours d’eau en paisible lac touristique. Comme on s’en doute, rien ne va se passer comme prévu et l’expédition va virer au drame. Dans cette Amérique profonde, l’incroyable violence des hommes n’a d’égal que la force et l’indomptabilité de la nature.

Je comprends et partage entièrement l’enthousiasme qu’à pu susciter le roman de James Dickey. Il y a quelques débordements de testostérone mais n’est-ce pas ainsi qu’on se plaisait à imaginer les amitiés viriles à la fin du 20ème siècle dans les Etats du sud ? L’intrigue du roman reste néanmoins intemporelle. J’ai été bluffée par la puissance de son écriture, l’évocation des relations presque charnelles que l’homme développe avec la nature (tantôt réconfortante, tantôt hostile) et bien sûr j’ai été choquée par la violence de l’agression dont sont victimes les héros. Certains passages peuvent apriori lasser par leur longueur et la minutie des descriptions mais ils sont nécessaires à l’intrigue, soit pour poser le contexte, soit pour faire monter la tension jusqu’à l’ultime dénouement.

Je n’ai pas encore vu le film de John Boorman mais j’ai été heureusement mise au parfum par une personne qui m’est proche. Il semble que l’adaptation cinématographique soit relativement fidèle au roman éponyme. Certaines scènes sont devenues cultes comme celle de l’instrumental Dueling Banjos. Dans cette scène mythique, un jeune « cul terreux », joue au banjo le célèbre Dueling Banjos avec Drew Ballinger, l’un de nos quatre héros. J’ai donc choisi d’intégrer un extrait du film qui montre non seulement cette séquence mais aussi une bonne partie des passages clés, au risque de divulgâcher l’intrigue (vous êtes prévenus).   

📝Lecture dans le cadre du projet 50 États en 50 romans. Voir aussi La littérature américaine dans tous ses États

📚Un autre avis que le mien : Ingannmic

📌Délivrance. James Dickey. Gallmeister, 288 pages (réédition 2015)



Commentaires

  1. Ouhlala mais je n'ai jamais entendu parler de tout ça (roman, film...) ! Il y a longtemps, je m'étais amusée à cocher les livres que j'avais lus de listes similaires (peut-être celle-là déjà à l'époque, les titres me parlent, mais ils reviennent souvent) et à noter ceux qu'il me faudrait absolument lire. Il faudrait que je vérifie où j'en suis.^^ Délivrance est passé entre les mailles, mais bon, nature writing, ceci explique peut-être cela.^^ J'aime beaucoup l'extrait du film en tout cas. Je tenterai peut-être de mettre la main dessus, à défaut de lire le livre.

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    1. Ah les listes ! C'est comme les prix littéraires ! Il en existe beaucoup comme celle de la Modern Library (Le Big Read, Les 100 meilleurs livres de tous les temps par le Cercle norvégien du livre, etc). Comme je ne lis pas énormément de classiques, je ne coche pas grand chose en général.

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  2. Je me suis renseignée, je suis trop petite nature pour ce genre d'histoire (et puis on ne tue pas les chevreuils, non mais)

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    1. Dans le livre, c'est un cerf mais je ne pense pas que cela te console

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  3. Je n'ai pas lu le roman mais j'ai vu le film. Quel choc ! J'en ai encore des images dans la tête et pourtant je ne l'ai jamais revu quand il passe à la télé. Il m'a vraiment marquée. C'est sans doute pour ça que je n'ai pas continué avec la lecture, à vrai dire je ne me souviens pas, c'est vieux.

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    1. Oui, ce n'est pas une ballade de santé et il y a cette fameuse scène d'une grande violence... je ne sais pas si elle semble plus édulcorée à lire plutôt qu'à voir en images.

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  4. j'ai vu le film (oh! que c'était violent !) mais pas lu le livre. J e lis aussi des classiques et des contemporains, j'aime les deux. Là, je viens d'acheter un nature writing de la rentrée littéraire. Je suis rarement déçue avec Gallmeistter : Le chien sauvage qui vient de sortir.

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    1. J'aime beaucoup les éditions Gallmeister. Du coup, je suis allée voir le résumé de Chien sauvage sur leur site. ça m'a l'air pas mal du tout. J'attends ton avis avec impatience

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  5. Oh le vieux billet !! Athalie, qui l'a lu suite à mon avis, n'avait pas du tout aimé, de mémoire : trop de testostérone pour elle !

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    1. Oui, ça m'a un peu surprise mais il faut, je suppose, se mettre dans le contexte de
      l'époque. Bon, ça ne m'a pas gênée plus que ça.

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    2. Effectivement, Ingannmic a une très bonne mémoire, je n'avais pas réussi à passer au-dessus du côté couillu de ce roman ! La fin à la Rambo en plus, ce fut trop pour moi ...

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  6. je n'ai vu que le film et je me souviens bien du morceau de banjo. Le film est très dur et je pense que je ne lirai pas le livre à cause des passages dont on aperçoit quelques passages dans le résumé filmé.

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    1. le morceau de banjo est superbe. C'est l'une des grandes réussites du film. Je comprends que certains passages rebutent.

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  7. Oh la la ça remonte à loin ça, je sais avoir vu et beaucoup aimé le film à l’époque, mais c’était une autre époque, tu n’étais même pas encore née 😄

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    1. Je venais tout juste de pointer le bout de mon nez en fait... donc, oui, trop jeune pour le voir ! (^_^)

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  8. J'ai vu le film qui est dans ma liste (mentale) "à ne jamais revoir" ! (comme Orange mécanique) Bien sûr, je n'ai jamais eu envie de lire le roman... parfois les mots peuvent être pires que les images !

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    1. Je comprends. J'ai moi-même une liste de films que je ne tiens pas à revoir comme "Requiem for a Dream", de Darren Aronofsky (adapté du roman d'Hubert Selby, Jr., "Retour à Brooklyn".

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  9. J'ai vu le film il y a longtemps (c'était un film-culte pour les amateurs de canoé-kayak à l'époque...). Si le film est fidèle au livre, alors celui-ci doit effectivement contenir quelques passages assez "rudes"! Bon, à lire à l'occasion, mais pas prioritaire, pour moi.
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. Je confirme, il y a des passages difficiles. Le livre reste culte aussi, je crois

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  10. ah ayant vécu dans le Tennesse, la musique du film est un classique ! je l'ai vu aussi. Je n'ai pas lu le roman mais j'ai le souvenir de certaines scènes, et pour les problèmes de co-sanguinité (j'ignore si c'est abordé dans le roman), je l'ai vu de mes propres yeux (mais très loin au Montana dans une communauté religieuse) et ils ont tous le même visage ... bref, cette musique me poursuivra toute ma vie !

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