Nous vivions dans un pays d’été. Lydia Millet

Nous vivions dans un pays d’été. Lydia Millet (Photo by Giovanni Arechavaleta on Unsplash)

Tout commence avec l’idée d’un séjour entre anciens potes de fac. Une brochette d’adultes fêtards se retrouve dans une belle maison bourgeoise, au bord d’un lac, sur la côte Est des Etats-Unis. Leur progéniture, une douzaine d’enfants et d’adolescents, s’ébat apparemment sans contrôle parentale et surtout le plus loin possible de leurs géniteurs qu’ils jugent trop hédonistes. Or, réchauffement climatique oblige, cet été là va se terminer par une catastrophe naturelle sans précédent, incitant nos jeunes disciples de Greta Thunberg à durcir le mouvement de rébellion. Face à l’apathie des parents (une masse indistincte de personnes en état d’ébriété chronique), ils décident donc de prendre les choses en main et de partir à la recherche d’un abri. Jack, 9 ans, détient une bible pour enfant qu’il lit comme un guide de survie : il suffit, selon lui, de remplacer le mot "dieu" par "science" et le tour est joué ! Sachant que le titre original de ce roman est A Children's Bible (sans doute jugé peu vendeur par l’éditeur français), on comprend qu’il s’agit d’une allégorie. 

Ce roman post-apocalyptique rappelle par certains côtés Sa Majesté des mouches de William Golding où l’échec de l’ordre social engendre un transfert du pouvoir au profit des enfants. Néanmoins, le roman de Lydia Millet, véritable un pamphlet écologique, se distingue par des problématiques qui nous sont plus contemporaines. Le ton est très caustique et je dois reconnaître que je me suis régalée à la lecture de ce livre. Je regrette un peu la stigmatisation d’une génération, jugée coupable de consumérisme forcené, d’aveuglement volontaire et d’inaction. Après tout, les baby-boomers et/ou leurs enfants (qui semblent être la cible principale de Lydia Millet) n’ont pas inventé la Révolution industrielle, que je sache. [Aparté]A ce sujet, je recommande l’essai de François Jarrige et Thomas Le Roux, intitulé La Contamination du monde : Une histoire des pollutions à l'âge industriel, paru au Seuil en 2017. [/Aparté] En cette période actuelle de prise de conscience relative, le livre de Lydia Millet reste, selon moi, nécessaire. Dans un genre très différent, mais sur le même thème, je suggère le dernier roman d’Isabelle Autissier : Le naufrage de Venise (Stock, 2022). 

Nous vivions dans un pays d’été. Lydia Millet. Editions 10/18, 240 p. (2022)


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