Jungle pourpre. Julie Ewa

Jungle pourpre. Julie Ewa


Jungle Pourpre emprunte beaucoup à l’expérience de son autrice. En effet, Julie Ewa a passé une année en Indonésie où elle situe le cadre de l’intrigue. Elle est également très engagée dans la protection de l’enfance (le sujet au cœur de ce polar) et en particuliers l’association Kolibri qui vient en aide aux enfants défavorisés. 

L’héroïne principale du roman, Dea, est une fillette de 11 ans. Elle quitte le cocon familial de sa jungle natale, persuadée d’être une charge financière trop lourde pour ses parents. Notre jeune aventurière se rend à Kotanak, ville fictive de l’île de Sumatra. Ses premiers déboires la convainquent de se faire passer pour un garçon et de se rapprocher des Anaks. Il s’agit d’un petit groupe d’enfants des rues qui vend des colliers de pacotille pour survivre. Le clan est sous la protection d’Aron, un jeune homme doux mais au passé trouble. Il est soutenu par M. Hendry qui a créé une bibliothèque de quartier où les enfants se réfugient régulièrement. Malheureusement, il apparait assez vite que les Anaks ne sont pas totalement en sécurité. D’une part, les tentations sont nombreuses dans la grande ville et, d’autre part, tous ses habitants ne sont pas bienveillants. La POLRES (la police de zone) a parfois du mal à faire la différence entre mafieux, délinquants et victimes. Le premier enquêteur, Janter Nasution, et son co-équipier, le détective Angka Zahara, travaillent sur une affaire de gang de trafiquants de drogue appelé PPS. Bien que leur QG soit situé à Medan, au nord de l'île de Sumatra, les mafieux semblent avoir pris possession des rues de Kotanak. Or, parmi ses membres, un certain Ardi, serait un ami d’enfance d’Aron. L’histoire prend une tournure dramatique avec la mort suspecte du jeune Irwanza, une ancienne mule du PPS. L’enquête s’avère d’autant plus compliquée que l’esprit d’Angka Zahara est occupé par un divorce difficile. De plus, il ne s’entend pas avec son supérieur, un musulman de plus en plus radicalisé qui espère un coup d’éclat avant son départ en retraite. Comme, on peut le constater, le roman de Julie Ewa ne manque ni de rebondissements ni de matière à réflexion. 

Bien que Julie Ewa soit une jeune autrice (elle est née en 1991), il semblerait qu’elle ait déjà trouvé sa place dans le petit monde de la fiction policière. Il est ainsi de coutume de classer ses romans (trois parus à ce jour) dans la catégorie des ethno-polars. Il est vrai que la romancière fait la part belle au contexte social et culturel de l’Indonésie… et on pourrait penser que c’est au détriment de l’enquête policière, devenue simple prétexte. Il est vrai que Jungle pourpre n’est pas un roman de détection ou de procédure mais, pour ma part, je ne m’en plains pas. Le mystère ne sera pas non plus très difficile à résoudre pour les lecteurs de polars éclairés mais la romancière parvient néanmoins à entretenir un certain suspense dans le déroulement de l’intrigue et à créer une petite surprise à la fin du livre. 

Jungle pourpre. Julie Ewa. Albin Michel, 384 p. (2022)


Challenge Les louves du polar 2022

2ème participation au "Louves du polar"

Commentaires

  1. Le polar indonésien est un genre que j'ignore totalement. Je ne crois même jamais avoir lu de roman indonésien tout court, alors que c'est un pays, un univers culturel qui m'attirent énormément. Je note ce titre, même si je ne suis pas sûr que le polar soit la meilleure entrée pour goûter aux charmes d'un pays. 😉

    RépondreSupprimer
  2. Si tu es attiré par l'Indonésie, je te suggère plutôt le hors-série n°3 de la revue Jentayu dédié à l'Asie. Tu y trouveras un corpus de nouvelles d'auteurs d'origine indonésienne. J'ignore si on la trouve encore en librairie, par contre.

    RépondreSupprimer
  3. J'aime bien les ethno-polars et j'avais repéré celui-ci. Si je tombe dessus à la BM, je me laisserais peut-être tenter. Connais-tu la romancière indienne Kishwar Desai? Elle pourrait te plaire. Il s'agit de polars assez atypiques dans lesquels la dimension sociale est très présente. J'ai publié des billets sur ses deux premiers romans, "Témoin de la nuit" et "Les origines de l'amour".

    RépondreSupprimer
  4. Le nom de Kishwar Desai me disait quelque chose mais je n'ai pas lu ses romans. Je suis allée voir sur ton blog les billets dédiés à Les origines de l'amour et Témoin de la nuit des ethno-polars indiens. Je pense effectivement que ça pourrait me plaire

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Veiller sur elle. Jean-Baptiste Andrea

La maison allemande. Annette Hess

Sur les ossements des morts. Olga Tokarczuk

Le Château des Rentiers. Agnès Desarthe

Supermarché. José Falero