Un monde flottant. Nicolas de Crécy

Un monde flottant. Nicolas de Crécy


Nicolas de Crécy est un explorateur au sens propre comme au figuré. Il a séjourné au Japon et traversé l’Europe jusqu’en Turquie. En tant qu’illustrateur et auteur de BD, il a aussi beaucoup expérimenté sur le fond comme sur la forme. Parmi ses œuvres, on peut mentionner par exemple l’album Prosopopus, une bande dessinée muette, ou Visa Transit, un récit de voyage graphique. Un monde flottant reste néanmoins un ovni dans l’œuvre du dessinateur.


Un monde flottant. Nicolas de Crécy

 

Entre le livre d’art et la bande dessinée, l’album se présente sous la forme du leporello, c’est-à-dire un livre accordéon proche de l'emaki (le rouleau enluminé japonais). S’inspirant des maîtres du genre, Nicolas de Crécy a réalisé une œuvre composée d’illustrations pleine-page et de poèmes courts, à la manière des fameux haïkus dont Bashō est l’un des meilleurs représentants avec les poètes Buson et Issa. Les dessins, eux, s’inspirent à la fois des peintres de l’ère d’Edo, comme Utagawa Kuniyoshi ou Kawanabé Kyōsai, mais aussi du mangaka Shigeru Mizuki, connu pour ses histoires de monstres et de fantômes. Dans son introduction, Nicolas de Crécy, précise qu’il a également été influencé par l’œuvre de l’écrivain et réalisateur, Hayao Miyazaki, auteur du film d'animation Le Voyage de Chihiro, emblématique du studio de production Ghibli. 


Un monde flottant. Nicolas de Crécy

Un monde flottant est, selon moi, un livre de collectionneur. Il devrait régaler les amateurs de culture japonaise et tous ceux qui ont un faible pour les arts horrifiques. Car, s’il est question de peinture et de poésie, le thème principal reste les yōkai, ces démons qui peuplent l’imaginaire de l’archipel nippon depuis la nuit des temps. On y croise notamment Inari, la déesse renarde, dont le sanctuaire principal de Fushimi Inari-taisha dans le district de Fushimi-ku à Kyoto. On peut encore mentionner Tanuki, un esprit de la forêt inspiré du chien viverrin, ou encore le Nekomata, un chat à queue fourchue. Ils hantent les espaces urbains comme la gare de Shimo-Kitazawa à Tokyo ou le centre-ville de Kyoto, les lieux de culte comme les temples, mais on les trouve aussi dans la nature, les parcs et jardins, et même la mer. Les esprits vivent dans un monde flottant, entre superstitions et réalité.


Un monde flottant. Nicolas de Crécy


Un monde flottant :  Yōkai et haïkus. Nicolas de Crécy, Editions Soleil, 62 p. (2016)


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