Anatomie d'un drame. Gert Loschutz

Anatomie d'un drame. Gert Loschütz


💪Ce livre était dans ma Pile à lire depuis un moment car je le gardais soigneusement pour le challenge des Feuilles allemandes, organisé par Eva et Patrice du blog Et si on bouquinait un peu.  Son éditeur indique en 4ème de couverture que Gert Loschütz est un auteur prolifique bien qu’Anatomie d'un drame soit son premier roman traduit dans notre langue. 

Le roman se présente sous la forme d’une enquête historique consacrée à la plus grande catastrophe ferroviaire allemande du 20ème siècle, qui n’est malheureusement pas fictive. La partie investigation alterne avec des passages plus personnels dédiés à l’histoire intime et familiale du narrateur. La ressemblance entre Gert Loschütz et son personnage, Thomas Vandersee, est tellement frappante que je ne doute pas qu’il s’agisse de son alter ego de papier. Comme son héros, il est né à Genthin dans le Land de Saxe-Anhalt, et sa famille est passée à l’Ouest dans les années 50. 

Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1939, deux trains express entrent en collision dans la gare de Genthin. La bourgade est située à l’est de l’Allemagne, entre Berlin et Magdebourg. Les trains impliqués sont le D10, un express allant de la gare de Potsdam à Berlin jusqu’à Cologne, et le D180 en direction de Neunkirchen dans la Sarre. Le bilan est de 278 morts, sans parler des blessés. Le sauvetage des survivants et le déblaiements des voies sont beaucoup retardés à cause des conditions climatiques et du contexte de la seconde guerre mondiale. les températures sont tombées à -15 °C, les lois sur le black-out retardent la mise en place de projecteurs et la mobilisation militaire a pour conséquence une pénurie de main d’œuvre de secours.  

On sent bien que l’auteur a fait des recherches minutieuses et procède effectivement à une véritable autopsie de l’accident. Il s’est plongé dans les archives de la Reichbahn, a décortiqué les rapports de police et cherché des témoins (la plupart indirects étant donné la date de la catastrophe). Tout cela est passionnant mais nuit beaucoup à la narration dans la première partie du roman. Je me suis perdue dans les détails, les noms des protagonistes et les informations techniques. 

L’instinct du narrateur l’incite à chercher un lien entre la tragédie et sa propre histoire familiale, au travers de la vie de sa mère. En 1939, Lisa Vandersee était une jeune fille, apprentie dans un grand magasin de vêtements à Genthin. Son fils pense qu’elle a peut-être croisé une jeune survivante de son âge. Cette voyageuse, originaire de Dusseldorf, s’appelait Carla. Elle s’apprêtait à rejoindre son fiancé, Richard. Celui-ci était bloqué dans sa ville natale à cause des Lois de Nuremberg, qui imposaient de nombreuses restrictions aux Juifs, dont le droit de voyager. Thomas Vandersee / Gert Loschütz mène une véritable enquête sur Carla, remonte sa piste jusqu’à Berlin où elle séjourné avant la tragédie. Il comble les trous par le biais de la fiction, imaginant des dialogues plausibles et des évènements probables.

Au final, en dépit d’un démarrage difficile, j’ai beaucoup apprécié cette lecture dont les fils narratifs vont bien au-delà de la catastrophe du 22 décembre 1939. 

📌Anatomie d'un drame. Gert Loschütz. Actes Sud, 304 pages (2024)

Challenge Feuilles allemandes 2025


Commentaires

  1. Bien que ne notant pas ce titre, tirant pour cela prétexte de ton petit bémol (j'impose toujours un régime drastique à ma pile, grâce auquel je vais pouvoir me lâcher en 2026 !), j'apprends grâce à ton billet l'existence de ce fait divers..

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  2. Hedwige8.11.25

    Merci de me rappeller qu’il serait grand temps d’aller à la rencontre d’auteurs allemands. Je connais si mal cette littérature en dehors des classiques lus il y a des décennies. ;-)

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