Ciel cruel. Herbjørg Wassmo

Ciel cruel. Herbjørg Wassmo


Au terme d’un périple de plus de 700 pages, me voici arrivée à la fin de la Trilogie de Tora, l’œuvre qui a fait connaître Herbjørg Wassmo en Norvège et à l’étranger. Il est difficile de parler de ce troisième volet sans divulgâcher ce qui se passe dans La Véranda aveugle puis dans La chambre silencieuse

Chaque volume de la trilogie débute là où se terminait le précédent si bien qu’il n’y a pas de véritable rupture dans le fil de la narration. Par ailleurs, on sait que l’intrigue de Ciel cruel se situe en 1958 puisqu’il est fait mention de la mort du pape Pie XII au milieu du roman. L’héroïne adolescente est alors en pension chez une logeuse appelée Madame Karlsen. C’est grâce à sa tante Rakel et son oncle Simon qu’elle a pu quitter son village insulaire de pêcheurs miséreux pour venir étudier en ville. Néanmoins, elle est sensée retourner régulièrement chez ses parents où il lui est impossible d’échapper à la vision de son beau-père incestueux et de sa mère au comportement moutonnier. Or, après l’épisode monstrueux qui marque la fin du second volume, la jeune fille n’a pas la force de se confronter à ses vieux fantômes. C’est donc la tante Rakel qui accoure une nouvelle fois au secours de la jeune fille, la portant à bout de bras hors de l’abime psychologique dans lequel elle est engluée. Le lecteur se prend encore à espérer une résilience... 

Lorsque j’ai commencé cette saga, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’univers singulier de l’autrice. Le second et le troisième tomes m’ont semblé plus abordables, sans doute parce que j’ai fini par me familiariser avec le style d’écriture d’Herbjørg Wassmo. Elle décrit une vie rude, des personnages souvent rustiques et taiseux mais pas totalement dénoués d’humanité. Il y a bien sûr quelques personnages lumineux comme Soleil, l’amie d’enfance de Tora, ou encore la tante Rakel et l’oncle Simon. Mais ces étoiles sont vacillantes elles aussi et on craint rapidement que la jeune fille ne se perde à force de vouloir s’y réchauffer. 

Herbjørg Wassmo construit ses romans par petites touches subtils, décrit les détails de la vie quotidienne, s’arrête longuement sur des éléments apriori insignifiants, les gestes, les odeurs... Elle est très douée surtout pour rendre les silences assourdissants. Tora, son héroïne, porte les malheurs et les combats de bien des femmes, avec leurs faiblesses et leurs contradictions. Il est impossible de ne pas s’émouvoir du destin de la jeune Tora.

J’ai été accompagnée dans cette lecture par Ingannmic et Anne-yes dont on peut lire les avis sur leurs blogs respectifs. Elle s’inscrit par ailleurs dans le défi consacré aux Auteurs scandinaves chez Céline.

Ciel cruel. Herbjørg Wassmo. Actes Sud Babel, 352 pages (2001)


Commentaires

  1. Et donc ? Tu as fini par aimer Wassmo ? C'est une autrice qui m'a vraiment marquée, notamment avec cette trilogie.

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    1. J'admire le style de l'auteur mais c'est une œuvre rude. Je ne peux pas dire que je n'aime pas. Par contre, je reconnais que j'ai du m'accrocher (surtout pour la lecture du premier tome). Comme tu le dis, c'est une autrice qui marque.

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  2. Je n'ai encore rien lu d'elle ; j'irai peut-être de préférence vers ses livres plus récents, mais je crois qu'elle écrit toujours du sombre.

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    1. Cette trilogie est ma première lecture de l'autrice mais j'ai l'impression en effet que toute son œuvre n'est pas très joyeuse.

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  3. Toujours pas lu cette auteure, mais je ne suis pas sûre de commencer par cette trilogie si je me lance un jour. J'ai l'impression qu'il faut être disponible d'esprit en tout cas.

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    1. Oui, c'est ainsi que je l'ai ressenti. Il faut être disponible (et pas trop déprimé). Sinon, je ne suis pas spécialiste d'Herbjørg Wassmo mais on parle beaucoup du "livre de Dina" . Ingannmic et Anne-yes ont lu plusieurs romans de l'autrice. Tu devrais peut-être consulter leurs avis.

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  4. Une auteure "rude", oui le terme est vraiment bien trouvé, et c'est aussi vrai pour ce qu'elle raconte que pour la manière dont elle le fait, comme si elle nous introduisait sans préambule et sans avertissement dans l'univers de ses personnages. Le début du premier tome m'avait aussi paru abrupt, et puis on s'accoutume à ce style qui finit par être vraiment marquant.
    La trilogie de Dina, très courte, est de mémoire un peu différente, d'abord moins rétif. Et puis on y a affaire à une héroïne qui pour le coup, mène son monde comme elle l'entend.. n'hésite pas, si tu as l'occasion de la lire !

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    1. Effectivement, j'ai fini par m'accoutumer au style d'écriture de l'autrice et surtout à m'attacher à son héroïne. Je ne pense pas lire tout de suite un autre livre d'Herbjørg Wassmo mais peut-être plus tard

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  5. Moi aussi j'ai espéré une résilience... La fin fend le coeur mais est cohérente avec le reste, hélas !

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    1. je suis d'accord avec toi. C'est cohérent avec le reste.

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  6. J'ai toujours été curieuse au sujet de cette autrice, mais je pense que 700 pages, je connaissais plus de nom la trilogie de Dina, je vais aller voir chez Ingannmic du coup

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    1. Alors, si j'ai bien compris "Le livre de Dina" rassemble 3 volets (Les Limons vides, Les Vivants aussi et Mon bien-aimé est à moi). Cette trilogie est suivie du "Fils de la providence". Enfin, il y a "Le Testament de Dina".

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  7. J'ai lu au moins deux romans d'elle, je ne dirais pas non à continuer. Bizarre, son écriture ne m'a pas paru si rude?

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    1. C'est peut-être moi. L'histoire est très sombre. Je me laisse peut-être influencer par le destin tragique de l'héroïne, la rudesse du climat et les personnages taiseux

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  8. Une auteure extraordinaire en ce qu’elle nous fait éprouver, mieux que tout autre la dureté de ces vies laborieuses, la misère noire, l’âpreté d’un climat qui déteint sur les caractère et la violence comme seul exutoire la misère, au désespoir.
    De ce cycle, je n' ai lu que le premier tome.

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    1. Ah tiens, tu n'as pas envie de voir comment évolue Tora ? Evidemment, si tu as lu mes avis et ceux de mes "co-lectrices", tu as déjà une petite idée...

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  9. J'ai lu la trilogie du livre de Dina . Quelle écrivaine, quel style et quel récit dans un pays si âpre ! J'ai tout de suite était emportée !

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    1. C'est une écriture singulière et puissante. Il m'a fallu du temps pour l'apprécier à sa juste valeur.

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  10. Bonjour
    Ah, je viens de voir qu'il existe un volume de 1056 pages (aussi chez Acte Sud) qui réunit non seulement cette trilogie, mais aussi "Un long chemin" et "La fugitive"...
    Je ne connaissais pas cette autrice (et, en tout cas, n'ai rien lu d'elle à ce jour).
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. 1056 pages ! A lire peut-être en doses homéopathiques (en tout cas pour moi). J'ai aimé le style de l'autrice mais la lecture de la Trilogie a été un peu éprouvante. L'histoire n'est pas très joyeuse.

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