La tante qui ne voulait pas mourir. S. Mukhopadhyay

La tante qui ne voulait pas mourir. Shirshendu Mukhopadhyay.


 Ce roman nous conduit dans une petite ville au nord du Bengale. Somlata partage la narration avec sa fille Boshon. A 18 ans, elle a épousé un Zamindar (membre de la noblesse terrienne du Bengale oriental). Chakor Mitra, son mari, est dit-elle un très bel homme de 32 ans mais qui n’a guère de compétences si ce n’est de savoir jouer de la tabla (tambour du nord de l’Inde) et d’être titulaire d’une licence. En effet, en tant que membre de l’aristocratie, il est habitué à l’oisiveté comme tous les membres mâles de son clan. Personne n’y verrait rien à redire si la famille n’avait été ruinée par la Partition. Toutes les terres situées au Pakistan oriental ont été vendues. Seule reste, une vaste maison où chacun s’est attribué un étage. Somlata, qui est d’origine très modeste, a appris à composer avec eux. Après tout sa Shashuri (belle-mère) est une femme bienveillante qui l’incite à s’imposer en douceur auprès de son mari. Il faudrait en effet le pousser à se lancer dans une activité lucrative. L’avenir du clan en dépend. Somlata doit la jouer fine car les traditions sont bien ancrées dans la maisonnée. 

C’est dans ce contexte particulier que meurt Rashomoyee aka Pishi (surnom donné à la tante du mari dans les famille bengalis) qui occupait à elle seule 3 pièces du foyer. Mais Pishi ne se contente pas de mourir brutalement. Son fantôme se manifeste régulièrement auprès de Somlata. Elle la somme d’abord de s’emparer de ses bijoux et de les cacher dans ses affaires pour éviter que les autres membres de la famille ne fassent main basse dessus. Ensuite, elle apparait à Somlata régulièrement, et surtout pour lui jouer des tours pendables ou l’abreuver de mauvais conseils. Jusqu’au jour où Somlata tombe enceinte et donne naissance à Boshon.

Shirshendu Mukhopadhyay est un écrivain très célèbre au Bengladesh. Il est l’auteur de nombreux livres pour enfants et de plusieurs romans pour adulte. Dans cet opus, il nous offre une comédie de mœurs, mêlée de fantastique. Il y aborde en particuliers divers aspects de la condition féminine et de l’évolution de la société au Bengale. Le lecteur se prend néanmoins d’affection pour les divers membres de la famille, y compris les oisifs et la vieille tante aigrie… une fois qu’il a compris qui était qui car les Bengalis s’ingénient à donner des surnoms à tous les membres de la famille du mari : Jaa  pour une belle-sœur, Dada pour un frère aîné et Baro Boudi pour son épouse, Thakurpo pour le frère cadet, Shoshur pour le beau-père, etc. 

Dans le prologue, l’éditeur nous explique que le titre original de La tante qui ne voulait pas mourir est Goynar Baksho (littéralement « le coffret à bijoux ») qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Aparna Sen en 2013. La version française est issue de la traduction anglaise The Aunt who wouldn’t Die

La tante qui ne voulait pas mourir. Shirshendu Mukhopadhyay. Calmann-Levy, 128 p. (2021)


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